“Les élections arriveront plus vite que prévu
|Interview: Yvan Martial
Elles prendront par surprise l’opposition à Pravind Jugnauth”
* ‘Rien n’a changé depuis 2014. Notre léthargie dépasse désormais les sommets les plus inaccessibles. Nous nous complaisons dans un cinéma politicard des plus ineptes’
* ‘L’espoir d’un électorat plus intelligent, plus talentueux, s’évanouit davantage d’un scrutin à l’autre. Je ne vois pas l’électrochoc pouvant renverser cette vapeur malodorante’
Aujourd’hui, plusieurs observateurs pensent que l’existence de la démocratie, telle que nous la connaissons, est menacée. Parmi les critiques les plus fréquentes, il y a l’indifférence du peuple mauricien qui ne semble pas vouloir se mobiliser pour apporter les transformations nécessaires dans le paysage politique. Mais ce peuple, comme tant d’autres dans le monde, n’est-il pas anxieux et ne se recroqueville-t-il pas sur lui-même, se sentant impuissant face aux inégalités persistantes émanant de la domination des riches qui deviennent de plus en plus puissants et corrompus ? Somme toute, les débats et les prévisions à propos des groupes ou des partis politiques qui dirigeront la République dans un proche avenir rendent plus visible l’asymétrie entre d’un côté, les détenteurs du pouvoir et ceux aspirant à prendre leur place, et de l’autre côté, les attentes réelles des mandants. Yvan Martial, identifie une difficulté contemporaine : celle du citoyen honnête qui n’ose pas appartenir à un parti politique, car il risque d’être berné par la machinerie au lieu de trouver dans cette démarche une certaine émancipation. Ses propos reflètent une tension certaine, à la limite du supportable.
Mauritius Times: Les élections approchent à grands pas. Bien que les données aient subi des changements significatifs depuis les dernières élections, peut-on néanmoins discerner les tendances pour 2024 ?
Yvan Martial: Elles arriveront plus vite que prévu. Elles prendront par surprise l’opposition à Pravind Jugnauth. Cette dernière devra improviser sa riposte. Un moindre mal. Plus lui donne-t-on du temps pour réagir et plus multiplie-t-elle ses bévues, hautement préjudiciables…
Nul changement significatif depuis 2014. Il y a toujours deux locomotives et une armada de wagons insignifiants. La locomotive rouge est de plus en plus poussive. La Covid-19 est passée par là. Le chauffeur de la locomotive est de moins en moins combattif. C’est ce qui fait peut-être sa force mais à son insu. Qui sait ?
Une puissance étrangère – mais tellement ancestrale – pourrait miser sur cette faiblesse croissante pour espérer une résistance moindre à ses objectifs militaires et colonialistes. Les mensonges mauriciens répétés concernant la prétendue absence de toute base militaire à Agaléga gênent considérablement certains stratèges géopolitiques. Maurice ferait le jeu de Beijing, se lamente-t-on dans des capitales à peine étrangères.
Nous ne sommes pas au bout de nos surprises, surtout électorales. La saison liturgique se prêterait même à la possible résurrection de la locomotive à vapeur poussive. Laissons les naïfs continuer à croire que ce sont des Mauriciens qui préparent, gagnent ou perdent les Législatives, se déroulant sur leur territoire si peu national. N’oublions pas le temps quand nos astrologues et autres superstitieux de tous acabits couraient d’une consultation à l’autre en terres ancestrales et nous revenaient avec des phalanges additionnelles pour enfiler un nombre croissant de bagues et autres pierres précieuses les unes plus voyantes que les autres.
Si nous voulons discerner des tendances électorales pour 2024, le moment est arrivé de sortir de nos placards le marc à café et nos autres boules de cristal à manier avec toute la superstition imaginable et sans modération. Mais tout cela en pure perte. Quels que puissent être les résultats des prochaines Législatives, pour le Ti-Dimounn mauricien ce serait toujours kif kif bourricot. Il lui faudra payer l’ardoise amère de ce folklore défiant toute logique.
Notre seule consolation : il y a électorat plus malheureux que nous. Pensons aux Américains qui devront subir un nouveau match Biden versus Trump. Nos retraités sont quand même plus fringants.
* En quoi les élections de 2019 peuvent-elles nous éclairer, et quels enseignements les principaux partis politiques, surtout l’opposition, devraient-ils prendre en compte ?
En rien ! Nous pouvons en revanche compter sur la prochaine campagne électorale pouvant commencer n’importe quand, hormis la date fétiche du 1er-Mai pour certains, pour abrutir et infantiliser davantage notre électorat. On peut même imaginer la propagande télévisée s’apprêtant à mettre les bouchées quadruples. Nous formons plus que jamais une nation qui n’a même pas besoin de boëtte. Le mirage d’un hameçon se dandinant devant nos mirettes suffit pour que nous atteignions les phantasmes les plus titillants.
Rien n’a changé depuis 2014. Notre léthargie dépasse désormais les sommets les plus inaccessibles. Nous nous complaisons dans un cinéma politicard des plus ineptes. Tolérons-nous celui qui croit pouvoir nous diriger de droit divin car il serait sorti de cuisses jupitériennes ? Et s’estime-t-il autorisé de choisir les irresponsables les plus haut placés parmi les eunuques les mieux émasculés de son harem politique, hélas inépuisable ?
Il se trouve que ce type de choix a lieu parmi les moutons les plus bêlants. Plus est-on docile et mieux brille-t-on de mille feux au firmament de cette « popote » ministérielle ?
Pardonnons à notre électorat son manque chronique de discernement. Il n’a guère l’embarras du choix. Comment lui reprocher de préférer la peste au choléra ou l’inverse ? Comment ne pas être écœuré devant deux locomotives électorales concourant pour obtenir le titre suivant : « la plus incompétente qui soit » ?
* L’arithmétique électorale n’a pas toujours produit les résultats escomptés, comme l’ont démontré les élections de 2014. Si l’on se base sur les performances des partis de l’opposition lors des dernières élections, l’alliance PTr-MMM-PMSD (si elle est toujours d’actualité d’ici la fin de cette semaine eu égard aux sollicitations pressantes du MSM, dit-on, pour que le PMSD rejoigne l’alliance gouvernementale) devrait remporter les circonscriptions des régions urbaines sans grandes difficultés. De plus, avec le soutien du MMM, le PTr devrait être en mesure de défier efficacement le MSM dans les régions rurales afin d’assurer la victoire à cette alliance de l’opposition. Cependant, est-ce aussi simple que cela ?
Nous ne sommes pas capables de prévoir avec exactitude, avec 24 heures d’avance, s’il y aura ou non des pluies torrentielles et des inondations, à tel ou tel endroit précis d’une île de seulement 1 865 kilomètres carrés, et nous voudrions nous appuyer, avec autant d’assurance, sur une quelconque arithmétique électorale tellement imprévisible pour prédire des résultats électoraux tellement volatiles. Ne prenons pas nos rêves pour une quelconque réalité.
D’ailleurs, nous sommes assez naïfs pour exiger de notre Météo nationale, concernant des pluies diluviennes, ce qu’elle peut prévoir avec plus ou moins de succès concernant un temps venteux, avec des risques de rafales de plus de 120 kilomètres/heure. Ce temps venteux est général pour l’ensemble de l’île, pour une durée plutôt limitée. Il en va autrement pour la pluie. Elle peut tomber, ici, en abondance et pendant longtemps, sans causer la moindre nuisance, ni mort d’hommes, alors qu’ailleurs l’imprudence de certains peuvent leur être hautement préjudiciable, sinon fatale, même en cas de pluviosité moindre.
Nous sommes devenus un peuple tellement infantilisé : nous pensons qu’il faut qu’un gouvernement omnipotent nous interdise de nous aventurer dans un parking ou dans un tunnel souterrain ou sur une voie publique déjà submergée, pour ne pas risquer notre vie ou encore la survie d’un véhicule nous ayant peut-être coûté plus de deux millions de roupies. Couillons nous sommes et couillons resterons ! Et il en sera de même tant que nous répèterons béatement « Ou même papa ! On même maman ! »
De plus, serions-nous assez dociles pour accepter qu’un irresponsable de service se permette, en se drapant dans sa fausse dignité, de désigner un bouc émissaire pour tenter mais vainement de cacher son erreur incommensurable ? Le courage manquerait-il au point où, dit-on, nous l’applaudissons, même quand il s’écrie :«Pa moi ça …Li ça ! » Cet adage si vil, si irresponsable, si indigne, ferait pourtant tristement florès, sans que les pairs de individu ne s’en émeuvent, prouvant par là qu’ils ne valent guère mieux…Pauvre pays Maurice. T’as même plus de larmes pour pleurer.
Je refuse systématiquement de perdre mon temps, qu’à tort ou à raison je considère de plus en plus précieux, à supputer de possibles résultats électoraux. Il y a des élections pour cela. Il me suffit d’attendre le jour du scrutin. D’attendre sans surprise le verdict du casse-boîte pour savoir à quelle sauce nous serons mangés, par notre classe politique, pendant le prochain lustre. Les résultats électoraux n’intéressent que les 60 principaux candidats de tout scrutin et la horde de parasites du plus bas étage, disposés par avance à se contenter de leurs restes.
L’espoir d’un électorat plus intelligent, plus talentueux, s’évanouit davantage d’un scrutin à l’autre. Je ne vois pas l’électrochoc pouvant renverser cette vapeur malodorante, ce triste reliquat d’une glorieuse démocratie mauricienne, nous ayant pourtant donné des Rémy Ollier, des Seewoosagur Ramgoolam, des Renganaden Seeneevassen…
Votre question se veut optimiste pour l’opposition surtout extraparlementaire. La réalité est pourtant assez sombre. Et même si un devin pouvait, demain, prédire avec certitude que telle locomotive électorale devancera à coup sûr sa rivale, pareille annonce pourrait suffire pour provoquer un électrochoc d’une telle ampleur que l’électorat, dans sa sagesse infuse, décide de renverser du tout au tout cette prophétie divinatoire.
Je crains davantage la puissance étrangère capable de faire comprendre via des réseaux socioculturels bien élaborés que si l’électorat mauricien ne vote pas selon ses vœux tellement ancestraux, cela pourrait nous coûter fort cher à l’avenir. Nous sommes dans une démocratie. Le pire des systèmes gouvernementaux sauf que nous n’avons rien inventé de mieux depuis que notre Humanité se soit dressée sur ses pieds.
En matière de prédictions électorales, je respecte à la lettre l’adage voulant que qui se croit d’avance vainqueur et le proclame avec vantardise, risque fort de se retrouver dans le carreau cannes à l’heure du casse-boîte. Le simple fait de dire “Nous pli fort. Nous finn fini gagner !” fait de nous des perdants potentiels, pour la bonne raison que nous brisons le ressort permettant à nos troupes de se surpasser et d’emporter le morceau une fois la ligne d’arrivée franchie.
Pensons à ces sprinteurs cyclistes perdant une course d’avoir, à l’ultime seconde, lever trop tôt des bras faussement vainqueurs, au lieu de donner de toutes ses forces l’ultime coup de pédale victorieux. A fortiori dans tout enjeu électoral : ne jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir occis. Voilà pourquoi je prédis toujours la victoire du parti politique que j’abhorre le plus. Cela rend sa victoire moins « margoze », moins dur à avaler !
* Soit, mais peut-on envisager que le MSM se concentre sur une stratégie similaire : viser un maximum de gains, voire la totalité des sièges, dans les régions rurales, tout en ciblant un nombre significatif de sièges dans les zones urbaines pour former le prochain gouvernement. Selon vous, est-ce réalisable ?
L’unique chose m’intéressant dans la vie politique est le service que les politiciens peuvent rendre aux non politiciens, non pas en prenant de l’argent dans une poche et leur donner le change sous le prétexte fallacieux de largesses ministérielles, mais en les aidant à améliorer eux-mêmes la qualité de leur vie sociale.
Je pars du principe que tout village, tout quartier urbain, est un monde à part, avec une école ou un collège comme université de vie et centre de documentation, avec un dispensaire pouvant assurer les premiers soins tellement précieux, avec une station de police pouvant assurer l’ordre et la bonne entente, avec un bureau de la Sécurité sociale pouvant rétablir l’égalité de chances en faveur des vrais pauvres (à ne pas confondre avec les fainéants et, pire encore, avec les parasites des plus tristes acabits). N’oublions pas qu’il faut des travailleurs sociaux bénévoles pour animer au mieux le quotidien de tout habitant, notamment en multipliant les compétitions en tous genres pour permettre à tout un chacun d’offrir le meilleur de lui-même, bref faire en sorte que ce village ou ce quartier urbain puisse devenir un coin paradisiaque sur terre où il fait bon d’être Mauricien et de vivre dans un monde fraternel.
