L’intelligence artificielle s’invite en politique

Sommes-nous à l’aube de l’ère des dirigeants robots ?

Par A. Bartleby

À une époque de méfiance croissante envers le leadership politique, une question fascinante, quoique troublante, a émergé des profondeurs du progrès technologique : l’intelligence artificielle pourrait-elle un jour gouverner nos sociétés ? Ce n’est pas seulement de la science-fiction dystopique ou un débat académique abstrait ; une enquête mondiale de 2021, par exemple, a révélé un niveau étonnamment élevé de soutien public pour remplacer au moins certains politiciens par l’IA. Notamment, la Chine a mené la charge avec un remarquable 75 % des répondants exprimant leur faveur pour une “algocratie” – un système de gouvernance par algorithme. Alors que le spectre de dirigeants robots froids et calculateurs se retournant contre l’humanité domine souvent ces discussions, la journaliste basée à Pékin, Pallavi Aiyar, dans son éclairante newsletter The Global Jigsaw, soutient de manière convaincante que ces craintes pourraient en fait être “exagérées”.

Le robot-artiste Ai-Da s’est récemment adressé à la Chambre des Lords au Royaume-Uni. P – AFP

Aiyar, explorant les possibilités nuancées d’un tel avenir, postule un cadre potentiel où les humains conserveraient le contrôle ultime de la direction et des objectifs généraux de la société. Dans cette relation symbiotique, l’intelligence artificielle serait alors chargée de la responsabilité monumentale d’atteindre efficacement et de manière optimale ces objectifs définis par l’homme. Ce modèle, suggère-t-elle, pourrait fonctionner d’une manière étonnamment similaire à une technocratie, où la légitimité politique découle non pas du processus politique traditionnel, souvent lourd et opaque, mais directement de résultats tangibles et mesurables. Dans un tel système, l’IA ne dicterait pas les valeurs ou les aspirations à ses utilisateurs humains, mais servirait plutôt de solutionneur de problèmes ultime, optimisant méticuleusement les chemins pour réaliser les objectifs humains collectifs.De manière intrigante, le concept de gouvernance pilotée par l’IA n’est pas entièrement confiné aux discussions théoriques ou aux essais spéculatifs. Nous avons déjà commencé à assister à des fusions précoces, bien qu’expérimentales, de l’intelligence artificielle et de la politique prenant forme dans le monde réel.

Un exemple notable et particulièrement stimulant est l’émergence en 2022 du “Parti Synthétique Danois” par un collectif d’artistes danois. Cette entité politique avant-gardiste s’est distinguée en ayant l’intégralité de sa plateforme méticuleusement programmée par un chatbot sophistiqué, qui a puisé ses principes idéologiques et ses propositions politiques dans un vaste éventail de groupes marginaux.

Bien que le chatbot lui-même, en tant qu’entité non humaine, n’ait jamais été éligible pour figurer sur un bulletin de vote, ses partisans humains se sont engagés sans équivoque à mettre en œuvre le programme méticuleusement conçu par l’IA, offrant un aperçu convaincant d’un avenir où l’intelligence artificielle pourrait influencer directement non seulement les plateformes politiques, mais, par extension, le tissu même de la gouvernance.

Ces développements continus, allant des changements intrigants de l’opinion publique, comme en témoignent les enquêtes mondiales, à la manifestation tangible d’expériences politiques naissantes, nous obligent collectivement à considérer sérieusement le paysage en évolution rapide du leadership. Alors que la confiance dans les systèmes politiques traditionnels continue son déclin perceptible dans de nombreuses régions du globe, l’attrait d’un “dirigeant robot”, objectif et purement axé sur les données, pourrait en effet croître, offrant une alternative apparemment non corrompue.

Cependant, le chemin vers une algocratie est semé de questions complexes et cruciales qui exigent un examen attentif : comment fonctionnerait réellement la responsabilité dans un système où les décisions sont prises par des algorithmes ? Quelles garanties robustes devraient être méticuleusement mises en place pour empêcher les biais algorithmiques inhérents de s’ancrer involontairement dans la politique ? Et, plus profondément, une société humaine, avec toutes ses complexités inhérentes, ses nuances émotionnelles et sa créativité imprévisible, peut-elle réellement s’épanouir et prospérer sous la direction froide, rationnelle et entièrement logique d’une machine ? La conversation ne fait que commencer.

Il est fascinant de voir comment des idées qui semblaient autrefois relever de la science-fiction commencent à prendre forme dans des expériences concrètes, comme le Parti Synthétique Danois. Cependant, les défis éthiques et pratiques sont immenses. La transparence, l’impartialité des données d’entraînement, et la capacité à gérer la complexité des émotions et des valeurs humaines restent des obstacles majeurs. À Maurice, une nation qui se tourne de plus en plus vers la technologie et l’innovation, ces discussions sont particulièrement pertinentes. L’équilibre entre l’efficacité potentielle de l’IA et la préservation de la dimension humaine et démocratique de la gouvernance sera crucial pour l’avenir de nos sociétés.

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Maurice et sa Diaspora
Un potentiel économique à libérer, inspiré par l’expérience internationale

La diaspora mauricienne représente une richesse inestimable, non seulement en termes de liens culturels et familiaux, mais aussi comme un moteur potentiel de développement économique pour le pays. Le programme de la diaspora mauricienne, mis en place en 2015 et géré par l’Economic Development Board (EDB), vise précisément à attirer les membres qualifiés de cette diaspora pour qu’ils contribuent à la croissance de l’île. Cependant, une question parlementaire récente a mis en lumière un obstacle réglementaire perçu par certains : la section 132 de la Companies Act, qui exige la présence d’au moins un administrateur résidant habituellement à Maurice pour toute entreprise.

Au-delà des simples transferts de fonds, l’engagement de la diaspora constitue un levier essentiel de développement économique, de plus en plus reconnu à l’échelle mondiale. P – EDB

En réponse au parlementaire, le Dr Saumtally, qui a suggéré d’amender la section 132 de la Companies Act pour les “one-person companies” de la diaspora (actuellement peu utilisées malgré un investissement de Rs 250 000 requis), le Premier ministre a refusé, arguant que l’exigence d’un administrateur résident est un principe international pour toutes les entreprises mauriciennes, essentiel pour la réglementation et la responsabilité. Il a cependant promis une nouvelle stratégie globale avec l’EDB pour rendre le Mauritius Diaspora Scheme moins restrictif et encourager le retour et la contribution de la diaspora.

Force de la diaspora et bénéfices

L’engagement de la diaspora est un levier de développement économique de plus en plus reconnu à l’échelle mondiale. De nombreux pays ont mis en place des stratégies innovantes pour exploiter pleinement le potentiel de leurs citoyens vivant à l’étranger, allant au-delà des simples transferts de fonds.

1. Transferts de fonds et investissements ciblés : Les remises de fonds de la diaspora représentent souvent une source de devises étrangères plus importante que l’aide au développement ou les investissements directs étrangers. Des pays comme l’Inde et les Philippines ont mis en place des mécanismes pour canaliser ces fonds vers des projets productifs, offrant parfois des obligations de la diaspora (Diaspora Bonds) avec des rendements attractifs, souvent dédiées à des infrastructures ou des secteurs clés. Le Nigeria, par exemple, a triplé ses offres d’obligations de la diaspora en raison de l’intérêt de ses membres.

2. Transfert de connaissances et de compétences (“Brain Gain”) : Plutôt que de subir une “fuite des cerveaux”, certains pays transforment ce défi en opportunité de “gain de cerveaux”. La Chine, par exemple, a attiré des milliers de ses scientifiques, ingénieurs et entrepreneurs de la Silicon Valley pour stimuler son secteur technologique, souvent sans exiger leur retour permanent. Des programmes de mentorat en ligne, des ateliers spécialisés et des partenariats universitaires facilitent l’échange de savoir-faire. L’Irlande a également réussi à engager sa diaspora pour le développement de son secteur des technologies de l’information.

3. Promotion du commerce et de l’investissement direct étranger (IDE) : La diaspora peut servir de passerelle précieuse pour le commerce international et l’attraction d’IDE. Les entrepreneurs de la diaspora, grâce à leurs réseaux et leur connaissance des marchés étrangers et locaux, peuvent faciliter les échanges commerciaux et les investissements transfrontaliers. Des chambres de commerce de la diaspora ou des plateformes dédiées sont souvent créées pour maximiser ces opportunités. Le succès de l’Inde dans le secteur informatique est en partie attribué à la diaspora indienne aux États-Unis, ce qui a facilité les partenariats et les investissements.

4. Implication dans la politique et la diplomatie publique : Certaines diasporas s’engagent activement dans la politique de leur pays d’origine, influençant les politiques gouvernementales et servant d’ambassadeurs informels. Elles peuvent défendre les intérêts nationaux, promouvoir le tourisme et l’image du pays à l’étranger, et même participer à des initiatives de développement communautaire.

5. Facilitation du retour et de l’intégration : Pour les membres de la diaspora souhaitant retourner au pays, des mesures incitatives telles que des allégements fiscaux, des procédures d’immigration simplifiées, et un soutien à l’établissement d’entreprises sont cruciales. Des pays offrent des guichets uniques pour les services aux rapatriés, facilitant leur réintégration sociale et économique. Certains ont même mis en place des programmes de retour temporaire pour des missions spécifiques.

6. Programmes ciblés pour les jeunes et les professionnels : Reconnaissant la diversité au sein de la diaspora, certains pays développent des programmes adaptés aux jeunes professionnels, aux entrepreneurs et aux retraités, chacun ayant des besoins et des potentiels de contribution différents.

La décision du Premier ministre mauricien de ne pas amender immédiatement la section 132 de la Companies Act, tout en s’engageant à rendre le Mauritius Diaspora Scheme moins restrictif, témoigne d’une volonté d’équilibrer la flexibilité pour la diaspora avec la nécessité de maintenir un cadre réglementaire robuste.

Alors que Maurice cherche à attirer davantage de talents et d’investissements de sa diaspora, l’étude des stratégies réussies d’autres nations offre des pistes précieuses pour une approche plus complète et dynamique, permettant à cette ressource humaine d’être pleinement mobilisée pour le bénéfice de tous. La future stratégie, annoncée par le Premier ministre, sera déterminante pour libérer ce potentiel économique latent.

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La justice climatique à la Cour mondiale : Un tournant pour les petites îles comme Maurice

La Cour Internationale de Justice (CIJ), plus haute instance judiciaire des Nations Unies, a rendu ce mercredi 23 juillet 2025 un avis consultatif très attendu et historique qui pourrait redéfinir les obligations des nations en matière de lutte contre le changement climatique. En déclarant que l’inaction face à cette “menace urgente et existentielle” pourrait violer le droit international et ouvrir la voie à des réparations pour les nations lésées, la CIJ envoie un message retentissant au monde. Cette opinion, bien que non contraignante, est saluée comme un tournant majeur dans le droit international du climat, avec des implications particulièrement profondes pour les petits États insulaires en développement (PEID) comme Maurice.

Présentant l’avis, le président de la Cour, Yuji Iwasawa, a souligné que “l’échec d’un État à prendre les mesures appropriées pour protéger le système climatique… peut constituer un acte internationalement illicite.” Il a qualifié la crise climatique de “problème existentiel aux proportions planétaires qui met en péril toutes les formes de vie et la santé même de notre planète.” Cette déclaration est d’autant plus significative que la Cour a également affirmé qu’un “environnement propre, sain et durable” est un droit humain fondamental, ouvrant la voie à de nouvelles actions en justice, tant au niveau international que national.

Ce dossier a été mené par la nation insulaire du Pacifique, le Vanuatu, et soutenu par plus de 130 pays, dont Maurice. Ce soutien massif témoigne de la solidarité et de la vulnérabilité partagée par les PEID face à une crise dont ils sont le moins responsables, mais dont ils subissent les conséquences les plus dévastatrices. Les activistes et les représentants des nations insulaires ont accueilli la décision avec enthousiasme, y voyant un “nouvel outil puissant pour protéger les populations des impacts dévastateurs de la crise climatique et pour rendre justice pour les dommages déjà causés par leurs émissions.”

L’Impact sur les petites économies insulaires : Le cas de Maurice

Pour Maurice, petit État insulaire au cœur de l’océan Indien, l’avis consultatif de la CIJ ne représente pas seulement un énoncé juridique, mais un espoir tangible face à la crise climatique. En première ligne des effets du changement climatique, Maurice subit des menaces existentielles qui touchent son développement, sa culture, et sa survie.

L’élévation du niveau de la mer, estimée à plus de 4 cm en moyenne mondiale sur la dernière décennie, menace directement ses 330 km de côtes. Infrastructures, plages touristiques, villages de pêcheurs : tout est exposé à l’érosion et aux inondations accrues.

Le tourisme et l’économie bleue, piliers économiques du pays, sont aussi en danger. Le blanchiment des récifs coralliens nuit à la biodiversité, à la pêche, et à l’attrait touristique. Cela renforce l’importance d’un cadre juridique permettant de réclamer des réparations pour les dommages environnementaux.

