Le Problème des Etablissements Français dans l’Inde est résolu

Mauritius Times 60 Years Ago — 1st YEAR NO. 14 — Saturday 13th November 1954

Cet intéressant article/documentaire nous a été envoyé par un vieux compatriote. Comme journaliste et politicien il a suivi avec un vif intérêt le développement des comptoirs français dans l’Inde.

Beaucoup de Mauriciens ont appris avec plaisir le transfert de ces comptoirs au gouvernement indien. L’accord à cet effet fut signé à New Delhi le 21 octobre dernier. Le maintien de ces possessions étrangères en territoire indien ayant été perpétuellement une pomme de discorde entre les deux nations, on ne peut que se réjouir de cet heureux épilogue qui aidera à raffermir les relations entre l’Inde et la France.

D’après les termes de l’accord la culture française sera respectée. Les institutions d’ordre scientifique et culturel français seront maintenues et le gouvernement français continuera à administrer le Collège Français de Pondichéry.

Saluant l’accord de Pékin, où il était en visite officielle, M. Nehru, reflétant le désir général du peuple indien de resserrer les liens de l’amitié franco-indienne, fit la déclaration suivante :

« Je suis particulièrement heureux que ce changement ait lieu comme étant l’expression de la volonté du peuple et en accord amical avec le gouvernement français. Nous avons ainsi un autre exemple pour démontrer comment on peut résoudre paisiblement des problèmes difficiles par voie de négociations. »

Il nous semble utile de rappeler à nos lecteurs ce que notre île doit à Pondichéry. Nos premiers artisans nous étaient venus de cette ville. Pendant l’occupation française, l’Ile de France maintint un contact étroit avec Pondichéry. Une bonne partie de l’élite de la population de couleur descend des premiers artisans pondichériens.

Nous saisissons cette occasion d’adresser une cordiale bienvenue à M. et Mme Symphorien Lami, dont les ancêtres originaires de Pondichéry, vînrent s’établir à l’Ile de France au temps de Labourdonnais. Leur visite coïncide avec ce transfert historique. – R]

C’est à la suite du Congrès de Jaipur sur les établissements étrangers en Inde devenue après le départ des Anglais une Inde indépendante que les habitants de l’Inde ont considéré que ces établissements étaient devenus une anomalie et qu’il fallait trouver une solution pour faire disparaître ces établissements étrangers dans le territoire de l’Inde. Le premier mouvement de rétrocession fut déclenché par Mahatma Gandhi au Congrès de Jaipur après que l’indépendance de l’Inde fut proclamée.

Ces établissements français sont : Pondichéry avec une superficie de 115 milles carrés et une population de 222,600 âmes ; le territoire de Pondichéry fut fondé par François Martin en 1674, pris par les Damois en 1693 et restauré en 1699, ce territoire fut quatre fois assiégé par les Anglais ; en 1748 un colonel anglais s’empara de tout le territoire ; en 1760 les forteresses et les bâtiments publics furent détruits par Lord Pigott, gouverneur de Madras et le territoire abandonné ; en 1778 il fut de nouveau assiégé par Sir Hector Munro et les Français capitulèrent. Pondichéry fut reconquis pour la dernière fois par les Anglais en 1793.

Dans un traité entre la France et la Grande Bretagne signé à Paris le 30 Mai 1814 Pondichéry fut restitué à la France sous certaines conditions et garanties.

Karikal au Sud de Pondichéry a une superficie de 53 milles carrés et une population de 70,550 habitants ; le territoire de Karikal fut cédé à la France par Sahojee Raja de Tanjore contre 50,000 chacras. Karikal fut à plusieurs reprises assiégé par les Anglais mais par le traité de Paris Karikal fut cédé à la France en 1814. Quoique possédant une administration locale, Karikal dépend du gouvernement de Pondichéry.

Mahé est sur la côte ouest de l’Inde contre la province de Madras dans le district de Malabar d’où nous sont arrivés les premiers laboureurs indiens ; Mahé couvre une superficie de 22½ milles carrés et possède une population de 18,300. Par le traité signé en Avril 1721 le roi de Badagara céda Mahé à la France, mais un prince indien força la garnison française à déguerpir de Mahé pour s’installer à Calicut ; la ville fut reprise par Mahé de Labourdonnais en 1725 et le nom de Mahé donné au territoire.

Après la chute de Pondichéry en Janvier 1778 Mahé se rendit au Major Munro mais fut de nouveau rendu à la France en 1817. Mahé est placé sous un administrateur qui dépend de Pondichéry.

Yanaon ou Yanan est situé sur la côte Est dans la province de Madras et couvre une superficie de 5½ milles carrés avec une population de 5850 âmes ; les Français établirent un comptoir en 1731 et la souveraineté fut confirmée en 1750 par le Nizam de l’Hydrabad.

Chandernagor est situé bien au Nord de Yanan dans la province de Bengal à 30 milles au Nord de Calcutta ; Chandernagor a une superficie de 3½ milles carrés et une population de 44,780.

