Le MSM met tranquillement sa machinerie électorale en place

Rassemblement des jeunes au Sun Trust ce samedi

Par A. Bartleby

Le MSM organise une réunion avec les membres de son aile jeune ce samedi au Sun Trust building à Port-Louis. Pravind Jugnauth voudrait même rassembler au moins 3,000 jeunes venus de toutes les circonscriptions du pays. Il semble ainsi clair que ce rassemblement vise à concurrencer celui de l’alliance PTr-MMM-PMSD de Mare d’Albert. Est-ce que l’objectif sera atteint ? Nous en saurons davantage samedi.

L’organisation du rassemblement des jeunes, ce samedi, s’inscrit dans cette visée d’ouvrir le carcan de la base électorale du MSM aux jeunes… maintenant que le vote des pensionnaires semble acquis… grâce à la politique agressive de l’augmentation de la pension de vieillesse.

Mais par-delà la bataille des foules, il semble surtout clair que les différentes écuries commencent à mobiliser leurs troupes et à occuper le terrain en préparation des prochaines législatives. Nous sommes encore dans la phase initiale de la mise en place des stratégies…Mais il est certain que chaque parti commence à prendre la température des différentes circonscriptions afin de peaufiner leurs stratégies.

L’alliance PTr-MMM-PMSD semble partie pour miser sur une double stratégie : gratter le maximum de votes contre le MSM et l’addition comptable de leurs bases électorales respectives. Cette approche, à deux faces, leur permet d’éviter certaines questions comme, par exemple, le programme économique qu’ils mettront en place pour consolider la relance économique. Navin Ramgoolam, qui s’était exprimé en faveur du remboursement de plus de Rs30 milliards aux actionnaires de la BAI, reste pour l’instant silencieux sur cette promesse. Est-ce que cette stratégie sera payante ? Nous le saurons bien assez tôt.

De l’autre côté, il semble également certain que le MSM met tranquillement sa machinerie électorale en place. Nous avons déjà constaté une évolution des cibles dans le dernier budget avec la mesure des Rs20,000 pour les jeunes de 18 ans. L’organisation du rassemblement des jeunes, ce samedi, s’inscrit d’ailleurs dans cette visée d’ouvrir le carcan de la base électorale du MSM aux jeunes. Ceci est parfaitement logique maintenant que le vote des pensionnaires semble acquis, cela selon les stratèges du MSM, grâce à la politique agressive de l’augmentation de la pension de vieillesse.

Ainsi, nous devinons que d’autres mesures pour les jeunes viendront s’ajouter à celles déjà proposées dans le budget de cette année. C’est d’ailleurs ce que laisse suggérer certaines récentes interventions des nouveaux adhérents. Nous constatons également qu’un renouvellement du personnel politique semble être en marche au MSM, avec des jeunes recrues annonçant leur adhésion alors que d’autres travaillent déjà sur le terrain depuis quelques semaines. Pravind Jugnauth semble aussi être prêt à mettre en place la stratégie payante de 2019, en ne reconduisant pas certains ministres et députés, notamment ceux dont la réputation aurait été abimée ou ternie.

De ce point de vue, il est intéressant de noter que les affaires contre les ministres Samynaden, Gobin et le PPS Daliah soient enfin entendues devant la Cour suprême. Est-ce que des sanctions politiques tomberont contre eux à la veille des prochaines législatives ? Il se pourrait bien que ce soit le cas si un jugement de culpabilité est prononcé contre ces membres de son parti. Pravind Jugnauth voudra sans doute démontrer qu’il agit selon une approche hautement procédurière… Et il pourrait très bien utiliser comme argument le fait qu’il a agi à la suite des verdicts juridiques contre ces ministres et députés.

Il n’est d’ailleurs pas anodin que le gouvernement vienne de l’avant avec un projet de loi contre les crimes financiers. La création d’une agence dédiée à la lutte contre les crimes financiers semble même être sur le tapis. D’autres projets de loi pourraient suivre, notamment le retour du projet sur le financement des partis politiques et des élections. En faisant cela, le MSM se dotera d’autres arguments avant la campagne électorale, surtout que l’opposition aura beaucoup de mal à s’opposer ouvertement à ces projets de loi.

Année décisive

L’année qui vient sera également décisive quant aux nombreux projets d’infrastructures qui sont actuellement en chantier. Comme en 2019, Pravind Jugnauth va sans doute se présenter comme un grand bâtisseur avec des inaugurations à répétition, notamment celle du spectaculaire pont de Sorèze-Chebel, prévu pour juin 2024.

Cette accumulation des mesures, de nouvelles têtes et de symboles du développement seront les trois ressorts sur lesquels jouera le MSM pour les prochaines législatives. Pour cela, le Premier ministre dispose encore d’une saison de festivals religieux où ses « task forces » seront omniprésentes pour que les pèlerinages et les fêtes religieuses d’envergure se passent dans les meilleures conditions possibles. Il disposera également d’un budget qui devrait faire la part belle au déploiement d’une stratégie d’augmentation du pouvoir d’achat et aussi des mesures additionnelles pour les jeunes.

Scandales et perception de glissement des institutions

Est-ce que cela suffira pour faire oublier les scandales et la perception de glissement des institutions et de la sécurité ? Encore une fois, seul l’avenir nous le dira et il est clair que l’opposition misera exactement là-dessus. Mais il ne faut pas non plus sous-estimer une chose. En l’absence de projet politique produisant une adhésion idéologique, les partis extra-parlementaires et l’abstention seront des clés qui pourraient bien faire basculer pas mal de choses dans un certain nombre de circonscriptions. D’ailleurs, à écouter Roshi Bhadain à la radio, lundi dernier, il semble clair que sa stratégie sera de gratter dans le bassin de l’opposition.

Doit-on y voir un « deal » déjà fait avec le MSM ? Pas forcément. Bhadain sait parfaitement bien que la politique est une question de positionnement. Ses ambitions font qu’il n’a pas, en réalité, d’autres choix que de se positionner frontalement contre Navin Ramgoolam et Pravind Jugnauth. En même temps, on peut deviner que Bhadain voudrait également conserver la possibilité d’un rapprochement stratégique de dernière minute avec l’un ou l’autre. Son association avec l’effondrement de la BAI fait que le PTr sera radicalement opposé à un rapprochement avec le Reform Party dans le carcan de l’alliance de l’opposition, ce qui explique ses attaques à répétition contre cette nouvelle alliance.

Pravind et Roshi: alliés stratégiques ? Non ! Mais la survie politique même de Roshi Bhadain pourrait bien être forcée de se dessiner dans une position radicalement opposée au PTr, et donc à l’alliance PTr-MMM-PMSD, chose qui doit faire sourire au bâtiment du Sun Trust actuellement. 

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Maurice placé en tête des pays africains du « World Happiness Report » 2023

Le « World Happiness Report » pour l’année 2023 vient d’être publié. Sans surprise, les pays riches européens et les pays formant le bloc occidental occupent les premières places de ce classement avec un index avoisinant les 7 points. La Finlande occupe cette année la première place avec un index de 7,8 points. À titre de comparaison, l’Afghanistan occupe la 137eme et dernière place du classement avec un index de 1,8 points.

Maurice est positionné dans la première moitié du classement, à la 59eme place, avec un index de 5,9 points. Ce positionnement fait de Maurice le pays africain ayant le classement le plus élevé avec l’Afrique du Sud en seconde position des pays africains à la 85eme place.

Mais que signifie « l’index du bonheur » et comment est-il calculé ? En fait, il s’agit d’un agrégat avec plusieurs facteurs entrant dans un calcul complexe. Ces facteurs sont divisés en 6 catégories :

  • le PIB par habitant,
  • le soutien social,
  • la longévité et la qualité de la santé d’une population,
  • la liberté d’expression et de choix,
  • la générosité, et
  • la perception de la corruption.

En d’autres termes, les éléments pris en compte pour calculer l’index incluent tout aussi bien la richesse d’un pays et de sa population, la qualité des systèmes de santé, la sociabilité et le vivre ensemble, la liberté de construire sa vie selon ses choix et le fait de vivre dans un pays où les institutions fonctionnent. Ce sont tous ces éléments mis ensemble qui permettent de calculer l’index, ce qui signifie que chaque élément pris individuellement influence le calcul mais ne le détermine pas forcément.

Par exemple, selon le FMI, Singapour et les Emirats arabes unis font partie des pays les plus riches du monde par tête d’habitant, avec $91k et $49k respectivement. Maurice se situe à la seconde place des pays les plus riches de la région Afrique, derrière les Seychelles, avec un PIB de $11,5k par habitant, loin derrière Singapour et les Emirats.

Nous aurions donc pu imaginer que Singapour et les Emirats devancent Maurice de manière importante dans le classement du « Happiness Index », mais tel n’est pas forcément le cas. Ces deux pays sont bien évidemment placés devant Maurice, mais la différence n’est pas aussi importante qu’on pourrait l’imaginer avec Singapour à la 25eme place et les Emirats à la 26eme place.

Pire même, ces deux pays, souvent cités en exemple pour nous à Maurice, ne sont pas aussi bien placés au regard du fait qu’ils ont des économies florissantes, étant relégués en dehors du top 20 mondial. Ainsi d’autres facteurs entrent en jeu dans l’évaluation du bonheur d’une population et dans le fait qu’un pays soit perçu comme un territoire où il fait bon vivre.

Ainsi cette 59eme place est extrêmement encourageante. Elle témoigne de la capacité de Maurice de construire une société où il fait bon vivre. Ceci ne signifie bien évidemment pas qu’il n’y a pas de problèmes à régler. Il est nécessaire d’améliorer le fonctionnement de nos institutions, la lutte contre la corruption doit devenir plus efficace, le système de santé doit continuer à se moderniser et l’économie doit devenir plus accessible et plus juste pour tous. Mais les choses ne sont clairement pas aussi mauvaises que l’on peut parfois le penser, notamment en regardant le bruit et la toxicité constants des réseaux sociaux.

Bien au contraire, à bien des égards, Maurice est sur la bonne voie et cela depuis plusieurs décennies. Mais il y a encore de la marge pour des améliorations effectives surtout que le « Happiness Index » devient un indicateur important qui est de plus en plus considéré par les investisseurs étrangers. Connaissant la dépendance de Mauricesur l’investissement étranger, il est clair que nous ne pouvons pas nous contenter de la 59eme place et que nous devons intégrer le top 50 dans les meilleurs délais. En espérant que nos gouvernants, actuels et futurs, en prennent bonne note.

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La France déploie le « Suffren » dans l’océan indien

Dans le dernier compte-rendu de ses opérations, l’État-major de l’armée française a annoncé que le « Suffren », le dernier-né des sous-marins nucléaires du groupe Naval, avait quitté Toulon pour son premier déploiement opérationnel dans l’océan Indien et que ce même sous-marin avait franchi le Canal de Suez le 29 juillet dernier.

L’État-major n’a précisé ni la nature ni la durée de l’opération du « Suffren » dans notre océan. Mais nous savons que le sous-marin est accompagné du bateau « Seine », un bâtiment de soutien et d’assistance métropolitaine (BSAM). Cela laisse penser que le « Suffren » sera en mission pour un certain temps dans notre région du monde puisque les BSAM permettent de fournir le soutien technique et logistique nécessaire aux sous-marins lors des missions longues, voire très longues.

Le dernier déploiement des BSAM dans l’océan indien, et dans des sous-marins nucléaires françaises, datent du premier trimestre de 2022, où le BSAM Loire avait été impliqué dans la mission « Confiance » d’une durée de 6 mois. Cette mission avait pour objectif de contribuer à la connaissance de la zone par la France et à son autonomie stratégique, et de conforter les partenariats sécuritaires régionaux, notamment ceux qu’entretient le gouvernement français avec l’Inde et les Émirats arabes unis.

Nous pouvons ainsi deviner que la mission du « Suffren » sera sensiblement similaire à la mission « Confiance », avec des objectifs de coopération clairement définis entre les acteurs régionaux. Ceci s’inscrit dans la volonté qu’avait exprimé le Président français Emmanuel Macron que la France participe pleinement au développement sécuritaire du Pacifique et de l’océan indien, à la fin de l’année dernière. N’oublions d’ailleurs pas que la France possède la seconde plus grande ZEE du monde, après celle des États-Unis, et que les DOM-TOM de l’océan indien et du Pacifique donnent à la République française une assise solide dans ces deux régions devenues hautement stratégiques.

D’ailleurs, le Président Macron avait insisté sur la nécessité pour la France de jouer un rôle de médiateur dans l’espace indopacifique. L’armée française a les moyens de jouer ce rôle, malgré le fait que les dépenses militaires hexagonales soient très inférieures à celle des marines américaines et chinoises. Mais cela n’empêche que le contingent militaire français occupe une place de choix, notamment dans l’océan indien, et cette place s’est consolidée avec le recul programmé de la « British Navy » dans notre région.

De plus, certains observateurs précisent que les camouflés diplomatiques récents de la France en Afrique de l’ouest, et l’effondrement rapide du bloc France-Afrique (le Niger étant le dernier pays en date à basculer vers un régime politique anti-France), ont forcé le Président Macron à accentuer encore plus la présence de l’armée française dans l’est de l’océan Indien.

Ainsi, nous devinons aisément que ces missions de reconnaissance militaires, tout comme les exercices que les armées françaises, indiennes, américaines, britanniques, saoudiennes et émiriennes conduiront en commun vont se multiplier dans notre région.

Cela va à l’encontre de la récente prise de position du Pape François qui s’est exprimé pour la sortie du nucléaire militaire, rejoignant les cris de plusieurs ONG et partis politiques comme Resistans ek Alternativ à Maurice. Mais la réalité géopolitique est plus que jamais éloignée de l’utopisme de la démilitarisation et du refus du nucléaire dans nos océans.

Maurice devra apprendre à vivre et à composer avec les armées les plus puissantes du monde dans ses ZEE ; nous n’avons pas d’autre choix…

* * *

Fernando Villavivencio, candidat aux élections présidentielles en Équateur, assassiné

Fernando Villavivencio, député et candidat aux prochaines élections présidentielles en Équateur, a été assassiné mercredi alors qu’il quittait un rassemblement politique à Quito.

Le principal journal du pays, El Universo, a affirmé que M. Villavicencio, ancien journaliste de cette publication, avait été assassiné « selon la méthode des sicarios (tueurs à gages), avec trois balles dans la tête », méthode utilisée par les cartels, notamment pour les assassinats politiques. Selon cette même publication, la fusillade a aussi fait un nombre indéterminé de blessés, même si le suspect a été appréhendé et tué pendant la fusillade.

La semaine dernière, Fernando Villavivencio avait fait état de menaces contre lui et son équipe de campagne. Ces menaces venaient d’un chef d’une bande organisée proche de puissants narcotrafiquants en Équateur. Le député avait même écrit le message suivant : “Malgré les nouvelles menaces, nous continuerons de lutter pour les braves gens de notre Equateur.”

Ces récentes menaces n’étaient pas nouvelles pour le député. Alors qu’il présidait la commission en charge de la fiscalité à l’assemblée nationale, Fernando Villavivencio s’en était souvent pris à la corruption et au blanchiment d’argent, se mettant à dos plusieurs caïds et trafiquants, et notamment un certain “alias Fito”, leader de la bande “Los Choneros”.

Fernando Villavicencio, un centriste de 59 ans, était l’un des huit candidats au premier tour de la présidentielle prévu le 20 août. Selon les derniers sondages, il se classait deuxième en intentions de vote avec environ 13%, derrière l’avocate Luisa Gonzalez, proche de l’ex-président de gauche Rafael Correa.

Ces dernières années, l’Équateur est confronté à une vague de violence liée au trafic de drogue qui, en plein processus électoral, a déjà entraîné la mort d’un maire et d’un candidat au Parlement. En outre, la présidente du Conseil national électoral (CNE), Diana Atamaint, avait indiqué mercredi que plusieurs membres de cette autorité chargée de superviser le scrutin avaient reçu des menaces de mort. Le nombre d’homicides pour 100,000 habitants s’est établi à 25 en 2022 dans le pays, presque le double par rapport à 2021.

L’Equateur, pays connu pour la beauté de ses paysages et sa cuisine, sombre ainsi lentement mais sûrement dans une violence liée au trafic de drogues. Cela semble être le cas d’un nombre important de pays de l’Amérique centrale et latine, notamment depuis le démantèlement et l’éclatement des cartels contrôlés par Pablo Escobar.

Est-ce que cet assassinat plongera le pays dans une crise politique ? Difficile de l’affirmer pour l’instant. Mais la dégradation sécuritaire récente en Équateur semble se confirmer, sans que les autorités n’arrivent à trouver des solutions réelles pour lutter contre la culture des gangs qui se propagent rapidement dans cette région du monde.


Mauritius Times ePaper Friday 11 August 2023

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