« Nous avons nos psychopathes… nous en avons peut-être trop »

  Interview: Jooneed Jeeroburkhan

* « Une alliance PTr-MMM ne nous donnera pas « Un Autre Maurice »
Nous aurons plutôt des milieux d’affaires rassurés, des politiciens heureux, des médias domptés »

* « Ce ne sont pas les médias qui transmettent l’image d’une société malade. La société est malade »

Jooneed Jeeroburkhan, notre invité cette semaine, nous donne son point de vue sur la violence qui se dégage de la société mauricienne. Il s’intéresse au rôle et au fonctionnement des médias et à la difficile conciliation entre le métier de journaliste, la nécessaire objectivité dans le traitement de l’information et le fait de fonctionner comme une entreprise. Les considérations linguistiques et culturelles dans un monde en évolution sur le plan politique et économique sont aussi discutées… 


Mauritius Times : Trois crimes sexuels en une semaine : un père viole sa propre fille de 15 ans ; une jeune handicapée mentale violée par un travailleur manuel ; et la petite Joannick Martin violée et brûlée vive à Richelieu. 4,000 cas de violences sur les enfants ont été rapportés aux autorités, selon Gender Links, qui ajoute : « L’île Maurice est malade, et il n’y a aucun traitement pour cela ». Qu’en pensez-vous ?

Jooneed Khan : C’est l’indicible horreur. Trois drames abominables dans la même semaine, c’est trois drames de trop, surtout pour un pays de 1,2 millions d’habitants, soit de la taille d’une grande ville européenne ou nord-américaine. Il ne fait aucun doute que Maurice est malade, l’île Maurice comme vous dites, car ce qui se passe est devenu une norme, intolérable, dans l’île principale de notre archipel. Rodrigues, Agaléga, la communauté chagosienne semblent largement immunisées contre cette maladie. L’île Maurice, elle, ne finit plus d’en subir les ravages. J’ai relevé dans mon livre le meurtre odieux de Vanessa Pourone en 2005 — et sa 2e mort dans la manchette d’un grand quotidien qui la reléguait au rang de « victime de sa vie dissolue ». Je n’ai pas comptabilisé les crimes analogues qui ont suivi, sauf celui, insoutenable, de Marie-Ange Milazar en 2009, reléguée sans doute à la même poubelle par ce titreur bien-pensant. Mais cette fois au moins, on a assisté à un solide haut-le-cœur de la société civile. « Plus jamais ça », ont crié des jeunes, et des moins jeunes, en défilant dans les rues. Mais là encore, le média-bizness a imposé ses priorités, au point où l’effroyable calvaire de la petite Joannick Martin a éclipsé les autres atrocités, dont celles de cette semaine, sans oublier les drames familiaux, la prostitution de mineures et les crimes liés à la drogue.

Vous dites que 4,000 cas de violences sur les enfants ont été rapportés par Gender Links? Ce serait aussi utile de savoir pour quelle période ces cas ont été enregistrés. La maladie a des causes multiples, mais la plus profonde reste notre passé de viols, de mutilations et de violences « légitimé » par l’esclavagisme et l’engagisme. Ce passé nous colle à la peau de mille façons, nourrit nos fantasmes, détermine nos parcours, et tous les rêves médiatisés, tous les « progrès » qu’on nous vante, toutes les évasions qu’on nous propose, n’y peuvent rien : ils ne font qu’accroître notre aliénation et aggraver nos frustrations.

Psychologues et sociologues peuvent au mieux en traiter les symptômes. Extirper le mal par la racine requiert un grand pardon, une catharsis nationale, une réconciliation dans la justice, une vision et une volonté de cheminer solidairement vers l’entraide et le respect mutuel. On en est bien loin.

J’espère me tromper, mais la Commission Justice et Vérité semble devoir dédouaner certains sans rendre leur humanité aux autres. Notre pays reste l’otage d’un modèle qui donne tous les droits au « gagnant » et qui est sans pitié pour le « perdant ». Au tournant crucial où se trouve l’humanité, avec la nouvelle mondialisation qui nous appelle, c’est par là que doit commencer l’avenir : par la maîtrise de l’État-archipel au cœur de l’océan Indien, et aussi par la transformation de notre peuple pluriel en un équipage soudé par la fin d’une longue impunité et par un projet d’égalité citoyenne.

* Les ONG et les travailleurs sociaux affirment que la recrudescence de ces crimes représente le revers de la médaille d’un système capitaliste, alors que le Père Filip Fanchette soutient qu’il faut faire attention et ne pas lier le meurtre de la petite Joannick Martin à la pauvreté – « car ce n’est pas seulement à Maurice qu’il existe de tels actes de barbarie ». Il faut donc chercher ailleurs ?

Le père Fanchette a raison de rappeler qu’il existe des tueurs pathologiques, de vrais psychopathes au sens clinique du terme, et qu’il ne faut pas tout rejeter systématiquement sur la pauvreté. C’est vrai. Le phénomène des tueurs en série est bien connu dans la vie comme dans le roman et au cinéma. Mais ce phénomène est commode pour déresponsabiliser la société à l’inverse de la guerre qui, elle, déculpabilise le soldat car il tue pour son pays.

Il fut un temps où l’Occident vainqueur de 1939-45 traitait l’Allemagne nazie de « psychopathe » Plus tard, le Cambodge de Pol Pot et le régime ougandais d’Idi Amine y passaient. Mais que dire de la psychopathie de l’Occident, avec plus de 10 millions de tués dans l’Afrique des Grands lacs pour le pillage des ressources minières du Congo-Kinshasa depuis 1990 ? Et d’au moins 2 millions de tués en Irak depuis la même année, pour le pétrole, pour l’hégémonie anglo-saxonne dans le monde arabe, pour la poussée géopolitique de l’OTAN vers l’Asie centrale? Nul doute que la brève histoire de sociétés communistes, voie socialistes, a produit elle aussi son lot de forcenés psychopathes.

Mais le capitalisme (et l’impérialisme) ont beau se parer de l’étendard de la « démocratie » et des « droits humains », ils ne peuvent plus cacher leur propre psychopathie. La « légalisation » de la torture à Guantanamo et dans les autres Abou-Goulags de l’Empire, dont Diego Garcia, n’est plus un secret. Les documents du Pentagone coulés par Wikileaks montrent que des gangs de GI rivalisent dans l’assassinat pur et simple, et en série, de civils afghans – comptabilisés ensuite comme « talibans ». Idem pour les GI en Irak. De retour aux États-Unis, ces GI, perturbés par leur vécu en Irak et en Afghanistan (le fameux Post-Traumatic Stress Syndrome, PTSS), tuent souvent femme et enfants, avant de se suicider. Cela prend désormais des proportions épidémiques chez l’Oncle Sam, et sur fond de crise économique aggravée.

Ce n’est pas parce que Maurice ne participe pas aux guerres US et de l’OTAN en Irak et en Afghanistan qu’il ne subit pas lui aussi les fatals contrecoups du capitalisme. À ne pas oublier que le capitalisme mauricien est né, avec un siècle de retard, dans les mêmes conditions qu’aux États-Unis – avec la force militaire, le vol des terres, et la violence de l’esclavage dans les colonies « américaines ». Il ne s’agit pas de « chercher dans le capitalisme ou ailleurs» la racine de ces crimes innommables. La recherche doit se faire dans plusieurs directions en même temps. Nous avons nos psychopathes. Nous en avons peut-être trop, compte tenu de la taille de notre population. Cela devrait en soi faire l’objet de recherches. Et le capitalisme, s’il « crée la richesse », selon le dogme, crée aussi la pauvreté, ce qui veut dire aliénation et frustration, qui restent refoulées jusqu’à ce qu’elles explosent, sauvagement et aveuglement.

* L’image quotidienne que nous transmettent les titres de presse et les ondes des radios privés, c’est en effet celle d’une société malade. La presse exagère-t-elle? Est-ce une représentation excessive de ce qui se passe dans notre société ?

La question des médias, surtout des médias privés, c’est qu’ils sont d’abord des bizness, des entreprises vouées au culte du profit. « Media is a business » et « Groups go with what sells », pense nul autre qu’Amadou Mahtar Ba, patron de l’African Media Initiative (AMI) et invité d’honneur la semaine dernière à un colloque de l’UoM sur les médias et la démocratie.

