Mouvement syndical : La Confédération des Travailleurs du Secteur Privé (CTSP) fête ses cinq ans

Samedi dernier, le CTSP a fêté ses cinq ans d’existence dans ses nouveaux locaux à Rose-Hill. Une occasion pour se souvenir du parcours de ce syndicat et des circonstances de son arrivée au sein du mouvement syndical mauricien. Le programme était étoffé, entrecoupé de plusieurs intermèdes musicaux. La célébration a eu lieu dans une salle flambant neuve au deuxième étage.

Deux invités régionaux ont pris la parole. Par exemple, Mme Crecentia Mofokeng la BWI Regional Representative Africa & Middle East Region, a orienté son discours sur la précarisation du travail et l’importance de la résilience en milieu syndical pour faire face aux discours ultra-libéraux des différents gouvernements et parfois, leurs volte-face incompréhensibles, voire irresponsables. Plusieurs membres de la grande famille syndicale étaient aussi présents pour rendre hommage aux combats de la classe des travailleurs. La CTSP a tenu à rendre hommage aux anciens syndicalistes qui représentent un modèle pour les jeunes leaders syndicaux aujourd’hui. C’était aussi l’occasion pour Jane Raggoo de faire une rétrospective des combats et activités qui ont marqué la CTSP de sa naissance à ce jour à travers une projection vidéo.

Vers une organisation des travailleurs dans la solidarité

Dans les années 80s, la CTSP a décidé de regrouper les travailleurs du secteur privé en un seul syndicat : la Private Enterprises Employees Union. Il s’agissait d’unifier les forces afin de mieux négocier et signer des accords collectifs. Ensuite, dans les années 90s, les syndicalistes ont démarré un travail de terrain laborieux en vue de regrouper les travailleurs par secteur : construction, alimentation, imprimerie et papeterie, et chimie, entre autres. Comme les grandes figures syndicales du passé, ils se sont rapprochés de la base afin de mieux organiser, renseigner et consulter les travailleurs sur des questions préoccupantes du moment. En 2008, le Front Travailleurs du Secteur Privé regroupe divers syndicats sectoriels, entre autres la chimie, le bois, le bâtiment et le secteur des services (textile, tourisme, agriculture, distribution, …) et la Confédération des Travailleurs du Secteur Privé (CTSP) prend naissance.

Première victoire : Interdiction d’importation de l’amiante

En 1999, alors que la CTSP mène activement une campagne de sensibilisation dans le milieu ouvrier sur les dangers de l’amiante dans les constructions, les médias évoquent les dangers associés à l’utilisation de ce produit. Les travailleurs contractuels sont particulièrement exposés à l’amiante, étant donné qu’ils doivent procéder au désamiantage et à l’installation de nouveaux procédés employant l’amiante. L’université de Manchester est sollicitée pour vérifier que le « Asbestos Fibre Count », trouvé dans le poumon d’un travailleur nomme Claude Marguerite, contenait de l’amiante. L’exhumation de ce travailleur porte ses fruits car les résultats des tests démontrent effectivement la présence de l’amiante dans son poumon. Par conséquent, la loi est amendée pour interdire l’exportation de l’amiante bleu.

Premier accord collectif global et conditions de travail

En 2001, un premier accord collectif global couvrant les travailleurs de la construction et les travailleurs immigrants est étendu à travers le National Remuneration Board dans le Remuneration Order pour donner force de loi à un accord collectif signé entre le Construction, Metal and Wooden Employees Union (à l’époque, connu sous l’appellation Construction Metal and Furniture Employees Union) et le Building and Civil Engineering Contractors Association.

Cet accord représente un bond en avant pour la classe des travailleurs. D’abord, les travailleurs contractuels obtiennent le droit à un jour de congé maladie et un jour de congé casual par mois. Ensuite, ils bénéficient des mêmes salaires et taux d’augmentation que les travailleurs permanents. Puis, ils ont le droit à une compensation pour chaque mois travaillé.

Un deuxième accord global est signé en 2005 et, trois ans plus tard, suite à un lobby intensif auprès du Ministère du Travail, cet accord est étendu et intégré dans la législation. En 2006, les conditions de travail sont revues dans le secteur de la distribution et la CTSP milite pour que les travailleurs contractuels aient accès aux mêmes droits que les travailleurs permanents. A partir de ce moment-là, dans tous les accords collectifs au niveau des entreprises, les travailleurs contractuels bénéficient des mêmes avantages, sans aucune discrimination à leur égard.

Le travail décent en danger

D’après Jane Ragoo et Reeaz Chuttoo, le mouvement ouvrier connaît de plus en plus de difficultés, notamment après la création de l’OMC en 1995 et la volonté de plusieurs gouvernements à introduire des réformes au nom de la flexibilité. L’étau se resserre de plus en plus autour du monde syndical qui déplore les réformes ultra-libérales au sein de la République de Maurice. Les membres de la CTSP se souviennent de la manière dont les lois existantes avaient été votées en 2008. Pendant qu’une partie des travailleurs dans le secteur public étaient heureux de la révision alléchante des conditions de travail et des salaires, la majorité de la population, elle, s’intéressait aux Jeux Olympiques de Beijing…

Par conséquent, la CTSP organise la résistance et s’intéresse particulièrement au sort des travailleurs contractuels, ce type de travail sur contrat à durée déterminée (surtout de moins d’un an) tendant à devenir la norme… Désormais, le combat contre les nouvelles lois du travail font partie des objectifs principaux des syndicalistes de la CTSP. Jane Raggoo se souvient des grèves affectant la classe des travailleurs dans les usines, et le déploiement de la force policière pour réprimer toute forme de revendication, photographies à l’appui.

En 2009, à l’occasion du World Day for Decent Work, la CTSP organise des activités en vue de contrer les deux nouvelles lois imposées sur les Mauriciens, l’Employment Rights Act et l’Employment Relations Act. Un atelier de 11 jours a lieu du 26 septembre au 7 octobre 2009 et est suivi par plusieurs travailleurs, conscients des enjeux et des défis qui les guettent au 21e siècle pour maintenir le travail décent et éviter la désagrégation des avantages et droits durement gagnés par les anciens syndicalistes, tant à Maurice qu’ailleurs dans le monde. Ils se battent pour faire valoir le severance allowance pour ceux qui perdent leur emploi avant 60 ans. Ils se mobilisent pour défendre les femmes et les travailleurs migrants. Le 7 octobre 2009, la CTSP sensibilise les Mauriciens à Rose-Hill en distribuant des pamphlets sur l’importance du travail décent.

Education et sensibilisation de la masse

Depuis 2007, la CTSP a ouvert un centre de formation avec 24 ordinateurs pour former les travailleurs à l’usage de l’outil informatique. Trois cours ont lieu chaque samedi à 10H00, 12H15 et 13H45. Un nouveau groupe démarre son apprentissage à partir du 6 juillet 2013.

Pour la CTSP, aucun combat ne peut être légitime sans l’appui de la masse des travailleurs. Ainsi, à l’occasion de son cinquième anniversaire, la fédération syndicale s’est dotée d’un website accessible en ligne [ http://www.ctsp.mu/dossiers/dossiers.aspx ] afin de sensibiliser les travailleurs à l’importance de défendre leurs droits, et de militer activement et continuellement pour le travail décent et une meilleure protection sociale des travailleurs. Ce faisant, la CTSP compte aussi renforcer le dialogue social afin de permettre aux citoyens de la République de Maurice de vivre dans une démocratie vibrante. En invitant tout le monde à se joindre au combat syndical, la CTSP tente de promouvoir activement les droits au travail, d’encourager la création d’emplois décents, de développer la protection sociale et de renforcer le dialogue social dans le domaine du travail.

Ile Rodrigues

La CTSP reste proche des membres de l’île Rodrigues dont certains avaient tenu à faire le déplacement à Maurice pour prendre la parole lors des célébrations du cinquième anniversaire de la CTSP. Les intervenants ont souligné l’importance de la syndicalisation dans le monde contemporain afin que chaque travailleur, Mauricien ou Rodriguais, decouvre et comprenne ses droits. Par ailleurs, plusieurs travailleurs rodriguais ont deploré, à demi-mots ou ouvertement, l’attitude négative des officiers du ministère du Travail à leur égard à l’île Rodrigues. La CTSP demeure vigilante et milite avec ses membres afin que les droits des travailleurs soient respectés dans toutes les îles de la République. Elle propose la création d’un label rodriguais pour les produits de l’île et aussi l’ouverture des échoppes avec des produits rodriguais dans tous les hôtels de la République.

Vina Ballgobin

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Structure de la CTSP

CMCTEU Chemical Manufacturing & Connected Trades Employees Union

SDWU Soap & Detergent Workers Union

PEEU Private Enterprises Employees Union

LPIWU Leather & Plastic Industry Workers Union

NPIEA Newspaper & Printing Industry Employees Union

CMWEU Construction Metal Wooden & Employees Union

RCMWEU Rodrigues Construction Metal Wooden & Allied Industries Employees Union

UWPIL Union of Workers of Packaging Industry Ltd

FTUCS : Federation of Trade Unions of the Chemical Sector

FTUCWMS : Federation of Trade Unions of the Construction, Wood and Metal Sector

FPSSU : Federation of Private Support Services & Other Unions

SEEFAR : Safe Environment and Education Focussing on Action and Research

SAROP : Solidarity Action & Research Organisation on Poverty

PCCUL : People’s Cooperative Credit Union Ltd


* Published in print edition on 5 July  2013

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