Les absents: en tort ou en raison?

Ces temps-ci, on se préoccupe beaucoup de l’absentéisme scolaire et du taux alarmant des effectifs dans les classes. Juillet : mois des révisions et des examens.

Les collèges préparent leur fermeture pour au moins trois semaines. Et pourtant, pour la plupart déjà, c’est le temps mort. Des classes pratiquement vides et des absences qui se prolongent. C’est toujours le cas, dit-on. Comment changer la situation ? Un formulaire circule dans les collèges d’Etat pour parer à ces absences et exercer un meilleur contrôle. Cette nouvelle politique est-elle fiable ?

Témoignages : L’expérience du métier prouve que les élèves ne sont pas prêts à suivre à la lettre les règlements. Une catégorie, surtout des collèges des filles, accepte bon gré mal gré de prendre le chemin de l’école. Les autres ne considèrent pas la scolarité obligatoire d’autant qu’ils ont l’appui des parents. Sur un total de 35 en classe – allant parfois jusqu’à 40 — souvent 20% sont prêts à s’astreindre à une discipline. Faute de quorum, ces 20% sont bien conseillés : allez à la bibliothèque ou faites des activités sportives ou autres.

Où se trouve cette majorité absente ? La plupart disent rester chez eux pour réviser. Mais, dans l’après-midi, ils considèrent leurs cours particuliers ou leçons indispensables. Ils ont certainement tort aux yeux des autorités qui pensent que l’école est un bastion qui ne doit pas s’effondrer. Ils ont tort aussi d’encourager ces mauvaises habitudes.

Pour eux non ! Ils ont raison parce qu’à la fin du trimestre — vers juin/juillet — ils arguent que certains professeurs ne font pas grand-chose. Ils ont raison de dire que c’est une perte de temps de se pointer dans une classe vidée de ses effectifs. Ils ont raison de clamer que certains professeurs ne corrigent même pas de copies et ne les rendent pas : à quoi bon se rendre en classe ?

Position des parents : Un constat s’impose avec force : l’absentéisme est une norme et n’est pas nouveau. Depuis toujours, les élèves se sont absentés pour mieux réviser à la maison. Accepter que leurs enfants restent chez eux suppose donc des attentes non satisfaites du mode d’enseignement et de révision à l’école. On pourrait penser qu’ils ont tort de perpétuer l’image qui questionne l’excellence d’un service public ou privé. Ils ont tort de ne pas penser à une réforme de nos habitudes.

A la question — pourquoi ne pas négocier de meilleures politiques éducatives, surtout quand on investit de grosses sommes pour son enfant ?, — les réponses les plus entendues sont : autant que mon enfant s’absente tel jour et trouve un autre créneau comme des leçons plutôt que de me fatiguer à discuter avec la direction.

Certains parents ont visiblement tort de démissionner de leur rôle en vue d’améliorer le système. Il arrive qu’ils soient en raison car on ne répond pas toujours à leurs demandes. Les uns craignent aussi que lors des sessions orales ou des pratiques leur enfant paie les pots cassés. Les autres pensent que les critères de bon sens sont comme suit : comment privilégier la réussite et avec quels autres moyens ?

Leur problème n’est pas de se scandaliser sur les effectifs d’élèves qui ne cessent de s’étioler ni de réduire le taux d’absentéisme dans les classes mais plutôt de chercher ailleurs une méthodologie de qualité. Dans ces cas de figure, à qui donner tort ?

 Reculade des enseignants : La perte d’audience est loin de les affecter. Leurs syndicats n’arrêtent pas de clamer que la situation des enseignants n’a rien d’enviable. L’enseignant souffre de plus en plus de son image intimidante. Il/Elle peut à peine imposer que tous les élèves ne ratent pas une explication ou un exercice. Pire encore : des élèves exhibant leurs tablettes et smartphones dérangent les autres et tant mieux qu’ils soient ailleurs et absents de la classe ! Ils ont bien raison de ne pas faire une démonstration de force. Ce ne sera pas sans conséquence.

Souvent les parents qui cèdent à l’enfant-roi ne pardonnent pas à l’enseignant pour ses commentaires et tentatives de « mater » les mauvais penchants. Il y a un changement de mentalités très important qui s’est accompli car, dorénavant, les enseignants font des tours de jongleur. Il leur faut donner l’impression qu’ils s’en tirent. L’attitude générale est le sentiment de faire sa journée et non pas de se sentir redevable envers qui que ce soit. Une logique de moins en moins discutée ! C’est bien souvent le cas des stagiaires/des jeunes aux niveaux secondaire et tertiaire. Cela ne les intéresse pas de savoir s’ils sont bien ou mal jugés ou de figurer dans le livre de records de Guinness. Il faut reconnaître que les choses ne sont pas aussi simples que cela.

 La communauté d’enseignants et la communauté d’élèves changent de nature. En tort pas seulement l’ère numérique mais des valeurs mêmes qui se perdent. L’absent, de par son attitude et de par sa démission, finira par devenir ce qu’on appelle un stéréotype. Image difficile à remettre en cause à la longue !

* Published in print edition on 8 July 2016

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