Ce ne sont pas les médias qui transmettent l’image d’une société malade. La société est malade. La course effrénée pour le meilleur scoop, pour l’image la plus choquante, la plus sensationnelle, amène les médias à « travailler » l’aspect de la maladie qu’ils veulent nous présenter. Pour attirer toujours plus de lecteurs et plus d’auditeurs que leurs concurrents, donc pour maximiser les revenus publicitaires. Ils font ainsi eux-mêmes partie du problème, et ils aggravent le mal social. Le CEO de l’AMI incarne d’ailleurs tout un paradoxe dans cette équation : son oncle, Amadou Mahtar M’Bow, fut le grand promoteur d’un « Nouvel Ordre mondial de l’Information » dans les années 1970-80, lorsqu’il était Directeur Général de l’Unesco. Sa volonté de contrer « l’eurocentrisme » du discours médiatique alors dominant lui valut l’hostilité des pays occidentaux, et les États-Unis se retirèrent même de l’Unesco. Jugeant probablement que There Is No Alternative, Amadou Mahtar Ba, le neveu, décida dans les années 1990 de rallier le camp adverse : il réorganisa l’agence panafricaine Pana en la privatisant, il lança l’agence en ligne AllAfrica.com, il fut accueilli au sein du Forum économique de Davos, et le voilà désormais patron de l’AMI. Celle-ci invoque la fragilité économique et les restrictions politiques en Afrique pour amarrer les médias au secteur privé.

Mais le 21e siècle apporte tout un revirement : le concept même des médias est remis en cause; la course aux profits et les liens incestueux entre les empires médiatiques et les pouvoirs publics ont discrédité les médias, surtout après Bush et l’Irak; et voici maintenant les nouveaux médias, voire le journalisme-citoyen. Ici comme ailleurs, les gens exigent aussi des médias publics, à vocation culturelle et pédagogique, qui ne font pas de profits mais qui renforcent l’identité nationale par les arts et les débats. Dans ce contexte, Maurice est atypique : héritier de la plantation coloniale, le secteur privé est depuis longtemps aux commandes du pays, et avec lui, les médias privés (même si l’express a été lancé pour soutenir l’indépendance dans les années 1960), alors que la MBC, radio et télé publiques, a encore du pain sur la planche pour bien remplir son mandat social, artistique et culturel.

* Par ailleurs, certains journaux et radios privées se sont fait taper sur les doigts pour leur traitement de l’affaire Choonee. Le Premier ministre n’y est pas allé de main morte dans ses attaques contre certains journalistes qu’il a qualifiés de « pseudo-intellectuels » et de « quarterly intelligent ». Il a aussi réitéré l’intention du gouvernement de légiférer pour imposer des normes aux médias. Comment réagissez-vous d’abord à l’affaire Choonee et par rapport à cet énième conflit presse-pouvoir ?

L’affaire Choonee, je l’ai dit à plusieurs de vos collègues, c’est le symptôme d’un mal profond. Ce fut ma réaction première, et j’ai bien apprécié quand Ram Seegobin, de Lalit, a dit la même chose à un journal. Depuis, j’ai répété l’image du marécage communaliste que la Constitution protège et que tous les Establishments alimentent, ce qui ne les empêche pas toutefois de déclencher une chasse hystérique contre le moindre moustique qui décolle de ce même marécage! Le choix du moustique à chasser varie selon l’Establishment, ce qui entraîne des incohérences que plusieurs ont relevé.

Un conflit de plus entre presse et pouvoir que l’affaire Choonee? C’est sûr. Mais pourquoi ces conflits, qui ne cessent de revenir et qui s’enveniment souvent jusqu’au point de rupture? Nous avons ici une spécificité mauricienne, qui va bien au-delà de la simple opposition entre presse et pouvoir que l’on enseigne aux étudiants : dans l’apartheid mauricien, qui a duré jusqu’à l’arrivée du suffrage universel en 1958 (il y a 52 ans seulement !), tous les pouvoirs étaient, d’une façon ou d’une autre, aux mains ultimes de la petite minorité de colons français, de leurs descendants et de leurs alliés culturels et linguistiques. On est en face d’une mentalité hégémonique, convaincue de sa mission de « civiliser le monde », y compris les Africains et Asiatiques qui s’apprêtaient à s’emparer de l’État grâce au droit de vote.

Maurice a obtenu sa décolonisation externe, mais sa colonisation interne demeure : une composante de la société, petite mais puissante par son pouvoir économique, son surfing de l’hégémonie occidentale, et l’activisme de ses alliés francophones-francophiles locaux (et souvent ceux-ci plus que celle-là) n’accepte toujours pas le changement. L’Establishment culturel francophone, si fier des progrès du français à Maurice alors que cette langue régresse partout ailleurs, ne digère pas un Mookeshwar Choonee comme ministre des Arts et de la Culture. Il a été ciblé dès les 100 premiers jours avec, semble-t-il, la complicité de certains de ses propres conseillers.

Paradi an dey a fini par avoir son visa de projection, Gaston Valayden a fini par avoir des excuses publiques du ministre, mais Choonee a été pourchassé sans pitié dans l’affaire Vaish comme un pestiféré. Je n’ai pas connu beaucoup de ministres dans mes 40 années de métier qui ont eu le courage de s’excuser publiquement pour une décision erronée. Autre spécificité mauricienne : nos compatriotes d’origine asiatique affirment désormais leur propre fierté culturelle en contre-poids à l’hégémonie française et occidentale déclinante; mais ni les uns ni les autres ne reconnaissent ni ne respectent encore l’identité toute aussi noble, originale et digne de fierté de nos concitoyens venus d’Afrique…

* Puisque nous parlons de la presse, comment avez-vous réagi à la lecture des révélations du Journal du Samedi concernant les contrats négociés par Air Mauritius et certains titres de presse ? Contrats qui mettraient à la disposition de ces entreprises de presse des billets d’avion « gratuits » en contrepartie des avis publicitaires faits par Air Mauritius dans les publications de ces entreprises. Un tel arrangement porte-t-il atteinte, selon vous, à la déontologie journalistique ?

Sans aucun doute, la déontologie en prend pour son rhume. Un annonceur, et pas des moindres, la ligne aérienne nationale de notre État-archipel, qui offre de payer ses annonces dans les médias en billets d’avion plutôt qu’en argent, s’ingère avec force dans la gestion de ces médias, dont il mine l’autonomie de décision. C’est une porte ouverte au chantage des patrons de presse sur leurs employés et à des rivalités débridées entre journalistes et autres employés pour l’accès à ces billets d’avion !

* Un autre qui s’est fait taper sur les doigts, c’est Harish Boodhoo, blâmé par l’ancien vice-Président de la République, Raouf Bundhun, pour sa défaite lors des élections générales de 1976. M. Bundhun accuse l’ancien Chief Whip de « machinations sournoises et traîtres » lors de ces élections… Votre réaction ?

Raouf Bundhun avait, comme nous tous, 34 ans de moins en 1976. Il ne s’attendait peut-être pas à être trahi par les siens. Que cette affaire soit étalée dans un livre en 2010, cela a une valeur factuelle, sans plus. La pratique, elle, se porte bien, à en juger par la campagne de Hoosain Atchia, candidat malheureux du MMM au no 2, contre son heureux colistier Reza Uteem. L’affaire risque même de finir en Cour.

* Il semblerait que M. Raouf Bundhun, celui-là même qui se dit « Ramgoolamiste » et qui espère que la postérité se souviendra de Navin Ramgoolam comme d’un « vrai rassembleur » affirme que ç’aurait été idéal si le Parti travailliste s’alliait au MMM car « une bonne partie de la population – plus de 40% – (qui) ne se sent pas incluse dans ce gouvernement ». Un autre Maurice est possible, semble croire Raouf Bundhun avec la mise en place d’une alliance PTr-MMM…

Une alliance Ptr-MMM ne nous donnera pas « Un Autre Maurice ». Nous aurons plutôt des milieux d’affaires rassurés, des politiciens heureux, des médias domptés, le même train-train, et, sous la cendre, le volcan prêt à exploser. Pour avoir « Un Autre Maurice », cela prendra la vision nationale inclusive et la maîtrise de l’espace océanique évoquées plus haut. Cela signifie aussi prendre du bon côté le basculement du monde et trouver le modèle alternatif approprié. Je ne comprends pas la lubie de Bundhun. C’est du passé. Que le MMM vienne de l’avant réclamer à nouveau une coalition, ce serait autre chose. Mais Raouf Bundhun, ex-vice-Président, qui joue les Michel Debré et Alexandra ?

