Pollutions des mentalités

On dit bien que le commérage est le vice de notre société. Pourquoi ne pas ajouter que la pollution des esprits, des mentalités est un autre grave défaut?

Quand on parle de pollution, on accuse les véhicules fumigènes, les usines et les agriculteurs qui abusent des produits. C’est que les gens déversent n’importe quand et n’importe où leurs ordures, carcasses de construction, de voitures ou autres.

Difficile de toujours attraper et sanctionner contre ces pollueurs qui bouchent les drains, le canal La Ferme, le canal Dayot et transforment en poubelle des champs et terrains abandonnés. La Police de l’Environnement est toujours présente mais efficace jusqu’à quel point ? Les langues se délient et on se demande quand ils agissent et si les appels et complaintes servent ou non…

Moyens de pollution : Un autre type de polluant qui fait des dégâts : n’est-ce pas la pollution des mentalités ? C’est que la mentalité se transforme ; elle devient tributaire de ce qu’on lui impose comme information, palabre. Alors la mentalité se pollue et ne peut pas penser différemment. Comment oublier la pollution des mentalités avec le vidéoclip de vire mam, les images de coffre parmi tant d’autres qui nous soulent ? Jusqu’à maintenant, on entend encore des gens sortir ces histoires pour rire ou pimenter une situation. Les occasions ne manquent pas chez nous. On croit bien faire. Mais on ne se rend jamais compte à quel point les gens ont une bouche gourmande pour avaler ces histoires.

A part les histoires, il y a aussi croyances et parti pris. On dit tellement que la drogue circule dans les collèges que beaucoup de parents sont dégoûtés et scandalisés. Drogue facile à obtenir, facile à engloutir, facile à contaminer ; bref la drogue est comme le petit pain qu’on distribue chaque matin. On veut faire croire que certains collèges ouvrent ce paradis artificiel aux enfants. Les on-dit sont tellement dommageables avec leur aspect de pourri dans notre société que les mentalités ne peuvent pas les résister.

Résultats : Les clichés se multiplient. On prête à tel groupe un certain type de comportement et à tel autre groupe des mœurs qui n’ont pas une odeur de sainteté. Chez nous, les mentalités qui perdurent sont dues à ces pollutions qui inspirent des méfiances, sinon des traumatismes. Un certain nombre de jeunes ne veulent plus s’inscrire dans des écoles sans même vérifier le bienfondé de ce qu’on raconte. Il suffit qu’un petit groupe sème la pagaille pour que tout le monde passe pour la racaille. Pourtant, eh oui ! Des écoles qu’on fait passer pour les meilleures des meilleures masquent bien les failles de leurs élèves ; les mêmes qui sont coupables des délits dont on accuse les élèves de Rose Belle, de Port Louis, de Phœnix ou de Port Louis dans la presse. Politique de deux poids et deux mesures.

Autre résultat encore pire concernant le transport public : Depuis l’accident tragique de Sorèze en 2013, qu’entend-on ? Evitez les bus bleus CNT. A croire qu’aucun de ces autobus n’ait de freins. Que dit-on de ces autres autobus qui polluent dans les villages ? De ces vans avec des chauffeurs drogués et de ces jeunes fils ou filles à papa qui conduisent parfois sans permis ?

Les mentalités polluées ne voient qu’un aspect de la situation. On ne peut plus tourner la page et voir des problèmes plus immédiats. Même type de réflexion pour les tranches d’âge de drogués et soulards; des jeunes, rien que des jeunes ! Les statistiques vagues, approximatives donnent pour résultats un fort pourcentage de jeunes. Mais les enfants eux se plaignent des pères, des oncles et des amis dans leur cercle qui gaspillent plus de la moitié de leur paie dans la boisson forte. Une mère de famille m’a dit, pas longtemps de cela : banne laboutique vendé plus rhum et labière et cigarette que ration ! On peut constater aussi de visu que ce ne sont pas les jeunes qui se déhanchent dans les rues à 7 heures du soir et tombent dans un coin. Pourquoi les patrouilles et gardes ne les reconnaissent-ils pas ? Résultat : voir ailleurs !

Il est grand temps pour notre société de purifier cette mentalité pour ne pas dire la nettoyer. On se posera plus de questions sur les histoires et clichés qui polluent de plus en plus. Sans quoi chacun se retrouvera enfermé dans sa bulle !

 

* Published in print edition on 29 July 2016

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