“Le MSM et ses alliés ont tout intérêt à casser la campagne de mobilisation et d’explication de l’alliance PTr-MMM-PMSD
|Interview: Jocelyn Chan Low, Historien
pour éviter qu’une véritable synergie ne se développe entre les partisans de ces trois partis”
* ‘Pour l’opposition, il n’y a pas d’autre solution que le retrait de ces dirigeants en faveur d’une nouvelle direction – la victoire de l’opposition en serait garantie’
* ‘Les allégations de scandales à l’encontre des membres du gouvernement – à faire pâlir les ‘travers’ allégués de Ramgoolam – ne manquent pas. On aura droit à un festival des horreurs’
La bataille des foules se serait-elle transformée en bataille des regroupements depuis la première sortie de l’alliance de l’opposition à Mare d’Albert ? Pourtant, depuis quelques années, les élections générales montrent bien que la population ne s’appuie pas sur des effets visuels et sonores (réels, fictifs, dirigés, orientés et tant d’autres…) pour choisir le prochain gouvernement. Jocelyn Chan Low, historien, se penche sur la situation politique mauricienne et pose un certain nombre de questions qui pourraient éventuellement faire réfléchir la classe politique…
Mauritius Times: Les tracasseries que rencontre l’alliance PTr-MMM-PMSD pour trouver un lieu stratégique pour la tenue de leur congrès dissimulent-elles une réelle appréhension de l’alliance gouvernementale quant au challenge que représente cette nouvelle force réunie de l’opposition qui, faut-il reconnaitre, a réussi sa démonstration de force à Mare d’Albert?
Jocelyn Chan Low: Que l’alliance de l’opposition rencontre des difficultés et des obstacles d’ordre administratif dans sa campagne de mobilisation, ce n’est guère surprenant. Le régime actuel, comme le précédent d’ailleurs, ont toujours utilisé le blocage administratif face à des tentatives de mobilisation à la fois des partis traditionnels ou extra parlementaires, ou même des ONGs non complaisants.
L’esprit de fair play, si essentiel à la culture démocratique, a encore beaucoup de chemin à faire au sein de la classe politique à Maurice. Il ne faut pas lire dans ces tracasseries, totalement prévisibles, autre chose que le fait qu’elles se situent dans la continuité d’une pratique qui dure depuis des années.
Il est vrai que le MSM et ses alliés ont tout intérêt à casser la campagne de mobilisation et d’explication de l’alliance Ptr-MMM-PMSD pour éviter qu’une véritable synergie ne se développe entre les partisans de ces trois partis, et crée une dynamique qui pourrait les conduire à la victoire aux prochaines élections générales. Ils ne feront pas de cadeau à l’opposition et ils utiliseront tous les leviers pour y parvenir.
* Ce coup réussi de l’opposition rouge-mauve-bleue à Mare d’Albert est peut-être significatif dans la mesure où il nous aura donné une indication de l’actuel rapport de force sur l’échiquier. Vous paraît-il plus équilibré et les deux forces majeures sur l’échiquier sont-elles à 50:50?
Effectivement, d’un point de vue de la communication politique, l’alliance de l’opposition se devait de réussir son démarrage à Mare d’Albert. Le lieu était bien choisi et la mobilisation des die hards a été une réussite. Cependant, le MSM a lui aussi réussi son effet de foule à travers la mobilisation des jeunes, samedi dernier, bien qu’il y ait des allégations quant à la présence de jeunes ouvriers bangladeshis au congrès du parti.
En fait, ces rassemblements ne sont que des trompe-œil. Pour bien jauger la situation, il faudrait un sondage impartial, fait d’une manière rigoureuse. Sur papier, si l’on se fie aux chiffres des élections générales de 2019, l’électorat combiné des partis de l’opposition était beaucoup plus important que celui de MSM et de ses alliés qui ne récoltèrent que 37% des voix exprimés (28% de l’électorat).
Mais les quelques sondages effectués depuis ont révélé que la grosse majorité de l’électorat ne se retrouve plus dans les partis traditionnels ni dans les partis extra-parlementaires existants.
