BRICS, Démocratie et Dé-construction

By Nita Chicooree-Mercier

Démocratie en danger. Photo – Blast

Le dernier sommet des BRICS a non seulement réuni les pays membres fondés sur un régime politique différent: démocratique, autoritaire et semi-autoritaire, mais aussi accepté dans son cercle, parmi les nouveaux venus, un royaume semi-fasciste en voie d’évolution, une théocratie ouvertement fasciste où la rébellion des jeunes se termine dans le sang, et un autre où l’armée à la solde des grandes puissances fait et défait la loi.

Les partisans de l’Inde devraient a priori se faire quelques soucis à la vue d’une assemblée aussi disparate en apparence. De l’autre côté, l’Europe, les Etats-Unis et leurs alliés font face à une énigme: comment fait l’organisation des BRICS pour travailler ensemble et établir des objectifs à long terme sans imposer sur ses membres un critère commun en matière de régime politique comme condition sine qua non de l’adhésion à l’organisation?

Ou alors, cette réflexion n’a pas encore remis en question l’idéologie non-négociable de l’Union européenne et le bloc occidental sur le fonctionnement démocratique interne obligatoire de chaque membre de toute organisation internationale digne de considération.

Loin d’être sectaire, les BRICS sont pluralistes et inclusifs parce que leurs membres sont conscients qu’un idéal, aussi désirable soit-il, ne peut être imposé par la force brutale et les sanctions dévastatrices, et qu’un idéal ne peut s’épanouir que sur un fondement organique propre à un pays ou à une culture, et qu’il faut laisser le temps au temps de faire son œuvre pour l’implantation de cet idéal. En effet, les peuples du monde partagent les mêmes aspirations mais les manifestent à des moments différents de leur histoire.

C’est cette maturité d’adulte qui signale la fin de la récréation à ceux qui ont jusque-là constitué des camps opposés où la tyrannie des plus forts s’est octroyée une légitimité incontestable de croiser le fer à volonté et créer davantage de divisions dans le monde.

Les BRICS ne sont pas épargnés par des différends et des hostilités, notamment entre l’Inde et la Chine, mais ils l’entendent les régler, ou solliciteraient un soutien externe si nécessaire, selon des termes établis par eux-mêmes. Quoique paradoxale, la proposition du président Poutine, celle de n’inviter aucun pays hostile à un membre des BRICS à des réunions, paraît raisonnable dans le contexte international actuel.

Le Président Xi Jinping déclara l’an dernier à l’encontre du bloc occidental : “Democracy cannot beused as a tool to insult other countries.”Le nombre de toilettes en Inde ne peut être une mesure pour juger la légitimité de son projet scientifique dans l’espace.

De même, le Premier ministre Narendra Modi pourrait déclarer à ses détracteurs : “Toilet-o-metre cannot be used as a tool to criticize other countries’ achievements.” A la manière de l’ancien leader soviétique Nikita Khrouchtchev, le gouvernement indien souligne l’intérêt scientifique et la pertinence pour l’humanité de ses projets dans l’espace, et non pas comme un signe de supériorité et de domination sur d’autres pays.

* * *

Démocratie en danger ?

Ceux qui ont endossé le rôle de gardien de la démocratie, notamment les médias dits “mainstream, qui ont pignon sur rue et sur la toile d’internet à l’échelle internationale et dans les petits états insulaires, sont investis d’une responsabilité d’information et d’analyse vis-à-vis du grand public. En prenant le modèle occidental comme référence, la sphère médiatique pousse des cris d’orfraie sur le recul de la démocratie dans le monde tandis que d’autres, tels que le New York Times, la BBC et Le Monde, ne manquent aucune occasion de se prendre directement à la soi-disant déconstruction de la démocratie en Inde, discours resservi sans filtre par la presse des petits pays.

Que signifie tout ce récit défaitiste et alarmiste concrètement ? L’Europe, la Grande Bretagne et les Etats-Unis conservent leur atout démocratique à en juger par le nombre de migrants qui tentent de s’y rendre au péril de leur vie. Le délitement des partis politiques est un fait établi en France, en Grande Bretagne et, dans une certaine mesure, aux Etats-Unis. Celle des institutions ? La police, les mairies, les différents leviers de la justice et le pouvoir public se sont plus souciés de ne pas être taxés de racistes que de faire appliquer la loi en punissant les auteurs d’enlèvement, de séquestration et de viol en bande organisée des filles mineures pendant plus de 11 ans en Angleterre.

Les conseils fournis par certains magistrats aux malfrats de tous genres sur les manigances pour contourner la loi sont une autre aberration en France, selon les sources fiables dans les médias. Et quid du parti pris politique de la justice dans plusieurs cas?

Les élections se gagnent par une bataille entre les poids lourds et la performance à travers la communication la plus performante, sans parler du ralliement de la quasi-totalité des médias, de la presse et des chaînes de télévision publiques et privées, pour la réélection d’un président sortant en France, et le contraire aux Etats-Unis.

Leur crédibilité s’est bien détériorée depuis et, la diffusion de la propagande américaine sur le conflit en Ukraine – en occultant les véritables causes – n’a fait qu’enfoncer le clou et fait des médias les complices de L’Empire des Mensonges, décrié par la Russie, terme que les Etats-Unis détourneraient habilement à leur profit.

La survie des lois modernes et justes dans les grandes démocraties sont mises en danger par les concessions faites aux revendications sectaires des groupes sociaux issus de l’immigration. Une image où tout part en flammes – voitures, bus, boutiques, immeubles et même des églises à la moindre provocation accidentelle par la faute d’une autorité défaillante – est terrible à digérer, et encore moins, à prendre comme modèle. L’idéologie “woke” importée des États-Unis ne fait qu’infantiliser certains groupes en les cantonnant dans un discours victimaire qui a fini, à force de tolérer les jérémiades des uns et des autres, par engendrer une tyrannie de ces groupes, et renvoie l’image d’une démocratie sans boussole et sans repères, livrée au vent de toute bêtise de passage.

Les étudiants décident du choix de l’intellectuel ou du philosophe qui peut être autorisé à faire un discours à l’université, haut lieu entretenu par les deniers publics. Et c’est la théorie du genre qui s’est imposée comme enseignement dès l’école primaire sans l’accord des parents. Ces derniers risquent d’être listés par le FBI en cas de protestation.

Leur propre niveau de vie compte plus pour les populations occidentales que l’existence ou non de la démocratie dans d’autres pays. Cela a permis à certains pays d’imposer des dirigeants autoritaires mais bienveillants aux intérêts occidentaux en Amérique Latine, au Moyen-Orient et en Afrique tout le long du 20ème siècle.

La déconstruction de l’Afghanistan, où les socialistes entamaient des réformes agricoles et éducatives, interdisant l’économie illicite de la drogue, les femmes jouissaient d’une liberté et de l’égalité devant les lois, par les groupes radicalisés armés par le tandem États-Unis et Arabie Saoudite n’est qu’une tragédie parmi d’autres.

La démocratie européenne a évolué dans des sociétés ethniquement, linguistiquement et culturellement homogènes. La grille de lecture, le « one size fits all » s’avère être un non-sens monumental dans la réalité.


Mauritius Times ePaper Friday 1 September 2023

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