Le vote des jeunes sera d’une importance capitale lors des prochaines élections

Eclairages

By A. Bartleby

Roshi Badhain a attiré les foudres de l’opposition sur lui suite à ses sorties virulentes sur l’âge des leaders des partis de l’opposition parlementaire. Le leader du Reform Party n’a ainsi pas hésité à s’attaquer frontalement à l’âge avancé de ces leaders.

La levée de bouclier a été immédiate du côté des partisans de l’alliance rouge-mauve-bleue. Les postes et les mêmes se sont multipliés sur les réseaux sociaux, et certains sont même allés déterrer une vidéo où il fait la liste du ‘Shadow Cabinet’, vantant au passage les mérites des mêmes “dinosaures” qu’il attaque aujourd’hui ainsi que leurs progénitures. Mais ça, c’était à l’époque où Roshi Badhain faisait encore partie de la défunte Alliance de l’Espoir, et qu’il gardait encore l’espoir d’être sur un ‘front bench’ lui permettant de se positionner comme un futur Premier ministre.

Il est clair que Roshi Badhain est sorti beaucoup trop rapidement des ‘starting blocks’, mordant pleinement à l’hameçon des élections générales anticipées. Ses attaques, notamment contre l’opposition, sont montées en puissance mais dans une situation où nous ne sommes pas en campagne électorale. De ce fait, il se retrouve esseulé, son compagnon de fortune Patrick Belcourtse faisant extrêmement discret depuis que Roshi a entamé ses sorties virulentes, se débattant pour tenter de conserver le peu de capacité qu’il lui reste à négocier une alliance de dernière minute.

L’expérience et la jeunesse

Mais les sorties récentes de Roshi Badhain auront eu le mérite de mettre l’accent sur la question des jeunes en politique et, notamment, sur l’équilibre à trouver entre l’expérience et la jeunesse. Il est clair que, de ce point de vue, les deux blocs qui vont se constituer pourraient développer des approches différentes.

Pravind Jugnauth avait surpris plus d’un en 2019 en évinçant certaines fortes têtes du MSM (comme Showkutally Soodhun) en faveur de nouveaux candidats plus jeunes. Ce pari sur le renouvellement de son équipe avait porté les fruits électoraux que nous connaissons, mais certains de ces jeunes et nouveaux sont aujourd’hui décriés, notamment à cause du manque d’expérience et la perception que ces mêmes jeunes n’apportaient pas la plus-value politique tant attendue de la jeunesse.

Est-ce que le MSM conservera cette stratégie de renouvellement et de rajeunissement des candidats pour les prochaines élections ? Disons que certaines adhésions récentes et le retrait de certains ministres de la lumière médiatique semblent pointer dans cette direction, et que ce renouvellement est un outil dont Pravind Jugnauth fera un usage massif puisqu’il en a également les moyens.

En face, la simple équation de l’attribution des tickets pourrait rendre le renouvellement difficile. Entre les leaders, les parlementaires qui seront reconduits et les progénitures, il ne restera pas beaucoup de place pour du sang neuf. Il faut toutefois remarquer que le PTr pousse actuellement ses jeunes sur les plateaux des débats radiophoniques et sur le terrain. Cette stratégie était celle qu’avait adoptée Navin Ramgoolam en 2019, déployant de nouveaux candidats dans un certain nombre de circonscriptions. Nous nous souvenons tous de ce qui s’était passé lorsque le PTr avait finalisé son alliance avec le PMSD.

Est-ce que Ramgoolam est en train de refaire la même chose, mettant de l’avant certains candidats potentiels pour aller à la bataille avant de s’en débarrasser à la dernière minute ? Nous le verrons bien, mais il est intéressant de constater que des jeunes comme Daneshwar Damry et autres se font particulièrement discrets depuis un moment.

Quoi qu’il en soit, le vote des jeunes sera d’une importance capitale pour les partis traditionnels lors des prochaines élections. Ce vote est complexe et les partis traditionnels ont beaucoup de mal à comprendre ce que veulent les jeunes, d’où le taux d’abstention extrêmement élevé lors des élections de 2019.

Pravind Jugnauth a bien compris cela, ce qui explique ses sorties récentes dans des écoles et ses prises de position sur des enjeux chers à la jeunesse. Il a compris que les prochaines élections se joueront sur trois claviers fondamentaux : le vote des pensionnaires, le vote des fonctionnaires et le vote jeune. Et, de ce point de vue, il se pourrait bien que la stratégie du MSM soit déjà bel et bien en place. Toutefois, il nous semble que les jeunes, présentement frappés par un état de désespoir, attendent des solutions sérieuses et efficaces pour régler les problèmes socioéconomiques actuels.

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Est-il grand temps de revoir les régulations routières ?

Les routes de Maurice auront été particulièrement meurtrières ces dernières semaines. À la mi-août, la police avait enregistré près de 97 accidents mortels, soit 17 de plus qu’à la même période l’année dernière.

Le Premier ministre a d’ailleurs réuni le comité interministériel concernant la prévention routière afin d’alerter un peu plus la population quant aux dangers de la route. Éduquer, former et conscientiser les usagers de la route aux dangers et à la sécurité sont une nécessité absolue si nous souhaitons permettre le développement d’une culture routière plus sécurisée, voire plus saine.

Mais il semble évident que nous devons en faire plus… Bien plus même.

Déjà en matière de conscientisation, il pourrait être intéressant que le gouvernement mette en place une campagne visuelle extrêmement agressive. Cela a été fait avec un certain succès ailleurs, l’idée étant de submerger les automobilistes d’images choc sur les « billboards » des routes. Il en est de même pour des publicités à la télévision et sur les radios, avec des témoignages des victimes et des images dont l’objectif est de choquer les usagers de la route.

Mais cela ne suffira pas ! En fait, nous avons un souci avec l’apprentissage même de la conduite à Maurice. N’importe quel conducteur qui vient d’avoir son permis de conduire vous dira que les auto-écoles ne leur ont pas appris à conduire mais plutôt à passer l’examen en vue d’obtenir le permis de conduire. Et c’est uniquement lorsque le permis est obtenu que les nouveaux conducteurs apprennent vraiment à conduire et à utiliser les routes. Ceci découle de la méthode même dont le permis de conduire est délivré, méthode qui ne correspond pas à la réalité des routes mauriciennes.

Ainsi, il faut considérer le problème différemment et revoir la manière d’enseigner et d’apprendre, et aussi la manière d’examiner un futur conducteur en vue de la délivrance d’un permis de conduire. Par ailleurs, cela est plus particulièrement pertinent et important pour les deux roues.

Aujourd’hui, il est possible à Maurice de conduire un deux-roues en ayant uniquement une « Licence », ce qui explique le fait qu’un nombre extrêmement important de motocyclistes n’ont pas de permis de conduite. Il suffit d’emprunter les routes pour constater que très peu de motocyclistes respectent le code de la route ; ils conduisent n’importe comment et ils mettent la vie des autres usagers à risque.

Ainsi la question des moto-écoles doit également être réglée.

Il faudrait également repenser les amendes et la pénalité pour les infractions routières. Elles ne doivent pas forcément être plus sévères mais plus efficaces. Ainsi, le retour du permis à points pourrait être une solution réelle au problème de l’insécurité routière, du moment que les retraits de permis sont appliqués et les procédures respectées.

Le gouvernement dispose de plusieurs outils s’il souhaite vraiment adresser le problème de l’insécurité routière. Mais il se doit de prendre les mesures efficaces et multiplier ces mesures dans les divers domaines où des réformes doivent être mises en place.

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La Chine est officiellement en situation de déflation

L’économie chinoise est officiellement en situation de déflation. Que signifie ce terme ? La déflation est tout simplement le contraire de l’inflation, c’est-à-dire que la déflation est une situation où les prix des biens et des services sont en baisse.

Sur papier, cette situation peut sembler favorable pour le pouvoir d’achat des ménages des pays importateurs des produits chinois. Et c’est sans doute le cas dans l’immédiat. Mais cette situation pourrait devenir inquiétante pour l’économie mondiale si elle se poursuit.

En effet, une situation de déflation peut entraîner ce que les économistes nomment la spirale déflationniste. Cette dernière résulte des conséquences d’une baisse continue des prix, elle-même causée par une réduction de la demande. En effet, une baisse continue des prix entraine généralement une baisse de l’investissement dans les facteurs de production, ce qui à son tour produit une réduction des coûts de production. Ces réductions des coûts de production se traduisent le plus souvent par des compressions salariales, ce qui force les ménages à consommer moins. Cette chute de la consommation constitue une chute de la demande et, donc, une chute des prix, ce qui amplifie encore plus le phénomène déflationniste.

La spirale déflationniste est ainsi un cercle vicieux qui entraîne une chute de la production, une augmentation du chômage et un appauvrissement des ménages. Dans des situations extrêmes, elle peut également causer des pénuries puisque les entreprises baissent radicalement leur production afin de tenter de maintenir les prix, ce qui produit une raréfaction des produits sur le marché.

Ce scénario est particulièrement inquiétant si le gouvernement chinois ne redresse pas la barre dans les meilleurs délais. La Chine est aujourd’hui le leader mondial des exportations des biens et des services, et une spirale déflationniste venue de Chine est une extrêmement mauvaise nouvelle pour les pays dépendants des produits chinois.

Devrait-on donc s’alarmer ?

Il faut tout d’abord préciser que cette déflation de 0,3% selon le « Consumer Price Index » de juillet fait suite à une année inflationniste importante, avec certains produits souffrant d’une inflation de plus de 25%. De ce point de vue, peut-être que nous verrons une stabilisation des prix avec certaines baisses qui sont bénéfiques pour les produits chinois. Mais le problème est que le « Consumer Price Index » n’est pas le seul indicateur démontrant un ralentissement de l’économie chinoise.

Plusieurs spécialistes en la matière avaient commencé à tirer la sonnette d’alarme au sortir de la pandémie de la Covid-19, en mettant l’accent sur le risque d’une contagion pour l’économie mondiale.

La Chine est aujourd’hui un pays structurellement inséparable de la mondialisation. Et la mondialisation ne peut pas se faire sans la Chine. Cela signifie qu’un ralentissement de l’économie chinoise pourrait plonger l’économie mondiale elle-même dans une situation très compliquée. Les pays les plus exposés à un ralentissement de l’économie chinoise sont bien évidemment les pays les plus dépendants de la circulation des biens et des services chinois. Nous pensons notamment aux pays signataires du « Belt and Road Initiative », ce sont eux qui sont les plus exposés.

Mais les effets d’une spirale déflationniste dépasseront de très loin les pays évoluant dans la sphère d’influence chinoise et toucheront également des pays plus neutres comme Maurice.

Nous sommes encore loin d’un scénario catastrophe, et la « rationale » ou la logique stratégique voudrait que nous n’arrivions jamais à une situation grave. Mais le gouvernement chinois a déjà fait usage de plusieurs outils à sa disposition, notamment la baisse des taux d’intérêt et des facilités fiscales pour les entreprises. Toutefois, pour l’instant, ces mesures n’ont pas produit les effets escomptés et il devient de plus en plus clair que le gouvernement chinois est de plus en plus sur la défensive.

En effet, une situation économique morose prolongée risque de plonger la Chine dans une situation politico-économique complexe et turbulente, pouvant même aller jusqu’au questionnement du régime politique. Plusieurs politistes chinois ne cessent de le clamer : le régime du PCC tient la route grâce à la promesse de la croissance continue et du développement soutenu pour tous les Chinois. La population chinoise serait ainsi unie derrière le PCC, et accepterait les pratiques policières et parfois brutales du régime, parce que ce même régime garantit la croissance économique et le développement.

Mais si cette même croissance et ce développement se trouvent entravés, qu’adviendra-t-il du régime à parti unique ? Un think-tank ou un panel d’experts européen réputé avait publié une étude très sérieuse sur l’avenir politique de la Chine il y a 7 ans. Cette étude prédisait la fin du régime à parti unique et l’apparition du bipartisme et de la culture de l’alternance politique en Chine avant 2035. Commençons-nous à en voir les prémisses ? Difficile pour l’instant de l’affirmer. Mais il est certain que la Chine va faire face à tout un ensemble de problèmes qui risquent fort de transformer rapidement la culture politique du pays dans les prochaines décennies.

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Donald Trump formellement inculpé pour tentative de manipulations électorales

électorales

Et de quatre ! Après l’affaire Stormy Daniels, après celle du recel de documents, après l’inculpation pour les émeutes du Capitol, voilà Donald Trump inculpé pour une quatrième affaire par le grand jury de l’Etat de Géorgie !

Cette fois, l’ancien Président des États-Unis est accusé d’avoir tenté de manipuler les élections dans cet État-clé, lors de la présidentielle en 2020. L’enquête de Fani Willis, la procureure du Comté de Fulton, implique également dix-huit conseillers et membres de l’entourage de l’ancien président.

Donald Trump fait l’objet de treize chefs d’accusation, dont des tentatives de fraude électorale ou encore l’exercice de pressions sur des employés. D’après l’enquête, Trump et les autres inculpés ont, en effet, multiplié les pressions sur les élus locaux pour dénicher des irrégularités ou ont encore répandu mensonges et rumeurs sur d’éventuelles fraudes.

Ils «ont refusé d’accepter qu’il avait perdu et ont sciemment et délibérément participé à un complot pour changer illégalement le résultat des élections en faveur de Trump», ont ainsi déclaré les procureurs dans le préambule de l’acte d’accusation. Dorénavant, l’ancien président a jusqu’au 25 août pour se présenter devant le tribunal d’Atlanta.

La procureure du Comté de Fulton, Fani Willis, a déclaré qu’elle souhaitait un procès «dans les six mois» et a évoqué une loi en vigueur en Géorgie sur la délinquance en bande organisée, utilisée notamment contre les gangs et prévoyant des peines de cinq à vingt ans de prison.

Cette affaire vient donc s’ajouter aux autres et vient encore plus accabler un Donald Trump plus que jamais décidé à se présenter aux prochaines élections présidentielles. Il faut avouer que ses soutiens, au sein du Parti Républicain, mais également au sein de l’électorat conservateur au sens large de ce terme, ne faiblissent pas. Pire même, il semblerait que l’accumulation des affaires permettent à Donald Trump de consolider ses bases, en jouant notamment sur le clavier du harcèlement et de la martyrologie.

Même si la situation d’un candidat – se présentant aux élections présidentielles en étant sous la menace de graves accusations avec des enquêtes et des procédures en cours – est absolument inédit, rien n’empêchera Donald Trump de briguer l’investiture républicaine sauf s’il est condamné.

Cela n’augure rien de bon pour les prochaines élections américaines qui approchent à grands pas. D’un côté, Joe Biden a déclaré toujours vouloir se représenter, et ce, malgré l’accumulation des incidents liés à son état de santé et les questionnements sur sa capacité mentale à assumer les lourdes responsabilités qui incombent à la Présidence américaine. Mais le Parti Démocrate est également dans un étau qu’il sera difficile de faire éclater avant les prochaines élections.

L’idéologie de Woke s’est emparée d’une part importante du parti et une scission est absolument claire entre, d’un côté, des Démocrates libéraux et, de l’autre, les Démocrates Woke. Ceci explique d’ailleurs pourquoi Biden persiste à affirmer qu’il sera candidat à sa propre succession. En refusant le débat sur le candidat qui aura l’investiture de son parti, Biden évite également de faire éclater au grand jour les tensions et les scissions internes qui risquent fort d’affaiblir le parti démocrate pour les prochaines élections.

Sauf qu’un challenger est en train d’émerger…Ce dernier possède un pedigree impeccable et incarne justement la réconciliation des deux courants majeurs au sein du parti. Son nom est Robert F. Kennedy Jr, et il se pourrait bien qu’il déjoue un certain nombre de pronostics même s’il est encore trop tôt pour l’affirmer.

Du côté des Républicains, Donald Trump reste bien évidemment le préféré mais une autre figure émerge également petit à petit. Ron De Santis, le gouverneur de la Floride, pourrait bien créer la surprise en se positionnant comme une alternative crédible capable de plaire tout autant aux trumpistes qu’aux Républicains libéraux.

La course semble bel et bien lancée pour 2024.


Mauritius Times ePaper Friday 18 August 2023

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