Fête des Mères : Témoignage de reconnaissance ou quoi ?

Dans les cultures des différentes communautés, un jour est habituellement fixé pour vénérer une divinité, pour honorer une personne. L’Assomption ou la fête de la Vierge est célébrée un 15 août. En Inde, on rend hommage à la Déesse Ganga en s’immergeant dans le fleuve sacré. Les jeunes ouvrières de la mode fêtent la Sainte Catherine en portant un chapeau spécialement confectionné pendant toute la journée. L’Espagne dédie un jour spécial à la Vierge de Séville. Dans l’ancienne Egypte la fête d’Isis est un rappel de son dévouement maternel. La fête de la sainte Mère Venankani au Quartier Militaire est populaire. Chacune correspond à un symbole, à une croyance.

La fête mondialement connue et devenue au fil des années une nécessité absolue est bien la fête des Mères au mois de mai. Le mois du printemps, de la belle saison dans certains pays invite souvent à célébrer en plein air. Grillade, méchoui, pique-nique, tout est prétexte pour se réunir, palabrer ou tout simplement raconter des histoires de famille. Chez nous, la tradition est assez récente. On ignorait cette fête dans les années 1900 à 1930 environ. Elle existait déjà aux Etats-Unis, en Angleterre et en France. Les anciennes colonies vont alors calquer les coutumes des autres sur les leurs. Les vieux se souviennent des fêtes religieuses mais se disent honorer leur mère comme l’enseignait la tradition. C’est la deuxième moitié du 20e siècle qui donne vraiment son essor à cette fête. Maître-mot : gâter sa mère. Eton ne tarde pas à imaginer la fête des pères. Faut gâter par des cadeaux, quel qu’en soit le prix, par des sorties ou des repas plus copieux et plus variés que d’habitude. Et de plus en plus, par des week-ends grandioses dans des hôtels.

Qu’est-ce qui a changé?

Il fut un temps où c’était plus convivial. En toute simplicité, les enfants faisaient des petits paquets cadeaux, et se sentaient obligés de faire plaisir à celle qui demeure un symbole dans leur vie. Pour beaucoup, dépendant de l’âge et de l’argent de poche, une tasse, une râpe, un châle, un bouquet de fleurs, bref ne serait-ce que le geste d’offrir, tout comptait. La valeur marchande était absente dans les moments pareils. Même les plus petits prenaient le temps de faire un dessin et de choisir un cadre pour rendre immortel ce geste en plaçant le cadeau sur un meuble.

A la radio, les chansons dans diverses langues donnaient un autre charme à cette journée. C’était un moment familial dans la pure tradition. Mais les valeurs s’érodent. On se demande combien d’enfants pensent à ces petites surprises si bien préservées? Une grand-mère raconte que sur sa panetière trône le bibelot offert – petit objet décoratif – presque 60 ans de cela. Les appareils sophistiqués et autres magnifiques objets qu’elle reçoit pour améliorer son confort ne remplacent pas le bibelot tenu avec tant de soin.

Une autre se rappelle d’un geste extraordinaire de son petit garçon de 8 ans environ. Il lui offre un paquet de biscottes pour qu’elle n’aille pas dans la rue tôt le matin pour le pain. Une autre petite fille découpait des petits cœurs en papier et enfilait ces cœurs pour fabriquer des bijoux qui plairaient quelques heures. Geste simple et immortalisé. Ces mêmes cadeaux, peu de mères en veulent. Pourquoi ? « Faire désordre et attirant la poussière » car la plupart des mères travaillent et n’ont pas beaucoup de temps pour le rangement. C’est comme le mariage du jour. No gift box. Quelle alternative si ce n’est que des enveloppes et billets de banque ! Quelques mamans demandent aussi de l’argent qui serait plus utile.

Fête et renouveau : nostalgie ou bonne réception ?

Société de consommation – une expression qui revient souvent. Société de gaspillage. Mais peut-être bien qui réalise de moins en moins le poids d’un geste. En questionnant des enfants et jeunes sur cette fête les réponses les plus courantes sont: soit passer une journée à l’hôtel, soit aller au restaurant, ou organiser une surprise. La fête des mères n’est pas passée de mode mais n’échappe pas à des critiques. Cela profite au commerce. Cela est un gaspillage. Le naturel se perd. Les fleurs artificielles remplacent les fleurs du jardin. La créativité des enfants est rare. Les publicités très alléchantes incitent surtout à dépenser, à rivaliser sur les cadeaux à offrir. Les achats sont presque pareils à des investissements dès un jeune âge. Ce sont des bouilloires, des micro-ondes, et d’autres appareils électroménagers qui sont finalement des cadeaux moins personnalisés et qui doivent plaire parce que toute la famille en profite. Sauf pour les crèmes qui donnent un coup d’éclat et les parfums suivant les goûts.

Comme beaucoup de mères, à l’approche de cette fête, on suit la mode. On inverse la tendance car on suit l’enfant qui choisit le magasin, feuillette les brochures de publicités et le cadeau. L’emploi du temps est surchargé, le stress fatigue ; donc c’est plus simple de ne pas suivre le rituel du passé. Les règles d’or d’une bonne relation avec les enfants sont :

–       Ne pas contrôler ce qu’ils veulent acheter pour offrir.

–       Ne pas obliger les enfants à rythmer cette journée par un déjeuner familial et privilégier une réunion entre les proches.

–       Ne pas déplaire aux enfants qui gèrent leur relation à leur guise.

–       Ne pas déranger les habitudes acquises juste à cause de la fête des mères.

–       Ne pas donner trop d’importance aux mentalités qui sacralisent le lien mère-enfant.

Faut-il pour autant remettre en question le pourquoi de la fête ? Quelques commentaires recueillis au sein de certaines familles montrent qu’on n’attend pas en particulier la fête des mères pour modifier ou améliorer un comportement ou une relation. Une fête peut générer plus de stress qu’on ne le pense. Mère et enfant ne sont pas interchangeables. Chacun connaît son rôle.

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