Cependant, parmi ceux qui soutiennent toujours ces partis, Pravind Jugnauth devance de loin Navin Ramgoolam en tant que Premier ministre préféré. Les autres sont hors de la course. A ce stade, il est donc très hasardeux de s’aventurer sur le terrain des prédictions.
* Néanmoins tout reste à jouer. Le MSM dispose de l’appareil d’État et du budget national; de plus, il pratique une politique de proximité et surtout de ciblage de l’électorat avec une attention particulière aux vieux et aux jeunes. Voyez-vous cela comme une stratégie payante auprès d’un électorat plus opportuniste que par le passé ?
C’est dans la pure tradition du MSM qui a été fondée au pouvoir, alors que Sir Anerood Jugnauth était Premier ministre, d’utiliser à fond tous les leviers de l’appareil d’État pour consolider et étendre sa base électorale.
Le MSM est rompu à cet exercice et aux dérives pouvoiristes qui y sont très souvent associées. Tout y passe-le budget, le développement des infrastructures publiques, la politique du logement, etc. D’ailleurs, qui a créé le National Development Unit (NDU) en 1988,et les Parliamentary Private Secretaries (PPS)? Mais si tout cela contribue à améliorer la qualité de vie et le bien-être des citoyens et, plus particulièrement, de ceux au bas de l’échelle sociale, tant mieux.
Mais malheureusement, c’est souvent accompagné d’allégations de passe-droits et d’une politique de victimisation vis-à-vis des opposants et de certaines localités, ce qui finit par générer des frustrations.
Quant à l’opportunisme de certains électeurs, malheureusement, c’est aussi le fruit d’une certaine désillusion par rapport aux comportements et aux agissements du monde politique. L’opportunisme des électeurs est le reflet de l’opportunisme éhonté de certains dirigeants politiques, et du fait que le débat politique n’est plus imprégné de grands courants idéologiques mais a été réduit à une affreuse guerre de places.
* Par ailleurs, qu’on le veuille ou non, la MBC-TV représente un outil de propagande très efficace dans le contexte local, et c’est à parier que les stratèges du MSM vont en faire usage surtout de l’antenne de la télévision nationale, comme c’est déjà le cas, pour contrer l’alliance PTr-MMM-PMSD. Qu’en pensez-vous?
Jean Claude de l’Estrac a absolument raison quand il souligne la grande influence de la MBC sur l’électorat et que la propagande gouvernementale ne se fait pas seulement à travers le journal télévisé mais se retrouve dans toute la programmation. Tout cela est fait d’une manière très scientifique.
Certes, il y a les radios privées, les réseaux sociaux – Facebook et surtout TikTok qui commence à prendre de l’ampleur. Cependant, il reste une bonne partie de la population qui ne se tient informée sur la politique locale et internationale qu’à travers la MBC.
Et, à l’approche des échéances électorales, on peut s’attendre à plus d’excès en termes de manipulations. En dépit des remarques pertinentes des magistrats ou de la Commission électorale, rien n’a changé jusqu’ici. Quant à l’Independent Broadcasting Authority (IBA), il vaut mieux ne pas en parler…
* Il ne fait pas de doute non plus que la bataille va se focaliser sur les personnalités des différents leaders, du moins du côté du MSM. On ne sait pas à ce stade ce qu’il adviendra de la pétition électorale devant le ‘Privy Council’ dans l’affaire de Suren Dayal vs Pravind Jugnauth et donc imaginer ses conséquences politiques. Mais on peut s’attendre à ce que la diabolisation de Navin Ramgoolam sera accentuée dans les mois à venir…
La candidature de Navin Ramgoolam au poste de Premier ministre est véritablement une aubaine pour les propagandistes du régime. L’ancien Premier ministre a effectivement un problème de crédibilité auprès de certaines sections de la population malgré le fait qu’il ait remporté la plupart des procès où il avait été mis en cause.
En outre, il y a toujours le risque que Navin Ramgoolam soit trouvé coupable dans le cas qui l’oppose au Financial Crime Division. Mais il est aussi vrai que des ‘palabres’ répétées et interminables finissent par lasser… La dernière attaque sous la ceinture contre Ramgoolam a eu un effet boomerang. En outre, les allégations de scandales et autres abus à l’encontre des membres du gouvernement – à faire pâlir les ‘travers’ allégués de Ramgoolam – ne manquent pas. On aura droit à un festival des horreurs…
* En tant qu’historien et ayant suivi de près l’évolution des forces politiques à Maurice, avez-vous imaginé qu’une alliance des grands partis comme le PTr, le MMM ou même le PMSD soit nécessaire afin de mater le MSM qui, à ses débuts, ne pesait qu’autour de 7% en termes de force politique?
