“Se débarrasser du MSM et de son régime, n’est pas pour nous un programme. C’est un objectif…
Interview : Nando Bodha, Candidat premier ministériel de Linion Moris
Si c’est le programme du PTr-MMM-PMSD, c’est en effet un peu mince”
* ‘Je suis convaincu qu’une bataille à trois devrait permettre au peuple d’aspirer à une Ile Maurice propre où il y aurait l’unité et le partage’
* ‘Jugnauth pense qu’il peut s’acheter une majorité minoritaire face à un opposition divisée. Je ne le crois pas’
LinionMoris se démarque des autres partis politiques en lice pour les prochaines élections générales. En effet, Nando Bodha a commencé à présenter quelques pans du programme de son parti au grand public. Il compte ainsi grossir le nombre de ses sympathisants à travers la vision et le projet de société envisagé par cette alliance. Les membres de son parti travaillent sur le programme en tenant compte du contexte contemporain et des enjeux que l’avenir nous impose. Comme Nando Bodha a déjà travaillé sous plusieurs gouvernements, il explique la direction que prend Linion Moris avec la force de l’adhésion sans faille de l’ensemble des membres de cette alliance.
Mauritius Times : “Caraille pé chauffé,” semble-t-il, à observer l’intensification des attaques du Premier ministre contre ses principaux adversaires et celles-ci sont diffusées presque quotidiennement au journal télévisé de la MBC-TV durant la soirée. De toute évidence, Pravind Jugnauth est déjà en campagne électorale, mais on ne sait pas si cette campagne électorale sera longue ou non, ou si les choses sérieuses vont intervenir après le prochain budget. Quelle analyse faites-vous de la situation politique actuelle et de ce que vous percevez comme la stratégie du leader du MSM?
Nando Bodha : Pravind Jugnauth n’est pas en campagne électorale. Il est en train de cajoler et caresser un électorat précis dans le sens du poil pour le préparer à une campagne électorale qui viendra quand elle viendra. Cela fait partie de sa stratégie électorale. Il y aura cette stratégie, jouant sur le temps, pour ensuite déclarer les élections et, ensuite, jouant à fond une campagne courte mais intense.
La MBC joue en effet – comme toujours – son rôle de porte-voix avec, je le rappelle, l’argent des contribuables. Ce n’est pas nouveau, mais cela n’en est pas moins scandaleux. Cela ne m’inquiète pas outre mesure car le service public de radio-télévision a perdu depuis longtemps à la fois sa crédibilité et une grande partie de ses auditeurs et téléspectateurs. Ceux qui restent devant leur poste sont soit des partisans du MSM – ceux qu’on appelle des chatwas.
La seule stratégie qui reste à Pravind Jugnauth, c’est celle d’acheter les votes en jouant sur une division scientifique et tablant sur une opposition qui a du mal à s’unir. Pour lui, chaque électeur a un prix. Il ratisse large pour ensuite cibler les segments utilisant les dernières technologiques.
Carraile pa pe chauffer? Caraille fini dan difé. Jugnauth ne peut compter que sur la MBC pour relayer ses messages ou des organisations socioculturelles où il sait que personne ne le contredira ou ne sont présents que des béni-oui-oui. Quand a eu lieu sa dernière confrontation avec la presse ? Je ne me souviens plus. C’est le signe même d’une fin de règne et il le sait très bien d’où son utilisation à outrance de la MBC.
Il n’a aucune stratégie propre à lui, ce qui est totalement différent de Sir Anerood. Il est l’otage de lakwizin et ne fait qu’obéir à des ordres. Qui dirige le pays aujourd’hui ? Demandez aux fonctionnaires qui sont quotidiennement harcelés par lakwizin pour prendre des décisions allant contre les principes de la good governance. Les officiers aux échelons les plus élevés de l’état sont impuissants car pour conserver son poste, il faut obéir aux ordres. Il faut exécuter les ordres. C’est du jamais vu dans la fonction publique : une politisation à tous les échelons.
