En cette fin de saison…
|Par Nita Chicooree-Mercier
… les routes de l’île sont en train de retrouver leur vitalité, ce qui est bénéfique tant sur le plan pratique qu’esthétique pour les usagers. Une couche d’asphalte s’étend un peu partout, les lignes blanches sont à nouveau visibles, les nids-de-poule sont comblés, et l’extension du réseau d’égouts crée une atmosphère d’activité sur les routes, témoignant de la volonté de mener à bien les travaux de réparation et de maintenance du réseau routier, une intention qui ne passe pas inaperçue en cette période d’intense campagne électorale de cette année. Rien qu’à l’entrée de Grand Baie, un fossé le long d’une rue étroite, qui constituait un véritable obstacle obligeant les automobilistes à se déporter au centre, a enfin été recouvert d’un trottoir après des décennies d’abandon.
Cet habillage en noir et blanc apporte un souffle de nouveauté en cette période de changement de saison où les nuages s’accumulent dans le ciel et enveloppent l’île d’un manteau gris. Les éléments de la nature évoluent selon le principe du changement, qui ponctue également la vie des gens à travers le rythme des événements sociaux, culturels, profanes et sacrés.
Ici, la grisaille n’est guère susceptible de provoquer des accidents d’hélicoptère, et en ce qui concerne les incidents en série du transport aérien en ce moment, espérons qu’Air Mauritius recevra à temps les pièces détachées commandées pour sa flotte auprès des usines américaines.
L’été s’éloigne en emportant la chaleur étouffante et les inondations soudaines, et les pluies de ces derniers jours apportent un répit bienvenu pour la terre nourricière et les esprits surchauffés en dehors des bureaux climatisés.
Ce n’est qu’en politique que la proposition de faire du neuf avec du vieux peine à se frayer un chemin. Entre les pluies intermittentes, le peuple exprime sa gratitude envers le soleil dès que les premiers rayons apparaissent à l’horizon, en versant quelques gouttes d’eau sur la terre pour le saluer par Om Suryaya Namah, dans la pure tradition bhakti millénaire qui considère la pluie comme une bénédiction du ciel et le soleil comme une aubaine.
Ainsi, c’est sous un soleil omniprésent et bienveillant que le peuple vaque à ses occupations quotidiennes, tout comme les pensionnaires de la Mère Augustine Home de Rose-Belle.
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Une Fête des mères exploitée à outrance
Comme d’autres pays, Maurice continue à subir de plein fouet l’inflation causée en partie par la montée des prix, conséquence directe de la politique monétaire et aussi du contrôle du commerce maritime des denrées alimentaires provenant de l’Ukraine par la Russie, d’une part, et de la flambée des prix du pétrole suite aux sanctions américaines.
L’amnésie générale fait oublier les manigances de l’administration Biden/Obama à la porte de la Russie, lesquelles ont poussé ce pays à se lancer dans une offensive sans fin, influençant sur le pouvoir d’achat des gens à travers le monde.
Une autre forme d’amnésie est d’oublier que l’Amérique a réussi à exporter ses mythes et ses fêtes à travers le monde entier. Conçue par l’Américaine Anna Jarvis pour rendre hommage aux mères, à leur amour inconditionnel pour les enfants, à leur dévouement au sein de la famille, source de sérénité et de stabilité pour les futurs jeunes adultes dans la société, la Fête des mères est exploitée à outrance à des fins commerciales depuis des lustres aux États-Unis.
Le superficiel est inhérent au mimétisme, et le comportement de troupeau est bien ancré à Maurice. La presse, les radios privées et la MBC se sont donné à cœur joie pour gonfler leur budget à travers la publicité de tout un éventail d’enseignes commerciales. La MBC joue au malin dans ce genre de promotion en flattant les vertus des mères, conférant ainsi un aspect spirituel à cette fête, tout en stimulant l’appétit de consommation d’un public en manque de divertissement.
