‘Une lutte à plusieurs pourrait arranger Pravind Jugnauth, qui commence à croire qu’il peut, seul, battre le PTr’

Interview : Lindsay Rivière

« Clairement, ce n’est plus un Budget qui fait gagner les élections et celui-ci ne garantira pas une victoire au MSM-ML »

Plusieurs grands pays ont fait des efforts pour réformer leur système budgétaire. Aujourd’hui, il existe plusieurs techniques budgétaires modernes, entre autres, budgétisation d’exercice, budgétisation axée sur les prestations et les impacts et aussi la planification et la communication des performances. Dans quelle mesure le budget présenté par le PM répond-il à une gestion responsabilisée ? Y a-t-il prise en compte des mesures explicites de performance et des contrôles ? Lindsay Rivière fait le point. Il nous parle aussi des conséquences politiques du Budget et des stratégies des différents partis sur l’échiquier politique…

 

Mauritius Times : Les porte-paroles du MSM ont dit lors d’une conférence de presse, samedi dernier, que le Gouvernement allait présenter un « Budget durable, équitable, inclusif et responsable ». Vouloir réussir tout cela pendant une année électorale n’est vraiment pas une mince affaire, mais diriez-vous que le PM et ministre des Finances a réussi son coup ?

Lindsay Rivière : A six mois des prochaines élections, Pravind Jugnauth poursuivait lundi deux objectifs budgétaires. D’abord, politiquement, mettre toutes les chances de son côté par des mesures électoralistes et sociales populaires, mais tout en essayant aussi de soutenir ponctuellement des secteurs économiques en grande difficulté. Il a partiellement atteint ces objectifs, mais de manière peu cohérente et ordonnée.

Le Budget 2019-2020 est, en effet, un Budget largement social avec des arrière-pensées électorales et des mesures socialement utiles (aide aux planteurs, augmentations des pensions, exemption de droits pour le logement, etc.,) qui confirment que le Premier ministre a effectivement une conscience sociale assez prononcée et qu’il entend utiliser son pouvoir pour changer la vie d’un maximum de Mauriciens. C’est bien.

Plus on est grand, plus on a des devoirs envers les petits et il faut espérer que ce sentiment continue à l’animer. Il faut aussi reconnaitre que Pravind Jugnauth a fait du social, avec ce Budget, de manière assez responsable, comme en témoigne son refus par exemple d’aligner les pensions sur le salaire minimum, ce qui aurait été une catastrophe pour l’avenir. On ne peut pas mettre sur un pied d’égalité l’assistance et le fruit du travail.

Mais, en même temps, le Premier ministre et ministre des Finances a largement raté l’objectif de la relance économique, alors que le pays s’enfonce dans des difficultés considérables. Il aurait fallu, lundi, un Budget qui soit à la hauteur de l’essoufflement actuel de l’économie, un Budget qui trace une ligne directrice claire et une stratégie économique d’ensemble. Il fallait dire au pays la vérité sur l’ampleur et la réalité des problèmes pour mieux le mobiliser. Cela n’a pas été le cas. On a eu droit, à ce niveau, à une collection, un chapelet de petites mesures ponctuelles et ciblées, ici et là. Il n’y a, dans ce Budget, aucune mesure forte, voire mémorable, qui marque les esprits.

Ce n’est pas la dimension sociale prononcée du Budget qui doit inquiéter. Après tout, un Budget est aussi un exercice de redistribution sociale et de solidarité nationale. Ce qui doit inquiéter, c’est ce qu’il n’y a pas dans ce Budget : l’essentiel : Comment faire redécoller l’économie ?

* Cette dégradation de la situation économique peut-elle être renversée ?

