« La majorité silencieuse n’a pas encore décidé mais elle sait déjà pour qui elle ne votera pas »

Interview: Eric Ng Ping Cheun, économiste et directeur de PluriConseil

‘Une hausse substantielle de la pension de vieillesse, ayant des allures démagogiques, peut avoir un effet boomerang’


Chaque année, les experts font des analyses des grandes questions économiques mondiales. Une chose est sûre par rapport à n’importe quel pays : toute forme d’instabilité génère des tensions et affectent négativement l’économie. Par exemple, l’Europe est affectée par la viabilité du projet européen et la nature des réformes qui permettraient de le pérenniser. Notre invité, un économiste, nous donne des informations sur l’économie mauricienne et les défis pour 2019. Bien entendu, la portée éventuelle des mesures sur le plan microéconomique, les idées novatrices pour la création d’emplois et la réduction du chômage, l’impact des mesures monétaires et fiscales sur les ménages, entre autres, prennent une place importante dans les débats avant les élections. La suite avec Eric Ng Ping Cheung, économiste et directeur de PluriConseil:


 Mauritius Times: Il semble qu’on ait un peu oublié l’économie eu égard à toute l’attention et les énergies qui sont consacrées par le Gouvernement, par l’opposition et même par la grande majorité des Mauriciens aux évènements qui ont dominé l’actualité ces dernières années : commission d’enquête sur la drogue et celle sur l’ex-Présidente de la République et leur lots de révélations, et autres affaires qui ont été portées sur la place publique. Est-ce à dire qu’il n’y a pas de grand souci à se faire pour ce qui concerne l’économie mauricienne ?

Eric Ng Ping Cheun: A Maurice, la population ne s’intéresse à l’économie qu’à l’occasion de la présentation du budget national, soit une fois l’an. C’est d’ailleurs un évènement tellement médiatisé que les gens croient que l’économie ne fonctionne que par rapport aux mesures budgétaires. Ce qui n’est pas le cas.

Il se passe beaucoup de choses quotidiennement qui sont sans lien avec ce qui est prévu dans le budget. Elles ne font pas les gros titres de la presse parce que l’économie passionne moins les gens.

Les affaires que vous mentionnez ont effectivement éclipsé les problèmes économiques. Elles sont scandaleuses au point de relativiser la gravité de ces derniers.

Si elles n’étaient que des distractions, personne ne s’en soucierait sur le plan économique. Mais elles ont des effets anxiogènes sur les agents économiques alors même que le monde des entreprises a besoin de sérénité pour affronter les défis qui se posent actuellement.

Ces défis touchent tous les grands secteurs de l’économie mauricienne : l’avenir de l’industrie sucrière face à la dégringolade du prix du sucre sur le marché international, la compétitivité de l’industrie manufacturière, l’impact de la hausse du prix pétrolier sur le tourisme et l’aviation, la faible intensité technologique de nos modes de production, les bouleversements dûs à l’intelligence artificielle et à la robotique dans les services bancaires et financiers, les changements structurels dans le Global Business, la remontée des taux d’intérêt aux Etats Unis, et la menace d’une nouvelle récession dans le monde.

Chaque ministère dans son domaine joue au pompier, certains tardivement, d’autres avec maladresse. Chez les autorités des services financiers (ministère, Financial Services Commission, Banque de Maurice), c’est la cacophonie. Malgré tout le zèle réglementaire du gouvernement mauricien en matière de lutte contre le blanchiment d’argent, il n’arrive pas à convaincre ses pairs africains de sa bonne foi. Plus nous serrons les vis réglementaires, plus les organisations internationales deviennent exigeantes. C’est à se demander si nous ne devons pas plutôt adopter une politique de fermeté devant leurs diktats.

Tout compte fait, l’économie mauricienne est en pilotage automatique. Il n’y a pas de leadership politique pour la mener à bon port. Savoir naviguer entre les écueils requiert une attention de tous les instants, ce qui n’est pas donné à un ministre des Finances à temps partiel.

* Au fait, qu’est-ce que votre analyse des indicateurs macro-économiques vous indique sur les tendances qui se dessinent sur le plan économique ?

La tendance de notre croissance économique reste en-deçà des objectifs fixés par le Gouvernement actuel. Etant à sa quatrième année de mandat, il n’a toujours pas réussi à atteindre un taux de croissance de 4,0%.

En décembre dernier, Statistics Mauritius avait estimé que la croissance serait de 3,9% en 2018. Il l’a révisée en juin à 3,8%, puis en septembre à 3,7%. Je ne serais pas étonné qu’elle descende finalement à 3,6%, soit le même taux qu’en 2016 et 2017.

En fait, je constate que la croissance en rythme annuel se trouve dans une tendance baissière sur une base trimestrielle : le taux corrigé des variations saisonnières a reculé pendant trois trimestres consécutifs, passant de 1,2% au troisième trimestre 2017 à 1,0% au quatrième trimestre 2017, à 0,8% au premier trimestre 2018 et à 0,3% au deuxième trimestre 2018. C’est pratiquement une stagnation !

En tout cas, l’investissement privé stagne définitivement : 0% de croissance en 2018 selon Statistics Mauritius. Par rapport au produit intérieur brut (PIB), il repasse en dessous de 13% cette année. Il était au-dessus de 16% durant la période de 2006 à 2012, avec un pic de 19,8% en 2008.

Parallèlement, l’épargne privée continue de chuter. Elle est si faible que personne n’a remarqué qu’elle est tombée en dessous de 10% du PIB, précisément à 9,7%. De mémoire, c’est le taux le plus bas jamais enregistré. Voilà qui me donne raison d’avoir critiqué le dernier budget axé sur la relance par la consommation, encore que ce soit l’Etat qui consomme plus que les ménages avec une croissance réelle de 3,6% des dépenses de consommation en 2018 contre 1,6% en 2017.

Au lieu de mettre le paquet sur la consommation publique, il aurait fallu stimuler l’exportation des biens et services. Ce n’est qu’après trois années de contraction (-0,7% en 2015, -4,6% en 2016 et -2,0% en 2017) que celle-ci se relèvera, mais avec une croissance de seulement 1,7% en 2018.

En fait, rien n’est fait pour rendre nos exportations plus compétitives. La stratégie nationale d’exportation, qui fut lancée en mars 2017, dort dans un tiroir.

* Dans quel état un nouveau gouvernement trouvera-t-il notre économie en 2019-2020, selon vous ?

D’ici à 2019-2020, l’économie mauricienne deviendra moins résiliente aux chocs économiques. D’abord, il n’y a pas eu de réforme structurelle pour dynamiser l’économie. Au contraire, la fonction publique reste inefficace et inefficiente, toujours bureaucratique et prêtant le flan aux gaspillages. Le marché du travail est devenu plus rigide, pénalisant davantage les jeunes chercheurs d’emplois non qualifiés. L’Etat se montre toujours fortement interventionniste, causant une mauvaise allocation de ressources dans l’économie et un dysfonctionnement dans les prix de marché.

Ensuite, il n’y a pas eu de diversification économique. Comme l’a fait ressortir l’ancien gouverneur de la Banque de Maurice, Ramesh Basant Roi, pas un seul nouveau secteur n’a émergé depuis dix ans alors même que nos piliers traditionnels s’essoufflent. La concentration économique s’est accentuée avec l’accent mis sur le développement immobilier. Certains segments commerciaux du marché domestique sont réservés à l’élite du secteur privé, ce qui constitue un obstacle à l’essor des petites et moyennes entreprises qui ne trouvent pas de débouchés sur les marchés étrangers.

Puis, il existe un manque de transparence dans les finances publiques. On crée des structures opaques telles que les Special Purpose Vehicles pour financer de grands projets publics, comme Metro Express et Safe City qui coûtent des dizaines de milliards de roupies.

La situation réelle du déficit budgétaire et de la dette du secteur public est plus grave que ce que disent les chiffres officiels. Ils ne sont pas brillants puisque le déficit budgétaire caracole au-dessus de 3,0% du PIB et la dette du secteur public se situe bien au-delà du seuil de 60% du PIB. Avec un espace fiscal si restreint, Maurice n’aura pas suffisamment de ressources budgétaires pour surmonter, comme en 2008, une nouvelle crise financière globale qu’on estime plausible d’ici à trois ans.

Enfin, et non des moindres, l’Etat-providence continue de grossir, ce qui pose la question de sa soutenabilité financière à moyen et long termes. Depuis quelques années, l’actuel ministre des Finances a eu recours à de gros dons de gouvernements étrangers pour éviter de montrer une détérioration sensible du déficit public.

