No 18: paroles des femmes
|Le lancement de campagne pour chaque parti disputant la partielle donne lieu à des commentaires chaque jour
Le lancement de campagne pour chaque parti disputant la partielle donne lieu à des commentaires chaque jour. D’habitude, ce sont des hommes qui vocalisent et ne se gênent pas pour donner leur appréciation de tel candidat ou de telle candidate. A les entendre, c’est serré ; c’est encore trop tôt pour se prononcer ou c’est le profil, l’approche qui peut changer la donne…
Qu’en pense la femme ? La votante de Belle-Rose/Quatre-Bornes ne tient pas des petites réunions privées au coin de la rue ni ne crie sur tous les toits qui elle va sanctionner et qui elle souhaite porter à la victoire. Sourire aux lèvres, elle accepte les flyers de tous les partis et discute en privé certainement des enjeux de ces élections. C’est elle qui parle et donne son opinion sans brailler, sans injurier, etc. C’est ce qui fait la différence. Jeune ou non, elle dit qu’il faut faire son devoir de citoyenne. Une élection ne changera peut-être pas son quotidien, mais elle a eu le droit de vote et pourquoi s’en priver ? Il arrive que l’habitante de Belle-Rose/Quatre-Bornes soit plus volubile. Les paroles qu’on entend : Cotte candidat ? Ki li capave faire pou banne femmes ? Ou alors n’est-ce pas une perte de temps simplement ?
En écoutant les votantes, on constate certaines différences entre les femmes qui ont une situation confortable et celles qui luttent pour joindre les deux bouts, et pire, celles qui n’ont rien eu jusqu’ici. Une femme au volant de sa voiture dit en toute franchise : « Je ne sais pas si une croix compte vraiment ! » Une femme en tenue de sport avançant dans un parking dit que la politique et elle, ça fait deux et conclusion évidente – oublions cette vote.
D’autres paroles méritent d’être rapportées : « Comptez sur nous ! Pas ena choix, bizin donne le/la plus respectable, le/la plus crédible ! ». Parfois on entend des paroles étonnantes : « je suis la fille du frère de tel politicien et je dois suivre » ; donc elle n’a aucune opinion personnelle. Ou bien encore, « Moi, j’ai toujours suivi certains anciens politiciens et je dois retrouver ma bande. » Instinct grégaire humain !
Qu’est-ce qui fait la différence avec l’homme qui vote ? Lui peut retourner sa veste quand il le veut, adopter une attitude révoltée, user d’un langage qui ne l’abaissera pas. Pour beaucoup d’entre eux, la parole peut être un couteau tranchant ou un air mélodieux. Un votant ne passe pas par quatre chemins pour dire que tout politicien « jouer sauvé, une fois la victoire remportée ». Il y en a qui s’entourent de « pressure groups to further their aims. » La femme a tendance à donner plus d’importance à ce qui est socioculturel.
Un autre dira sans crainte : « tout ça-là pareil, conne nou juste kan bizin vote ». Moins de tact et plus d’agressivité dans la parole ! Ce sont des paroles qui feront reculer une femme-candidate ou une femme-activiste. Mieux vaut éviter des confrontations publiques. Pourtant la frustration doit être la même pour un votant/une votante du régime actuel. Comment réagit un/une candidat/candidate dans des situations pareilles ? Discuter personnellement avec ces votants… y passer plus de temps … ou dire pas casse la tête !
Ce ne sont plus des paroles en l’air comme on a tendance à le dire. Les politiciens du jour doivent prêter une oreille attentive à ces votants. Si on craint le taux d’abstention, si on ne veut pas d’un autre tsunami politique, si on reconnaît un votant/une votante à sa juste valeur, la politique va attirer des commentaires plus sensés.
Les grands débats des intellectuels, des idéalistes ne font pas poids comme par le passé mais tout au moins les paroles des gens du peuple, des femmes actives et des mères de famille, voire des femmes du troisième âge, ne doivent pas être prises pour « un badinage ».
Chaque parole de femme n’est vraiment pas un poids mort dans une société où la femme cleaner se jette dans une bataille contre les injustices, où la femme nurse revendique ses droits et ou la femme activiste s’affirme par sa présence accrue sur le terrain.
* Published in print edition on 27 October 2017
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