D’abord, il faut prendre pleinement conscience de l’ampleur des difficultés. Voyez la ‘larger picture’ actuelle :

  • La croissance, depuis 5 ans, reste toujours en-dessous de 4%. Cette croissance molle est tirée non pas par la production de produits mauriciens exportables mais par la consommation domestique qui représente aujourd’hui une part massive du PNB et qui, à son tour, repose sur des importations massives (Rs 212 milliards d’importations contre seulement Rs 83 milliards d’exportations, ou près de 3 fois moins).
  • Cela produit, en conséquence, un déficit commercial insoutenable de Rs 130 milliards (ou 25% du PNB) et commence à affecter la Balance de paiements du pays, hier excédentaire, aujourd’hui déficitaire.
  • Le taux d’épargne des ménages est en baisse (de 20% du PNB il y a 5 ans à 9% en 2018).
  • La dette publique a atteint, elle, Rs 315 milliards (70% du PNB).
  • L’investissement privé est en baisse, le Foreign Direct Investment (FDI) reste totalement dominé par l’immobilier non-productif (à 70%).
  • Les recettes du Tourisme ont reculé de 10% au premier trimestre 2019, le nombre de visiteurs de 4.5%.
  • Il y a recul dans l’agriculture (Maurice ne produit plus que 300,000 tonnes de sucre), dans le secteur manufacturier, et dans le Port Franc.
  • Dans le Secteur Financier, Singapour nous dame désormais le pion en Inde comme principale source d’investissement.
  • La monnaie mauricienne glisse. Le dollar est désormais à Rs 36.25, ce qui augmente notre facture à l’importation et impactera demain sur le coût de la vie.

Tout semble aller mal et requiert une stratégie économique d’ensemble vigoureuse et imaginative. Malheureusement, on ne voit toujours rien venir.

* Qu’en est-il des conséquences politiques de ce budget ?

Il est sûr que certaines mesures budgétaires auront un effet important sur l’opinion publique et amélioreront l’image du Gouvernement, notamment,

  • la subvention exceptionnelle de Rs 25,000 par tonne de sucre aux petits planteurs,
  • la baisse du prix du gaz et de l’essence,
  • l’augmentation de Rs 500 des pensions,
  • l’augmentation intérimaire aux fonctionnaires dans l’attente du PRB (encore qu’il soit surprenant qu’on donne maintenant des augmentations de salaires par anticipation et qu’on crée deux catégories de travailleurs – publics et privés. Les travailleurs privés, eux, n’obtiennent rien) ;
  • l’exemption des frais d’enregistrement aux ‘First Home Owners’ sera aussi populaire chez les jeunes couples.

Il y aura donc des retombées politiques immédiates et positives pour le MSM mais combien de temps cette satisfaction durera-t-elle ? C’est à voir ! L’électorat mauricien est devenu aujourd’hui très opportuniste, ingrat et calculateur. Il sait ‘tirer’ tout ce qu’il peut des politiciens et il a la mémoire courte.

L’électeur prend tout ce qu’on lui propose. Puis, au final, il vote comme il veut. Les gains politiques du Budget pourraient bien n’être qu’éphémères.

* Le bruit courait depuis des mois déjà que ce dernier budget de l’actuel Gouvernement allait être très populiste avec, entre autres, une augmentation substantielle de la pension de vieillesse. Rien de tel ne s’est produit, sauf une démarche de « faire plaisir » à tout le monde. Il se peut que le Gouvernement ne dispose pas dans les circonstances actuelles des moyens de ses ambitions politiques en prévision de l’échéance électorale qui s’approche, mais ce n’est quand même pas un budget qui fait gagner les élections, n’est-ce pas ?

Clairement, ce n’est plus un Budget qui fait gagner les élections et celui-ci ne garantira pas une victoire au MSM-ML ou à toute autre coalition que Pravind Jugnauth tentera de mettre ensemble.

Une élection se gagne ou se perd sur une perception d’ensemble de l’électeur, une ou deux semaines avant le vote, pas six mois à l’avance. Ceux qui spéculent déjà sur ceci ou cela, qui scrutent le Budget ou les meetings du 1er Mai, sont un peu naïfs.

La grande majorité de l’électorat est aujourd’hui indécise. Elle se définira au dernier moment autour d’une question : Voudra-t-elle encore 5 ans du gouvernement sortant, de l’Alliance électorale proposée, ou en a-t-elle assez ?

D’ici là, tout ne sera que spéculation. Il faut se garder de pronostiquer quoi que ce soit.

* Si ce n’est pas un budget qui fait gagner les élections, à quel jeu joue donc le MSM ? peut-on se demander. Soit les Jugnauths ont déjà une alliance dans la poche, ou ils sont confiants de pouvoir abattre l’adversaire principal sans grande difficulté et donc capable de faire faire face (en alliance avec le ML) aux deux autres ‘grands partis’ du pays, c’est-à-dire le MMM et le PTr ?