Sur le plan alimentaire et hydrique, Maurice est fragilisé par la variabilité des pluies, les sécheresses prolongées et la dépendance aux importations. Ces perturbations climatiques accentuent les risques de pénurie d’eau douce et de baisse de production agricole.

Les effets sur la santé publique sont tout aussi préoccupants : cyclones, vagues de chaleur et pluies extrêmes mettent à rude épreuve les infrastructures et favorisent la propagation de maladies, tout en générant des coûts croissants pour la reconstruction.

La reconnaissance par la CIJ du droit à un environnement sain comme droit humain fondamental est une avancée majeure. Elle offre à Maurice une base légale pour exiger non seulement des réductions d’émissions, mais aussi des compensations financières, via des fonds pour « pertes et dommages ».

Enfin, cet avis renforce la position des petits États insulaires dans les négociations climatiques, en leur donnant un levier juridique lors des prochaines COP, notamment la COP30 au Brésil. Maurice pourrait ainsi contribuer à obtenir des engagements plus concrets de la part des grands pollueurs.

Cependant, malgré l’enthousiasme, il est crucial de noter que l’opinion de la CIJ est consultative et non contraignante. Les États-Unis et la Russie, deux grands producteurs de pétrole, s’opposent fermement à ce que la cour mandate des réductions d’émissions. Néanmoins, l’histoire a démontré que les avis consultatifs de la CIJ, bien que non directement exécutoires, ont un poids moral et juridique considérable et peuvent influencer le développement du droit international et les politiques nationales.

Le verdict de la CIJ s’inscrit dans une série de victoires juridiques récentes pour les petites nations insulaires. Plus tôt ce mois-ci, la Cour interaméricaine des droits de l’homme a jugé que les pays ont un devoir légal non seulement d’éviter les dommages environnementaux, mais aussi de protéger et de restaurer les écosystèmes. L’année dernière, la Cour européenne des droits de l’homme a statué que les pays devaient mieux protéger leurs populations des conséquences du changement climatique. Ces décisions créent un corpus de droit international qui renforce la position des nations vulnérables.

En fin de compte, la survie de nations comme Maurice dépend de la capacité de la communauté internationale à agir de manière décisive. L’avis consultatif de la CIJ, en posant les bases d’une responsabilité juridique pour l’inaction climatique, offre un nouvel espoir et un outil puissant pour les petites îles qui se battent pour leur existence. La solution durable, comme l’a reconnu le juge président, nécessitera la contribution de tous les domaines du savoir humain pour “assurer un avenir pour nous-mêmes et ceux qui sont encore à venir.” Pour Maurice, ce futur dépendra en grande partie de la manière dont cette décision historique sera exploitée et appliquée sur la scène internationale.

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Rémunérations publiques : Un débat mauricien aux multiples facettes

Le principe de transparence est une pierre angulaire de la bonne gouvernance. Il garantit la redevabilité des institutions publiques envers les citoyens et renforce la confiance. Cependant, un récent échange parlementaire sur la rémunération des hauts dirigeants de la Banque de Maurice (BoM) et la divulgation de celle de la PDG de la SICOM (State Insurance Company of Mauritius Ltd) soulève des questions sur l’application sélective de ce principe, et met en lumière un débat plus large sur les salaires des dirigeants d’entreprises publiques.

La question parlementaire B/712, posée par l’Hon Adrien Duval, demandait au Premier ministre de révéler la rémunération et les avantages perçus par le Gouverneur et les deux ‘Deputy Governors’ de la Banque de Maurice (BoM). La réponse du PM a été catégorique : la Banque de Maurice est une institution autonome et indépendante, régie par la Bank of Mauritius Act 2004. Les sections 3(3) et 12(3) de cette loi stipulent que la BoM exerce ses fonctions “indépendamment” et que son conseil d’administration “ne doit être soumis à la direction ou au contrôle d’aucune autre personne ou autorité dans l’exercice de ses fonctions”. Le PM a néanmoins précisé que les rémunérations en question sont divulguées dans les états financiers de la BoM, publiquement disponibles sur son site web.

Parallèlement, un quotidien a révélé le montant de la rémunération de la Group CEO de la SICOM, Nandita Ramdewar. Cette divulgation fait suite à une question parlementaire du député Nitish Beejan.

