Sport. Bien collectif et privé

Carnet Hebdo

Par Nita Chicooree-Mercier

Il est de bon ton de célébrer les champions du domaine sportif des compétitions locales aussi bien qu’à l’échelle internationale, victoires dont la presse se réjouit et que le ministère concerné affiche fièrement à la télévision nationale. Comme à l’occasion des Jeux des Îles, le bon score est le résultat d’efforts ardus, d’un entraînement et d’une persévérance sans faille de la part des athlètes, épaulés par un ministère dont le budget important octroyé est à la hauteur de ses ambitions.

Tout pays normalement constitué est aux bons soins de ses élites de toutes les filières pour promouvoir leur épanouissement. La liste des lauréats sportifs est peu susceptible de provoquer une crise d’urticaire dans les médias privés, la MBC les exhibe en couleur, et le bon peuple applaudit l’honneur fait au drapeau quadricolore. Tout le monde est d’accord pour être content, ce qui nous change des jérémiades habituelles, et promet de beaux jours pour la construction de la nation ou le ‘nation-building’.

Cela étant dit, hormis les villes que les municipalités veillent à doter d’une infrastructure sportive adéquate, les autres régions font figure de parent pauvre du développement sportif. Les manquements sont si criants qu’on pourrait les déclarer ZSP, Zone de Sports Prioritaires. Ce serait un statut de sinistré qui requiert nécessairement un investissement afin de promouvoir des activités physiques et des sports divers pour le bien-être d’un plus grand nombre de personnes ; et rehausser ainsi la qualité de leur épanouissement physique.

Il est vrai que les complexes sportifs commencent à voir le jour dans un nombre restreint de villages tandis que d’autres – à l’instar de Triolet, qui attend avec une bougie rouge que la promesse de 2005 soit réalisée – voient l’espace commun se rétrécir par la surpopulation et le béton envahissant.

Aux sports populaires, rajoutons ceux qu’il convient d’introduire et de promouvoir, comme le rugby et le cricket. Le kabbadi est apprécié en Asie et au Moyen Orient. Pourquoi pas ici ? Une discipline telle que le yoga mérite d’être répandue à travers l’île tant ses bienfaits sont reconnus. De plus, après une journée de travail en été, quelques chemins entre les champs de canne restent praticables pour de longues marches vers 17 heures.

Un parcours de santé aménagé dans un milieu naturel pour des activités (marche, jogging, étirements, musculation, etc.), nécessite l’achat d’un espace privé et un financement privé-public. Le kabbadi peut être pratiqué sur les « Crown Lands » près des plages publiques. Le « beach volley » est inexistant sur certaines plages. Que dire des sports nautiques ? La natation est fort heureusement maîtrisée par un nombre croissant de gens, notamment les jeunes, tandis que les autres sports tels que la plongée restent inaccessibles au grand public. Quelques têtes couronnées en gardent le privilège.

Depuis des décennies, l’État ne cesse d’alerter le public sur les bienfaits d’une alimentation saine pour jouir d’une bonne santé. Il n’appartient pas à l’État de penser à tout ce qui est bien pour le public : cela s’apparente au fascisme que de prétendre faire le bonheur du peuple. C’est à la société civile de prendre l’initiative de solliciter le parrainage des grandes enseignes du privé et d’autres associations culturelles pour promouvoir des activités physiques là où il en manque. Et elle devrait aussi se tourner vers les autorités locales, le ministère du Sport et vers l’État pour dégager un espace public suffisant pour les besoins de certains sports.

Le secteur privé dispose de grandes propriétés sucrières qui se consacrent désormais à la construction des résidences dites de luxe. De par sa ligne horizontale et sa forme rectangulaire, le complexe de Mon Choisy détonne dans le paysage verdoyant des champs de canne tout autour. Celui-ci ressemble davantage à un container en 3D et un HLM d’un gris tristounet pour pauvres en France qu’une habitation de luxe pour personnes friquées.

Du terrain, il y en a. L’astuce, c’est de frapper à la bonne porte ?

Last but not least, une colonie de vacances au bord de mer dans le nord, une dans l’est et une autre dans le sud pour les enfants des écoles primaires et les adolescents du niveau secondaire sont indispensables pour permettre à cette tranche d’âge de faire l’expérience d’un séjour avec leurs pairs dans un espace naturel apaisant et serein loin de leur famille et de leur environnement social. Il s’agit d’une structure en toute simplicité, avec de préférence des lits de camp, comme celui qui se trouvait jadis à Anse la Raie, et non d’un hôtel trois étoiles. Ces colonies pourraient être occupées toute l’année par les jeunes élèves lors des sorties extrascolaires organisées par les enseignants, même pour de courts séjours de deux ou trois jours, moyennant une contribution financière modeste.

Il va sans dire que malgré les gros efforts fournis par les autorités et le public, il reste du chemin à faire pour que la moyenne des gens jouissent d’une meilleure santé. Et qu’à leur modeste niveau, sans rêver de figurer dans la cour des grands, ils ont néanmoins besoin qu’une variété d’activités physiques occupent leur temps sainement. Ne serait-ce pas là un moyen pour ouvrir d’autres perspectives que la drogue chez les jeunes et assurer la paix sociale (celle-ci étant de prime importance pour l’intérêt collectif à long terme).

Les performances physiques apportent du plaisir, renforcent l’endurance, fortifient les muscles, favorisent le dépassement de soi et aident à forger le caractère. Liste non-exhaustive qui mérite que chacun s’y attarde…


Mauritius Times ePaper Friday 21 July 2023

An Appeal

Dear Reader

65 years ago Mauritius Times was founded with a resolve to fight for justice and fairness and the advancement of the public good. It has never deviated from this principle no matter how daunting the challenges and how costly the price it has had to pay at different times of our history.

With print journalism struggling to keep afloat due to falling advertising revenues and the wide availability of free sources of information, it is crucially important for the Mauritius Times to survive and prosper. We can only continue doing it with the support of our readers.

The best way you can support our efforts is to take a subscription or by making a recurring donation through a Standing Order to our non-profit Foundation.
Thank you.

Add a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *