Trafic de drogue et financement des partis politiques

Éclairages

By A. Bartleby

L’affaire Franklin ne cesse de livrer son lot de questions et d’interrogations. Et plus nous avançons, plus nous semblons nous diriger vers l’ouverture d’une boite de Pandore qu’aucun parti politique ne voudrait voir ouverte : celle du financement des campagnes électorales.

Il faut arrêter de se leurrer sur ce problème du financement des partis politiques. Les élections coûtent extrêmement chères à Maurice

En effet, comment est-ce qu’un politicien ou un parti politique est aujourd’hui capable de donner la garantie que chaque Roupie qu’il reçoit provient de sources claires et parfaitement légales ? Au vu de la multitude des sources de financement et du manque de contrôle sur le financement des élections, il serait ridicule de penser que cette garantie pourrait être donnée de manière sérieuse.

Il faut arrêter de se leurrer sur ce problème du financement des partis politiques. Les élections coûtent extrêmement chères à Maurice. Il y a plusieurs raisons à cela : les tracts, les billboards, les oriflammes, la logistique des transports, la cantine pour ravitailler les agents, etc., coûtent extrêmement cher. Si nous rajoutons à cela les équipes pour le management des réseaux sociaux, l’organisation des meetings ou encore la location des salles pour les rassemblements, nous nous retrouvons rapidement avec des budgets colossaux.

Il y a également une autre raison à la cherté des élections à Maurice : les sollicitations constantes des électeurs, nombre d’entre eux voyant dans les élections le moyen de se remplir un peu les poches. Cela produit un cercle vicieux qu’il faut au plus vite briser. D’un côté, l’électeur a compris que son vote était comme une marchandise qui pouvait être vendue une fois tous les 5 ans, et de l’autre certains politiciens n’hésitent pas à entrer dans les négociations d’achat de ces votes. À partir de là, il est facile de deviner comment la logique des surenchères peut se mettre en place.

Des partis sans existence juridique

Comment donc briser ce cercle vicieux ? À travers une série de mesures qu’il devient urgent de mettre en place, à commencer par un cadre juridique pour la régulation des partis politiques. En effet, comment se fait-il que les partis politiques n’aient pas d’existence juridique ? Dans notre système actuel, un parti politique n’existe littéralement pas – ou plutôt il existe uniquement pendant le temps de la campagne électorale lorsqu’il est enregistré auprès de la commission électorale.

Or, si un parti politique n’existe pas, comment peut-il être contrôlé par les institutions de régulation financière ? Comment est-ce que l’exécutif d’un parti politique peut avoir accès aux comptes en banque du parti ? Sans existence juridique, il ne faudrait pas s’étonner à ce que l’on retrouve des coffres-forts chez certains leaders politiques, et il ne faudrait pas s’étonner à ce que les personnes qui détiennent les coffres-forts soient – de facto – les propriétaires des partis.

Ainsi, l’existence juridique des partis politiques relève de la démocratisation même du système, le manque de cadre juridique étant la raison principale de la privatisation des partis politiques – que ces partis politiques aient des Constitutions ou non, d’ailleurs.

Mais revenons au financement des élections. Nous sommes, en fait, en face d’une réalité comptable implacable. Les politiciens ont besoin d’argent pour les campagnes électorales. Ils ont même besoin de beaucoup d’argent au vu de l’attente de très nombreux électeurs, dit-on. Comment donc s’attendre à ce qu’ils refusent du financement ? Miser sur la moralité ne suffit pas — pas dans un pays où ‘moralité pas rempli ventre’ comme le disait l’autre. Il faut un système qui puisse briser la cherté des élections, et ce système existe dans un certain nombre de pays – et notamment les pays très développés.

On pourrait, par exemple, s’inspirer du modèle français où l’État finance les dépenses électorales entièrement. Cela permettrait d’imposer des limites et des plafonds clairs aux dépenses, avec des pénalités graves – comme une disqualification totale du parti pour les élections – aux partis qui entraveraient ces règles. Mais une telle réforme appelle également à une réforme de la commission électorale, qui doit devenir absolument indépendante, à commencer par avoir l’indépendance de décider de la date des élections. Il faudrait également mettre en place l’équivalent d’un cours des comptes indépendant, dont la fonction serait d’auditer le financement des partis politiques – avec le pouvoir de la poursuite pénale s’il le faut.

Sans des mesures aussi drastiques et sévères, le lien entre politique et financement occulte ne sera pas brisé. Ce lien est devenu organique aujourd’hui au regard des logiques électorales à Maurice, et c’est uniquement par des décisions courageuses et tranchantes que nous pourrons défaire les noces entre politiques et mafieux.

* * *

Pèlerinage endeuillé

Le fait marquant de cette semaine aura été le drame qui s’est déroulé aux alentours de Grand Bassin jeudi après-midi.

Il est maintenant absolument essentiel qu’un tel drame ne se reproduise plus en arrêtant la surenchère des kanwars et en imposant des normes et des limites précises.

Comme tout véhicule qui emprunte les routes, des limites de hauteurs et de largeurs se doivent d’être imposées. Plusieurs formules peuvent être trouvées, avec la possibilité que les autorités émettent des permis pour les grands kanwars qui utilisent des roues pour se déplacer.

Ce sera aux autorités de définir et de délimiter les normes, en espérant la coopération de tous les groupes socioculturels.

Aux familles endeuillées, nos plus sincères condoléances.

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Réforme des retraites en France et bombe à retardement

Cela fait plusieurs semaines maintenant que les grèves et les appels à la mobilisation se succèdent en France. La raison à cela : les réformes des retraites que souhaitent faire passer Emmanuel Macron et sa Première ministre Elisabeth Borne. Il s’agit là d’un projet phare de Macron qui a promis qu’il ira jusqu’au bout de cette réforme, même si des amendements conséquents au projet initial ont déjà été mis en place.

L’âge de la retraite en France – comme la pension de vieillesse et les congés payés — est le résultat de grandes luttes syndicales historiques. Et ces acquis sont ce qui donne aux divers syndicats français une voix prépondérante dans l’espace politiquealors qu’ils ne représentent que 8% des salariés.

Cette réforme des retraites vient d’un constat simple : la population française vieillit alors que le taux de natalité n’augmente pas – plafonnant aux alentours de 11% à 12%. Il est donc essentiel de travailler plus longtemps afin de contrer les effets économiques du vieillissement de la population sur le coût des retraites et de la Sécurité sociale ; d’autant plus que les progrès des systèmes de santéet de solidarité ont fait que l’espérance de vie a grandement augmenté ces dernières décennies, atteignant 85 ans pour les femmes et 79 ans pour les hommes aujourd’hui.

La problématique du vieillissement de la population va peser de plus en plus lourd dans la gestion des politiques et des institutions publiques. Les effets concernent tout autant les problèmes de financement des retraites et de la santé que les problèmes de main-d’œuvre et de productivité. Et Maurice ne sera absolument pas épargné par ces problèmes.

En effet, selon les données de Statistics Mauritius, 237 200 Mauriciens étaient âgés de plus de 60 ans en 2021, ce qui constituait 18,7% de la population. Et la tendance est posée, avec une logique implacable selon une étude de la très sérieuse United Nations Department of Economic and Social Affairs qui démontre que la population mauricienne commencera à être en décroissance à partir de 2035.

Nous sommes ainsi assis sur une bombe à retardement. Le problème démographique structurera d’importants changements dans nos politiques publiques et nous devons absolument nous y préparer. Financement des retraites, financement du système de santé, une jeunesse qui va devoir produire plus pour pouvoir financer tout cela, une politique migratoire clairement définie, des investissements dans l’automatisation du travail, le développement d’industries de loisirs pour les seniors, etc… Le chantier est immense et doit se préparer dès aujourd’hui. Read More… Become a Subscriber


Mauritius Times ePaper Friday 17 February 2023

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