Le MSM est désormais dans une démarche de consolidation de ses propres assises. Objectivement, il a raison de le faire parce que, valeur du jour, le MSM ne sait toujours pas ce qu’il en sera du positionnement de tout un chacun. Pravind Jugnauth ne sait toujours pas si le MMM s’intéressera à lui parler ou à le rejoindre dans une Alliance, car Paul Bérenger, rapporte-t-on est vraiment très tenté d’aller seul, arrive ce qui arrive, et que ses troupes urbaines ne veulent pas se compromettre une fois encore pour sauver un Gouvernement impopulaire, comme en 2014 avec les résultats que l’on sait.

A défaut d’un rapprochement avec le MMM, le MSM ne sait toujours pas aussi – aujourd’hui – si Xavier Duval et le PMSD voudront lui parler d’alliance, et ce, même si le MSM offre au PMSD plus de ‘tickets’ que Navin Ramgoolam. Xavier Duval – on le sait, on le voit – est beaucoup plus à l’aise avec Navin Ramgoolam qu’avec les Jugnauth. Même s’il bénéficie de moins de tickets, le leader du PMSD pourrait bien préférer être le Deputy Prime Minister de Ramgoolam avec quelques ministères-clés plutôt que d’aller cautionner un gouvernement controversable et d’avoir ainsi à défendre tout ce qu’a fait celui-ci (y compris ce qui a poussé le PMSD à démissionner du Gouvernement). Le ton actuel très anti-Gouvernement du PMSD indique que Xavier Duval penche déjà pour le PTr et pour une alliance PTr-PMSD-MP-Plateforme Militante.

Donc, si le MMM, le PMSD et le MP ne sont pas intéressés, cela laisse le MSM « dans la plaine » en termes d’alliances. Voilà pourquoi le MSM aujourd’hui travaille lui aussi sur une vraie option « Aller Seul ».

A quoi joue-t-il, demandez- vous ? A le croire, une lutte à plusieurs pourrait arranger Pravind Jugnauth, qui s’affirme de plus en plus comme PM, commence à croire qu’il peut, seul, battre le PTr et un Navin Ramgoolam fatigué en milieu hindou et dans les régions rurales, grignoter quelques sièges ça et là et arriver au prochain Parlement – pas nécessairement majoritaire en sièges mais comme le premier parti politique et le premier groupe parlementaire, puis négocier une coalition post-électorale.

Ce scénario se tient-il ? Pravind Jugnauth et le MSM commencent-ils à faire une croix sur le MMM ? On verra bien.

* Avec autant d’inconnus majeurs qui demeurent quant aux alliances qui vont se faire pour les prochaines législatives : MMM-MSM ou PTr-PMSD ou même MSM-ML-PMSD…, rien n’est encore joué ?

Si la question demeure d’actualité et envisageable au cours des prochains mois, il semblerait que de plus en plus de gens dans les principaux partis soient tentés par l’option « Aller Seul » parce que l’option d’alliances soulève des difficultés en apparence de plus en plus compliquées.

A côté du MSM qui – clairement – commence à s’inquiéter de ne pouvoir attirer d’alliés autres que le ML, et travaille à un Plan B, le MMM commence à se demander si ce ne serait pas suicidaire de jeter une bouée de sauvetage à un Gouvernement aussi controversable et de couler avec lui.

Peut-être aussi que Paul Bérenger en a assez d’être le marche-pied des autres leaders, les portant vers le prime ministership pour recevoir ensuite un grand coup de pied. Peut-être aussi, au fond de lui, voit-il dans une lutte multipartite l’occasion idéale de régler tous ses comptes historiques avec les Jugnauth.

Toujours est-il que l’option d’aller seul semble se raffermir ces temps-ci, même si je continue à penser que la peur d’une annihilation totale de certains partis forcera des alliances de dernière heure.

Donc, oui, rien n’est encore joué et rien ne le sera avant plusieurs mois.

* Il semble que des « raisons liées à la transmission du leadership », comme nous le disait Rajiv Servansingh la semaine dernière, auront aussi une influence déterminante dans la concrétisation des prochaines alliances. Les leaders du MMM et du PMSD voudraient pour des raisons personnelles, parait-il, mais aussi pour assurer la continuité et la survie de leur parti passer le témoin à une génération plus jeune, en l’occurrence à Joanna Bérenger et à Adrien Duval respectivement. Si cela s’avère vrai, la transmission du leadership aura donc un impact sur le choix d’alliance. Votre opinion ?

Honnêtement, je ne partage pas ce point de vue. Les décisions d’alliances s’effectueront pour des raisons autrement plus graves et déterminantes que l’avenir de Johanna Bérenger ou d’Adrien Duval.

D’abord, je ne vois pas du tout Paul Bérenger et Xavier Duval en train de ‘passer le témoin’ à plus ou moins brève échéance. Après bien des tentatives de pousser Paul Bérenger vers une retraite politique anticipée, tous les Mauriciens sont aujourd’hui convaincus que celui-ci tiendra le plus longtemps possible et peut-être mourra leader du MMM.

Quant au PMSD, il est évident et déjà accepté que le successeur de Xavier Duval sera un jour son fils Adrien. Xavier n’a pas besoin de considérer une alliance pour positionner ce dernier auprès de Navin Ramgoolam. Mais Xavier n’entend pas, lui aussi, se retirer de sitôt. Les deux leaders estiment avoir encore beaucoup à contribuer à la vie nationale.

Il faut aussi, sur cette question, commencer à parler vrai et à dire les choses comme elles le sont, et ce, sans vouloir offenser quiconque. Johanna Bérenger et Adrien Duval sont deux jeunes prometteurs, très intéressés par la politique, animés d’une grande volonté de servir. Ils sont frais et enthousiastes et il convient de saluer et de respecter leur engagement.

Mais posons la question sans vouloir être désagréables :

  • Qu’ont-ils fait jusqu’ici, dans leur courte carrière, qui les qualifie pour devenir subitement des leaders politiques nationaux ?
  • Où, quand, et comment ont-ils fait leurs preuves, établi leurs ‘credentials’ pour aspirer à être demain Premier ministre, chef de parti ou Senior Minister ?

Dans un pays aussi sophistiqué que Maurice, avec une longue histoire politique qui remonte à 1886, allons-nous tout simplement ‘sit back’ et nous satisfaire de l’argument que, parmi 1.2 millions de Mauriciens, seules des dynasties politiques peuvent diriger, que pour être Premier ministre il faut obligatoirement s’appeler Ramgoolam, Jugnauth, Bérenger ou Duval ?

Honnêtement, je ne pense pas que Paul Bérenger et Xavier Duval eux-mêmes souhaitent que les choses se passent comme ça et aussi rapidement que ça. Que Johanna et Adrien fassent d’abord leurs preuves et le peuple jugera ensuite s’ils sont ‘leadership material’, dans cinq, dix ou quinze ans.

* En tout cas, les dynasties politiques vont se consolider à Maurice aussi dans les années à venir – comme dans d’autres pays d’ailleurs, faute d’alternatives crédibles ou d’une troisième force. C’est inévitable ?

Je ne crois pas une seule seconde que ce soit ‘inévitable’. Paul Bérenger, Gaëtan Duval, Guy Rozemont, Sookdeo Bissoondoyal, tous nos grands chefs sont venus de nulle part pour se hisser au rang de géants de notre politique. Rien ne doit empêcher un jeune Mauricien de devenir leader de parti, selon ses mérites (y compris Johanna Bérenger ou Adrien Duval) mais limiter la liste aux seules familles mentionnées, sans mettre leur parcours comme un ‘à priori’, serait une lourde erreur et, quelque part, un peu une insulte à l’intelligence des Mauriciens.

Il faut cesser avec toutes ces histoires de succession automatique dans nos entreprises et dans nos partis. Ce n’est pas digne de notre pays. Chacun doit prouver de quel métal il ou elle est fait/e pour prétendre diriger.

Le leadership, en toutes situations, dans tous les secteurs doit se mériter et se gagner et ne saurait être un droit de naissance. Si nous ne croyons pas en cela, en quoi donc croirons nous ?

