‘Rien n’est joué pour l’instant’
|Interview: Jocelyn Chan Low
“Les anciens activistes koltar du MMM ont souvent vu leurs espoirs de victoire s’envoler face au vote ‘régimiste’ qui submerge le ‘protest vote'”
* ‘Qui voudrait que les masques tombent…
… et que l’électeur avisé se rende compte que, derrière le verbiage, ils sont tous pareils ?’
* Diego Garcia: ‘Une victoire totale ne s’obtient que sur un champ de bataille’
À l’approche des élections générales à Maurice, le paysage politique se redessine, suscitant des questionnements sur les dynamiques en jeu. Les premières analyses indiquent que l’Alliance du Changement, regroupant le PTr, le MMM, le ND et le ReA, pourrait bien se positionner en faveur d’une victoire significative. Cependant, ce constat précoce soulève des interrogations sur la capacité de cette alliance à maintenir son élan face aux défis qui l’attendent. Dans cet entretien, Jocelyn Chan Low examine les forces et les faiblesses des différentes coalitions, tout en analysant l’émergence potentielle de nouvelles formations comme Linion Reform, qui pourrait représenter une “troisième force” dans un contexte politique de plus en plus volatile.
Mauritius Times: Il est peut-être un peu prématuré de se faire une idée précise du véritable rapport de forces sur l’échiquier en vue des prochaines élections générales. Cependant, selon plusieurs observateurs, un sentiment général semble indiquer que l’Alliance du Changement (PTr-MMM-ND-ReA) pourrait se diriger vers une victoire significative. Partagez-vous ce sentiment ?
Jocelyn Chan Low: Il est encore trop tôt pour l’affirmer d’une manière catégorique. Il est vrai que l’Alliance du Changement a bien démarré sa campagne électorale. Les difficultés qui paraissaient insurmontables pour la concrétisation de l’alliance avec ReA ont été aplanies, il y a eu peu de contestations par rapport au choix des candidats, elle semble avoir remporté la première manche de la bataille médiatique, à la fois dans les titres de presse traditionnels et sur les réseaux sociaux. Bref, elle semble disposer d’une organisation plus rodée que celle de son adversaire direct.
Par contre, l’Alliance Lepep a complètement raté son départ, et cela d’une manière inexplicable. Il est difficile d’expliquer le choix et la présentation de certains comme candidats potentiels dans certaines circonscriptions menant à des contestations et tergiversations, donnant l’image d’une alliance tâtonnante, peu sûre d’elle-même, – ce qui est néfaste pour galvaniser ses partisans. Pourtant il semblerait qu’il y ait eu un comité qui a étudié chaque dossier d’une manière minutieuse. Comment expliquer alors la grosse bourde au numéro 18 et dans d’autres circonscriptions ?
En outre, alors qu’en 2014, l’Alliance Lepep dominait à travers ses clips sur les réseaux, en 2024, ce n’est plus le cas. Il y a évidemment un manque de créativité et d’innovation quelque part dans leur équipe responsable de la communication. De même elle semble avoir perdu la bataille en termes de couverture par la presse traditionnelle.
Cela dit, rien n’est encore joué.
Tous les observateurs et analystes savent qu’il y a plusieurs temps dans une campagne électorale. Souvent c’est l’opposition qui a le vent en poupe au début avec des partisans chauffés à bloc à un moment où traditionnellement les remontrances contre le gouvernement du jour remontent à la surface.
Mais dans un deuxième temps, passé le temps des remontrances, on arrive au moment du bilan et des projections pour l’avenir, et ce, au moment de la contre-réaction des partisans du gouvernement en place. Les anciens activistes koltar du MMM en connaissent beaucoup sur la question, ayant trop souvent vu leurs espoirs de victoire s’envoler lorsque le vote ‘régimiste’ submerge le ‘protest vote’.
Il faut donc se méfier de tout excès de confiance pouvant amener à un relâchement dans les efforts. Rien n’est joué pour l’instant.
En outre, comme le rappelle le grand stratège Sun Tzu: ‘De même que l’eau n’a pas de forme stable, il n’existe pas dans la guerre, de conditions permanentes.’ On a eu un aperçu avec l’émergence surprenante de Linion Reform…
* Mais, si nous sommes effectivement confrontés à une vague de soutien en faveur de l’opposition, qu’est-ce qui, selon vous, pourrait l’expliquer ?
Il y a plusieurs raisons à cela. D’abord il ne faut pas oublier que le MSM et ses alliés n’avaient récolté que 37 % des votes aux dernières élections générales. Et le régime a été fragilisé par de nombreux scandales ou allégations de scandales.
En outre, il y a eu une dépréciation constante de la roupie avec un impact significatif sur les prix. Certes, le bilan social du gouvernement est plus que remarquable, mais ceux qui en ont bénéficié sont principalement les personnes âgées et les plus vulnérables. Or, ces derniers sont les moins aptes à se manifester bruyamment sur les réseaux sociaux, etc.
Par contre, le déclassement de la classe moyenne, qui a débuté il y a plus de vingt ans et qui a contribué à la défaite de l’alliance PTr-MMM en 2014, n’a pas été stoppé. Il se pourrait même qu’il ait été accéléré par les effets de la pandémie de Covid et de l’inflation galopante.
En outre, le MSM est au pouvoir depuis plus d’une dizaine d’années. Il y a un dicton coréen qui dit qu’aucun pouvoir ne dure plus d’une dizaine d’années. L’usure du pouvoir est effectivement un facteur à prendre en ligne de compte dans toute analyse politique.
* On dit aussi souvent que tout se joue durant les deux dernières semaines, voire à la veille des élections. Est-ce vraiment possible, et quels facteurs pourraient changer la donne ?
Il faut souligner d’abord qu’avec le déclin des noyaux durs et des dépôts fixes des partis traditionnels, le nombre des indécis a considérablement augmenté dépassant largement les 50% C’est un électorat volatile, sans grande loyauté politique et qui décide souvent à la dernière minute. En outre, les sondages révèlent que dans le fond plus de 60% de l’électorat ne croient plus vraiment dans les partis et les leaders traditionnels et ils ne se reconnaissent pas en eux. Il est certain qu’une partie de cet électorat se décidera à la toute dernière minute. De même, il ne faudrait pas non plus sous-estimer le vote ‘régimiste’, conservateur, qui souvent s’affirme à l’heure du choix.
Bien sûr, il y a aussi une possibilité d’une vague en faveur du changement qui emporterait tout sur son passage. Il est trop tôt pour affirmer quec’est le cas actuellement. Attendons que les tendances se précisent, notamment aux alentours delafête de Diwali.
* Vous avez sans doute remarqué que la principale cible des dirigeants de l’Alliance Lepep, y compris celle du leader lui-même, est Ramgoolam et ses coffres-forts, et nous ne sommes qu’au début de la campagne électorale. De plus, on insiste également sur la fiabilité de l’Alliance du Changement et sur les difficultés de collaboration avec Paul Bérenger. Cette stratégie pourrait-elle avoir un impact significatif sur l’opinion publique au fur et à mesure que la campagne avance ?
Certainement pas sur les partisans fidélisés ou sur le “hardcore” ou le noyau dur des différents partis qui se sont unis au sein de l’alliance. Mais, si l’on croit les sondages, ils sont largement minoritaires dans le pays.
Par contre, cette stratégie pourrait certainement avoir un impact sur les indécis ou sur ceux qui ne croient plus dans les partis traditionnels ou ceux qui réfléchissent pour le long terme, Il faut souligner que les indécis – c’est-à-dire ceux qui décideront de l’issue des prochaines élections – sont loin d’être un bloc homogène,
* Nous sommes témoins ces temps-ci d’attaques, lors des rassemblements politiques et sur les réseaux sociaux, ciblant les personnalités, tant des leaders que de leurs proches. Cette situation soulève des questions sur la manière dont les enjeux réels sont traités durant la campagne et sur l’impact que cela pourrait avoir sur les décisions des électeurs. Qu’en pensez-vous ?
Si l’on se fie uniquement à la propagande sur TikTok et sur Facebook, on finira par être désespéré du niveau abyssal de la culture politique à Maurice. Le niveau des débats des années 70, voire des années 80, est malheureusement loin derrière nous.