Cette divergence dans la divulgation des rémunérations dans les deux cas soulève inévitablement l’impression d’une “politique de deux poids deux mesures”. D’un côté, l’on refuse de révéler en séance parlementaire les détails des salaires des hauts dirigeants de la BoM au nom de son autonomie, renvoyant le public aux états financiers (souvent complexes pour le citoyen moyen). De l’autre côté, les rémunérations d’une dirigeante d’une entreprise d’État sont détaillées publiquement. Le Gouvernement peut avoir de bonnes raisons pour choisir cette approche, liées à la nature spécifique de la Banque Centrale et à sa nécessaire indépendance pour la stabilité monétaire. Cependant, cette distinction, si elle n’est pas clairement justifiée et comprise, peut alimenter des perceptions de manque de transparence. La règle de transparence devrait, idéalement, être appliquée de manière cohérente à toutes les institutions publiques, ou du moins, les raisons de toute exception devraient être explicitement et largement communiquées.

Le débat sur les salaires élevés des PDG des entreprises publiques est un sujet récurrent à Maurice comme ailleurs. Au-delà des affiliations politiques des dirigeants de ces entreprises, ce qui importe est leur performance. Si la performance d’une entreprise commerciale d’État (comme la SICOM, dont le bilan financier est un indicateur clair) est mesurable, celle des institutions para-étatiques à vocation de service public est souvent plus difficile à quantifier. La question se pose alors : comment justifier ces « packages » de rémunérations élevées ?

Une considération souvent négligée dans ce débat est la comparaison avec les salaires des PDG du secteur privé ayant des responsabilités similaires, ainsi qu’avec ceux des ‘Senior Chief Executives’ et des ‘Permanent Secretaries’ du gouvernement. Une telle analyse comparative permettrait de remettre les choses en perspective. Si le secteur public veut attirer et retenir les meilleurs talents pour des postes de haute responsabilité, il doit être compétitif par rapport au marché privé. Toutefois, cette compétitivité doit être équilibrée par un sens de la redevabilité publique et une justification claire de la valeur ajoutée apportée par ces dirigeants.

La transparence des rémunérations des banquiers centraux dans le monde

Par ailleurs, la question de la rémunération des dirigeants des banques centrales est souvent complexe en raison de leur autonomie. Cependant, une tendance croissante à la transparence est observée dans de nombreuses juridictions :

* Zone Euro (BCE) et autres banques centrales européennes : La Banque Centrale Européenne (BCE) et les banques centrales nationales de la zone euro publient généralement les salaires de leurs dirigeants dans leurs rapports annuels. Si les détails peuvent varier, le principe de divulgation est respecté. Par exemple, la rémunération de la Présidente de la BCE est publiquement connue, ainsi que des indications pour d’autres banques centrales comme la Banque d’Angleterre ou la Banque Nationale Suisse, souvent bien rémunérées au nom de la compétitivité et de la nécessité d’attirer des experts de haut niveau.

* États-Unis (Fed) : Le président de la Réserve Fédérale des États-Unis a un salaire public, déterminé par la grille fédérale “Executive Schedule”. Bien que la Fed soit indépendante, il y a une forte attente de transparence pour les salaires de ses dirigeants.

* Canada (Banque du Canada) : La Banque du Canada publie également les fourchettes de rémunération de ses hauts dirigeants, contribuant à la transparence.

* Exigences réglementaires accrues : Les autorités de régulation financière, comme l’ESMA (Autorité européenne des marchés financiers) et la BCE, exigent une publication détaillée des rémunérations variables des dirigeants d’autorités de régulation. Bien que cela ne s’applique pas encore universellement aux banques centrales elles-mêmes, la pression pour une transparence accrue est palpable.

La comparaison avec d’autres pays montre que l’équilibre entre l’indépendance d’une institution comme la Banque de Maurice et la transparence sur les rémunérations de ses dirigeants est un exercice délicat, mais réalisable. Si les états financiers contiennent l’information, sa présentation en réponse à une question parlementaire aurait pu renforcer la perception de transparence.

Pour le public mauricien, il est crucial que la lumière soit faite sur les « packages » de rémunération des hauts dirigeants des institutions publiques, qu’il s’agisse d’entités commerciales ou de services, et que ces chiffres soient contextualisés par des comparaisons pertinentes avec le secteur privé et d’autres hauts fonctionnaires. Une transparence totale, accompagnée de justifications claires sur la performance et la compétitivité salariale, est essentielle pour maintenir la confiance du public et assurer une gouvernance irréprochable.


Mauritius Times ePaper Friday 25 July 2025

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