Le pays est instable, dit-il, parce que l’opposition n’est pas au gouvernement ! Mais c’est cela la démocratie, il y a un gouvernement et une opposition. Il veut peut-être « Une Autre Démocratie… » ! J’aimerais alors savoir comment il voudra financer les partis et les élections. Du coup, je me suis demandé si Raouf Bundhun était d’une certaine obédience franc-maçonne! J’attends d’ailleurs que l’express nous gratifie un de ces dimanches d’un dossier sur « L’Argent et le Pouvoir » à Maurice, et d’un autre sur « Les Francs-maçons et le Pouvoir » à Maurice !

* Un autre Rodrigues est aussi possible, semblent croire certains dans cette dépendance : « Rodrigues indépendant ». Certaines voix se font entendre de temps en temps, dont celle récemment de Alain Tobize, le Président de la Rodrigues Government Employees Association, à l’effet que « l’indépendance est la solution pour Rodrigues », cela en vue « de sauver la société rodriguaise ». C’est la suite logique à l’autonomie ?

Que des Rodriguais, et d’autres encore, parlent d’indépendance pour Rodrigues ne doit guère nous étonner. Maurice, l’État, ses institutions, sa société civile, sont loin d’alimenter et de renforcer le sentiment d’appartenance, de fierté et d’identité nationales dans toutes les îles de l’archipel, de manière égale et respectueuse.

Par contre, des intérêts étrangers, relayés par certains secteurs locaux, verraient bien Maurice réduite à l’ex-île de France, et Rodrigues, les Chagos, etc., nouer des liens spéciaux avec Paris, Londres, Washington, qui veulent tous s’accrocher à l’océan Indien, nouvel axe du monde, quitte à inventer des « parcs marins » ! Et si ces nouveaux liens doivent passer par l’indépendance de ces îles, ces intérêts n’hésiteront pas à entamer la ZEE de Maurice et à multiplier les obstacles entre l’Inde et Maurice. Avertissement donc à Maurice et aux Mauriciens : que l’État, ses institutions et sa société civile s’occupent de tous les habitants et de toutes les composantes de l’archipel sans distinction aucune, avec la même intensité, le même respect et le même engagement de développement durable.

* Après la commémoration de la bataille de Grand Port ici et le dépôt de gerbes à l’Arc de Triomphe par le Premier ministre, voilà notre ministre du Tourisme qui s’en va participer à une séance de travail avec le Secrétaire d’Etat au Tourisme français, Hervé Novelli et Didier Robert, Président du Conseil Régional de la Réunion en vue d’identifier un certain nombre d’actions communes et concrètes à mettre en place dès 2011 pour l’aboutissement du projet Iles Vanille. « Little France Zindabad » indeed ?

La France cherche constamment à renforcer voire à élargir son espace stratégique dans le sud-ouest de l’océan Indien. La France est dans la COI parce que les autres l’acceptent comme pays de l’océan Indien, malgré le dossier de Mayotte et malgré l’éventuelle décolonisation de la Réunion. D’où le projet îles Vanille, branding soft et charmeur pour des visées géostratégiques. Car cet espace francophone, avec ses capitaux et son savoir-faire, lorgne de plus en plus vers Madagascar et le Mozambique, cherchant à fixer dans la région un pôle significatif et durable. Tout doit servir la cause, depuis le folklore de la bataille de Grand-Port jusqu’à la facilitation des déplacements dans toute la région. Mais beaucoup voient que le monde bascule, que le kreol est sur le point d’entrer dans les écoles à Maurice, que le fait français dans la région risque de finir comme à Mahé, Calicut et Djibouti, dans le pittoresque et le bizarre.


* Published in print edition on 24 September 2010

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