Le jour où les dons se feront rares, on n’aura d’autre choix que d’augmenter drastiquement les impôts sur les revenus des sociétés et des particuliers, ce qui affectera durement l’économie. Et je ne peux pas imaginer le désastre économique lorsque les dépenses sociales exploseront avec une population vieillissante.

* Justement, comment réagissez-vous à l’annonce du Premier ministre d’une révision de la pension de vieillesse pour très bientôt ? Bribe électoral ou non, le Gouvernement s’en est bien sorti avec l’application d’une mesure semblable à la veille des élections de décembre 2014 à la grande satisfaction des retraités… alors que le porte-parole économique du Parti Travailliste avait dit que l’économie ne pouvait se payer une telle largesse…

La pension de vieillesse est réajustée chaque année par rapport à la compensation salariale. Mais là, il semble bien que le Premier ministre ait parlé d’une augmentation à part entière de la pension comme en décembre 2014. Or, je ne comprends pas pourquoi il annonce cela maintenant quand le prochain budget national sera présenté en juin 2019. Se peut-il que les élections générales se tiendront avant cette date ?

En tout cas, cette annonce a tout l’air d’être un moyen désespéré de retrouver une popularité perdue. C’est un aveu flagrant de l’impopularité du Gouvernement. Est-ce que cela va marcher encore une fois aux prochaines élections ? Rien n’est moins sûr. Il faut dire que la promesse d’une pension de Rs 5 000 n’avait pas été le facteur déterminant pour la défaite de l’alliance PTr-MMM. Le projet de Deuxième République, l’usure du pouvoir et les erreurs accumulées par le gouvernement sortant ont pesé lourdement sur les choix des électeurs.

Par ailleurs, je pense qu’aux prochaines législatives, ce sont les jeunes de 18 à 40 ans, deux fois plus nombreux que les plus de 60 ans, qui auront un poids décisif sur les résultats des élections. Dans cette optique, une promesse électorale d’une hausse substantielle de la pension de vieillesse, ayant des allures démagogiques, peut avoir un effet boomerang.

Pour chaque retraité qui y croira, il y aura un jeune qui sera inquiet pour son avenir. Tout le monde sait que ce que l’Etat donne d’une main, il le reprendra d’une autre main. Davantage d’impôts, cela signifie une baisse du pouvoir d’achat, moins d’investissement et plus de chômage. Par conséquent, il se dessine déjà à l’horizon un conflit intergénérationnel.

Tous les rapports de consultants sur la pension de vieillesse recommandent des mesures de réforme. Mais le Gouvernement cherche à faire exactement le contraire. Augmenter drastiquement le coût financier de la pension alors que le ratio actif/retraite chute, c’est de l’inconscience, c’est de l’irresponsabilité pure et simple. C’est à croire que le Premier ministre voudrait appliquer une politique de la terre brûlée pour dire ensuite « Après moi, le déluge ! ».

* Mais autant que l’on sache, l’économie n’est pas dans le rouge, le Gouvernement devrait pouvoir passer la rampe avec les grands projets infrastructurels, comme le Metro Express, la concrétisation de projets hôteliers, ce qui viendra booster la construction et créer de l’emploi. Il ne lui suffira qu’une bonne alliance politique pour se donner les meilleures chances, non ?

Je ne sais pas ce que signifie « une bonne alliance politique », mais toujours est-il que le PTr et le MMM semblent bien se décider à aller – chacun – seul aux élections. Reste le PMSD. S’alliera-t-il de nouveau à l’alliance MSM-ML ? Le ferait-il ? Dans ce cas-là, il serait définitivement vu comme une simple force d’appoint, incapable d’être un vrai parti national, très loin des grandes ambitions qu’il avait affichées avant sa débâcle à l’élection partielle du No. 18. De plus, il jouera sa crédibilité : quel discours cohérent peut tenir un parti qui rejoint un gouvernement qu’il a quitté sous la même législature ?

Quoi qu’il en soit, l’alliance gouvernementale devra convaincre sur le dossier de l’économie pour gagner les élections. Je partage votre avis que l’état de l’économie occupera une bonne place lors de cette campagne électorale.

Quand vous dites que l’économie n’est pas dans le rouge, cela dépend pour qui cette affirmation est valable. Les gros bonnets du secteur privé s’en sortent très bien. Mais la grande majorité des petites et moyennes entreprises doivent se battre pour survivre. Une déprime commence à s’installer parmi elles.

