Le Corps des Femmes

Opinion

Par Nita Chicooree-Mercier

La lutte contre la violence faite aux femmes au sein des ménages est menée à l’échelle internationale par les instances onusiennes depuis des décennies, au même titre que d’autres combats pour les droits humains, la protection des enfants et des personnes âgées, la lutte contre les maladies infectieuses, le Sida, etc. Ces fléaux rongent la société à travers le monde. Colloques, débats et interventions sur les ondes des radios et de la télévision suscitent une véritable prise de conscience visant à protéger les cibles potentielles dans de nombreux pays. Ces efforts laissent espérer que le recours à la violence suivra une courbe régressive dans le long terme.

Violences faites aux femmes. Quelles  réponses législatives et sociétales apporter aux femmes ? Quelles  initiatives de la société civile ? P – IEMed

À en juger par les rapports de presse, les cas de féminicide sont en recul à Maurice, tout comme la délinquance et la criminalité en général. Ou alors, nous traversons une période d’accalmie après un déchaînement sporadique de coups et blessures infligés par conjoints, ex-conjoints et autres mâles dominants dans des liaisons malheureuses qui aboutissent au meurtre des femmes. Il reste encore un long chemin à parcourir pour civiliser le comportement masculin en proie à une montée d’adrénaline.

Autrefois, l’homme faisait payer à la femme le poids de tout le fardeau d’un père de famille qui devait assurer seul le gagne-pain de toute la fratrie, la femme devenant ainsi le punching bag de toutes ses frustrations. Ce fardeau étant désormais partagé de nos jours par la femme moderne qui assure un emploi rémunéré dans la société et, de retour au foyer, elle se met derrière les fourneaux. Là où leur grand-mère faisaient profil bas et recevaient des coups quand même, ces dernières années, la femme s’est affirmée et refuse la maltraitance.

Et c’est cette affirmation de la personnalité de la femme qui pose problème lors des prises de bec et des disputes exacerbées que les mâles – en pleine crise identitaire dans une société en transition – peinent à encaisser et ils règlent le problème en reprenant le passe-temps favori de leurs aïeux, le wife-beating.

On ne sait pas si le travail de sensibilisation fort louable entrepris par de jeunes volontaires auprès des collégiens se poursuit à Maurice. En attendant que les hommes s’émancipent de la facilité qui consiste à abuser de leur force physique, les jeunes femmes gagneraient, en plus d’être financièrement indépendantes, à s’initier aux techniques de défense ou aux arts martiaux pour parer aux coups.

Au lieu de verser des larmes et de subir le martyre, il est plus efficace d’infliger une bonne raclée au mari violent, lui rendant coup pour coup. C’est une stratégie qui fonctionne avec toutes les brutes de ce monde ! Soyons réalistes. Que ce soit entre personnes, groupes sociaux et/ou entre pays différents, le discours civilisé se comprend entre civilisés. Si ce discours passe comme l’eau sur la brède songe sur d’autres individus ou pays, ils méritent une forte dose du traitement qu’ils infligent aux autres pour les pousser à la réflexion.

À Maurice, il y a eu une tendance parmi les féministes, les représentantes de certaines formations politiques et quelques voix de la presse de citer un pays tiers, notamment un pays démocratique comme l’Inde, pour exprimer leur indignation sur le viol, cette forme de violence la plus barbare commise sur le corps de la femme, utilisée comme punition par quelques arriérés de village. Cette approche sélective est tout sauf anodine.

Par facilité ou lâcheté, certaines voix féminines se jettent sur les cas indiens pour assurer leur sécurité, tandis que d’autres, viscéralement rompues à voir les défauts chez les autres, se gardent bien d’exposer la violation rétrograde des droits de la femme dans d’autres contrées pour protéger leur clan de toute critique. Certaines font pour ainsi dire un devoir d’inviter les personnes bien intentionnées dans le pays à aborder la question de la violence contre les femmes avec honnêteté et proposent de se défaire d’une approche sectaire sur un sujet aussi grave.

Si nous croyions que les femmes comme butins de guerre entre tribus, royaumes et pays rivaux appartenaient au passé, ce premier quart du 21e siècle nous rappelle que cette barbarie primitive est toujours d’actualité et que ceux qui la commettent reçoivent l’ordre de souiller les femmes de l’ennemi par le viol collectif, suivi de meurtre. Et en filmant ces scènes de crime abject avec délectation, ils entendent perpétuer l’humiliation de l’ennemi à l’échelle internationale.

Ce réveil brutal à la sauvagerie dont sont capables ceux qui adhèrent à une idéologie haineuse devrait nous interpeller tous à l’ère des tensions croissantes qui menacent la paix dans le monde. Frappées de cécité et de surdité, les organisations féminines les plus bruyantes se sont cantonnées dans un silence assourdissant. A-t-on entendu MeToo et consorts crier leur indignation ? À l’ONU, les instances pour la défense des femmes ont tergiversé pendant un mois avant de reconnaître les actes criminels dont les femmes ont été victimes.

Nous savons tous pourquoi les Amazones de la cause féminine ont gardé le silence. Et c’est en raison de ce silence coupable que les consciences éclairées devraient porter leur voix haut et fort pour dénoncer que le corps des femmes soit pris en otage et soumis à la barbarie en temps de guerre. D’autant plus qu’au lieu d’être condamné, le viol des femmes a été applaudi et célébré sans scrupules par des milliers d’autres femmes. C’est une première dans l’histoire de l’humanité.

Ce défi à toute décence et loi morale devrait interpeller les bonnes consciences. L’illusion d’être à l’abri des actes monstrueux dans certains pays est vite dissipée dès lors que l’idéologie qui en est la source est très répandue, d’où la nécessité de se mobiliser au niveau du ministère de la Femme sur le plan national, dans la zone africaine, et de se joindre aux représentantes d’autres pays du monde pour mener un combat aux Nations Unies contre la barbarie que les guerres des hommes font subir aux femmes.


Mauritius Times ePaper Friday 1 March 2024

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