La crise mondiale

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Plusieurs états craignent une crise semblable à celle de 1929 qui fut une crise déflationniste. Ceux qui dirigent notre pays doivent prendre conscience de sa situation économique et adopter un nouveau positionnement politique


By Jack Bizlall

Depuis le retour de Donald Trump, le monde est menacé d’une crise économique provoquée par des années de déficits commerciaux ($1130 milliards en 2024) et de déficits budgétaires des États-Unis. Ces derniers, en 2024, étaient de 7% de son PIB sans oublier la dette publique qui est de 122% du PIB en 2025, le plus élevé depuis 1776, c’est-à-dire depuis son indépendance.

Pour sortir de cette crise, que propose Trump ? Il propose de baisser les impôts et de taxer irrationnellement les importations ! Et ce, alors que les États-Unis sortent à peine de la crise 2007-2012, plus particulièrement celles de 2008 et 2009 et celle provoquée par la Covid-19, qui ont provoqué un ralentissement de la production et un accroissement du chômage.

Comme j’ai étudié l’économie à la fin des années 60, je suis intéressé à comprendre l’économie mondiale particulièrement depuis le commencement des années 70 (crise du pétrole) et à partir des années 80 avec la relance de la production mondiale par l’endettement massif des États-Unis. La dette américaine est aujourd’hui de plus de $36000 milliards.

Les États-Unis sont ainsi endettés envers plusieurs pays dont la Chine ($1150 milliards), le Japon ($ 1130 milliards), l’Allemagne, le Royaume Uni, l’Irlande, le Taiwan, etc., sans oublier les agences gouvernementales américaines et le secteur financier américain, entre autres. La dette des États-Unis envers Maurice est de 186,8 millions de dollars (2024), soit plus de 8,6 milliards de roupies. Des dizaines de pays se trouvent être les créanciers des États-Unis, l’Allemagne étant le plus grand créancier mondial.

Dans le cadre de mon auto-initiation à l’économie, j’ai écrit plusieurs articles. Celui que je vais reprendre ci-dessous est un texte que j’ai écrit dans le numéro 52 de décembre 1990 du journal « Komba Travayer », un organe de presse unifié de l’OMT- FNAS et de la FMP.

Économie-Politique – Stagnation, déclin et récession

Les informations qui nous parviennent confirment que l’économie internationale est entrée dans la troisième phase du présent cycle économique capitaliste: celle de la stagnation et du déclin. Les économistes réformistes tiennent Reagan responsable de la stagnation économique actuelle.

L’invasion de Koweït et la décision des États-Unis d’imposer un embargo sur l’Iraq risquent de provoquer la troisième crise du pétrole et, ainsi, accélérer le déclin économique. Les multinationales du pétrole ont déjà augmenté leurs prix et, d’ici la fin de l’année, les prix en général vont flamber si le Mexique, le Venezuela et l’Arabie saoudite ne parviennent à augmenter leurs productions.

La relance économique internationale par la politique de la consommation et de l’endettement adoptée par les États-Unis depuis 1983 a placé ce pays et le monde capitaliste dans une situation économique contradictoire et inconciliable. L’État américain contrôle la division de production internationale (par ses importations) ; il paye ses dettes en papier dollar et la masse de dollars en circulation dans le monde a fait de cette devise la monnaie internationale, et bien qu’il soit endetté d’une façon inimaginable (c’est le pays le plus endetté au monde), il maintient sa politique économique d’endettement et de consommation.

Par ailleurs, bien que les autres pays développés contestent la politique économique américaine, ils sont obligés d’assurer la protection du dollar et continuent d’exporter en masse vers les États-Unis, et financent jusqu’à ses dettes intérieures tout en lui demandant de redresser sa balance des paiements.

Quand on prend conscience que les dépressions économiques capitalistes sont généralement enrayées par le crédit accordé par les pays développés, on se demande comment les pays capitalistes vont sortir de la dépression économique qui les frappera tôt ou tard… Faudra-t-il détruire la surproduction, annuler les dettes, dévaluer le dollar, freiner la croissance économique ou accélérer la spirale de l’endettement pour empêcher la crise?

