« Nous pouvons encore voter utilement…

… nous pouvons encore ne pas regretter d’avoir de nouveau voté pour des imposteurs »

Interview: Yvan Martial, Journaliste & Historien

‘Etre ministre ou rien du tout : C’est un rêve démoniaque. Il convient d’élargir les soupapes de sécurité en donnant davantage de pouvoirs aux élus régionaux’

Pour Yvan Martial, tout est une question de perspective. Les hommes et femmes politiques peuvent-ils toujours décider de tout pour les citoyens ? Peuvent-ils encore cacher ce qu’ils attendent vraiment de leur poste une fois qu’ils arrivent au Parlement après les élections ? Le monde est en train de changer et, bien souvent, les citoyens doivent se donner les moyens pour réinventer la politique de leur pays, souvent leur unique fierté. Yvan Martial explique sa démarche dans notre entretien de la semaine. 

 Mauritius Times : Nous revoilà, comme dans les mois précédant les élections de décembre 2014, avec les discussions engagées entre le Gouvernement en place et le MMM sur la réforme électorale, en prélude à ce qui devrait suivre sans doute : les modalités d’une alliance entre ces deux partis. Les dernières nouvelles nous informent qu’on serait en mode « off » présentement, mais ça va sûrement reprendre jusqu’à ce qu’ils se mettent d’accord. Quelle lecture faites-vous de ces tractations politiques ?

Yvan Martial : Moins notre presse, tellement perspicace, parlera et donnera de l’importance à ces inter… minables tractations et mieux nous nous porterons. Soyons enfin des adultes et non plus des enfants encore en train de se délecter de contes de fée et autres histoires à dormir debout. Nous avons, à tort ou à raison, plébiscité une alliance MSM-PMSD-ML. La basse-cour bleue a depuis déserté ce wagon du plaisir pour des raisons qu’elle seule connaît. Ce qui reste de cette alliance, ayant changé de chauffeur en cours de route, doit désormais aller au bout de son mandat, si elle en est capable.

Prenons patience. Attendons au moins la dissolution de notre Assemblée nationale 2014-2019/20, pour commencer à nous intéresser à la forme des partants pour la prochaine joute électorale, les possibles combinaisons d’alliances pour ce que cela vaut encore. N’essayons surtout pas de donner une quelconque importance à pareille insignifiance politico-électorale. Demandons-nous plus judicieusement ce que Delhi et Pékin veulent que notre Pays Maurice devienne, pour mieux servir leurs intérêts, au milieu de l’océan Indien, pas Mer des Indes pour rien.

Les naïfs et autres simplets se passionnent pour les contorsions des marionnettes. Les plus perspicaces se préoccupent des intentions, avouées ou inavouées, des marionnettistes. Sommes-nous candides assez stupides pour gober n’importe quelle poudre aux yeux ? Ne comptez pas sur moi pour supputer les chances électorales de canassons encore à l’entraînement, sans savoir qui les montera, pour quelles écuries courront-ils, quelles couleurs défendront-ils et qui serviront davantage au lieu de se servir goulûment ?

* Voyez-vous dans les tractations présentes les mêmes motivations qui avaient animé les principaux protagonistes en décembre 2014, c’est-à-dire les leaders du PTr et du MMM respectivement, et pensez-vous que ce petit jeu politique connaîtra le même sort que l’équipe ayant affronté L’Alliance Lepep lors des dernières législatives ?

Qu’est-ce qui aurait de plus dégoûtant que de voir un clébard errant ravaler son vomi pour ne pas perdre le moindre bout ou morceau ? Pour ne pas changer, nos partis et politiciens passent le meilleur de leur temps entre deux joutes électorales à s’échanger des invectives les plus cruelles, à se vomir les uns sur les autres, en prenant le Peuple admirable à témoin.

Puis subitement… Véritable tour de passe-passe… Ils veulent nous faire accroire que les anges sont devenus démons et les diablotins des angelots. Je ne puis empêcher certains confrères d’accorder de la signifiance à ces « longanistes politiciens ». Je plains leur manque de perspicacité. Je plains surtout leurs lecteurs devant se contenter de ces macatias rassis et rances.

