Réflexions sur la vie quotidienne à Maurice

Entre Cherté de la Vie, Sécurité Perçue et Ambiance Touristique à Maurice

Par Nita Chicooree-Mercier

Ce matin, à la boutique du coin, les discussions sur la cherté de la vie suggèrent que la nécessité de compter chaque sou est devenue une règle incontournable pour tout consommateur souhaitant équilibrer dépenses et épargne à la fin du mois.

Le portefeuille impose une discipline plus stricte en période difficile que le code de la route, responsable de trop nombreuses vies perdues. Nous pouvons même comparer cela à la discipline nécessaire pour le respect de l’environnement, souvent négligée par les citadins, entraînant des canalisations obstruées et des déchets enfouis remontant à la surface.

Il reste à vérifier si les villages sont effectivement plus disciplinés, comme on le prétend. La fermeture généralisée des écoles ne fait pas l’unanimité. Si une région de l’île est touchée par les pluies, pourquoi tous les enfants de l’île devraient-ils subir la même mesure ? Peut-être est-ce dû à une trop grande influence de la télévision de l’île voisine, où le public critique vivement les autorités en cas d’absence de consignes de fermeture d’écoles lors d’intempéries entraînant des accidents.

Ainsi, il semblerait qu’à Maurice, les autorités cherchent à se protéger de la colère populaire, amplifiée par les radios privées. Cependant, le peuple préfère que les autorités adoptent le bon sens anglo-américain plutôt que d’assumer le rôle de l’État nounou (‘nanny state’) à la française, dorlotant les adultes infantilisés.

Tant les uns que les autres se montrent sceptiques quant au coût du fret qui fait grimper les prix en permanence. D’abord la Covid, puis la guerre en Ukraine, et maintenant le rythme des missiles lancés par les Houthis, jouant les justiciers en mer Rouge, déstabilisant le commerce mondial.

La baisse de trois roupies sur l’essence ? Pas de quoi faire la fête, dit-on, vu la forte augmentation des trois dernières années. Certains anticipent une forte baisse du prix du pétrole juste avant les prochaines élections. On parie ici et là que, d’un coup de tête, les armes se tairont en Ukraine et que les rebelles Houthis déposeront les armes, à condition que le bras de fer entre l’Iran et les États-Unis fasse une pause pour le bien des paisibles Mauriciens.

L’autosatisfaction, relayée par la MBC, atteint son comble avec l’annonce du classement de Maurice en tête de la liste des pays où la sécurité et la paix sont une réalité, permettant aux touristes de circuler en toute tranquillité à travers l’île. Clin d’œil du gouvernement aux opposants et au public, on est bien ici, hein ?

Message relayé par la télévision nationale avec preuves à l’appui, montrant des touristes français à la retraite plus enclins à être satisfaits et polis… Le caméraman de la MBC ne manque pas d’humour en montrant des touristes heureux en train de déambuler sur les routes défoncées de la capitale.

Hier, nous avons été accueillis par les odeurs nauséabondes des eaux usées ruisselant à certains endroits de la capitale, où les piétons avertis gardent un œil vigilant sur les pavés des trottoirs pour éviter de trébucher.

Quant à la sécurité dont profitent les vacanciers, il est vrai qu’il n’est pas bon d’être Français en France ces jours-ci, car ils ne sont pas à l’abri d’immigrés mécontents se baladant avec un couteau dans le sac.

Certains se plaignent qu’il y a trop de Finlandais en Finlande, de Suédois en Suède et d’Allemands en Allemagne. À ce rythme, les îles lointaines semblent être des paradis préservés des courants idéologiques qui ravagent les grands pays. Ici, une chape de plomb étouffe toute velléité de semer le trouble par des éléments belliqueux.

Au marché de Port-Louis, avec un dholl puri à 18 roupies et un verre de jus de tamarin à 15 roupies, les touristes peu compliqués se requinquent pour moins d’un euro avant de poursuivre la découverte de la capitale. Sinon, y a-t-il de bons restaurants où il est agréable de se poser pour une heure de détente ? Faites-nous signe ; on n’en compte que trois dans le centre-ville.

La plus grande source d’insécurité pour les locaux semble être les routes étroites et les automobilistes trop pressés à travers l’île. Une autre raison de satisfaction est que l’industrie du tourisme a repris sa vitesse de croisière depuis l’année dernière. On ne sait pas si les hôtels sont complets, mais les bus sont bien fréquentés par les touristes. Si le métro se faufile jusqu’à l’aéroport à l’avenir, ce qui est souhaitable, cela allégera le budget de chacun.

La MBC sert de vitrine parfaite à une image sous contrôle, avec pour consigne de minimiser les points négatifs et de saisir chaque opportunité pour mettre en avant le positif. Parfois, les informations étrangères, réduites au strict minimum, sont plutôt amusantes. Deux sujets au maximum : les dauphins sauvés et un sujet politico-économique de quelques secondes. Soit il y a une grande paresse dans le service, soit il y a une consigne à ne pas importer toutes les polémiques du monde.

Même si toute une génération s’informe par d’autres chaînes d’infos sur Internet, il est du devoir de la télévision nationale d’afficher une ambition intellectuelle en informant le public sur les sujets majeurs qui déterminent l’avenir économique et politique du monde. Hier, c’était le couronnement du roi de Malaisie dans un système qui choisit l’un des rois des États comme roi du pays pour une période de cinq ans. Un sujet auquel les Mauriciens portent un vif intérêt. En règle générale, à l’écran, c’est plutôt “tout va très bien, Madame la Marquise”.


Mauritius Times ePaper Friday 2 February 2024

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