Vina Ballgobin

Grève de la faim des petits planteurs de légumes :

Faut-il pénaliser ceux qui sont sincères ?

 

— Vina Ballgobin

 

En l’absence de documents concrets, qui faut-il croire : les planteurs de légumes en grève, les familles qui les encadrent ou les politiciens ? Sur quels faits doit se baser le citoyen ordinaire pour comprendre ce qui se passe ? Faudrait-il pénaliser ceux qui sont sincères à cause des roder-boute qui les accompagnent et qui font la grève de la faim ou faudrait-il rendre transparent le dossier et dénoncer publiquement les grévistes malhonnêtes?

 

 

Voilà ce que disent les planteurs de légumes à leur deuxième jour de grève de la faim sous le soleil de plomb, sous une tente, allongés sur des matelas et entourés de moustiques…

 

 

1/ Les planteurs de canne ont eu une compensation raisonnable et ils ont abandonné les petits planteurs de légumes. Ils ne sont pas solidaires.

 

2/ Les planteurs de légumes ont obtenu ces terres en 1985 (projet IFAD). Toutes les dépenses avaient été prises en charge par la NDU. Leur bail s’étale jusqu’en 2015. Les terres ont été testées par des spécialistes et reconnues comme étant  fertiles. Ces terres valent environ Rs5 millions aujourd’hui.

 

3/ 51 planteurs ont sous-loué à des locataires. D’autres n’ont pas planté du tout.

 

4/ Lors d’une rencontre avec le ministre Faugoo, ce dernier aurait fait comprendre aux petits planteurs de légumes qu’ils devaient retirer leur plainte en cour sinon il ne pourrait pas entamer des négociations avec eux.

 

5/ Ils ont retiré leur plainte et les négociations traînent depuis 4 ans alors qu’ils attendent une solution rapide. Les députés de la circonscription ne sont même pas au courant de leurs problèmes, disent-ils.

 

6/ Cela fait trop longtemps que les parents ou les enfants soutiennent les planteurs de légumes, adultes ou âgés. Certains planteurs en grève ont des enfants en bas âge. Or, à la Sécurité Sociale, il n’y a eu aucune orientation et aucune prise en compte spécifique de leur situation. Personne ne les a aidés pour leur indiquer s’il y avait des  aides appropriées (comme père chômeur avec un enfant à charge).

 

7/ A aucun moment, on ne leur a proposé des conseils pour les aider sur le plan social ou professionnel.

 

Alors à quoi servent toutes ces structures comme le « Empowerment Fund » ou le « Trust Fund for Vulnerable groups » ?

 

Leurs requêtes

 

1/ Etant donné que le bail dure jusqu’en 2015, il faudrait calculer de nouveau une compensation adéquate.

2/ Il faudrait donner 10 perches de terre à chacun pour qu’ils recommencent la plantation de légumes, garantir la sécurité alimentaire tout en les encourageant à rester dans cette voie.

3/ Il faudrait démarrer rapidement une enquête pour déterminer l’identité de ceux qui ont obtenu une compensation et en vérifier la légitimité.

4/ Il faudrait compléter les négociations rapidement.

 

Quelques suggestions

 

Le ministère concerné

Le ministère concerné doit posséder des informations concernant les grévistes et l’ensemble des planteurs. Pour garantir la transparence, le ministre concerné devrait rendre public, avec preuve à l’appui, (a) les noms des grévistes qui n’ont pas planté de légumes, et (b) dénoncer ceux qui n’ont pas planté mais qui ont quand même reçu une compensation dans le passé.

 

Le Trust Fund

1/ Il faudrait revoir le fonctionnement du « Trust Fund »  dont la mission première est : « Venir en aide aux personnes vulnérables ».   Jusqu’à preuve du contraire, plusieurs citoyens dénoncent le fait que cette institution favorise l’assistanat et la charité (en donnant de l’argent aux ONGs charitables qui vont donner un peu de nourriture de temps à autre aux « pauvres » qui font appel à leur générosité, et encore…).

 

2/ Il faudrait redéfinir les objectifs de cette institution qui devrait être pro-active et ses agents devraient aller vers la population « vulnérable » au lieu d’attendre qu’elle se déplace vers le « Trust Fund » (parce que la population vivant dans la « culture de la pauvreté » ne fera jamais ce pas). Il faudrait avoir le concours de psychologues pour aider ces personnes à sortir de la « culture de la pauvreté ».

 

L’Empowerment Fund

 

1/ Apres cette première étape avec le « Trust Fund », « l’Empowerment Fund » devrait aussi revoir sa mission et ses objectifs afin de devenir une institution pro-active et proche des personnes en difficulté. Il faudrait accompagner ces personnes dans leur cheminement vers le monde du travail ; sachant qu’avec ce type de public, le temps de la transformation variera de quelques mois à plusieurs années.

 

2/ Etant donne la culture du roder-boutisme, l’accompagnement devrait être complémenté par des formations sur les valeurs fondamentales, sur l’importance de la gestion de sa vie et de ses affaires professionnelles dans la transparence. Ceci dit, l’Empowerment Fund et le Trust Fund devraient adopter ces principes elles-mêmes pour donner l’exemple.

 

Suivi avec l’IVTB

 

1/ Plusieurs Mauriciens ont des qualifications s’arrêtant au niveau primaire ou à trois ans de collège. « L’Empowerment Fund » devrait mettre en place un programme flexible avec l’IVTB pour pallier l’absence de qualification professionnelle.

 

2/ Il faudrait créer un corps des métiers et enregistrer tous les ouvriers manuels. Quand ils sont en  chômage technique, il faudrait leur donner des cours rémunérés selon un salaire minimum sinon plusieurs resteront dans la « culture de la pauvreté » : être ballotté d’un emploi à un autre, être transféré d’un poste à un autre, crouler sous le poids des dettes, se considérer comme des travailleurs pas comme les autres, scander la formule : Mo conne faire tous travail moi ! »,  changer de domicile très souvent, être dans la précarité permanente, préférer le monde de la misère connu au lieu d’être motivé pour s’en sortir…

 

3/ Il faudrait que l’IVTB crée un annuaire électronique des ouvriers et des ouvriers spécialisés à laquelle pourrait se référer les citoyens pour des travaux chez eux.

 

La MBC

 

La MBC devrait démarrer une série d’émissions pour distinguer entre la « pauvreté » et la « culture de la pauvreté » afin de

(a) sensibiliser les Mauriciens aux différences entre ces deux types de personnes ;

(b) comprendre comment différents pays mettent en place des systèmes « d’empowerment » des pauvres ? (La MBC devrait se tourner vers l’Inde qui a fait des progrès importants dans ce domaine) ;

(c) comprendre les moyens utilisés et les difficultés des pays ayant démarré des programmes  pour ceux qui vivent dans la  « culture de la pauvreté » ? (La MBC pourrait faire appel au Canada pour traiter ce sujet épineux).

 

Pour finir

On ne choisit pas où on naît mais on peut choisir de réformer les institutions totalement inutiles (sauf pour favoriser des ONGs roder-boute et malhonnêtes, parce qu’il y en a d’autres dans le sud de l’île, par exemple où les responsables devraient vérifier l’état des maisons construites sous l’égide du « Trust Fund »…). Pour revenir aux grévistes qui avaient planté, eux, des légumes sur leur terrain, il faudrait  leur donner une formation  aux technologies nouvelles afin d’améliorer leur production et les encadrer pendant une certaine durée.

 

Vina Ballgobin

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