J’ai toujours cru que l’information surtout médiatique c’était ce qu’il y a de nouveau, sinon de caché, ce qu’on ne veut pas que la population apprenne et découvre. Je plains surtout les éditorialistes qui n’ont que ce pain rassis et moisi à commenter, à décortiquer, à lui donner un semblant de nouvelle apparence, sinon appâts rances. J’en ai fait mon deuil des supercheries politiciennes, surtout électoralistes.

Il y a heureusement des partis n’ayant jamais dévié ou presque, demeurant fidèles à leur idéal initial. Je pense plus particulièrement à Lalit et à Jack Bizlall. Nous pouvons encore voter utilement. Nous pouvons encore ne pas regretter d’avoir de nouveau voté pour des imposteurs.

* Serait-il souhaitable qu’il y ait au bout du compte une lutte à trois ou quatre lors des prochaines législatives pour que les choses soient plus claires et pour qu’on en finisse avec ces alliances contre nature ?

En tout Parlement, il n’y a que deux camps, si nous abstenons de considérer ceux qui s’abstiennent. Il y a le camp du oui et celui du non. Une lutte électorale à trois ou davantage, ce n’est pas impossible mais risquée car une majorité d’électeurs préfèrent, même à tort, simplifier le débat, en ne s’encombrant pas de formations mineures.

Notre système électoral, The First Past The Post, veut cela, exige cela. Il ne nous est pas tombé gratuitement du ciel. Il est l’œuvre, peut-être machiavélique, du parti politique le plus puissant des années 1950/60 que l’Anglais British born, divisionniste pour mieux régner même après son départ (vol et recel des Chagos, par exemple), couvrait de mansuétude.

Nous pouvons imaginer d’autres systèmes électoraux dont celui privilégiant une représentation proportionnelle totale, engendrant un Parlement hétéroclite, composé de multiples tendances et pourtant gérable si celui faisant fonction de chef de gouvernement présente des projets de loi consensuels, grâce à la plus large consultation possible avec les parties concernées.

Evidemment il s’agit d’une tâche herculéenne, pratiquement impossible à réaliser pour un seul homme, fût-il Premier ministre consensuel. Cela peut pourtant se faire s’il sait déléguer ses pouvoirs à d’autres y compris des adversaires politiques mais passionnés par telle ou telle nouvelle législation. Il y a toujours moyen de faire du neuf même avec d’antiques législations mais ayant fait leurs preuves.

Nos politiciens font souvent une montagne infranchissable de cette majorité des trois quarts, prétendument indispensable pour réformer notre système électoral. La faute ne peut incomber à l’électorat qui, à cinq reprises, notamment en 1982, 1991, 1995, 2000, 2014, a accordé à une alliance trop dominante pareille majorité qui, dans l’esprit des pères fondateurs, des apprentis-sorciers, l’ayant conçu, ne devait se produire qu’exceptionnellement.

Le score électoral envisagé par eux comme devant être la norme habituelle (environ 40 députés pour la majorité gouvernementale et environ 20 pour l’opposition) se produit seulement cinq fois (1967, 1983, 1987, 2005, 2010). Notre électorat, beaucoup plus surprenant que prévu, donne même un autre résultat pouvant être estimé exceptionnel, soit un score à parité ou presque (30 contre 30), comme en 1976, laissant le soin aux deux députés rodriguais de faire pencher la balance dans un sens ou dans l’autre. De quoi imaginer un possible Premier ministre venant de la circonscription No 21…

Puisque, nous parlons de Rodrigues, nous pouvons ajouter que cette circonscription illustre bien la possibilité d’une force régionale indépendante des deux partis ou alliances majeurs dans le reste de l’île. Cehl Meeah a prouvé pouvoir faire pratiquement la même chose aux Nos 2 et 3. L’UDM pouvait tenter l’aventure en 1976 aux Nos 17, 18 et 20. Il y a encore le phénomène Hurdoyal à Flacq (No 9) en 2014. Ne nous hâtons pas de conclure que les dés sont pipés au départ. Toute élection peut révéler son lot de surprises. En 2014, une majorité 60-0 en faveur des PTr-MMM (40% + 40%) s’achève en un surprenant 0-60 ou presque en faveur du camion MSM-PMSD-ML.

* Dans le contexte de ces débats sur la réforme électorale, on parle ces jours-ci de recensement ethnique, d’une dose de représentation proportionnelle, de redécoupage des circonscriptions, etc. Qu’est-ce qui, à votre avis en tant que citoyen de la République de Maurice, doit nous préoccuper davantage par rapport à la représentation politique et la chose politique elle-même ?

On pinaille à l’infini au sujet de recensement ethnique, de représentation proportionnelle, de redécoupage électoral, simplement parce que nous prenons la réforme électorale par le mauvais bout. Que voulons-nous en fait quand on réclame une réforme électorale ? La réponse doit être un Parlement répondant aux attentes et aux aspirations de l’électorat et qui soit capable d’assurer le progrès pas seulement matériel et physique mais aussi moral et spirituel de la population.

Par conséquent, je pose la question suivante : quelles sont les missions principales de tout Parlement ? Cela se corse déjà. Avant la République, nous avions une Assemblée Législative, privilégiant l’obligation parlementaire de mettre constamment à jour la Législation en vigueur dans le pays. Faut-il seulement des députés élus pour faire cela ? Pas forcément. Une équipe de légistes expérimentés peut fort bien et en mieux assurer la partie technique de cette constante mise à jour législative, quitte à recourir aux députés élus en cas de désaccord majeur ou encore la nécessité que les représentants du Peuple fassent pencher la balance dans un sens ou dans l’autre.

D’aucuns tonneront contre ce gouvernement de magistrats, de technocrates. Concédons cela mais faisons remarquer que le statu quo est tout autant inquiétant. Quel est le pourcentage de députés et même de ministres à pouvoir pratiquement, à l’improviste, trouver les toujours possibles failles dans un projet de loi, avec parfois des conséquences fâcheuses, ridiculisant l’instance parlementaire.

Depuis la République de 1992, nous avons droit à une Assemblée nationale qui semble vouloir ajouter la mission de diriger sainement le pays à la tâche plus spécifiquement législative de tout Parlement.

La nécessité de confier à nos meilleurs légistes le soin d’actualiser et d’adapter notre Législation à un monde surtout externe en perpétuel évolution et mouvement, sinon maelstrom, (pensons, par exemple, au présent système d’information planétaire instantanée ou presque mais qui s’apparente de plus en plus à un système de Big Brother, permettant peut-être à un candidat patronné par Moscou de devenir le président des tout-puissants Etats-Unis d’Amérique) ne se restreint pas seulement au domaine législatif mais s’étend aux autres sphères de nos activités sociales et économiques.

Ici aussi, comme ailleurs, nos députés et ministres ont tout intérêt à coopter les meilleures compétences qu’ils ne possèdent pas forcément ou encore par la seule vertu d’une élection ne jouissant pas toujours de garantie d’infaillibilité. Pareille cooptation comporte de multiples avantages. Disons brièvement, par exemple, qu’elle favorise l’implication prometteuse d’un plus grand nombre de bonnes volontés à un processus national de développement intégral en vérité et en plénitude de notre société mauricienne.

La décision finale revient bien sûr à la majorité au sein de l’Assemblée nationale. La cooptation la plus large favorise seulement que cette suprême décision parlementaire se prenne sur une meilleure connaissance holistique d’un problème donné, avec de meilleures chances d’acceptation consensuelle car l’opinion publique saura qu’elle est le résultat d’une large consultation, plutôt qu’une décision d’arrière-cuisine, avec des intérêts inavouables, camouflés derrière de prétendus secrets d’Etat ou de confidentialité, ayant décidément bon dos.

Pas de bonne réforme électorale si l’on s’en tient seulement aux élections législatives. Elles ne sont qu’un aspect d’une démocratie vraiment vivante dans un pays donné. En plaçant tous les pouvoirs ou presque entre les mains de 25 ministres, nous y concentrons une dose massive mais toxique d’envies et d’ambitions souvent démesurées.

Etre ministre ou rien du tout : C’est un rêve démoniaque. Il convient d’élargir les soupapes de sécurité en donnant davantage de pouvoirs administratifs et décisionnaires aux élus régionaux, principalement nos maires et présidents de district, en attendant la création longtemps due de municipalités dans les localités et agglomérations environnantes de plusieurs dizaines de milliers d’habitants.

Il est inadmissible que ces derniers se rendent quotidiennement dans endroits comme Triolet, Goodlands, Rivière-du-Rempart, Centre-de-Flacq, Bel-Air/Rivière-Sèche, Saint-Pierre, Mahébourg, Rose-Belle, Rivière-des-Anguilles, Chemin-Grenier, Rivière-Noire, Bambous-Médine, sans prêter la moindre importance aux présidents de ces villages, n’ayant pas aux yeux de la loi et de l’administration d’autres pouvoirs administratifs que ceux de celui d’une localité de quelques centaines de voix.