L’administration des établissements français dans l’Inde est confiée à un commissaire de la République française ayant les pouvoirs d’un Gouverneur ; à l’exception de Chandernagor les autres établissements situés sur la côte ont servi à la contrebande du gandia, de l’opium, de l’or et des diamants ; les contrebandiers pénétraient par ces territoires pour gagner l’Inde et exercer leur commerce.

L’électricité, l’eau d’alimentation et les eaux d’irrigation proviennent de l’Inde, la république ne pouvait pas supprimer l’électricité et l’eau pour la raison que ces territoires sont habités par 96% d’Indiens. Lors du referendum de 1949, la population de Chandernagor à une majorité de 99% décida de la fin du gouvernement français vieux de 260 ans. Ce mouvement fut suivi par les habitants des autres établissements français malgré la propagande de nombreux agents installés dans ces territoires et qui distribuaient à profusion des roupies et des boissons fortes pour acheter la conscience des leaders indiens qui réclamaient la rétrocession à l’Inde indépendante. La France a pris cinq ans pour arriver à une décision et c’est le 1er Novembre que les Français ont abandonné les quatre territoires occupés par eux. Nous constatons que les Français de Maurice et leur chef ont accepté sans murmurer la décision de la France, Patrie de tous les franco-mauriciens.

W.L.

***

Blood is Thicker than Water

NMU makes a Mountain out of a Molehill

While commenting the ceremony which took place at the War Memorial, Curepipe, on 7.11.54 – National Day of Remembrance – NMU writes: « Ceux qui ont assisté hier, à Curepipe, à la cérémonie officielle au Monument aux Morts, ont été stupéfaits en remarquant que les autorités, changeant l’ordre habituel de préséance, faisaient passer le Gérant du Commissariat de l’Inde avant le Consul de France. » NMU’s assertion that the assistants were stupefied simply because the Representative of the Indian Commissioner was asked to lay a wreath on the Memorial before the French Consul is his usual habit of making a mountain out of a molehill. To the English, to the Indo-Mauritian and to the well-informed Franco-Mauritian, the procedure was quite normal and there was no earthly reason to be stupefied. Furthermore the public was aware that the representative of India was to be given priority as per a press communiqué issued by the Secretariat and which was also published by the Cernéen on the 5th November. The Communiqué reads: “… Wreaths will also be laid by the Colonial Secretary, The Commander Mauritius Sub Area, The Registrar of the Indian Commissariat on behalf of the Commissioner for the Government of India, the Consul for France…” The same procedure is adopted in all the Commonwealth countries, and as India is a member of the British Family of Nations, it could not be done otherwise. Besides, blood is thicker than water! For having changed the order of things the authorities should be congratulated and we think they won’t care for what fanatic reactionaries say. What matters is that a long-standing error has been corrected.

A little further NMU writes: « Toute la population de descendance française ressentira comme un soufflet le manquement à une tradition respectée et enracinée chez nous… Nous attendons de promptes explications des autorités… Sinon, nous comptons, pour notre part, pousser aussi loin qu’il le faudra devant l’opinion publique cette scandaleuse affaire. » To believe the Cernéen, the Franco-Mauritians are so sensible that they have been upset by a storm in a tea-cup. As usual NMU’s tone is menacing; and setting something right is according to NMU “une scandaleuse affaire.”

The only person who should have protested is Mr Fernand Sangon, the French Consul. Or, are we to believe that NMU is voicing the feelings of the French Consulate? After all we don’t think that the English Consul in Reunion would think it an “affront à l’Angleterre” if the representative of Madagascar or Indo-China is given priority in a ceremony where diplomatic etiquette comes in.

NMU never misses an opportunity to pour his spleen over the Hindus. Commenting the “incident’ which happened during the course of the War Memorial Ceremony at Curepipe, he writes: “La troisième faute a été commise par les Hindous eux memes. Leur tendance actuelle à se pousser sans cesse du col commence à les faire haïr un peu plus chaque jour des autres communautés ethniques du pays. Ils montrent vraiment un peu trop qu’ils veulent prendre dans tous les plans, la place des autres… » If there is anybody who is creating bad blood and thus making himself and his community disliked by others he is no one less than Monsieur Noël Marrier D’Unienville.

(to be continued next week)

 

* Published in print edition on 14  November 2014

An Appeal

Dear Reader

65 years ago Mauritius Times was founded with a resolve to fight for justice and fairness and the advancement of the public good. It has never deviated from this principle no matter how daunting the challenges and how costly the price it has had to pay at different times of our history.

With print journalism struggling to keep afloat due to falling advertising revenues and the wide availability of free sources of information, it is crucially important for the Mauritius Times to survive and prosper. We can only continue doing it with the support of our readers.

The best way you can support our efforts is to take a subscription or by making a recurring donation through a Standing Order to our non-profit Foundation.
Thank you.

Add a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *