« La stratégie du MMM et du PTr est de pousser l’électorat à se diviser par la polarisation partisane »

Interview : Jack Bizlall

‘Les jeunes qui s’intéressent à la politique ne savent RIEN et ne veulent RIEN savoir de ce qui les attend d’ici 15 ans, soit 2033’

 ‘On a arrêté Al Capone pour non paiement de taxes. Ici on peut arrêter plusieurs trafiquants pour paiement de taxes sur des biens dont les acquisitions sont inexplicables’


Dans l’interview de cette semaine, Jack Bizlall, observateur politique et syndicaliste chevronné, dit crûment tout ce qui empêche le pays d’avancer dans la bonne direction. Il aborde, avec son franc-parler habituel, des sujets d’actualité tels que la drogue, les inconvénients causés par la mise sur pied du Metro Express. Il brosse aussi un tableau de la vie sociale et politique en livrant le fond de sa pensée s’agissant de la réforme électorale et des futures alliances de différents partis politiques en 1919/1920…


 Mauritius Times : Abordons d’abord quelques sujets qui défraient l’actualité ces temps-ci. S’il ne fait pas de doute que le grand chantier pour la mise sur pied du Metro Express crée des inconvénients pour beaucoup de citadins et de commerçants dans certaines régions spécifiques, avez-vous quand même l’impression qu’il y a une certaine exagération dans la manière dont les choses sont rapportées ?

Jack Bizlall : On parle effectivement beaucoup du Metro Express. En mal. Les insatisfaits sont les passagers du transport public, les automobilistes, les marchands… J’ai une amie qui vend du pain au marché de Rose-Hill qui m’a dit avant-hier que sa vente a drastiquement baissé. La FPU se trouvant à côté de la gare de Rose-Hill, après l’odeur nauséabonde, nous avons en ce moment la poussière et un bruit infernal…

Je suis personnellement outré par ce que l’on a fait des arbres qui longeaient la rue Vandermeersch. Un véritable massacre à la tronçonneuse. Littéralement. Allez voir ce qu’ils ont fait des arbres qu’ils ont replantés à l’arrière du CEB de Rose-Hill.

Pravind Jugnauth est disqualifié pour se présenter comme Premier ministre à cause de ce qui se passe avec le Metro express. Qui n’aime pas la nature ne peut aimer les êtres humains. Il aime la terre et le béton. C’est son choix de vie. Je lui demande de respecter ceux qui aiment la nature. Les goujats maltraitent les femmes. Il aurait fallu trouver un nom pour ceux qui maltraitent la nature. Mais puisque la femme fait partie de la nature, tirez les conclusions qui s’imposent.

Le Gouvernement perd de crédibilité et de soutien avec ce projet. On nous annonce son inauguration avant les élections générales. Je n’ai pas l’impression alors, que les élections sont pour début 2019.

Je crois que nous ne sommes pas dans l’exagération de ce qui est rapporté. Nous sommes dans une situation d’exaspération. Ce gouvernement doit partir. Le plus tôt sera le mieux pour notre société. Si le Premier ministre doit marcher sur le tapis rouge pour visiter le sentier, imaginez la situation de ceux qui n’ont pas ce privilège.

* La question fondamentale qu’on doit se poser, c’est de savoir si le Metro Express va effectivement résoudre le problème de congestion routière dans le pays ? Lié à cela, il y a la question de l’aménagement du territoire. On n’en parle pas vraiment, sauf des ‘Smart Cities’ et des autres projets pour les ressortissants étrangers…

Je crois que la population doit agir maintenant pour sauver la casse ou il sera trop tard pour reculer. Si on étudie ce projet relativement à son objectif de décongestionner le trafic routier, ce sera un échec terrible. Il n’y a pas de doute à ce sujet. J’ai dit à un meeting que je mangerais mes chaussures si tel serait le cas. L’Inde nous entraîne dans une dépense qui sert les intérêts de ceux qui nous vendent des équipements. De l’argent gaspillé.

Mais si on tient en considération qu’aucun projet ne se réalise sans ceux qui détiennent vraiment le pouvoir politique, on constatera que la construction du métro express a été précédée par la construction des centaines de kilomètres de routes pour desservir toutes les régions où des habitations de luxe sont construites pour des millionnaires. Des milliers d’hectares de terres sont bouffés par l’asphalte et le béton. Ce qui fait que le Metro express va être utilisé dans le cadre du transfert en cours des Mauriciens vivant sur le littoral vers les villes. Entre la Vallée des Prêtres et Forest Sidé.

Nous avons dépensé des milliards dans des routes et nous dépensons des milliards dans la construction du Metro Express pour servir la stratégie du secteur privé de quitter le secteur de production agricole pour le secteur hors production : hôtellerie, le résidentiel et les finances. Notre pays, dans sa presque totalité, est en vente aux plus offrants.

Ce que les économistes n’observent point, ils ne sont d’ailleurs pas de bons observateurs, c’est que les terres sont converties en argent qui permet à 4 ou 5 familles de posséder aujourd’hui des banques et des entreprises financières. Tout est concentré dans la finance, l’endettement des ménages et des entreprises industrielles qui restent…

Nous sommes devant un fait accompli. Moi je suis pour continuer à dénoncer sans démagogie. Comment le faire ? C’est en expliquant ce qui se passe et ce qui va se passer.

Un régime qui soutient ce type de développement ne planifie rien en termes d’aménagement du territoire. Il laisse faire.

 * Il y a aussi l’abandon des terres par les petits planteurs de la canne à sucre et le ‘long-standing issue’ de baisse de revenus de cette catégorie de planteurs et autres difficultés que ces derniers rencontrent en termes de main-d’œuvre, le refus du Gouvernement d’assurer un meilleur partage des revenus de l’industrie cannière. Le mouvement de soutien lancé par Pradeep Jeeha en faveur de ces petits planteurs parle en termes de « génocide »… Comment réagissez-vous à cela ?

 Nos grands-parents se sont sacrifiés pour s’acheter un terrain. A un certain moment il y avait plus de 30 000 petits planteurs. Aujourd’hui tout est dilapidé. Ces terres sont achetées par les grosses compagnies de plantation. Allez vérifier quelle est l’ampleur de ce transfert de terres et ce que les grosses compagnies agricoles font de ces terres. Vous serez choqué.

Cependant qu’on fasse attention lorsqu’on parle des difficultés que rencontrent ceux qui ont gardé leurs terres., Ils ont pendant des années soutenu les usiniers et à chaque scrutin ils ont bénéficié des avantages que les autres citoyens du pays n’ont pas obtenus. Allez voir ce que certains font des véhicules hors taxes dont ils bénéficient. Ils sont toujours les propriétaires mais ces véhicules sont utilisés par d’autres personnes, par la tractation de ventes non enregistrées.

On ne doit pas utiliser des termes comme génocide. C’est déplacé et cela a une connotation de destruction ethnique. Il faut faire attention. Tel n’est PAS le cas. Si c’est le cas, c’est avec le consentement des victimes. Eh alors nous entrons dans le champ des psychopathologies.

Je soutiens depuis plus de six ans des petits planteurs qui veulent s’engager dans la plantation d’autres choses que la canne. Ils sont en tout sept. Le projet repose sur quatre idées de ma part :
1) Avoir un terrain d’un seul lot de 50 arpents. L’application a été faite et le terrain a déjà été identifié. Ce projet repose sur deux concepts que je compte expliquer plus tard.
2) Rassembler ces planteurs pour une gestion individuelle de leurs plantations mais regroupés ensemble pour bénéficier de l’économie d’échelle et se protéger de vols de légumes et de fruits (c’est le problème No 1 des planteurs). Cela a été fait dans la cohésion la plus parfaite. Ils sont prêts. Je leur ai fait enregistrer un affidavit pour assurer les autorités de leur honnêteté.
3) Mettre en place une coopérative de management qui s’occupera de leur comptabilité, de leurs achats collectifs, de la vente et de l’exportation de leurs produits, etc. Cette coopérative a été enregistrée. Elle est prête à entrer en opération. Pour d’autres planteurs et éleveurs aussi.
4) Utiliser au maximum les moyens de financement disponibles. Ces moyens existent et sont dilapidés par les protégés des régimes qui se succèdent.

Il faut s’assurer que l’on ne passe point à une situation de surendettement. Il faut des personnes sérieuses. Nous allons voir ce qui va naître de ce projet. Ils ont eu, en ma présence, des réunions avec le ministre de l’agriculture. Ce dernier est d’une gentillesse exemplaire, mais il lui faut développer d’autres qualités qui lui font cruellement défaut.

Je préfère me taire pour ne pas créer une discorde dans un milieu qui doit se réorganiser. Mais je crois qu’il est temps de dénoncer certains abus et la collusion incestueuse entre certains planteurs et les usiniers. Ça, rassurez-vous, je vais le faire.

* Il y a également les difficultés que rencontrent les pêcheurs et, en même temps, les accords de pêche avec l’Union européenne et des pays comme le Japon, etc. Comme les petits planteurs, la situation des pêcheurs est restée statique. Est-ce la faute aux pêcheurs/petits planteurs eux-mêmes, ou aux gouvernements respectifs ?

 Les pêcheurs doivent faire leur autocritique. J’ai fait des dizaines de réunions à travers le pays. J’ai aidé à créer une association de pêcheurs. A responsabiliser leurs dirigeants. Cette association a signé un premier accord avec Arvin Boolell du temps qu’il était le ministre de l’Agriculture et je dois dire ici qu’il nous a écoutés et a transcrit dans cet accord des propositions plus qu’intéressantes. Boolell et moi nous avons de grandes divergences, surtout en ce qui concerne le PTr, mais je dois dire qu’il a du cœur et de l’intelligence.

Un Comité, présidé par l’ancien juge Forget, a fait une étude de la situation de la pêche. J’ai été membre de ce comité et on a fait le tour du pays y compris Rodrigues. On a soumis trois rapports produits sur la base de deux ans d’études. Allez voir ce que les pêcheurs ont fait de tous ces efforts.

Il n’y a pas que ça. J’ai aidé les tireurs de sables. Plusieurs rassemblements sous la présidence de Tenermont de Pointe des Lascars (aujourd’hui établi en Angleterre). Finalement des discussions directes avec Bérenger et le déboursement de Rs 300 millions de compensations. Tout marchait bien.

Savez-vous pourquoi j’ai pris du recul ? Certains pêcheurs ont vendu leurs droits d’accès aux lagons. A chaque fois il y a eu un groupe pour venir insister non pas sur la protection de leurs droits, mais la vente de ces droits historiques aux promoteurs d’hôtels. Un véritable massacre. Je suis donc parti.

J’ai suivi ce qui s’est passé après. Ramphul et Mohamedally se battent mais SANS projet intelligent. Il faut qu’ils reprennent le combat là où on s’est arrêté.

Je dis mille fois que les gens doivent choisir des conseillers qui n’ont pas d’agenda caché. Qui ne sont ni cupides ni des Blanquistes. Le combat se mène dans le cadre du pouvoir extraparlementaire que nous possédons tous. Il me faudra relire ‘L’Homme révolté’ de Camus et sur la révolte de 1871 en France. Il y a beaucoup de trous dans notre conception de la révolution.

* Autre sujet qui fait presque quotidiennement les grands titres des journaux : le trafic de drogue, la prolifération des drogues synthétiques partout – dans les villes et villages –, dans les collèges… Il nous faudra plus qu’une commission d’enquête et d’un ‘Task force’ pour combattre ce fléau, semble-t-il. Avez-vous quelques pistes de réflexion ?

Les trois plus grandes préoccupations de l’Homme en tant qu’espèce naturelle sont : 1) sa protection sur tous les plans puisque il n’a pas de grandes défenses naturelles et il doit se nourrir, vivre et se reproduire ; 2) la justice puisqu’il doit vivre en société alors qu’il n’a pas, de nature, des caractéristiques pour le pousser à la propriété collective et il a perdu au cours de son évolution cérébrale la solidarité naturelle des animaux grégaires. Il se construit en permanence par la socialisation coercitive de la production et réclame le partage de droit; et 3) le loisir. C’est le loisir qui développe sa créativité.

Je vous mets au défi de répertorier le nombre de jeux que l’Homme a inventés. Vous ne le pourrez pas. Je réduis vos difficultés en vous demandant de chercher le nombre de jeux utilisant une balle. Je vous explique tout ça pour vous faire comprendre que nous n’avons aucun droit d’agir contre la nature saine de l’humain. Vous n’entrez pas dans le champ de la liberté de la personne.

On ne peut priver l’humain, par le coercitif, de produits naturels dont il se sert depuis la nuit des temps pour son loisir et son évasion spirituelle ou mentale. Pour son repos aussi et certainement pour se soigner. Tout interdit est accompagné de production de drogues mortifères. Le cannabis ne l’est pas. J’ai créé avec des amis le ‘Cannabis Légalisation And Informative Movement’ (CLAIM). Nous militons pour la décriminalisation de la consommation des drogues, La légalisation du cannabis, un combat contre les importateurs et distributeurs de drogues mortifères, et l’interdit de la consommation du cannabis aux jeunes de moins de 25 ans (pour le besoin de la construction du cerveau) et aux personnes souffrant de maladies psychiques (pour ne pas aggraver leur situation).

Il y a deux types d’importateurs de drogues à Maurice. Ceux qui utilisent Maurice comme plaque tournante et importent par voie maritime de grandes quantités pour la réexportation et ceux qui importent de petites quantités par voie aérienne pour la consommation locale. Les financiers des drogues ne seront JAMAIS arrêtés. C’est à l’Interpol et à la FIU qu’incombe la responsabilité de combattre les trafiquants. Quant à la consommation locale, on peut agir d’une manière performante si on engage les habitants de certains endroits et les professeurs de certains collèges.

On a arrêté Al Capone pour non paiement de taxes. Ici on peut arrêter plusieurs trafiquants pour paiement de taxes sur des biens dont les acquisitions sont inexplicables.

* Autre sujet d’actualité : la réforme électorale. Selon les dernières informations, le Gouvernement va proposer son projet tel qu’il l’a soumis précédemment, c’est-à-dire la copie du comité interministériel rendue publique deux mois de cela, sans quelque modification. Que le MMM vote « under protest » ou non, il n’est pas certain que le Gouvernement puisse obtenir la majorité des trois quarts pour faire voter son projet de loi. Avez-vous une idée de ce qui se trame ?

 C’est la catastrophe si ce document passe et c’est la catastrophe si un autre document n’est pas présenté. On joue avec l’avenir de notre société.

Le Mouvement Premier Mai (MPM) a soumis ses propositions au Gouvernement et aux partis politiques parlementaires. Je crois que les personnes avisées doivent se rencontrer et préparer la contre-attaque sur deux plans : 1) dénoncer ce qui est proposé, et 2) faire une proposition alternative. Il faudra organiser une grande manifestation d’opposition. J’ai laissé le soin au MPM de prendre l’initiative et je me suis retiré temporairement du MPM pour faciliter ce rassemblement.

 Les propositions et contre-propositions sont les suivantes :

Gouvernement : 63 députés – Système First Past The Post – 21 Circonscriptions – 3 députés par circonscription.

MPM : 80 députés sous le système First Past The Post – 40 circonscriptions à 2 députés – Création de l’Assemblée Autonome de Rodrigues.

Gouvernement : Abolition de la déclaration des communautés et ainsi du Système Best Loser – Remplacement par 6 à 10 Best Loser Seats qui seront remplis par les leaders des partis politiques.
MPM : Abolition de la déclaration identitaire et ainsi du Système Best Loser – Combats contre son remplacement par le Best Loser Seats et contre TOUT recensement ethnique

Gouvernement : Introduction du Party List (PR) avec 12 députés nommés sur 24 noms soumis par les Leaders des partis politiques.
MPM : Introduction du Party List avec 20 députés nommés UNIQUEMENT de la liste des 80 candidats pour assurer une opposition parlementaire

Gouvernement : Pas plus de 2 candidates sur 3 du même sexe SINON sanctions. Pour le First Past The Post et la Représentation proportionnelle.
MPM : L’application de la parité hommes et femmes pour le First Past The Post

* Après l’annonce de la nouvelle dans un quotidien, Paul Bérenger a démenti qu’il aurait fait mention, lors d’une récente réunion du bureau politique du MMM, de l’option d’une alliance avec une autre formation politique. Le leader du PTr a aussi réitéré la décision de son parti de se présenter seul devant l’électorat. Tout cela apportera plus de clarification à la chose politique, mais voyez-vous les choses évoluer différemment à l’approche des élections ?

J’ai déjà dit dans une précédente interview que tout laisse croire que ces deux partis, le MMM et le PTr, iront séparément. Pour trois raisons :

Le MMM et le PTr n’ont aucune crédibilité pour s’allier maintenant par rapport à la question de la République présidentielle. Les deux se sont discrédités. Personne n’a renié cette voie qui fut celle du MMM, en 1987. Je n’ai pas la mémoire courte. Il y a ensuite le gros problème de la conduite de Ramgoolam sinon je crois que l’alliance serait déjà faite. Comment faire avaler la pilule Ramgoolam à l’électorat du MMM et du MSM ? Pas possible.

Ils espèrent remporter plus de candidats séparément qu’au sein d’une alliance politique. Ce qui est vrai. Question de rapport des forces après pour une alliance électorale dans un cadre des résultats des élections à trois. Je crois aussi que le PMSD ne peut quitter Ramgoolam et que Bérenger ne peut accepter Duval maintenant – question de clientèle électorale commune – au sein d’une alliance préélectorale. Mais souvenons-nous que le MMM s’est allié au PMSD en 1997 et aux élections de 2000; et il y a le MSM au pouvoir et le jeu des alliances après les élections. Suivez les tractations de Bérenger en 1974 (avec Duval) et en 1976 (avec Ramgoolam et Duval).

Des personnes aux bonnes intentions me mettent la pression pour un rapprochement avec le MMM. PAS possible. Vraiment pas possible. J’ai répertorié le comportement de Bérenger depuis 1967. Je suis arrivé à la conclusion qu’il se sert de tout le monde. Je n’ai aucune confiance en lui. Absolument aucune. La dernière fois ce fut en 1988.

La stratégie du MMM et du PTr est de pousser l’électorat à se diviser par la polarisation partisane, dans un cadre d’affaiblissement des quatre partis politiques pouvoiristes et de faire venir vers eux tous les petits partis politiques qui existent et qui sont en gestation. Une fois les élections terminées, de décider entre un « Hung Parliament » suivi par des élections générales anticipées et la nécessité objective de créer une alliance postélectorale qui soit acceptée par la population mise devant un fait accompli.

Nous serons, d’une façon ou d’une autre, dans la même situation de 1976. C’est aux forces de gauche et progressistes de se rassembler au plus tard juin 2019 pour une stratégie électorale transitionnelle si on ouvre un débat dès maintenant sur la politique souhaitable pour la République de Maurice. Je vous donne l’assurance que c’est possible.

 * Toujours en ce qui concerne cette question de réforme électorale, il y a eu des interventions de ‘Affirmative Action’, aidées en cela par certains prêtres catholiques ; Xavier Duval s’est aussi impliqué dans le débat, et il a aussi critiqué la « Electoral Boundaries Commission » par rapport au redécoupage électoral. D’autres associations sont intervenues pour émettre leurs points de vue sur ces sujets et aussi sur le recensement ethnique. Comment réagissez-vous devant tout ce déballage de critiques, d’appréhensions, de préjugés… 50 ans après notre Indépendance ?

Je publie sur Facebook depuis quatre jours des analyses sur la question. Aujourd’hui c’est mon dernier texte. Vous pouvez les publier si vous le voulez. Je reproduis quatre extraits :

26 novembre – L’ethnicité est un concept social qui nous concerne tous. En vérité, CHAQUE habitant de notre planète. Indistinctement. A Maurice nous nous referons aux termes races, communautés, castes… Ailleurs ce sont les termes tribu, clan, smala… qui sont utilisés. Ce n’est pas la même chose. Il y a une grande confusion pour raison d’amalgame, de réductionnisme et d’opportunisme politique avec une bonne dose de populisme aussi.

27 novembre – Toute démarche réductionniste exploitant les clivages de natures ethniques en ignorant les nombreuses caractéristiques acceptables et acceptées sur le plan de l’ethnicité, est autant idiote que dangereuse.

 28 novembre – Notre société humaine, dans son ensemble planétaire, est constituée de 194 Etats reconnus par les Nations Unies avec quatre autres ayant des statuts spéciaux. Plus une liste de 13 autres Etats pas reconnus (comme l’Etat Islamique) ou en attente d’être reconnus (comme Taiwan).

Mais si on parle de pays dans le sens d’entités géographique et humaine, on dit qu’il y aurait 324 pays selon une étude non homologuée. Sous cette définition, Rodrigues serait à juste raison, un pays. Mais je pense que nous en avons plusieurs centaines. Il y aurait 6912 langues dans le monde. On a recensé 123 langues maternelles au Népal en 2011.

Pour ce soir 29 novembre – La question des nombres relativisés, opposés, juxtaposés… ne m’intéresse pas. Je vais me battre contre tout recensement à nature ethnique. Ce n’est pas acceptable. Ce que je cherche c’est de faire comprendre aux uns comme aux autres qu’il existe des dizaines d’ethnies à Maurice et que chacun d’entre nous appartient à plusieurs d’entre elles. Et c’est bien que ce soit ainsi. Cela ne peut être autrement avec deux religions universelles (le catholicisme et l’Islam) et deux grandes philosophies autant universelles (l’Hindouisme et le Bouddhisme). Avons-nous affaire a des incultes à la tète de nos institutions ? La relève politique est-elle autant inculte ?

Je publie un opuscule sur la question de l’ethnicité. Je dois publier mon livre sur Rodrigues avant.

* Il n’y a pas que le redécoupage électoral à reconsidérer pour que notre démocratie soit plus « fair and inclusive », pour réduire le poids de l’ethnicité dans la politique locale et aussi la mainmise des leaders politiques sur l’appareil et les finances des partis, ou pour assurer le renouvellement de notre personnel politique. Avez-vous réfléchi à des moyens pour surmonter ces difficultés?

Il faut lire deux publications du MPM. La première proposant une nouvelle république et la seconde nos contre-propositions sur le projet électoral du gouvernement. Je me concentre ces temps-ci sur le découpage électoral. Permettez que je vous livre mes premières constatations et propositions.

Les statistiques de 2018 affirment qu’il y a 923,316 électeurs enregistrés pour 21 circonscriptions. Soit une moyenne de 43,967 électeurs pour une circonscription. Or en analysant les chiffres, on constate quoi. Vous avec deux circonscriptions avec plus de 60,000 électeurs (Pamplemousses-Triolet No 5 (63,527), et Savane-Rivière Noire No 14 (62,183). Par ailleurs il y a deux circonscriptions avec moins de 25,000 électeurs (Port-Louis Sud et Port-Louis Central) No 2 (23,959) et Port-Louis Maritime et Port Louis Est No 3 (21,530).

Quand je propose un retour à la situation de 1959 et 1963, soit 40 circonscriptions, j’observe que les noms des circonscriptions sont binaires déjà. Elles ont conservé les noms de l’époque, Exemple Beau-Bassin (ex 39) et Petite Rivière (ex 40) aujourd’hui connu sous le nom de Beau-Bassin et Petite Rivière. Dons un premier problème est résolu.

En analysant je pense que l’on peut adopter concrètement 40 circonscriptions y compris Rodrigues (23,000 en moyenne) ou 39 circonscriptions excluant Rodrigues (22,910 en moyenne).

Vous savez je dors presque avec ce problème en tête chaque soir. Il y a deux types de personnes qui s’intéressent à ce problème pour l’instant. Des pouvoiristes passéistes des deux bords qui jouent avec notre démocratie et des jeunes technocrates qui attendent que le système produise une situation où ils pourront entrer à l’Assemblée nationale par décision non du peuple mais de leurs leaders.

* Rien ne va changer tant que la présente génération de politiciens reste en place, soutient-on. Ce blocage politique que connaît le pays va perdurer donc quelle que soit l’issue des prochaines législatives ; ce sera du pareil au même ?

Il faut faire attention. Les jeunes qui s’intéressent à la politique ne savent RIEN et ne veulent RIEN savoir de ce qui les attend d’ici 15 ans, soit 2033. J’ai écrit un opuscule à leur intention. Ce sont pour la plupart des technocrates sans vergogne et sans pudeurs qui croient tout savoir sans avoir vécu et appris. Je suis désolé, j’ai une piètre opinion d’eux. Même ceux à gauche. Voyez leur position de classe et voyez leur situation de classe.

* En attendant, ‘a lot of water will flow under the bridge’, comme dirait l’Anglais d’ici les prochaines législatives : l’affaire MedPoint devant le Privy Council, la campagne qui sera sans doute livrée contre Navin Ramgoolam durant des mois précédant le scrutin par rapport aux affaires devant les cours de justice. Les dés ne sont pas encore jetés, quoiqu’il existe le sentiment que la majorité silencieuse a déjà pris sa décision. Qu’en pensez-vous ?

 Vous croyez cela ? Certes en 2014, il y a eu une conscience avancée des électeurs, mais ils ont voté qui ? Sortant de la République présidentielle-nous sommes tombés dans la république monarchique. “Abyssus Abyssum Invocat”. Une faute entraîne une autre. Ainsi va la vie politique à Maurice.


* Published in print edition on 30 November 2018

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