Réformons nos lois et règlements, aux besoins électoraux, pour que nos maires, présidents de districts, ceux des localités et agglomérations voisines de plusieurs dizaines de milliers d’habitants, puissent agir, certes dans certaines limites à définir, comme le Premier ministre du territoire sous sa juridiction, afin qu’ils aient leur mot à dire dès qu’un aspect de la vie quotidienne de leurs administrés subit une menace d’une manière ou de l’autre. Qu’ils deviennent une partie notable de toute solution à tout nouveau problème, grâce à leur connaissance du terrain, action de proximité, présence permanente, contacts aisés avec les composantes d’une population régionale donnée.

Nos municipalités urbaines d’une centaine de milliers d’habitants et administrés sont peut-être trop grandes pour permettre une administration, une animation, conviviale. Ayons l’honnêteté d’admettre que trop souvent les problèmes des centres-villes et ceux des faubourgs ne sont pas les mêmes et réclament des solutions différentes. A qui fera-t-on croire que les problèmes de Vallée-des-Prêtres ou de Roche-Bois sont les mêmes que ceux de Pailles ou de Pointe-aux-Sables, sinon du centre-ville ?

Au lieu d’étouffer ces frustrations faubouriennes, donnons-nous un nouveau souffle, une nouvelle bouffée d’oxygène, en créant de nouvelles municipalités à Roche-Bois, Sainte-Croix, Terre-Rouge, Pailles, GRNO, Stanley, Coromandel, Palma, Glen-Park, Camp-Fouquereaux. Séparons Phoenix de Vacoas, et Beau-Bassin de Rose-Hill. Mais surtout que ces nouveaux maires et présidents de districts soient élus pour toute la durée de leur mandat, tout comme nous le faisons déjà pour notre Premier ministre.

Encore un mot sur la nécessité de réinventer un nouveau découpage électoral mais en respectant autant qu’il le faut l’actuel, ayant le mérite d’être familier à l’ensemble de la population. Il paraît incontestable que les précédents découpeurs de circonscription électorale avaient devant eux une carte de Maurice n’insistant pas assez sur les contraintes dues au relief de l’ile, sinon ils n’auraient pas fait la bêtise d’associer Vieux-Grand-Port à Rose-Belle et Plaine-Magnien à Mahébourg, ou encore exiger que les habitants de Cité Kennedy votent pour un candidat résidant à Surinam, quand un habitant de Palma vote pour Quatre-Bornes…

Refaisons nos 20 circonscriptions de trois députés (retenons ce chiffre familier à tous) mais en effectuant un redécoupage concentrique, en prenant comme point central et un diamètre du nombre de kilomètres devant convenir dans chaque cas, les localités suivantes : GRNO, Plaine-Verte, Roche-Bois/Baie-du-Tombeau, Terre-Rouge, Triolet, Goodlands, Rivière-du-Rempart, Centre-de-Flacq, Saint-Pierre, Bel-Air/Rivière-Sèche, Mahébourg, Rose-Belle, Surinam, Rivière-Noire, Vacoas, Phoenix, Curepipe, Quatre Bornes, Rose-Hill, Petite-Rivière.

 

  • Ces cercles concentriques se superposeront dans certains cas. Faisons comme pour les zones économiques maritimes des 200 kilomètres, et qu’un segment les sépare à équidistance.
  • Permettons à notre Commission électorale pendant qu’elle jouit encore de la confiance de la population d’examiner les requêtes de telle ou telle localité limitrophe, préférant être rattachée à tel centre électoral plutôt qu’un autre.
  • Légiférons pour que tout groupe de trois candidats d’un parti ou alliance se constitue de personnes des deux sexes et qu’un des trois soient âgés de moins de 35 ans.
  • Permettons enfin à notre Commission électorale, toujours pour les mêmes raisons mais présentes, de régler et de corriger, dans sa sagesse, toute représentation ethnique ou religieuse insuffisante, au sein de toute nouvelle Assemblée nationale, jusqu’à ce que cette appréhension d’un autre siècle s’estompe d’elle-même.