Vous comprendrez qu’avec de pareilles considérations en tête, l’appartenance à un quelconque parti politique perd toute signification, toute importance. Ma seule prièreen matière électorale est que tout électeur soit capable dans sa sagesse personnelle, à l’heure du vote et du passage dans l’isoloir, de plébisciter les candidats les plus serviables à l’ensemble des citoyens partageant son quotidien.
* Par ailleurs, l’alliance gouvernementale dispose de plusieurs ressources ou instruments politiques qui pourraient potentiellement influencer favorablement le déroulement des prochaines élections : une machine de propagande bien huilée, tant sur les réseaux sociaux qu’au niveau de la MBC-TV, une “warchest” considérable, selon les dires, et une marge de manœuvre certaine en ce qui concerne l’adoption d’autres mesures populistes… Quel sera l’impact de ces stratégies électorales, selon vous ?
Mais tout cela n’a valu que 37% des voix au MSM lors des Législatives du 7 novembre 2019, et peut-être moins, mais quand même suffisant pour remporter les prochaines élections générales en raison d’une triste atomisation des faiblesses de l’opposition parlementaire et extraparlementaire… Je m’en console en sachant qu’il y a heureusement une multitude d’autres moyens de servir fidèlement et précieusement notre admirable population mauricienne.
Je profite surtout de cette occasion pour rendre un hommage appuyé à notre presse écrite, ressemblant de plus en plus à une peau de chagrin, malheureusement. Elle continue contre vents et marées à rendre les plus précieux services à notre société, en racontant, jour après jour, ce qui se passe de merveilleux dans notre pays tellement paradisiaque que tant d’étrangers envient notre bonheur unique d’être Mauriciens et si fraternels. Et ce qui me rend encore plus admiratif de notre presse écrite tellement valeureuse, c’est que sa production quotidienne n’est nullement destinée à la poubelle. Sa vocation est de graver ses articles et autres bienfaits sur ses colonnes indestructibles ou presque.
Ce qui s’y raconte concernant hier et aujourd’hui servira encore demain de phares pour les générations à venir, comme nous ne cessons d’acquérir de précieuses leçons de vie sociale et de fraternité, grâce aux innombrables qualités humaines de nos ancêtres. Nous avons de la chance de vivre dans un pays fabuleux où la fraternité n’est pas un vain mot et où notre presse écrite demeure – jusqu’à preuve du contraire – notre chantre préféré.
* L’augmentation de la pension de vieillesse a sans aucun doute joué un rôle déterminant dans la victoire de l’Alliance Lepep en 2014. Mais, il est possible que l’impact d’une telle mesure ne soit plus aussi dominant qu’à ses débuts. Si tel est effectivement le cas, pensez-vous que des mesures telles que l’augmentation de la pension de vieillesse, le salaire minimum vital, etc., auront toujours un impact décisif sur le comportement électoral d’une large part de la population en 2024 ?
La propagande télévisée nous abreuve chaque soir de ministres, vantant les fausses largesses ministérielles, en oubliant systématiquement de rappeler qu’elles sont payées par nous, contribuables et consommateurs ! Ils oublient surtout de rappeler que notre roupie de 2024 vaut tout juste un sou d’avant l’Indépendance. La preuve ? La boulette de gâteau-piment vaut désormais Rs4 pièce contre « ene cash » après les cyclones Alix et Carol. La paire de dholl puri se vendait à 10 sous pièce contre au moins Rs20 sous l’ère MSM.
A l’époque, il n’y avait pas un seul marchand de fritures ou de dholl puri dans nos villages car les mères de famille les fabriquaient à foison pour toute la maisonnée. Nous retrouvons ces familles populaires dans nos Fast Foods, en train de consommer une nourriture encore moins saine mais qu’elle achète à prix d’or.
Depuis le cyclone Belal, le prix de la livre de pommes d’amour plafonne à des hauteurs insoupçonnables. Il y a pire encore. Le planteur de légumes devient une espèce en voie de disparition. Qui s’en soucie ? Peut-être la Magistrature ayant infligé une amende de seulement un millier de roupies à un chapardeur de légumes… Comment imaginer un ancêtre volant les légumes d’un autre cultivateur ?
Mais réjouissons-nous. Nous ne connaissons pas encore cette violence urbaine commençant à désoler la population réunionnaise, après avoir rendu infernale la vie à Mayotte. Mais restons vigilants. Qui sait ce que les détenus mauriciens dans les prisons surpeuplées de l’île sœur peuvent apprendre de sinistre?
* Des préoccupations persistent encore quant à l’équité des dernières élections, et là, il y a une campagne en cours contre le réenregistrement des cartes SIM. Est-ce de la paranoïa ou existe-t-il des risques sérieux associés à cet exercice de réenregistrement ?
On m’a raconté les mêmes mensonges au sujet de la nouvelle carte d’identité dite biométrique. Cela me fait penser aux mêmes mensonges qu’on débite actuellement au sujet de la base militaire indienne à Agaléga, au dire des journaux indiens les plus crédibles.
Dans les années 1960, les derniers colonialistes british born et les ministres travaillistes de l’époque dont Seewoosagur Ramgoolamnous assuraient que Diego Garcia ne serait qu’une base de télécommunications utile devant rendre de précieux services aux navigateurs et autres aviateurs se baladant dans cette partie du monde. Remercions Beekrumsing Ramlallah qui- seul à l’époque- osa dénoncer cette supercherie anglo-américaine aux dépens de nos frères et sœurs chagossiens.
Au tour des Agaléens d’être déjà condamnés à revivre le Chemin de Croix des Chagossiens. Qu’ils préparent leurs chiens à une éventuelle opération de gazage systématique. Aujourd’hui, Diégo est devenue une base nucléaire et peut-être même un Guantanamo Bis ou Ter. Et pas question d’aller se rendre compte sur place de ce qui se passe sur cette partie intrinsèque du territoire mauricien. Il paraît que la faute reviendrait à l’absence de tout vol commercial entre Plaisance et nos îles Chagos. C’est oublier l’existence d’hydravions. Il n’y a pas que des ministres qui soient à Maurice des parle mentères.
* Il est difficile de prédire si les élections de 2024 respecteront rigoureusement les principes démocratiques, et l’existence de mécanismes de contrôle pour garantir cela demeure incertaine. Êtes-vous confiant que les autorités compétentes ont pris la mesure des problèmes survenus en 2019 et qu’elles agiront en conséquence pour garantir que les prochaines élections législatives seront justes et équitables ?
Homme du 20e siècle, en marche vers le 21e, je persiste, contre vents et marées à croire que rien ne peut être préférable à notre ancien système électoral, avec fermeture des bureaux de vote à 18 heures, transfert des bulletins électoraux sous bonne garde (forte présence de la police et des agents des différents partis), veillée d’armes nocturnes autour de la salle de classe éclairée a giorno contenant les bulletins de l’ensemble d’une circonscription donnée, l’arrivée du personnel de la Commission électorale après une nuit de repos et procédant au dépouillement manuel des bulletins de vote, avec le compte-rendu des résultats partiels réguliers et informatifs. On prépare progressivement ainsi la population à tout éventuel électrochoc que pourrait causer un résultat tellement renversant que la méfiance ne pourrait qu’être ingérable.
J’ai encore moins confiance en tout décompte numérisé échappant si facilement à tout type de contrôle mais pouvant être manipulé aux antipodes. Des Mauriciens m’effraient car je sens en eux une prédisposition inguérissable au plaisir de gratter le dos de leurs futurs malheurs…
Nos ancêtres n’étaient pas de ceux à vouloir lâcher la proie pour l’ombre. Je ne sais pendant encore combien de temps je pourrais faire entièrement confiance en l’authenticité et la véracité de notre système électoral, encore qu’il y ait de la place pour d’utiles améliorations.
Mais si pareil malheur survenait, il me restera toujours la consolation de me plonger avec délice dans l’histoire fabuleuse de nos meilleures élections – bientôt bicentenaires – s’il nous faut remonter aux premières Municipales des temps modernes (1850). Il y a définitivement de quoi combler nos derniers vieux jours.
Mauritius Times ePaper Friday 5 April 2024
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