Nos infos! Plus toxiques que jamais!

De plus en plus de gens se plaignent du stress. Le travail, les relations entre collègues, les bouchons sur la route, la peur des cambriolages – le lot ne s’arrête pas là — tout est sujet à problème.

De bouche à oreille, les infos circulent sans avoir le temps de comprendre de qui on parle, pour quelle raison on en parle, et quel verdict attend-on ? Changer cette situation ? Il ne faut pas y penser ! Se plaindre à gauche et à droite n’apporte pas toujours de solution. Etre sur ses gardes, c’est déjà une bonne chose. Mais, se faire vacciner contre ce qui embête, ce qui stresse, ce n’est jamais facile !

Qu’est-ce qui fait avaler des toxines encore matin, midi et soir ? Nos infos et toujours des infos que nous nommons, dans notre jargon, palabres et qui causent le stress partout. Personne n’en échappe. Le matin dans le transport public, dans sa voiture privée, dans les places publiques avec les palabres qui circulent, dans les bureaux, ascenseurs etc. « To fine entende ça ? To fine apprane ça ! » C’est, à vrai dire, comme la grattelle qui démange et qu’il faut raconter aux autres pour se soulager.

Si l’information est juste, il n’y a rien de mal à le partager. S’il s’agit des nouvelles sans triage, on peut craindre des risques. On a besoin d’être informé, de comprendre les enjeux des démarches politiques ou autres pour protéger nos droits de citoyen. Mais on se demande si nos infos ne nous rendent pas malades.

Quel meilleur exemple n’a-t-on pas eu avec virer mam à la radio avant les dernières élections, sans oublier tout le battage sensationnaliste ! Cela fonctionnait comme un lavage de cerveau qui donne la gamme ! Toutes les 5 minutes, c’était la même rengaine que les femmes au foyer, les collégiens ou les marchands gobaient d’un trait.

Au bout de 15 mois, virer mam a disparu pour laisser place à des infos contraires sur les mêmes gens qu’on applaudissait à vive voix. Il y a de quoi abrutir le peuple. Presque chaque jour, la masse d’informations sur les réseaux sociaux, à la radio et dans les pages des journaux est un véritable matraquage.

Qu’on nous renseigne sur les déviances politiques, c’est normal. Mais à quoi bon diffuser les mêmes informations, répéter les mêmes choses alors que nos citoyens sont dans l’impossibilité de descendre dans la rue pour crier au scandale ? Après tout, nous ne sommes ni à Londres, ni en Inde et non plus en France où les citoyens bravent le froid, la pluie, ou les gaz lacrymogènes pour tester le bien-fondé des infos.

Sur TV5 et sur d’autres chaînes, on arrive à comparer les infos sur Panama Papers et à tirer des conclusions. Ici, la presse parlée et la presse écrite semblent en contradiction. Et pire encore, notre TV nationale balaierait, parait-il, d’un revers de la main des infos importantes pour plusieurs secteurs, de peur de secouer la baraque des dirigeants et de leurs compères, de leurs petits copains…

Finalement, que devons-nous faire ? Nous protéger contre le stress des infos toxiques ! On ne mesure pas assez le risque d’un stress qui pourrait être source de colère, de révolte et de défaitisme. Le psychiatre Dr Patrick Lemoine, auteur du livre Le mystère du nocebo explique comment les infos toxiques affectent la santé des gens. A force d’être informé, désinformé, on finit par tomber dans des situations de stress incontrôlables. On va d’un extrême à un autre. Il met en garde surtout les jeunes qui avalent tout au point d’exploser quand ils sont en situation d’échec. C’est le cas des personnes qui ne comprennent pas bien toutes les infos. Alors tous les signes des migraines, d’allergies, de manque de sommeil, d’éclatement verbal contre la société apparaissent avec les infos livrées en vrac.

Les plus opportunistes ont une autre démarche. Mettre en pratique une maxime souvent entendue : if you can’t beat them join them. C’est ce qui explique en partie la corruption qui s’établit comme une chose normale et à tous les niveaux.

A cause des infos toxiques, on change de bord comme moyen de défense. On accepte ce bombardement. On trouve d’autres choses pour nous booster. Une autre raison : notre insularité nous enferme dans une culture étroite. Notre quotidien est tel qu’on reste toujours connecté et les moyens n’en manquent pas – radio, TV, Facebook, etc. De quoi se dire intoxiqués à volonté…

* Published in print edition on 15 April 2016

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