 

Osons faire confiance à des citoyens au-dessus de tout soupçon, même s’ils ne jouissent d’aucun plébiscite mais d’une confiance générale, ne se limitant heureusement pas à un seul mandat électoral. Il n’y a pas et fort heureusement que nos soixante députés et ministres pour tout faire à Maurice. Ils sont puissants mais pas tout-puissants. Ils ne sont pas les seuls à travailler et à bien travailler, jour après jour, sans pouvoir jouir d’interminables vacances parlementaires. Même Dieu a besoin des hommes… De quoi méditer…

* Mais à bien suivre ce qui se passe ces temps-ci ce qui concerne les tractations sur le projet de réforme électoral, avez-vous l’impression que les hommes politiques sont en train de tout chambouler pour des considérations bien partisanes ?

Ils ne font que cela depuis 1983. Comme cela empire depuis ! Nous n’entrevoyons aucun espoir de changement. Nous sommes condamnés à vivre avec ce fléau. Espérons que ce ne sera pas à perpétuité. Ne désespérons pas pour autant… D’autres peuples sont plus malheureux que nous car encore plus mal lotis…

* si réforme électorale il doit y avoir, pour satisfaire le « pronouncement » du Comité des droits de l’homme des Nations-Unies sur notre système électoral mais aussi pour corriger ses dysfonctionnements, revient-il à des hommes politiques de proposer un tel projet politique ayant des implications sur le plan constitutionnel ?

Il nous faut revenir sur l’antique notion d’Etat souverain et pouvant faire ce que son principal dirigeant peut avoir comme nouvelle lubie, comme d’aménager d’infranchissables barrières aux frontières. Optons pour une seule Humanité planétaire avec un sage gouvernement universel mais avec les pouvoirs contraignants requis.

Nous savons de quoi sont capable des Etats-Unis mais sous la férule d’un dangereux mégalomane…Les Nations Unies s’ingèrent dans un arrangement consensuel entre Mauriciens, ne nous empêchant guère de dormir sur nos deux oreilles. Cela coince aux entournures le gouvernement en place qui hérite seulement d’un laisser-aller remontant aux bagarres raciales de janvier 1968 démolissant soudainement le fragile équilibre conçu par Banwell, le bien-nommé, et semblables.

Il y a déjà une solution à ce problème : les candidats peuvent être exemptés de l’humiliante déclaration préélectorale de déclarer publiquement ce qui les distingue des autres. Ils perdent du même coup leur droit d’obtenir un siège de député correctif octroyé de manière tellement infamante. On ne peut pas avoir le beurre, l’argent du beurre et en sus le cœur de la crémière. Qu’est-ce qui nous empêche de rendre définitif ce provisoire et rassurer ainsi, avec un peu de chance, ces boutiquiers des Nations-Unies qu’il vaudrait mieux veiller à la stricte application des innombrables sanctions prises contre l’Etat d’Israël tellement hitlérien, en faveur du peuple martyr palestinien.

Si nos politiciens, surtout ceux siégeant en Cabinet, n’ont pas le temps, ni l’intelligence, pour régler ce problème rapidement, qu’ils confient donc cette tâche à des non-politiciens plus compétents et plus intelligents qu’eux !

* Par ailleurs, comment réagissez-vous aux allégations de discrimination raciale qu’on entend ces jours-ci ? Allégations qui ont été lancées dans le cadre des travaux du ‘Committee on the Elimination of Racial Discrimination’ et dont les conclusions donneraient l’impression qu’il y aurait une grande conspiration pour exercer de la discrimination contre une section de la population…

La discrimination contre les Mauriciens de couleur d’origine africaine a toujours existé à Maurice. Elle est le fait de diverses oligarchies ayant, tels serpents les plus venimeux, changé de peau au cours des siècles. Rien de tel malheureusement pour leurs victimes.

Lislet Geoffroy, bâtard, fils d’une esclave, ne doit qu’à sa vive intelligence et grande compétence d’avoir occupé les plus hauts postes sous divers gouvernements (Ancien Régime, gouvernement révolutionnaire, napoléonien, anglais, tant à Maurice qu’à la Réunion).

Suspecte est la mort de Rémy Ollier à l’âge de seulement 28 ans. Il devenait encombrant avec ses idées tellement révolutionnaires pour son temps. Exemple : réclamer une municipalité pour Port-Louis.

Les oligarques d’aujourd’hui refusent la même faveur municipale aux habitants de Triolet, Goodlands, Centre-de-Flacq, Mahébourg, Rose-Belle, Chemin-Grenier. Toujours le même argument oligarchique : « Pas mette ène rasoir dans la main ène zacot ».

Lanougarède bastonne De Plevitz devant la Poste centrale Il devient un héros pour avoir corrigé l’ami et le défenseur de travailleurs agricoles indiens, engagés au service de l’industrie sucrière, sinon pour la sauver.

La rétrocession de Maurice à la France, voulue entre autres par des hommes de couleur (Rivet, Curé), sera frappée de menace de sédition, conséquemment de trahison, par des British Born, à la requête d’oligarques, ayant des roupies à la place des yeux.

Aujourd’hui, on s’arrange pour qu’aucun descendant d’Africains n’aille salir l’eau limpide d’un bassin réservé à plus égaux que d’autres. Toujours cette malédiction de n’avoir pas le bon acte de naissance… Pourquoi voulez-vous que ceux, qui profitent d’un système aussi odieux, corrigent une situation les avantageant tellement, au détriment d’une masse de laissés pour compte ?

* Il y a pourtant des institutions comme la Equal Opportunities Commission pour corriger tout manquement, des critères établis au niveau de la Public Service Commission et Disciplined Services Commission pour le recrutement dans la Civil service sur la base du mérite. Qu’est-ce qui expliquerait cette levée de boucliers, selon vous ?

Qu’on rappelle Brian Glover et je recommencerai à prendre au sérieux l’Equal Opportunities Commission. J’en ferai autant en ce qui concerne la PSC, LGSC et DFSC, quand on recommencera à publier régulièrement les Staff Lists des corps paraétatiques. Ils sont rémunérés, après tout, grâce à des fonds publics, l’argent des contribuables. N’avons-nous pas le droit de connaître les noms et qualités professionnelles de nos employés, de ses serviteurs publics ?

* On parle depuis relativement longtemps de la mise en place d’un ‘National Employment Agency’ dont le but serait de veiller à ce que « every citizen has access to a decent work as enunciated in Government Programme 2015-2019 ». Rien n’a été accompli jusqu’ici. Pensez-vous qu’il soit grand temps que le Gouvernement vienne de l’avant avec une législation, en attendant, pour s’assurer que les soumissionnaires à des contrats gouvernementaux soient au préalable des ‘Equal Opportunities Employers’ ?

Je ne crois pas un mot de tout ce boniment. En revanche ce qu’il faut proclamer haut et fort c’est que tout être humain adulte et responsable a le devoir de gagner honnêtement sa vie et assurer celle des personnes à sa charge. Nul n’a le droit d’attendre que l’Etat, la société, fasse quelque chose pour lui. S’il possède une once de dignité, il doit comprendre que c’est son devoir de contribuer au mieux-être des autres.

Prenons un exemple par d’autres. Les filles, surtout mères de plusieurs enfants, ont suffisamment de tracas et d’ennuis pour ne pas devoir, en sus, subvenir aux besoins, caprices, folies, d’un homme irresponsable, surtout s’il consent à devenir esclave de la drogue, de l’alcool ou autre fléau social. Je ne puis que leur conseiller de s’arranger pour être toujours le mari chez elles. Cela leur donnera le droit de chasser de chez elles tout compagnon ou concubin plus encombrant que productif. Du balai et elles seront plus heureuses.

* Quelle opinion faites-vous de tous ces évènements qui ont dominé l’actualité semaine après semaine, ces derniers mois : les travaux de la commission d’enquête sur la drogue et la publication de ses conclusions, les auditions de la commission d’enquête sur l’ex-Présidente de la République, la visite surprise d’Alvaro Sobrinho dans les locaux de l’ICAC suivie de l’obtention d’un laissez-passer pour l’investisseur angolais, agression de policiers… ?

Nos journaux et l’actualité nous offrent heureusement des sujets de conversation ou de réflexion heureusement plus divertissants et plus édifiants que les scandales que vous prenez la peine d’énumérer. Professionnellement parlant, je dois les approfondir scrupuleusement mais vous comprendrez que je refuse, par mes commentaires, d’ajouter encore à la sinistrose, menaçant de nous faire perdre tout espoir dans l’avenir pourtant prometteur de notre pays, l’objet de toutes nos fiertés.

 


* Published in print edition on 21 September 2018

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