Un vent de changement souffle-t-il sur le pays ?

Élections générales

Par Aditya Narayan

La campagne électorale bat son plein à coups de meetings publics, de congrès régionaux et de « canvassing » porte-à-porte par des candidats aux élections. Il reste dix jours jusqu’au scrutin décisif du 10 novembre. Les partis en lice entreront dans la ligne droite vers le but avec les grands rassemblements nationaux prévus pour ce weekend, et dont l’ampleur aura une portée psychologique certaine auprès de l’électorat.

A ce jour, il semble que l’Alliance du Changement (Opposition) ait un léger avantage sur ses adversaires, à en juger par la foule présente aux meetings et son enthousiasme débordant. Ayant le vent en poupe, cette alliance pourra-t-elle maintenir le rythme de mobilisation populaire jusqu’au jour du scrutin? Si l’on constate qu’un certain vent de changement souffle sur le pays, il faut dire que c’est la majorité silencieuse absente des meetings qui décidera de l’issue des élections en cochant d’une croix les bulletins de vote dans l’isoloir.

Tournant historique

Certains candidats optimistes de l’Alliance du Changement sont assez téméraires pour prévoir un raz de marée électoral en leur faveur. En l’absence de sondages sur les intentions de vote à intervalles réguliers, comme on en voit dans les pays avancés, il est difficile de prédire l’issue du scrutin avec certitude dans un pays comme Maurice où parfois des facteurs autres que politiques ou économiques influencent les électeurs, dont les replis identitaires et la proximité du candidat.

Ces élections ont une valeur de tournant historique au même titre que les élections de 1967 pour l’indépendance politique ou les élections de 1982 qui furent disputées sur une base idéologique. Elles offrent le choix entre la Continuité ou le Changement.

  • La Continuité, c’est la perpétuation du statu quo marqué par la mauvaise gouvernance dans bien des domaines, comme le confirme le rapport 2024 de « Mo Ibrahim » sur la gouvernance démocratique en Afrique. En effet, selon l’African Governance Index, Maurice a subi une baisse de 4 points de 2014 à 2023, passant au deuxième rang avec 72,8 points sur 100 derrière les Seychelles qui occupent la première place au classement avec 75,3 points.
  • Le Changement, c’est l’ouverture d’une perspective générale pour une réforme profonde du système socio-économique et politique ainsi que la méthode de gouvernance.

S’il est vrai que le sentiment populaire contre le statu quo (anti-incumbency feeling) est assez fort, il n’en demeure pas moins que les promesses monétaires de l’Alliance Lepep (gouvernementale) ont le potentiel d’atténuer l’impact de la révolte contre la cherté du coût de la vie et autres maux qui rongent le tissu social (drogue, corruption, népotisme). Cette alliance a fait des promesses audacieuses qui coûteraient au minimum Rs 50 milliards durant la première année d’un nouveau mandat si elles devaient être réalisées, comme nous l’avons expliqué dans nos éditions précédentes.

Loyer hypothétique

Pour faire miroiter les mirages de cette carotte devant l’électorat, le chef de l’Alliance Lepep s’appuie sur une source hypothétique de financement en brandissant un “carnet de loyer” pour la location de l’île de Diego Garcia aux Anglais. Or, ce loyer n’est pas encore acquis car un traité entre les deux pays est à négocier après l’avènement d’un nouveau gouvernement à Maurice. Déjà des voix conservatrices s’élèvent au Parlement britannique contre l’accord anglo-mauricien sur la souveraineté sur l’archipel des Chagos. Elles en appellent même à Donald Trump, candidat républicain aux élections présidentielles du 5 novembre aux États-Unis, de renverser cet accord au cas où il deviendrait président.

L’Alliance du Changement a aussi fait des promesses monétaires mais dans une moindre mesure. Elle a rendu public son manifeste électoral mardi après celui de l’Alliance Lepep. Les deux manifestes, comme celui de la troisième force Linion Reform, regorgent de promesses et de propositions de réformes. Une analyse comparative de ces manifestes est nécessaire pour évaluer la fiabilité financière et la viabilité économique des propositions.

Bandes sonores

Contrairement aux campagnes précédentes, la présente campagne électorale a connu un phénomène inédit et recelant une certaine innovation technologique. C’est la diffusion sur les réseaux sociaux des bandes sonores des conversations enregistrées – par, parait-il, une agence de l’Etat – qui place des personnalités sur écoute téléphonique. L’initiative en revient à un lanceur d’alerte qui dit être contre les abus de pouvoir. Read More… Become a Subscriber


Mauritius Times ePaper Friday 1 November 2024

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