Ne touchez pas à notre ICAC! 

 Vox populi Vox Dei

Par Vina Ballgobin

L’ICAC est une institution financée par les deniers publics. Cette institution doit être transparent and accountable envers le peuple de la République de Maurice. Ce sont bien les Mauriciens et Mauriciennes qui suent sang et eau pour faire fonctionner cette institution et celle-ci a pour mission principale de protéger le peuple contre toutes sortes de malversations, fraude, corruption et malpractices en tous genres. Nous représentons la plus grande démocratie de l’Afrique : depuis l’affaire Medpoint v/s ICAC, tous les regards sont braqués sur nous. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre des places sur le classement mondial que ce soit pour Transparency International ou le Mo Ibrahim Index. Nous, les Mauriciens, nous n’aimons pas avoir honte car nous faisons ce que nous pouvons pour que notre pays avance avec dignité dans l’arène des grands et non pas des derniers parmi les derniers. Et nous attendons depuis bien trop longtemps que les politiciens se mettent au diapason.

Nous, les enfants du peuple, nous connaissons bien la théorie du choc des ultralibéraux de ce monde. Mais nous ne sommes pas les adeptes de Margaret Thatcher et encore moins des dictateurs en tous genres des pays en voie de développement qui ont utilisé la théorie du choc pour apporter des évènements avec coup d’éclat, assommer le peuple et tirer partie de la paralysie psychologique de la masse afin d’apporter en toute quiétude des mesures politiques drastiques sur le plan social et économique, écraser le petit peuple et s’enrichir de manière inacceptable et éhontée. La Stratégie du choc, la montée d’un capitalisme du désastreThe Shock Doctrine: The Rise of Disaster Capitalism – est un essai socio-politique altermondialiste, publié en 2007, par la journaliste canadienne Naomi Klein. Les chocs psychologiques permettent aux adeptes du capitalisme d’appliquer la doctrine de l’école de Chicago, un des grands défenseurs étant Milton Freidman. Lorsque le peuple est sous le choc, les politiciens au pouvoir imposent des réformes économiques inadmissibles comme la privatisation des institutions publiques ou de la Sécurité sociale. Pour protéger les capitalistes, il faut amener la population à une situation de crise et ainsi voter réforme après réforme.

Non ! Dans la République de Maurice, nous n’acceptons pas ce genre de comportement politique. Ici, petard ine fizette ! La démission de six ministres ne nous a fait ni chaud ni froid… Il suffit de faire le tour du village ou de la ville pour comprendre que le coup d’éclat n’a pas atteint son objectif : la population dans son ensemble veut des ministres compétents et non pas des actes irresponsables des uns et des autres. Ici et là, l’on s’interroge: « Comment est-ce possible que ceux qui ont prêté serment pour servir le peuple et la République préfèrent se laisser dominer par leurs émotions et se montrent solidaires… ? Est-ce là de l’immaturité ou de la stratégie fine ? » Et bien sûr, fidèle au comportement mauricien, chacun garde sa réponse bien enfouie au fond de son cœur et l’on éclate d’un grand fou rire avant de se séparer et de vaquer à ses occupations quotidiennes !

Il est grand temps que l’ICAC ait plus de pouvoirs encore afin de repérer, traquer et emprisonner après enquête sérieuse et minutieuse, menée de manière professionnelle, toute personne qui commettrait une erreur aux yeux de la loi. Nous ne voulons plus de cette « justice dite à deux vitesses », entendons-nous un peu partout : une pour les petites gens que l’on jette en prison avec une facilité déconcertante et l’autre justice qui nous oblige à regarder se pavaner en liberté des personnes considérées comme des personnalités importantes, protégées, « avec parasol » comme on dit dans le jargon courant.

Le temps est aussi arrivé pour arrêter avec ces discours d’un autre temps et d’un autre âge d’une partie de l’élite maladivement corrompue, incapable de se regarder en face et de faire son mea culpa. Dénonçons ceux et celles qui affirment ceci : « Je suis corrompu/e, tout le monde a recours à la corruption pour avoir un avantage comme une promotion au travail, alors toi aussi, un jour tu l’utiliseras pour y arriver ». Il est grand temps de faire du nettoyage dans les établissements publics et parastatal et il faut donner toute la latitude nécessaire à l’ICAC pour mener à bien cette tâche.

Pendant des années, une certaine élite a fait croire qu’il ne faut pas parler, qu’il faut rester tranquille, qu’il faut avoir peur des corrompus. Aujourd’hui, nous, les descendants d’esclaves et de travailleurs engagés, nous avons bénéficié de l’éducation gratuite, c’est-à-dire une éducation financée par le peuple pour le peuple et nous sommes assez nombreux pour voir clair dans les stratégies et jeux politiques. Pourquoi devons-nous laisser perpétuer des contre-valeurs et des anti-valeurs dans notre République ? Pourquoi devons-nous déshonorer la mémoire des grands tribuns qui se sont battus pour l’indépendance de notre pays ? Pourquoi devons-nous accepter passivement des paroles empreintes d’un esprit de paresse, de tromperie, d’impudeur, d’indécence et de malhonnêteté ?

L’ICAC est une institution qui doit véhiculer les valeurs des grands tribuns comme le Dr Maurice Curé et SSR mais aussi tous ces citoyens – volontaires sociaux anonymes – , ces Mauriciens qui avaient une vision pour le peuple de Maurice. Ils ont donné leur vie pour que nous soyons instruits et éduqués. Nos grands-parents et arrière-grands-parents l’avaient compris : ils ont trimé pour nous nourrir et nous voir grandir ; des frères et des sœurs aînés se sont sacrifiés à l’autel du travail pour que nous allions à l’école, au collège, à l’université parce qu’ils souhaitaient que nous perpétuons la vision de ces grands tribuns, que nous devenions les têtes, les jambes et les bras qui porteront haut les couleurs de notre pays avec fierté et dignité.

Il n’est plus temps d’avoir peur. D’ailleurs, avoir peur de quoi ? De ne pas obtenir des miettes des puissants ? D’être transféré d’un ministère à un autre à des kilomètres de notre lieu de résidence ? Que nos enfants n’obtiennent pas un poste ici ou là ? Combien de temps encore les enfants du peuple vont-ils subir cette pression de l’élite et se taire ? Nous aurons beaucoup plus de chance de nous frayer un chemin dans le monde professionnel si notre République rentre dans le monde de la compétence. Tout le reste n’est que baliverne inutile et insipide pour protéger les intérêts des happy few et il est temps de mettre fin à leur règne.

Pour préserver la dernière parcelle de notre forêt endémique, les petits oisillons innocents, quelques escargots et plantes vertes, et pour défendre le principe écologique plusieurs autres fois, nous avions eu la force et le courage de nous regrouper envers et contre tous. Regroupons-nous encore une fois car il est temps de défendre l’ICAC dans la bataille Medpoint vs ICAC. Si nous avons été tous unis pour faire entendre notre voix afin de positionner notre pays en tant que République écologique, alors il relève de notre devoir de nous battre pour l’ICAC et la moralité publique, un principe de base des écologistes.

Que l’on ne s’avise pas de jeter la pierre à l’ICAC : touchez à l’ICAC, vous toucherez Gavroche.


* Published in print edition on 29 July 2011

An Appeal

Dear Reader

65 years ago Mauritius Times was founded with a resolve to fight for justice and fairness and the advancement of the public good. It has never deviated from this principle no matter how daunting the challenges and how costly the price it has had to pay at different times of our history.

With print journalism struggling to keep afloat due to falling advertising revenues and the wide availability of free sources of information, it is crucially important for the Mauritius Times to survive and prosper. We can only continue doing it with the support of our readers.

The best way you can support our efforts is to take a subscription or by making a recurring donation through a Standing Order to our non-profit Foundation.
Thank you.

Add a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *