Deux conflits : quelle équivalence morale ?

Opinion

By Prakash Neerohoo

Les États-Unis soutiennent inconditionnellement l’Ukraine contre la Russie dans un conflit bilatéral et l’Israël contre les Palestiniens dans un conflit historique qui dure depuis 75 ans. Dans une déclaration le 10 octobre 2023, le président américain Joe Biden a réaffirmé ce soutien économique et militaire à Israël et à l’Ukraine, deux alliés stratégiques dans la géopolitique américaine. Pour lui, dans les deux cas, un pays a été victime d’agression et la sécurité d’un peuple est en jeu.

“Le 30 décembre 2022, l’assemblée générale de l’ONU a voté une résolution demandant à la Cour internationale de justice (CIJ) de statuer sur le caractère légal ou illégal de l’occupation israélienne de territoires palestiniens. Les Etats-Unis, Israël et 24 autres pays (pour la plupart occidentaux) ont voté contre la résolution. L’avis de la CIJ permettra de déterminer le droit à l’auto-détermination du peuple palestinien. Pourquoi l’Occident a-t-il peur d’un avis légal de la CIJ ? Il semble que les pays occidentaux ne voudraient pas que l’avis légal de la CIJ en faveur de la rétrocession de l’Archipel des Chagos à Maurice serve de précédent car la même question de décolonisation se pose dans le cas palestinien…”

La question qui se pose est de savoir si la position américaine, et partant celle de l’Occident tout entier, par rapport au conflit russo-ukrainien et au conflit israélo-palestinien est fondée sur une équivalence morale. D’abord, il faut souligner que, dans les deux cas, il y a un conflit territorial. Dans un cas, la Russie et l’Ukraine se disputent le contrôle de certains territoires dits russophones. Dans l’autre cas, Israël a conquis ou annexé illégalement 90% du territoire de la Palestine depuis 1948, laissant au peuple palestinien deux enclaves (Gaza et West Bank) qui sont littéralement des prisons à ciel ouvert. La carte ci-dessous montre comment le territoire palestinien d’origine s’est rétréci depuis 1948 comme une peau de chagrin.

Dans le conflit russo-ukrainien, l’Occident invoque le principe de l’intégrité territoriale d’un pays (Ukraine) et le droit de ce pays de choisir ses amis (l’Europe et l’Amérique du Nord, en particulier) ainsi que ses partenaires militaires (notamment l’OTAN). Toutefois, l’Occident refuse d’invoquer le même principe dans le contexte du conflit israélo-palestinien. Les pays occidentaux nient le droit à l’auto-détermination du peuple palestinien en refusant de mettre en œuvre la solution de deux États indépendants (Palestine et Israël) au Proche-Orient conformément aux résolutions de l’ONU sur la décolonisation et les droits du peuple palestinien.

Le 30 décembre 2022, l’assemblée générale de l’ONU a voté une résolution demandant à la Cour internationale de justice (CIJ) de statuer sur le caractère légal ou illégal de l’occupation israélienne de territoires palestiniens. Les Etats-Unis, Israël et 24 autres pays (pour la plupart occidentaux) ont voté contre la résolution. L’avis de la CIJ permettra de déterminer le droit à l’auto-détermination du peuple palestinien. Pourquoi l’Occident a-t-il peur d’un avis légal de la CIJ ? Où est son respect pour le droit international ? Il semble que les pays occidentaux ne voudraient pas que l’avis légal de la CIJ en faveur de la rétrocession de l’Archipel des Chagos à Maurice serve de précédent car la même question de décolonisation se pose dans le cas palestinien. 

D’une part, l’Occident soutient le droit de l’Ukraine de récupérer des pans de son territoire passés sous le contrôle des Russes, dont la péninsule de Crimée qui fut annexée par la Russie en mars 2014. D’autre part, il refuse au peuple palestinien le droit de recouvrer le territoire qui lui appartenait dans les frontières existant en 1967. Le plus grave, c’est qu’il permet l’occupation illégale du territoire palestinien et tolère la politique d’annexion expansionniste d’Israël par l’établissement d’implantations juives dans les endroits appartenant aux palestiniens.

La question de l’équivalence morale des positions politiques par rapport aux deux conflits se poserait si l’on appliquait les mêmes principes dans les deux cas. Ces principes sont le droit à l’auto-détermination d’un peuple, l’intégrité territoriale d’un pays, le droit de récupérer des pans de territoire conquis ou annexés illégalement par un autre pays et la souveraineté nationale. Or, l’Occident pratique une politique de deux poids et deux mesures en matière de droits humains, de démocratie et de droit international. Son approche démocratique à géométrie variable n’inspire plus de respect dans le monde. C’est la raison pour laquelle beaucoup de pays du Tiers Monde, dont la Chine et l’Inde, refusent de s’aligner sur la position occidentale par rapport au conflit russo-ukrainien. Ils gardent une neutralité politique.


Mauritius Times ePaper Friday 13 October 2023

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