* En tout cas, Rama Valayden et vous-mêmes emblez aussi croire en l’imminence des prochaines législatives. On vous a vu tous deux présenter votre “équipe nationale” dont une liste de candidats de Linion Moris qui brigueront les suffrages aux prochaines élections générales, et les deux premiers ministrables en cas de victoire. Les élections ne sont pas pour demain, autant que l’on sache. Pourquoi cette grande urgence, donc ?
Qu’est-ce qui vous fait croire que nous croyons dans l’imminence des prochaines législatives ? Nous avons présenté notre équipe à la population il y a une semaine, mais cela ne signifie pas que nous pensons que les élections sont derrière la porte.
Nous n’en savons rien, mais nous nous y prenons assez tôt parce que nous souhaitons que les Mauriciens commencent à connaître les hommes et les femmes engagés avec LinionMoris. Ce sont des hommes et des femmes de terrain qui ont déjà entrepris d’aller à la rencontre des Mauriciens pour partager avec eux le projet de LinionMoris.
Nous sommes dans une logique de l’information et de dialogue et non dans celle de ces alliances qui propulsent d’illustres inconnus sur des listes électorales à la veille du Nomination Day en nous demandant de voter pour eux les yeux fermés. Nous comptons sur notre sens de mission, nos convictions et nos idées. Beaucoup attendent pour se joindre à nous.
Nous n’avons pas la même conception de l’action politique. Nous voulons convaincre par la sincérité, la détermination et, bien sûr, des idées et des solutions, et ainsi établir notre différence.
La situation est dramatique. La compétence et la méritocratie n’ont plus de sens. Partout, on entend dire que toutes les institutions sont accaparées par des chatwas… Le dernier exemple est à la nef et c’est n’est pas tout. Faites une enquête parmi les CEO de nos institutions, vous verrez l’étendue de ce cancer qui ronge le pays : la médiocratie. Parmi se trouvent des personnes avec des cahiers judiciaires, y compris un conseiller de ministre.
Sur le plan économique, la dévaluation de la roupie est une politique adoptée par la Banque de Maurice pour montrer que tout va bien alors que la population n’arrive pas à joindre les deux bouts. Il y a eu une augmentation excessive des prix causée par la dévaluation de notre roupie. Le pouvoir d’achat a tellement diminué que c’est devenu un cauchemar pour la majorité des familles mauriciennes.
La situation sociale est au bord de l’explosion. Les récents évènements à la Citadelle et à Trou d’eau Douce sont extrêmement dangereux pour le tissu social mauricien, déjà fragilisé par la politique de division du régime actuel.
La drogue et la corruption sont à l’ordre du jour et ce qui fait frissonner, c’est l’aveu même du PM que la mafia a infiltré les institutions de l’État, Cela implique qu’il sait qui est cette mafia et ne fait rien pour contrer ce fléau.
Pourquoi se demande la population ? Les courses, le Lotto et le gambling ont pris de l’ampleur. Mais qui sont ces gens qui ont les nouveaux permis ? Il le sait très bien, mais il se trouve dans une situation d’impuissance car il a les poings et les pieds liés. Conséquence : la culture des ‘zougadère’ se propage extrêmement bien.
* L’agenda principal de l’alliance PTr-MMM-PMSD, c’est de « débarrasser le pays des griffes du MSM », comme le soutient Navin Ramgoolam. Pour vous, et Linion Moris également, « Pravind Jugnauth et Navin Ramgoolam portent tous deux le germe de la corruption ». On conclut donc qu’il faut s’en débarrasser aussi. C’est assez mince comme programme politique pour une alliance ou une “Linion” qui aspire à diriger le pays, non ?
Comment êtes-vous arrivé à cette conclusion ? Notre programme est prêt avec des solutions : nous sommes en train de finetune les éléments des différentes formations.