* En ce qui concerne les dysfonctionnements et les déficiences de l’économie, on en parle depuis des années, et on se plait à attribuer la faute aux décideurs politiques ou à l’absence d’un ministre à plein temps aux commandes des Finances. L’Economic Development Board (EDB) est censé combler ce déficit. Qu’en pensez-vous ?

L’EDB est mal parti – dès son lancement – de par sa conception, sa composition et son fonctionnement. On n’a fait qu’annexer « Enterprise Mauritius » et la « Financial Services Promotion Agency » au « Board of Investment » sans qu’il n’y ait eu une véritable intégration des trois organisations. Cela a créé beaucoup de frustration parmi ceux qui ont perdu des responsabilités. A la démotivation du personnel, s’ajoutent des nominations qui puent le favoritisme.

Ensuite, la composition du conseil d’administration laisse à désirer : trop de gens du secteur privé et pas assez de compétences en développement économique. Les risques de conflits d’intérêts sont trop élevés. Dans le monde économique, l’information est capitale. Aucun investisseur potentiel ne viendra à l’EDB dévoiler le fond de sa pensée sur son projet.

Et puis, l’EDB fonctionne dans la confusion. Qui détient les pouvoirs exécutifs ? Le président du conseil d’administration ou le CEO ? Comment concilier stratégie, planification, régulation et promotion ? Les uns ont une vision holistique, les autres une approche sectorielle, et certains une démarche individuelle. On ne peut pas réfléchir et agir en même temps à des niveaux différents.

* Par ailleurs, on persiste dans cette voie qui consiste à favoriser – par des incitations fiscales – la spéculation foncière et le développement immobilier alors que ce type d’activité ne génère pas suffisamment d’emplois pour nos jeunes diplômés. L’intérêt affiché du Gouvernement dans l’économie bleue, le blockchain et les crypto-monnaies vous donne-t-il de bonnes raisons de croire en un avenir meilleur pour nos jeunes à Maurice ?

Un conseiller du ministère de la Technologie, de la Communication et de l’Innovation vient d’affirmer dans une interview de presse que « nous sommes en train de passer à côté de l’intelligence artificielle ». C’est tout dire du retard qu’accuse l’île Maurice dans l’innovation numérique. Le blockchain et les crypto-monnaies ne constituent pas une activité économique à part entière.

Reste que le secteur de l’information et de la communication enregistre une baisse de régime depuis quelques années. Il a bien démarré dans la seconde moitié de la décennie 2000, avec des taux de croissance réelle à deux chiffres, mais il n’a crû que de 5,5% en 2017. Quinze ans après son émergence à Maurice, ce secteur ne contribue encore que 4,2% du PIB.

Pour encourager l’utilisation des nouvelles technologies dans nos systèmes de production, de commercialisation et de distribution à tous les échelons de l’économie, il faut les rendre financièrement accessibles. Elles augmenteront la productivité des entreprises, permettant de produire de nouveaux biens et services et de créer ainsi des emplois pour nos jeunes.

Mais au lieu d’aider les entreprises dans l’innovation technologique, le Gouvernement préfère soutenir les promoteurs immobiliers à coups de milliards de roupies d’exonération fiscale. Nombreux d’entre ceux qui possèdent des compétences réelles en informatique choisissent d’émigrer pour un meilleur avenir professionnel. Avec la fuite des cerveaux, le pays se retrouve dans un cercle vicieux entre le peu d’opportunités et une pénurie de ressources.

* Pour revenir aux investissements massifs dans les Smart Cities et les projets Property Development Scheme, avez-vous des craintes en tant qu’économiste du risque réel d’un éclatement de cette bulle immobilière et financière qu’on est en train de créer au cas où les promoteurs se retrouveraient dans l’incapacité de rembourser leurs emprunts ?

Effectivement, il existe le risque que la bulle éclatera. Ces promoteurs ont emprunté dans un contexte de baisse agressive du taux d’intérêt. Le taux repo a été réduit par 575 points de base depuis la crise financière de 2007-2008. Une remontée des taux d’intérêt rendra difficile le remboursement des emprunts, surtout si l’on n’arrive pas à vendre tous les actifs immobiliers en raison du surplus de l’offre.

Or, il est certain que notre comité de politique monétaire suivra, tôt ou tard, la tendance mondiale de resserrement monétaire. La Fed a relevé son taux directeur huit fois par un total de 200 points de base, et elle compte l’augmenter par 100 points de plus jusqu’à la fin de l’année prochaine.

* Quelle opinion avez-vous des débats sur la réforme électorale, le redécoupage des circonscriptions, le recensement ethnique et le Best Loser System ? Avez-vous des craintes qu’on risque de tout chambarder pour des raisons bassement politiques ?

Je ne crois pas que le Gouvernement ait une volonté réelle de changer pour le meilleur, encore moins de tout chambarder. Il a été forcé de présenter un projet de réforme électorale pour mieux plaider son cas devant la Cour suprême. Mais il sait pertinemment que son projet ne réunira pas la majorité des trois quarts requise pour être adopté au Parlement. Il dira à la population qu’il a fait son devoir, mais qu’il est maintenant obligé de revenir à un mini-amendement constitutionnel pour les prochaines législatives.

Il est grand temps d’abolir le Best Loser System et de l’intégrer dans le mode proportionnel, et non de le remplacer par le système antidémocratique de Best Loser Seats dans lequel il reviendrait aux leaders de chaque parti de choisir des représentants à l’Assemblée nationale. Il convient aussi de laisser le soin à la commission électorale de proposer un redécoupage des circonscriptions. D’ailleurs, c’est un travail qui doit avoir lieu tous les dix ans. Il n’est pas logique que certaines circonscriptions aient deux fois plus d’électeurs que d’autres.

En ce qui concerne le recensement ethnique, je ne vois aucun problème majeur du moment que les données soient présentées sur une base nationale, sur l’ensemble du pays. Cela est fait dans tous les pays du monde, car de telles statistiques servent à concevoir des politiques sociales. Mais il ne faut absolument pas décomposer les données en fonction des vingt circonscriptions du pays parce que les politiciens vont alors les utiliser à mauvais escient pour faire de l’« ethnic politics ».

* Avez-vous le sentiment que les hommes politiques – la présente génération aux commandes au sein du Gouvernement et dans les autres partis politiques du pays – sont dépassés ? Ou qu’ils n’ont pas les solutions aux problèmes qui guettent le pays ?

Mon sentiment est que nos hommes politiques, en général, ne sont là que pour leurs gains personnels. « They are just milking the system », comme dirait l’Anglais. Ils profitent au maximum des privilèges du pouvoir politique. Ils ne se battent plus par conviction ou pour des idées. Les solutions aux problèmes existent, mais elles sont mises au rancart si elles ne font pas gagner les élections. En particulier, on escamote les difficultés économiques, faute de courage politique, jusqu’à l’heure de vérité, « the day of reckoning ».

*Dans une précédente interview, vous disiez espérer – au regard de la désaffection qui gagne du terrain « non pas de la politique, mais des politiciens traditionnels » – que les prochaines élections générales entraîneront un renouvellement de la classe politique. Vous y croyez vraiment ?

Je ne peux que croire à cela, car autrement ce serait à désespérer de nos dirigeants politiques s’ils n’arrivaient pas à renouveler leurs effectifs.

Aux prochaines législatives, la population s’attend à voir de nouvelles têtes, notamment de jeunes professionnels mûrs, sur les listes des candidats. Au cas contraire, on risque de subir un fort taux d’abstention, plus élevé qu’aux dernières législatives.

* En attendant, « a lot of water will flow under the bridge », comme dirait l’Anglais, d’ici aux prochaines législatives : l’affaire MedPoint devant le Privy Council, et la campagne qui sera livrée contre Navin Ramgoolam par rapport à ses affaires de justice. Les dés ne sont pas encore jetés quoiqu’il existe le sentiment que la majorité silencieuse ait déjà pris sa décision. Qu’en pensez-vous ?

One week is a long time in politics. Une élection n’est jamais gagnée d’avance. Il existe une majorité silencieuse de citoyens qui ne vont pas aux meetings. A la dernière élection partielle, personne ne s’attendait à un écart de voix aussi grand entre le vainqueur et la candidate classée deuxième. De même, les résultats de décembre 2014 étaient inattendus. Je pense que la majorité silencieuse n’a pas encore décidé, mais elle sait déjà pour qui elle ne votera pas.


* Published in print edition on 19 October 2018

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