11 décembre 2014 : Du vrai et du faux!
|11 décembre, une date marquée par des événements incrustés dans l’histoire: Le procès de Louis XVI, accusé de haute trahison, le parlement de la Nouvelle Zélande détruit par le feu, Mona Lisa volé du Musée du Louvre, l’abdication d’Edward VII qui épouse Wallis Simpson, la dernière boxe de Muhammad Ali, la censure de la presse en Afrique du Sud… Autant d’événements qui ne nous laissent pas de marbre. Un autre sur le plan local qui restera dans les annales: la défaite de la figure de proue du Parti Travailliste.
Bien vrai que les médias (presse écrite et radios privées) pronostiquaient sa défaite due au déclin de sa popularité. Combien vrai aussi que les médias faisaient mauvais ménage avec lui et son partenaire de l’Alliance de l’Unité et la Modernité ! Les citoyens qui se collaient les oreilles à leur poste du matin au soir tombaient dans le piège de lagrogne et du renouveau.
Le proverbe russe dit bien : Parole n’est pas flèche mais n’en perce que mieux. Ces citoyens, sont-ils tous en mesure de distinguer le vrai du faux? Pour la majorité, c’était le despote à l’africaine en complicité avec le traître des militants qu’il fallait descendre de son échelle. Et « virer mam » a remplacé tous les dialogues pendant les repas de famille pour devenir le meilleur film de l’année. Virer mam: ni plus ni moins que bourrer le crâne au peuple bon enfant qui s’amusait à la folie mais vrai aussi que les logistiques fonctionnaient bien chez l’Alliance Lepep.
Vrai que l’Alliance de l’Unité et la Modernité était sur le gril. Les activistes ont vite compris que le terrain glissait chaque jour. Qui en dira le contraire aussi ? Ce bon peuple, mais bien profiteur, prenait les cadeaux des deux alliances et installait des « bases » – tout sourire – en menant en bateau des candidats qui s’enfermaient dans leur bulle. Des activistes qui comprenaient ce jeu malsain, osaient-ils dire la vérité aux candidats ? Pas toujours. Par peur de se faire rabrouer ou même d’être disqualifié sur le terrain. J’en connais dans la circonscription no. 18 qui voyaient clair dans les promesses; « oui oui !» et qui comprenaient que ces votants « pé mange banane dans deux bouts et pou coupé tranché ! ». Le vote bloc était « foiré » et l’échec prévisible dans certaines circonscriptions: 2, 12, 18, 20.
Vrai que la communauté hindi-speaking a été hostile à l’Alliance de l’Unité pour la simple et pure raison historique. La lutte de la grande communauté durant les années 1930 et 1940 se plaçait sous le signe de fortes tensions entre l’oligarchie sucrière et la classe prolétaire. Les séquelles en sont la peur d’un mouvement en arrière avec la perte des acquis et du capital culturel, la marginalisation à cause des mécanismes de l’exploitation et des conflits d’intérêt. Avec les 60-0 en 1982 et la cassure en 1983, des tensions d’une nature quelque peu analogue avaient fait surface. Et, en vérité, difficile d’oublier le coup de balai pour ceux qui en avaient subi les frais dans la fonction publique et ailleurs-opération lev pake, aller.
Faux de dire que seule l’Alliance de l’Unité a fait de la propagande et s’est trempée dans la bassesse. L’Alliance Lepep a, dès le début de la campagne, fait de la propagande et s’est trempée dans la bassesse elle-aussi. Certes cette promesse concernant l’augmentation de la pension de vieillesse jusqu’à hauteur de Rs 5000 qui sauveront du naufrage tous les vieux et ménages a marqué les esprits. Les leaders des deux côtés ont montré leur bassesse en étalant en public la vie privée de quelques candidats. Faux de prétendre faire des meetings avec de belles manières. A dire vrai, des candidats masculins – tous les partis confondus – se défoulaient avec force gestes en parlant du mode de vie de l’adversaire.
Faux de semer des rumeurs sur les Travaillistes en affirmant qu’ils ont été seuls dans l’opération couper/trancher. Faux et archifaux que des militants ont voté dans la discipline. Une bonne partie regardait de travers l’Alliance de l’Unité. Dépôt fixe militant : a viré; sinon 18, 19 et 20 n’auraient pas eu ces scores.
Faux de croire que l’électorat travailliste et militant a eu un vote exaltant et s’est rangé sous la bannière de l’Alliance Lepep. C’est plutôt la rage qui a motivé l’expulsion de la plupart des candidats de l’Alliance de l’Unité. Vote-sanction qui se définit comme un antidote à la colère refoulée depuis quelque temps. Il suffit de voir le profil de certains élus pour adhérer à leur propos; « ene pié coco, ene pié banane, nou ti pou voté ».
Faux de croire qu’ils ont voté les meilleurs pour le meilleur ! Que ce soit dans les circonscriptions rurales ou urbaines ! C’était une vague qui a commencé à soulever beaucoup d’interrogations, surtout après la proclamation des résultats en écoutant les formules de remerciements et en voyant l’exhibitionnisme des néophytes.
Faux de croire au miracle du jour au lendemain… La crise, à en écouter les gérants d’entreprises, n’a fait que vider les caisses ces deux dernières années. Serait-ce alors faux que nos nouveaux représentants feront des largesses et réduiront le fossé entre grosse bourgeoisie et petite bourgeoisie et même la classe des travailleurs.
Leçon d’humilité- cliché ces derniers jours ! Le pouvoir, n’est-il pas un luxe en soi dans la plupart des pays en voie de développement ? Serait-ce alors normal de croire que nos parlementaires et leurs nominés politiques seront d’humbles citoyens comme ceux sans privilèges. Seront-ils plus modestes que tous leurs prédécesseurs ? Oublieront-ils leurs privilèges de rouler dans des voitures luxueuses, et d’outrepasser leurs droits en bien des circonstances ?
En bref, le 11 décembre a bel et bien démontré qu’il y avait aussi bien de fausses vérités que de vrais mensonges…
* Published in print edition on 19 December 2014
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