La stratégie de la dévaluation du dollar pour relancer la production américaine et pour réduire son déficit commercial sera dramatique pour les pays qui ont en réserve des milliards et des milliards de dollars. Pour l’économie américaine, elle sera aussi indigeste sur le plan des importations et des dettes extérieures.

Théoriquement il n’existe aucune solution à la crise qui s’annonce. Poursuivre le chemin tracé par les États-Unis, c’est – dans les faits – continuer à transférer en masse les ressources des pays développés vers les États-Unis. Cette politique ne peut continuer éternellement. L’adoption à son tour par l’Europe de la stratégie de la consommation et de l’endettement pour soulager les États-Unis et pour maintenir la production internationale à son taux de croissance actuel est une solution inacceptable pour les États européens.

Certains attendent que la politique du chantage du capital international arrive à forcer l’ouverture des marchés des pays socialistes aux produits des pays capitalistes développés. Ils risquent d’attendre très longtemps. Ces pays ne veulent libéraliser la convertibilité de leurs devises. Comme on le constate, la crise économique est derrière la porte, et les solutions aléatoires.

A l’île Maurice la reprise économique des années 84-86 a été effectuée sans planification, et c’est dans l’anarchie que l’expansion économique a été effectuée entre 1986 et 1989. On nous avait annoncé un boom économique pour l’année 1990. Nous sommes dans les faits au début du déclin économique.

La stratégie économique des régimes qui se sont succédé depuis 1983 est condamnable parce qu’elle a été élaborée sur la base de l’intégration complète de notre économie au système capitaliste international: elle a permis le déploiement de tous les mécanismes du système capitaliste dans le secteur financier. Ces régimes n’ont jamais pris au sérieux la situation économique internationale et n’ont pris aucune disposition pour préserver notre économie du choc de la récession économique internationale. Sortir du système capitaliste est un combat politique anticapitaliste que même le MMM, depuis longtemps, a renoncé à entreprendre.

La classe ouvrière ne doit pas permettre que les richesses qu’elle produit soient accaparées par les capitalistes pendant les années de prospérité et qu’elle ait à subir la misère quand s’installe la crise économique capitaliste.

* * *

Cela étant dit, faut-il se soumettre à Trump dans sa stratégie de réduire les dettes des États-Unis en taxant ses créanciers et payer les dettes par la somme faramineuse de taxes sur ses importations de ces mêmes pays créanciers ?

En arrière-plan, il y a des guerres sans justifications en Europe et au Moyen-Orient et d’autres qui s’annoncent entre l’Inde et le Pakistan, entre la Chine et le Taiwan. Plusieurs pays ont adopté des économies « de guerres » et, de plus, un clivage s’installe entre les États-Unis et l’Europe et les Brics. Guerre des devises ?

Plusieurs états craignent une crise semblable à celle de 1929 qui fut une crise déflationniste. Dans notre monde, aujourd’hui, une crise déflationniste combinerait une baisse de la demande et ainsi une augmentation relative de l’offre et une augmentation du « poids réel » des dettes.

Ceux qui dirigent notre pays doivent prendre conscience de sa situation économique et adopter un nouveau positionnement politique. Mais envers quoi en particulier ?

Je suis d’avis, que les champs d’actions doivent être de s’opposer aux guerres et de ne pas louer les Chagos aux États-Unis. Ne PAS recevoir l’argent SALE de la location de Diégo et il faut prendre conscience que le retrait (possible) des États-Unis de l’OTAN mettra en exergue l’expansion de sa base militaire à Diégo.

Il faut se souvenir du bombardement du Japon par les États-Unis le 9/10 mars 1945 de Tokyo, menant à un massacre de plus de 100,000 morts. La plus grande tuerie de l’histoire.

Ensuite, ce fut les deux bombes atomiques d’août 1945 – Hiroshima et Nagasaki. Plus de 200,000 morts sans compter les effets de la radiation. Encore des dizaines de milliers de morts entre 60,000 et 200,000 personnes et bien après la guerre. Il ne faut jamais faire confiance aux États-Unis. Absolument pas !

Jack Bizlall
4 Aout 2025


Mauritius Times ePaper Friday 8 August 2025

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