Peut-être pas, car dans les années 90, quand il était au plus fort de sa popularité, le MSM ne récoltait pas plus de 20% de l’électorat. Son maintien au pouvoir reposait principalement sur les alliances avec des partis tels que le MMM et le Ptr qui lui amenait le gros des troupes. Et, en 1996, quand le jeu des alliances se referma sur lui et qu’il dut aller aux élections générales avec l’unique soutien du RMM – un groupuscule sans ancrage dans l’électorat -, il fut balayé par un 60-0. Depuis, les choses ont bien changé.
En fait, ce n’est pas tellement le MSM qui s’est renforcé. On a assisté surtout au déclin du MMM et, dans une moindre mesure, celui du PTr. Le Ptr a toujours un ancrage solide, qui dépasse de loin le soutien à Navin Ramgoolam, bien que son électorat et celui du MSM agissent en tant que vases communicants. Le déclin du MMM est le résultat d’un ensemble de facteurs qu’il serait fastidieux d’énumérer ici.
En gros, le MMM n’est plus le parti ouvriériste qui faisait rêver les jeunes de l’époque à travers son idéalisme et son projet d’une société plus juste et équitable.
D’un parti révolutionnaire, il est devenu un parti ordinaire, bien intégré dans le système avec comme résultat que sa formidable machine de guerre – c’est-à-dire un appareil de parti qui quadrille tous les coins et recoins des diverses circonscriptions à travers des branches animées par des militants dévoués et enthousiastes – n’existe plus.
Les branches se sont asséchées, les militants se font rares et les die hards ont rétréci comme une peau de chagrin. Aujourd’hui l’organisation des élections se fait avec des agents. Malheureusement qui dit agents dit aussi rémunération et autres “roders bouttes”…
Et, à ce jeu, le money politics pèse de tout son poids. Le MSM part donc avec des longueurs d’avance. On comprend alors la nécessité pour les partis de l’opposition de se fédérer pour affronter le MSM et ses alliés.
* Faut-il mettre cette apparente désaffection à l’égard de ces grands partis sur le compte d’une alternance cyclique? Ou estimez-vous que le problème ne se situe pas tant au niveau des partis, mais plutôt au niveau du leadership de ces partis?
Dans l’Histoire de Maurice, il y a eu un changement de personnel politique à chaque génération. Malheureusement, en ce moment, nous sommes à la fin d’un cycle qui dure depuis trop longtemps. Cela est dû en grande partie à la déchéance graduelle des partis politiques et leur transformation en des entités non démocratiques, non collectives… mais sous le contrôle d’un individu qui finit souvent par installer une dynastie.
En général, dans d’autres démocraties, la défaite aux élections générales entraîne le retrait du leader pour mieux faciliter le processus de “rebranding” si essentiel pour remporter les élections à venir… Mais, à Maurice, où les partis sont la propriété personnelle du leader, cela ne peut se faire, ce qui déjoue toute tentative de “rebranding” avec des effets délétères sur l’alternance.
Même le plus grand joueur de football sait qu’il arrive un temps où il doit quitter le terrain tout comme le plus grand danseur de ballet sait qu’il quittera la scène tôt ou tard. Malheureusement nos leaders ne ressentent pas le besoin de se retirer pour laisser la place à la relève. Au contraire, à l’approche des élections, on voit réapparaître des revenants qui ont fait leur premières armes en politique dans les années 70…c’est-à-dire il y a plus d’un demi-siècle…
* Il semble que la problématique est enregistrée chez les plus jeunes, ici et à l’étranger, et qui expriment un sentiment aigu de désaffection politique vis-à-vis des partis ou d’autres types d’organisations et d’institutions politiques. Qu’en pensez-vous?
Le continent de la jeunesse, c’est l’Afrique de par sa structure démographique. Plus de la moitié de la population africaine est âgée de moins de 20 ans, ce qui explique la raison pour laquelle la Covid-19 l’a tout juste effleurée. C’est cette jeunesse qui fait souffler en ce moment un vent de libération dans une partie du continent amenant le démantèlement de la Françafrique.
Consciente que l’Afrique est immensément riche en ressources naturelles et humaines, alors que sa population vit dans la pauvreté, la jeunesse africaine a décidé de chasser les pillards – à savoir certaines puissances étrangères et les dirigeants locaux corrompus qui sont leurs complices et se mobilisent derrière de nouveaux leaders-Ousmane Sonko au Sénégal, mais surtout des jeunes officiers de l’armée- Assimi Goïta du Mali, et Ibrahim Traoré du Burkina Faso qui est vénéré comme le nouveau Thomas Sankara – le ‘Che’ africain.
C’est bien cette jeunesse qui s’est mobilisée derrière les putschistes au Mali et qui rendent impossible toute intervention occidentale, même par proxy, au Niger pour s’assurer qu’il n’y aura jamais une répétition des événements humiliants et catastrophiques pour l’Afrique comme ceux qui se sont déroulés en Libye en 2011.
Voilà une jeunesse qui a contraint de grandes puissances occidentales à capituler au risque de partir dans le déshonneur et l’humiliation et dont le symbole est le jeune Burkinabé Aliou Sawadogo, âgé de 14 ans seulement, qui a fait l’exploit d’abattre un drone militaire français à l’aide d’un lance-pierre au cours d’une manifestation contre la présence de l’armée française au Burkina Faso tenue en 2021.
A Maurice, la structure démographique est différente. Nous vivons dans une “ageing society”. Néanmoins, les jeunes constituent quand même près de 25% de l’électorat et sont très critiques envers le personnel politique et les pratiques politiques en cours. Si certains s’engagent en faveur de certaines causes – le combat écologique, la cause animale, ou même dans certains partis encore crédibles à l’instar de Rezistans ek Alternativ, la majorité, par dégoût, reste éloignée de la politique. Les stratèges du MSM ont bien compris cela et ont lancé leur opération de séduction.
Pravind Jugnauth dispose de certains atouts – bien qu’il soit un “senior citizen” lui-même. Il est bien moins âgé que les trois leaders de l’alliance de l’opposition. En outre, les jeunes d’aujourd’hui veulent des résultats concrets et non des “vain talks” et de vaines promesses pour un futur lointain. On doit s’attendre à d’autres mesures en faveur des jeunes d’ici la fin du mandat du gouvernement.
Quant à l’alliance de l’opposition, elle est définitivement contrainte de trouver autre chose que la création d’ailes jeunes factices sans grand pouvoir de décision au sein de leurs partis respectifs…
* Si l’alliance PTr-MMM-PMSD a réussi sa démonstration de force à Mare d’Albert, ce qui a rééquilibré les choses, il faut aussi reconnaître que la grande masse des différents électorats de ces trois partis, et surtout celui du PTr, ne se sont pas manifestés jusqu’ici…
En général, le Mauricien ne s’affiche pas dans les rassemblements politiques, sauf en cas de crise, comme, par exemple, dans le sillage de l’affaire Wakashio.
En outre, il y a la peur des représailles. Cela s’applique davantage à l’électorat du PTr au sein duquel on trouve beaucoup de fonctionnaires ou des personnes qui ont des proches travaillant dans le “Civil Service” ou la Fonction publique. En outre, malgré toute cette agitation, les élections ne sont pas pour demain et le Mauricien moyen a d’autres chats à fouetter. Il ne faut surtout pas oublier que la grosse majorité de la population ne se retrouve plus dans les partis politiques existants, à la fois traditionnels et extra-parlementaires.
* Mais il y a aussi environ 60% de l’électorat à prendre lors des prochaines élections, ceux qui n’ont pas voté en faveur du MSM et de ses alliés. La bataille promet donc d’être rude et dure et difficilement gagnable pour l’opposition, mais le MSM peut perdre, comme le disait Jean Claude de l’Estrac récemment?
Tout est possible. Cependant, l’éloignement vis-à-vis des partis traditionnels est l’expression d’un profond dégoût vis-à-vis d’un système et des pratiques politiques qui favorisent la corruption, les passe-droits, le népotisme, le communalisme, les mensonges, le transfugisme, les dysfonctionnements institutionnels et toutes sortes d’abus.
L’opposition promet des réformes structurelles afin de mettre fin à ce système crapuleux. Mais le hic, c’est que pour beaucoup, à tort ou à raison, certains dirigeants de l’opposition sont la personnification même du mal auquel ils veulent mettre fin. Dans ce cas, pour l’opposition, il n’y a pas d’autre solution que le retrait de ces dirigeants en faveur d’une nouvelle direction- la victoire de l’opposition en serait garantie. Mais, dans l’état actuel des choses, c’est utopique de penser que les dirigeants du moment vont se mettre sur la touche pour agir en tant que mentors.
* En fin de compte, il y a aussi des “lone wolves”, également leaders des partis nouvellement créés sur l’échiquier. De par leurs positionnements politiques, ils sont perçus comme des alliés objectifs de l’alliance gouvernementale. Vont-ils peser lourd ou d’une manière déterminante, selon vous, dans la bataille électorale?
Il y a un énorme paradoxe à Maurice actuellement. L’existence d’une profonde inadéquation entre l’offre et la demande politique n’est plus à démontrer.
L’électorat des partis traditionnels s’étant effondré, on aurait pu s’attendre à l’émergence d’une troisième force qui deviendrait rapidement une alternative crédible. C’est loin d’être le cas.
Les sondages démontrent que le soutien à ces partis nouvellement créés reste marginal. Cela est sans doute dû au fait que l’électorat cherche une alternative nouvelle alors que les partis extra-parlementaires sont majoritairement constituées de l’ancienne garde – anciens députés, ministres, maires, etc., ayant été longtemps associés étroitement aux partis traditionnels et dont certains trainent toujours des casseroles et tentent, aujourd’hui, de se recycler en ‘nouveautés’. Personne n’est dupe.
Quant aux “lone wolves”, dans la vie politique, on voit de temps à autre émerger de tels personnages – mégalomaniaques, avec de grandes ambitions premier-ministérielles, qui veulent être au centre de tout, mais ils sont surtout incapables de travailler en groupe. S’ils arrivent à se faire élire au sein d’un parti ou du gouvernement, ils finissent par démissionner avec fracas. Dans l’opposition, ils se la jouent solo avec comme résultat inévitable qu’ils finissent toujours par se retrouver au centre… “dan karo kann” !
Il est vrai que l’exemple d’Emmanuel Macron a dû inspirer certains. Mais le contexte est totalement différent. Macron était le candidat de puissants lobbies financiers, pro-Atlantistes et globalistes disposant d’énormes leviers d’influence dans l’opinion. Ensuite, le système présidentiel à la française favorise l’individu alors qu’à Maurice, nous élisons un parti et des députés qui choisissent un premier ministre…
Evidemment, en divisant le “protest vote”, les partis extra-parlementaires profitent au MSM. Cependant, il faut relativiser leur influence. Il a été établi depuis longtemps que le système électoral influence directement le comportement de l’électeur. Ainsi, dans un système de “First Past The Post”, l’électeur choisira le candidat ou le parti le plus apte à remporter la victoire et à diriger le prochain gouvernement, quitte à laisser tomber les candidats envers lesquels il éprouverait une certaine sympathie.
C’est le vote utile qui prédomine. Et le MMM en a fait les frais aux élections de 2019 vu le très mauvais score que le parti a récolté dans certaines circonscriptions. Si tel est le cas, on peut s’attendre à ce que l’impact des partis extra-parlementaires soit négligeable aux prochaines élections générales.
Cependant, certains individus vont récolter personnellement quelques votes de sympathie de nature communale, entre autres. Cela risque d’avoir un certain effet en cas de lutte serrée dans certaines circonscriptions. Mais, en général, à Maurice, malgré l’existence des « 3-member constituencies », c’est le bloc vote en faveur des partis qui prédomine, le “vote koupé” – communal, castéiste ou épidermique d’une certaine petite bourgeoisie – étant l’exception.
Mauritius Times ePaper Friday 18 August 2023
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