V.Ballgobin

Marche contre la violence à Quatre-Bornes

 

Vers une réflexion citoyenne sur la violence dans la société contemporaine

 

Dimanche le 21 mars 10, le groupement « Les Amis et Parents de Bernie » a organisé une marche pacifique de Cité Trèfles à la Municipalité de Quatre-Bornes. Pour rappel, le jeune Bernie, âgé de 27 ans, a perdu la vie à Quatre Bornes suite à des difficultés que rencontrait un de ses amis. Quand ce dernier l’a appelé au téléphone dans la soirée, Bernie est parti à son secours et il y a laissé la vie.

 

La marche a été organisée par la famille et les amis de Bernie car personne ne comprend les raisons qui ont mené au violent décès de ce jeune. Parmi les proches du groupement, il y a les syndicalistes Jane Raggoo et Reaz Chuttoo, le mouvement Premier Mai de Jack Bizlall, des ONGs comme Free Art et la MCWO, des citoyens engagés comme George Ah Yan. La presse écrite et les radios ont aussi apporté leur contribution en transmettant le contenu de trois conférences de presse du groupement. A travers la marche pacifique, il s’agissait pour le groupement de démarrer une campagne plus profonde axée sur les problèmes de la société mauricienne. Plusieurs messages ont été véhiculés.

 

1/ Amour, amitié et paix : La famille et les amis ont organisé cette activité pour que tous continuent de garder le calme en attendant une justice qui tarde à venir et rend très impatients plusieurs sympathisants de Bernie. D’ailleurs, un membre de la famille Evariste a pris la parole pour remercier tous les participants et faire un appel aux autorités pour que justice soit faite rapidement. Plusieurs voisines ont sympathisé avec la famille en étant présentes à la marche. Pour elles, il règne une bonne entente dans leur environnement et elles accordent un soutien total à la famille pour réclamer la justice rapidement, ce qui atténuerait partiellement la souffrance de la famille et aiderait tout l’entourage de Bernie à faire le deuil.

 

2/ Justice et équité : L’attente de la condamnation des coupables par la justice semble longue à la famille proche et il y a une crainte que les autorités ne travaillent pas assez vite ou qu’il y ait des retards prolongés. Plusieurs personnes participant à la marche pensent qu’il faudrait rester vigilant car la justice ne serait pas toujours en faveur des « petites gens », du moins dans la perception populaire.

 

3/ Punition aux criminels : Deux tendances émanent de la marche. (a) Certaines personnes très proches de Bernie, plus spécifiquement la famille et les amis proches, sont unanimes : ils réclament la peine capitale pour les « criminels ». Ils pensent que la justice doit être extrêmement sévère car les criminels ont tendance à recommencer les mêmes actes plusieurs fois et commettent ainsi plusieurs forfaits où plusieurs familles sont victimes. Plusieurs personnes, Mme Daisy, Mme Veerapen, Mme Muthy et la famille Evariste réclament « la pendaison » pour les criminels afin qu’ils ne fassent plus d’autres victimes. (b) Les sympathisants, comme les membres de l’association Free Art représenté par Selven Govinden, et les membres de la société civile, comme George Ah Yan, pensent que la famille et les amis sont encore sous le choc et réagissent avec passion. Avec un peu de temps et le travail du deuil aidant, leur position sera probablement différente. Quant aux membres de l’association CLAIM, ils estiment que la peine d’emprisonnement doit être plus sévère au lieu de réclamer la peine de mort qui soulève un débat philosophique et qui n’aidera pas du tout à résoudre les problèmes profonds associés à la violence dans notre société.

 

4/ Aide psychologique aux familles : Dans l’état actuel des choses, il n’y a aucune aide psychologique à la famille en cas d’agression violente comme dans le cas de feu Bernie. La famille n’arrive pas à faire le deuil car la mort de ce jeune est si inattendue et si violente. Selon l’association Free Art, l’Etat devrait mettre en place un protocole pour ce genre de situation pour assurer un suivi de la famille en bonne et due forme. L’argent du CSR devrait être versé directement dans les caisses de l’Etat pour la création d’emplois dans ce domaine.

 

5/ Meilleur soutien à la force policière : De plus en plus, la force policière est en train de faire face à des « situations de dérapage » dans la société. L’Etat devrait doter la force policière de moyens pour faire face à ces nouvelles situations. En même temps, il faudrait aussi démarrer des travaux pour connaître la source des problèmes qui entraînent ces « dérapages ». Qui sont les criminels ? Quel est leur profil ? La force policière devrait être aidée par des chercheurs, Mauriciens ou étrangers (s’il n’y a pas d’expertise localement) afin de mieux comprendre ce phénomène. Par ailleurs, la force policière devrait aussi bénéficier d’un encadrement pour un soutien psychologique sain afin d’aider les policiers à gérer tout le stress associé à ce type de situation et prévenir des maladies comme la dépression.

 

6/ Encadrement des prisonniers : Etant donné que plusieurs personnes commettent le même type de délit plusieurs fois, ceci signifie que le suivi psychologique des prisonniers est soit lacunaire ou inefficace ou inexistant. « Y a-t-il des psychologues spécialisés à Maurice pour encadrer les prisonniers », s’interrogent plusieurs personnes. Sur quels critères autorise-t-on la libération des prisonniers « malades » ? Sait-on au moins que certains souffrent d’une grave « maladie » nécessitant un traitement psychiatrique ?

 

7/ Renforcement de la chaîne de la solidarité humaine : Les Mauriciens doivent se rendre compte que le monde change et nous devons tous nous poser des questions sur les transformations dans notre pays. Tous les Mauriciens, sans distinction aucune, doivent réfléchir et trouver des solutions pour rentrer dans la modernité sans la violence sous ses différentes formes. Selon Gervais Dorasamy, travailleur social, il existe des problèmes dans les faubourgs ou ailleurs mais la société a tendance à se voiler la face. Plusieurs membres du groupement – famille, amis, et sympathisants – se demandent : « Combien de criminels potentiels existent dans le quartier de Rose Hill (où habitait Bernie) et à Quatre Bornes (lieu où Bernie a trouvé la mort) ? Que faisons-nous pour empêcher ce développement inutile ? »

 

Par conséquent, le groupement a décidé de promouvoir des activités de prévention en se lançant dans la sensibilisation aux fléaux et à la criminalité au niveau du quartier. Des personnes compétentes seront invitées pour (a) sensibiliser les jeunes des établissements scolaires de la localité (b) briser « la culture de la facilité » dans laquelle naviguent beaucoup de jeunes de nos jours.

 

Il s’agit de prévenir le crime au lieu de laisser se perpétuer une situation qui donnerait naissance à d’autres criminels qui feraient d’autres victimes et d’autres familles malheureuses. Tous les volontaires qui souhaiteraient se joindre à ce type d’action sont priés de contacter un des membres du groupement par téléphone ou par sms aux numéros suivants : 253 2770, 912 1848, 733 9837.

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