Il faut se dire – comme Paul Bérenger l’avait affirmé avec beaucoup d’acuité vers 2010 – que ces plateformes ne sont pas propices aux grands débats politiques ne serait-ce parce que les algorithmes qui les régissent ainsi que les abonnés préfèrent des textes très courts et des clips à très courte durée. C’est ainsi que les slogans creux et des attaques personnelles sont privilégiés. Quant aux débats de fond, ils ne peuvent se faire que dans la presse traditionnelle. Mais un nombre incroyable de mauriciens ne lisent que les grands titres.
Ensuite, il y a les débats sur les radios privées mais surtout à la télévision nationale. Dans toute démocratie qui se respecte, un grand débat entre les protagonistes en liste devrait être le grand soir, le summum d’une campagne électorale.
Peut-on imaginer un débat civilisé entre Navin Ramgoolam et Pravind Jugnauth sur les grands enjeux du pays à une heure de grande écoute ? Et un autre débat avec les partis extra-parlementaires ?
Malheureusement, ce n’est même pas imaginable dans les circonstances actuelles.
En même temps, il faut sérieusement se poser la question si, au fond, les leaders éternels des grands partis traditionnels veulent vraiment un débat d’idées sur les grands enjeux du pays. Si un tel débat devait avoir lieu, l’électeur risque de s’apercevoir que leurs idées de même que leurs pratiques du pouvoir ne sont pas si différentes. Mais qui voudrait que les masques tombent et que l’électeur avisé se rende compte que, derrière le verbiage, ils sont tous pareils ?
Il faut se poser une autre question : pourquoi depuis des décennies, les programmes électoraux ne sortent qu’à la toute dernière minute quand la majorité des électeurs ont déjà fait leur choix ?
* Il faut toutefois reconnaître que Roshi Bhadain a présenté le programme électoral du Reform Party, qui a récemment rejoint Linion Moris. Bien que son programme ait semblé crédible, son adhésion à Linion Moris pour former Linion Reform vous paraît-elle surprenante ?
Malgré ses défauts, Roshi Bhadain apparaît comme un politicien moderne, plus en phase avec les pratiques et les principes qui devraient guider une campagne électorale d’une île Maurice moderne, que ce soit en termes de l’utilisation de l’internet pour ses meetings, de la non utilisation des oriflammes au profit des drapeaux des partis ou encore d’un programme élaboré en plusieurs points bien travaillé et réfléchi, publié des mois avant les élections et ouvert au public pour commentaires, suggestions ou discussions.
Nous sommes très loin des pratiques archaïques du siècle dernier, toujours en vigueur dans les partis traditionnels, et il semblerait qu’ils peinent à se renouveler.
À première vue, son alliance avec l’Alliance Moris peut effectivement paraître surprenante, tout d’abord en raison de sa forte personnalité et du fait qu’il avait affirmé il y a moins d’une semaine qu’il ne devrait y avoir qu’un seul capitaine sur un bateau. Voilà qu’il est maintenant question d’un partage du poste de Premier ministre avec Nando Bodha.
Mais, à voir de plus près, cette démarche est tout à fait logique. Elle prend en ligne de compte à la fois les réalités mauriciennes et la nécessité de ne pas disperser les votes en faveur d’une troisième force. Dans une lutte à trois, le moindre vote est important. En outre, il y a la question des moyens logistiques et du financement de la campagne où les partis extra parlementaires, malgré leur détermination et le fait qu’ils sont d’arrache pied sur le terrain depuis des mois, risquent de se faire écraser.
* Pensez-vous qu’une formation comme Linion Reform pourrait avoir un impact sur la politique à Maurice, à condition qu’elle ne s’effondre pas après les élections ?
Si l’on analyse de près les divers sondages, les électeurs qui, au fond, sont insatisfaits des partis et des leaders traditionnels représentent une large majorité dans le pays. Ce nombre n’a cessé de croître au fil des années, surtout en raison du manque de renouvellement en termes de leadership et de changements de pratiques au sein de ces partis. Il ne faut surtout pas oublier les jeunes électeurs, qui perçoivent le monde et la vie politique d’une manière différente de celle de leurs aînés.
Ainsi il y un espace pour l’émergence d’une troisième force.
Malgré le fait que le système du ‘First Past The Post’ favorise l’affrontement de deux blocs, il arrive un moment où des électeurs, dégoûtés par le choix qui leur est imposé entre deux partis ou blocs similaires, finissent par voter ailleurs. Il suffit de regarder les résultats des dernières élections en Grande-Bretagne, où les partis autres que le Labour ou le Parti conservateur ont récolté un record de 42,6 %. Peut-être que Roshi Bhadhain a une stratégie dans le moyen terme. En effet, il suffira qu’un ou deux candidats de Linion Reform soient élus pour qu’une énorme brèche soit ouverte dans le système politique actuel. ‘Une seule fente suffit pour couler un bateau’, nous rappelle un célèbre proverbe chinois.
Cela dit, Linion Moris est moins implanté dans les régions rurales que dans les régions urbaines. Cela est aussi dû au fait que les principaux dirigeants sont ou ont été candidats dans des circonscriptions urbaines. Est-ce aussi parce qu’une partie de l’électorat urbain est en errance car déçue des partis traditionnels auxquels elle était auparavant attachée ?
Si tel est le cas, la création de Linion Moris pourrait avoir un impact considérable sur l’’issuedes prochaines élections, notamment dans les circonscriptions urbaines ou il y a possibilité d’un vote panaché. Il pourrait favoriser le “Vot Koupé” au détriment du “vote bloc”.
* Peut-on déjà parler de Linion Reform en tant que probable “troisième voie” ou “troisième force” ? Et à qui profitera la division des voix qui interviendra sans doute avec la participation de cette formation politique, renforcée par l’entrée de Roshi Bhadain ?
Les conditions n’ont jamais été aussi propices pour l’émergence d’une troisième force à Maurice, compte tenu des sondages et aussi du fait que certains leaders des partis traditionnels ont fait leur temps mais s’accrochent au pouvoir – ce qui rend difficile le renouvellement de leurs partis.
En outre, il y a une nouvelle génération d’électeurs qui ne connaissent pas l’itinéraire historique de ces partis traditionnels. Et linion Reform semble bien placé pour incarner cette troisième force, d’autant plus que ceux qui songeaient à un moment à fonder un nouveau parti pour présenter une alternative crédible aux Mauriciens ayant choisi d’intégrer des partis traditionnels.
En ce qu’il s’agit de son impact sur l’issue des élections, il serait malhonnête de réduire l’action de Linion Reform à une simple question de division de vote en faveur de X ou Y. Il représente tout simplement une tendance dans l’électorat qui rejette les partis traditionnels. L’offre politique satisfait donc une demande de l’électorat et il n’y a rien de plus démocratique. Bien sûr, la nouvelle alliance va grignoter une partie des “protest votes” contre l’actuel gouvernement. Mais il ne faut pas oublier qu’elle incarne aussi un “protest vote” contre l’opposition traditionnelle.
Diego Garcia: ” Une victoire totale ne s’obtient que sur un champ de bataille et rarement à travers des négociations diplomatiques”
* Quelle analyse faites-vous du “deal” fait par le gouvernement mauricien avec les Britanniques concernant l’Archipel des Chagos et la base militaire de Diego Garcia?
C’est une très grande victoire pour la diplomatie mauricienne et une leçon pour le reste du monde que même un petit pays peut atteindre ses objectifs à travers la diplomatie si elle est soutenue par le droit international. C’est vrai qu’il y a des voix qui s’élèvent pour critiquer ce qu’elles considèrent comme un “sell out”, et non une victoire totale.
Il faut souligner que la question de Diego Garcia est une question qui ne saurait être vue à travers des lunettes de politique partisane. Une victoire totale ne s’obtient que sur un champ de bataille et rarement à travers des négociations diplomatiques. La diplomatie, c’est essentiellement la recherche d’une solution acceptable à tous les protagonistes à travers des négociations.
C’est pour cela d’ailleurs que depuis 1982, la diplomatie mauricienne a dissocié avec raison la présence d’une base militaire américaine sur Diego Garcia de la question de souveraineté de Maurice sur les Chagos. Le contraire nous aurait menés nulle part compte tenu de l’importance de la base de Diego dans la défense des intérêts non seulement des Etats-Unis mais aussi du ‘conceptual west’ – c’est-à-dire la Grande Bretagne, les pays de l’Union européenne, le Japon, la Corée du Sud, le Canada et l’Australie.
Mais comment réconcilier la présence d’une base militaire de la nécessité de neutralité en temps de conflit ? L’intérêt d’un bail avec cession des “sovereign rights” voudrait dire que la juridiction mauricienne ne s’appliquerait plus sur le territoire et, de ce fait, Maurice ne serait plus responsable internationalement des activités et des opérations de la base militaire.
* Toutefois, on pourrait se demander pourquoi le deal et, éventuellement, le bail a été fait avec l’Angleterre et non directement avec les Etats Unis…
C’est oublier que l’axe principal, le “corner stone” de la politique britannique depuis 1945, c’est le “special relationship” avec les Etats-Unis qu’il faut maintenir à tout prix. C’est cela d’ailleurs qui est au cœur de l’affaire Diego comme le révèlent les documents du Foreign Office et du Ministry of Defence britannique de l’époque qu’on peut consulter au Public Records Office de Londres.
L’excision des Chagos de l’île Maurice et la transformation de Diego Garcia en base militaire américaine étaient perçues comme le moyen idéal pour consolider la “special relationship”. D’ailleurs, au lendemain de la publication du “Joint Statement” de Keith Starmer et le PM mauricien, Boris Johnson exprimait son opposition car, selon lui, l’accord fragilise cette “special relationship”, Diego Garcia étant ce que la Grande Bretagne amenait à la table de cette relation spéciale. Comment la diplomatie mauricienne aurait-elle pu ignorer cet élément clé dans les négociations avec la Grande Bretagne ?
Il faut souligner qu’un “99-year lease” des Chagos aux Britanniques contre un paiement annuel était précisément la contre-proposition que SSR et tous les ministres mauriciens issus de tous les grands partis de l’époque, firent aux autorités britanniques quand l’affaire fut portée au cabinet en août 1965 et discutée à Londres en septembre 1965.
* On n’observe pas de changement dans la position mauricienne adoptée par nos gouvernements successifs depuis des décennies, malgré la bataille géopolitique entre les grandes puissances de l’Occident et de l’Asie dans cette région du monde. Quelle est votre opinion à ce sujet ?
La victoire diplomatique de Maurice est le résultat d’une très longue lutte avec le soutien des pays amis, à l’instar de l’Union Africaine, de l’Inde, des pays de la zone indianocéanique, de l’Amérique latine et d’autres pays du Sud Global qu’il faudrait remercier.
Cela dit, Maurice a brillamment su exploiter la nouvelle donne géopolitique globale. C’est un fait qu’aujourd’hui le monde est entré dans une nouvelle guerre froide entre les Etats-Unis, le leader du “conceptual west” d’un côté, et la Russie, la Chine et leurs alliés de l’autre côté, alors que les Brics résonnent comme un rappel de l’importance du Sud Global.
Les stratèges avancent que le 21e siècle sera le siècle de la guerre hybride où la puissance ne réside pas uniquement dans le “military hardware” mais aussi dans le “soft power”. Dans cette optique, l’Occident se présente comme le défenseur d’un ordre international basé sur le droit international. C’est au cœur du discours contre la Russie en Ukraine et la Chine dans la Mer de Chine. Ne pas restituer la souveraineté mauricienne sur les Chagos aurait été intenable compte tenu du jugement de la Cour internationale de justice et des résolutions de l’ONU. Ainsi, la diplomatie mauricienne a grandement profité de la conjoncture internationale.
* Quel impact ce “deal” et l'”assistance” qui l’accompagnera auront-ils sur les prochaines élections ?
Difficile à dire pour l’instant car on ne connait pas les détails sur la somme qui sera payée annuellement ni si les Britanniques accepteront qu’elle soit révélée avant les élections.
Reste cependant quelques détails intrigants autour du “timing” de l’officialisation de l’accord à la veille de la dissolution de l’Assemblée nationale. En général, la diplomatie britannique, américaine et indienne évitent toute action qui pourrait être interprétée comme une ingérence dans le processus électoral d’un pays indépendant. Aussi intrigante est cette référence constante, par ceux qui s’opposent en Grande-Bretagne — tant des députés conservateurs que des titres de presse — à l’accord selon lequel Maurice pourrait louer une partie des Chagos à la Chine.
Mauritius Times ePaper Friday 18 October 2024
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