* Que devient le Parti Travailliste et ses initiatives politiques en attendant, selon votre lecture de la situation politique ? Il avait semblé faire une remontée ces derniers mois, mais l’alliance gouvernementale a aussi connu plusieurs victoires et non des moindres depuis le début de l’année : MedPoint, Chagos, Betamax, et la toute dernière, CT Power, et il semble que les répercussions du conflit Shakeel Mohamed/Anil Gayan ne sont pas pour plaire à son électorat…

Le Parti Travailliste s’affirme de plus en plus comme la principale alternative au MSM et au Gouvernement actuel. Mais il avance en dents de scie. Tantôt il donne une impression de force, puis il disparait totalement de la scène. Est-il embarrassé par les déboires judiciaires de son leader ? Ce qui est sûr, c’est que Navin Ramgoolam contrôle totalement le parti et retrouve peu à peu son assurance et son autorité auprès des rouges.

On constate déjà qu’avec la ‘présidentialisation’ de la politique mauricienne, la campagne du MSM se focalise entièrement sur Navin Ramgoolam, ses erreurs passées, ses faiblesses, ses défauts et son style. Le leader rouge doit s’attendre à une campagne électorale très dure contre lui. Une grande question sera : Le peuple lui a-t-il pardonné ?

Mais Ramgoolam aura lui aussi d’importantes munitions contre Pravind Jugnauth et le Gouvernement, compte tenu des cinq dernières années de ce régime. En plus, Navin Ramgoolam aura sans doute d’importants renforts auprès d’autres électorats où le MSM est traditionnellement plus faible.

Ce qui semble de plus en plus sûr, en tout cas, c’est que la prochaine campagne électorale sera sans doute particulièrement sale et extrêmement désagréable, tant pour Navin Ramgoolam que pour Pravind Jugnauth.

* Quelle que soit l’issue des prochaines élections générales, les économistes soutiennent déjà que le poêlon sera très chaud pour le prochain gouvernement et en particulier pour son ministre des Finances puisqu’on se dirige tout droit vers une crise économique faute de mesures correctives, et ce, en profondeur de notre système économique et de ses structures. Qu’un pensez-vous ?

L’économie est déjà mal en point comme je vous le disais plutôt dans cet entretien et, à moins d’une vigoureuse remise en ordre, il faut craindre, en effet, que le Gouvernement issu des urnes en 2020 se retrouve avec de très graves difficultés. Si on n’arrête pas la spirale de la dette publique, on risque de finir comme la Grèce, vivant au-dessus de ses moyens et aujourd’hui à genoux. Si on ne fait pas repartir l’appareil de production pour générer des recettes d’exportations, l’économie finira totalement anémiée.

Toutefois, rien ne parait insurmontable à Maurice. Il nous faut de la vision, du ‘thought leadership’ inspiré. Il faut des hommes décidés aux Finances, Pravind Jugnauth au MSM s’il est réélu, ou un esprit éclairé comme Rama Sithanen si les Travaillistes reviennent au pouvoir.

Mais il faut se ressaisir rapidement.

* L’impression qui se dégage, c’est que le pays tourne en rond depuis un certain nombre d’années. L’alternance politique se résume à du pareil au même. Et au-delà du clientélisme politique, des pratiques liées au « crony capitalism » et ses différents types de spéculateurs, il y a aussi le modèle de développement économique adopté par différents gouvernements ces 35 dernières années. Avec pour résultat : le fossé qui grandit entre riches et pauvres, et l’appauvrissement de la classe moyenne… Ce n’est pas soutenable, non ?

Oui, le pays tourne en rond. Tout parait bloqué. C’est comme si la politique et les partis avaient pris en otage l’Ile Maurice, avaient colonisé le pays. Tout partout n’est que politique, Management of public opinion, ‘Point scoring’. La politique semble être en train de devenir un métier, une profession qui, de surcroit, attire beaucoup de nullités et de gens sans principes.

Le propre de la politique est de tracer une voie pour le pays, d’être un phare dans la nuit, un chemin dans la forêt. Malheureusement, elle s’écarte de plus en plus de sa mission première : d’organiser efficacement la vie de la Cité. Il faut absolument que les jeunes cessent de parler et qu’ils s’engagent.

Autrement, nous irons vers de plus en plus de médiocrité et de déceptions. Maurice vaut bien mieux que l’image qu’elle projette actuellement.


* Published in print edition on 14 June 2019

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