C’est l’occasion de tendre le micro à quelques voix exprimant leur reconnaissance envers les mères avec un vocabulaire répétitif sur un ton monocorde dans un créole restrictif qui leur laisse peu de choix. Une litanie de gnangnan et d’inepties à débiter à la moindre occasion. C’est à désespérer…
Être mère, c’est avant tout une fonction biologique comme pour toutes les femelles de l’espèce animale, qui font de la protection et des soins apportés à leurs progénitures une priorité absolue. Lionnes, chattes et chiennes nourrissent leurs petits en premier lieu, tandis que les mâles, de par l’égoïsme qui les caractérise, se servent en premier et s’éclipsent au plus vite.
L’instinct maternel est donc naturel. Faut-il en faire tout un tam-tam ? Cela vaudrait la peine si les hommes reconnaissent qu’ils ont besoin non seulement de la mère, mais aussi de la femme pour leur propre évolution spirituelle. En sont-ils suffisamment conscients pour le reconnaître ?
Quant à la MBC, c’est l’occasion de lever le pied et de laisser tourner la caméra, comme pour les fêtes religieuses, pour faire du remplissage par paresse intellectuelle, en augmentant la dose d’opium par l’exaltation de l’émotion. C’est à désespérer…
Par ailleurs, on s’interroge sur le génie qui sélectionne les informations internationales. Lundi 27 mai, c’était pour nous annoncer, entre autres catastrophes naturelles, la vente d’une maison iconique du film “Maman, j’ai raté l’avion”. Hmmm… sans cette information, on n’aurait pas raté grand-chose…
Autre scène inutile : c’est l’étalage de l’autoritarisme à l’Assemblée, incarné par la personne du président. Une telle médiatisation dessert le pouvoir en place car cet autoritarisme abusif et gratuit est associé à l’image du gouvernement. Le jeune Adrien Duval s’acquittait mieux de cette fonction pendant le peu de temps qu’il l’a assumée. Autre interrogation : Que font certains élus arrogants pendant cinq ou six séances d’absence du Parlement ? Du business ? C’est à se poser des questions…
Revoyons le verre à demi-plein. Toute entreprise gouvernementale n’a pas pour vocation d’être rentable. On ne sait pas si le métro, qui est tout sauf métro et express, l’est. Mais il est certain que ce tramway a changé la vie du grand public. Son expansion ne pourrait que rendre le déplacement plus pratique et agréable, et apporter un plus dans la qualité de vie des Mauriciens.
La retraite des pensionnaires, revue à la hausse, équivaut toujours à dix mille roupies compte tenu du taux d’inflation. Néanmoins, il faut être de mauvaise foi pour oublier la pauvreté des plus de 60 ans avec des pensions de Rs 3500 à Rs 5000 mensuelles, il y a plus de dix ans.
Et que dire des petits salaires avant l’instauration du salaire minimum ? C’est oublier que les employeurs sans scrupules faisaient la pluie et le beau temps avec le salaire de leurs employés.
Il y a toujours des poches de pauvreté, mais dans l’ensemble, les Mauriciens vivent nettement mieux. La pauvreté a nettement reculé, c’est une réalité.
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Le rituel du budget: attente quasi religieuse
C’est dans une attente quasi religieuse que le public attend le prochain budget. Le ministre des Finances a déjà paré le coup de ses adversaires en trouvant une formule honorable à ce qui pourrait tomber dans la catégorie des générosités populistes, de “fer labous dou”, traduction de l’expression en hindi “mou mitha karo”.
La résilience, voilà un glissement sémantique qui pourrait donner du fil à retordre aux plus remontés du camp adverse. Les experts se livreront à une analyse en profondeur des retombées dans le monde des affaires. Le business est le seul débat officiellement autorisé à la télévision, tant les autres sujets tombent sous la censure exercée par l’État et les médias privés, de crainte de heurter les susceptibilités et sensibilités du peuple. Il est vrai que le business, par son aspect pragmatique et matérialiste, ne risque pas d’infantiliser le grand public.
Mauritius Times ePaper Friday 31 May 2024
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