- Une nouvelle constitution limitant tous les mandats du Premier ministre et aussi l’accès aux autres grands postes à deux mandats uniquement
- Un nouveau Parlement reflétant le dynamisme de notre démocratie
- Un comité constitutionnel pour les grandes nominations
- Une économie avec de nouveaux piliers, l’agro-industrie, les nouvelles technologies, l’économie bleue
- Des réformes profondes pour l’éducation, la santé, la formation
- Des milliers de bourses d’études pour les jeunes
- Un réel accompagnement pour les personnes âgées face à la solitude et un accès facile aux soins spécialisés
- Bef travay bef manze: A travail égal, salaire égal
Se débarrasser du MSM et de son régime, ce n’est pas pour nous un programme. C’est un objectif. C’est un cri du peuple. Si c’est le programme du PTr-MMM-PMSD, c’est en effet un peu mince. Linion préfère focaliser ses énergies sur l’élaboration d’un programme. Un vrai programme ! Qui exposera, de manière complète et détaillée, les principes et les objectifs qui servent à guider les actions de notre mouvement. Chaque chose en son temps.
Voter contre n’est pas un programme politique. C’est une démarche tactique. Linion s’engage autrement parce qu’on a fini par dévaluer les programmes à force de se confondre en tactiques politiciennes électorales. Nous voulons proposer un programme solide, ambitieux, novateur, et c’est un pacte avec le peuple.
Il ne suffit pas d’être connu (ou de crier plus fort que les autres). Il faut un projet, des équipes avec lesquelles on a l’habitude de travailler et, surtout, l’honnêteté de solliciter des opinions distanciées.
* Vous ne suggérez aucune hiérarchie entre Ramgoolam et Jugnauth. Selon vous, les deux sont donc nuisibles pour le pays même si Ramgoolam ne contrôle plus les leviers du pouvoir, et ce, depuis bientôt 10 ans ?
Vous voulez que l’on dise que Ramgoolam est pire que Jugnauth, ou que Jugnauth est pire que Ramgoolam. L’essentiel n’est pas là, plus de deux tiers de la population ne veut ni de l’un, ni de l’autre.
Notre pays n’est pas une monarchie. Cinquante ans après notre Indépendance, le peuple veut un nouveau cycle dans notre histoire politique, nous sommes à la croisée des chemins.
Quoi qu’il en soit, il y a deux réalités.
L’un des deux s’est jeté sur les dernières forces qui lui restent pour tenter de reconquérir le pouvoir. Dans quel but ? Je me le demande. L’autre est considéré comme un petit arriviste qui doit coûte que coûte protéger et conserver l’empire financier qu’il s’est construit en enrichissant une forme de bourgeoisie de l’État qui orbite dans la périphérie du pouvoir et ne carbure qu’à l’argent, mais aussi la peur de la justice et de la vérité dans beaucoup de cas.
Un vieux proverbe africain dit : lorsque les éléphants se battent, c’est l’herbe qui souffre. Nous, nous restons à l’écart de cet affrontement pour protéger l’herbe…Notre manière de penser la culture du pouvoir est différent.
* En tout cas, l’échec de Paul Bérenger de se débarrasser de Navin Ramgoolam, du PTr et de “L’Entente de l’Espoir” d’alors vous a éloigné du leadership d’une grande alliance de l’opposition – et éventuellement de la possibilité d’être présenté comme son candidat au poste de Premier ministre. Est-ce Bérenger ou est-ce vous qui avez fait le mauvais calcul en ce qui concerne le contrôle absolu de Ramgoolam sur le Parti Travailliste et sa détermination à diriger l’alliance de l’opposition ?
Excusez-moi, à mon avis, les petits calculs des uns et des autres sont insignifiants. Parce qu’ils n’ont souvent d’autre but que de satisfaire des egos et des ambitions de ceux qui n’ont comme objectif que de conquérir le pouvoir pour le pouvoir. Bons calculs, mauvais calculs, etc…
L’Entente de l’Espoir avait le vent en poupe, elle avait tout pour dynamiser les forces de l’opposition. Ramgoolam, étant hors-jeu, a tout fait pour que Bérenger tombe encore une fois dans une stratégie de division, avec les ‘cozecoze’ qui ont duré de novembre 2022 à août 2023.
Aujourd’hui encore, l’alliance PTr-MMM-PMSD est floue, et on ne parle plus de transition, de rupture, de programme. Finalement, il est toujours question du nombre de tickets, de positionnement, et bien sûr il semblerait que c’est Ramgoolam qui dicte les enjeux. Il tient et le PTr et l’alliance PTr-MMM-PMSD en otage.
Je n’ai pas voulu participer au ‘coze coze’ connaissant la méthode Ramgoolam parce que je ne vois pas une alliance dirigée par Ramgoolam gagner les élections, encore plus amener le changement tant voulu par le peuple.
C’est pour cela que je suis convaincu qu’une bataille à trois devrait permettre au peuple d’aspirer à une île Maurice propre où il y aurait l’unité et le partage.
La survie de notre pays dépend de notre capacité à examiner les grandes tendances du monde actuel et à dégager des hypothèses de développement dans un contexte de plus en plus complexe de bouleversements divers : climat, démographie, intelligence artificielle… Vous ne pensez pas que ces enjeux-là sont bien plus importants pour le pays que de savoir si j’ai été éloigné de la possibilité d’être candidat au poste de PM ?
* C’est à l’électorat d’en décider… Toutefois, parmi les conclusions du dernier sondage Synthèses-l’express, en ce qui concerne le taux d’adhésion aux différents partis et alliances politiques, on note que les partis extraparlementaires ne recueillent que 4%des intentions de vote. Pensez-vous que ce sondage reflète la réalité en termes du poids que pèsent les partis sur l’échiquier, et en particulier, ceux qui sont extras parlementaires ?
Un sondage, c’est une photographie du moment.
Premier constat : il y a un parti au pouvoir, le MSM, nous savons ce que cela signifie à Maurice.
Deuxième constat : il n’y a plus de grands partis. Il y a des partis traditionnels et les nouveaux.
4% ! Ça vous étonne ? Moi, non !
La majorité des mauriciens sont un cri : c’est l’appel pour un renouveau.
Ça ne m’étonne pas parce que nous vivons dans un pays où la grosse majorité des électeurs est fractionnée. On veut la morceler en communautés, en clans, en familles, en factions, en lobbys, en groupements ou de groupuscules qui ne réfléchissent qu’en fonction de leurs intérêts respectifs.
Notre système politique et électoral s’est tellement bipolarisé dans une logique dynastique qu’il ne fait aucune place à du sang neuf et à des nouvelles idées, je dirai même à de nouvelles audaces.
Tout cela provoque une cacophonie de visions, d’objectifs, d’intérêts et de croyances dans un contexte de soupçon généralisé contre les institutions.
Cela dit, ce que je retiens surtout de ce sondage, c’est une usure de l’opinion publique qui considère que l’offre politique ne correspond pas à ses préoccupations et aux sujets qui la concerne vraiment.
Mais tout change ! Aujourd’hui, les Mauriciens cherchent à vivre dans un pays ou l’unité, le partage, la méritocratie et la démocratie puissent donner un exemple au monde.
C’est ce vide que Linion Moris veut combler.
Il nous faut une alternative réelle et crédible avec un leadership qui rassure et une équipe compétente.
* Curieusement toutefois, on ne voit pas le leader de l’alliance gouvernementale, qui se dit être l’homme le mieux informé du pays, attaquer les partis extra parlementaires, dont Linion Moris. Sa cible principale, c’est Ramgoolam, pas Bodha, Bhadain ou Valayden. Soit il garde la porte ouverte, soit il serait d’avis que cela ne vaut pas le coup. Comment réagissez-vous à cela ?
Ce que fait Jugnauth le regarde. Jugnauth cible Ramgoolam parce qu’il est préoccupé par un certain électorat, sa réalité rurale à lui et le mythe du 4 à 14. Il fait une très grosse erreur, Jugnauth est déjà hors-jeu dans beaucoup de circonscriptions tant rurales qu’urbaines.
Ses structures sont dépassées et n’existent que parce que le MSM est au pouvoir. Je connais le MSM. Aujourd’hui, c’est seulement le dossard du pouvoir comme un maillot jaune qui lui permet de parler haut et fort. Quand le peuple pourra respirer et s’exprimer, la vraie alternance à Jugnauth va se concrétiser.
Permettez-moi de vous poser une question : croyez-vous qu’en se tirant dans les pattes à longueur de journée, les chefs de partis ont préoccupés par le sort du peuple ? Ne feraient-ils pas mieux de remettre en question leurs certitudes et leurs hypothèses pour essayer d’élever un peu le débat politique pour mieux comprendre les Mauriciens ?
* Probablement, mais là également, c’est à l’électorat d’en décider. Pour revenir aux priorités de Linion Moris, on note que vous souhaiteriez “effacer les larmes des mères” des drogués, éliminer la fraude et la corruption dans le pays, protéger l’environnement, s’attaquer au “système des tenders mafia du MSM”, etc. Vous mettez aussi l’emphase sur l’affirmation que “la différence entre nous et les autres, c’est la sincérité, la volonté et la détermination”. Voyez-vous un tel programme susciter l’adhésion d’une grande partie de l’électorat qui serait plus réceptif au 14e mois ou à l’augmentation de la pension de vieillesse ?
Vous n’êtes pas en train de citer notre programme, mais ce que j’ai dit lors de la présentation des équipes de Linion. Ce n’est pas notre programme. Votre référence au 14emois et à l’augmentation de la pension résume bien ce à quoi a été réduite la politique dans notre pays. A des avantages pécuniers immédiats et à court terme.
Jugnauth, je le répète, pense qu’il peut s’acheter une majorité minoritaire face à un opposition divisée. Je ne le crois pas. L’électorat mauricien peut être admirable et, en même temps, avoir un rêve pour ses enfants et son pays. Je le crois sincèrement.
* Par ailleurs, Rama Valayden a déclaré lors de la présentation de votre “équipe nationale” qu’une fois au pouvoir, “les décisions seront prises en toute collégialité… na pas pou ena missié-kone-tout…”. Pour avoir été ministre dans les gouvernements de Sir Anerood Jugnauth ou ce lui dirigé par Navin Ramgoolam, vous savez sans doute que la collégialité n’a pas sa place dans notre système quasi-présidentiel. N’est-ce pas le germe de la discorde qui est en train d’être se mélà ?
La constitution est claire : le Premier ministre a ses pouvoirs et ses prérogatives. Il doit, et le PM de Linion, va les exercer comme il se doit. Il y aura bien sûr les consultations, les institutions vont fonctionner comme cela se doit dans la transparence et l’accountability.
Le Premier ministre est maître à bord.
Mon objectif est simple, c’est un sacerdoce. Je veux changer de système de gouvernance et je présenterai une nouvelle approche dans la gestion des affaires du pays à la génération actuelle et future. J’encouragerai l’émergence d’une nouvelle génération de leaders politiques.
*Toutefois, qui conque veut devenir Premier ministre doitre ce voir un mandat de l’électorat. Le seul Premier ministre dont vous allez vous inspirer, si vous réussissez à obtenir ce mandat, ce sera sans doute SAJ ?
J’ai été ministre pendant plus d’une douzaine d’années sous quatre Premier ministres. La séduction de Ramgoolam aurait été une très belle chose, si elle avait été vraie. Le sens de calcul de Pravind Jugnauth donne le frisson. Mais il peut être complètement à côté de la réalité d’un peuple qui désire ardemment un vrai changement.
Je dois dire que j’ai beaucoup appris. La capacité de travail de Paul Bérenger est une leçon. Le sens de décision de Sir Anerood est une grande leçon à retenir. Mais la chose essentielle, c’est qu’il faut aimer son peuple et tout mettre en œuvre pour lui offrir le meilleur avenir possible.
* Deux questions sont d’actualité ces temps-ci. D’abord, entant que légiste dans l’Opposition, quel regard jetez-vous sur l’ICAC et sa performance depuis 2014 avec en filigrane le projet de coiffer toutes les institutions d’investigation par une future “Financial Crimes Commission”(FCC) aux contours encore flous ? Cela poserait-il des problèmes d’ordre constitutionnel, selon vous ?
C’est une approche purement politique pour mieux contrôler les dossiers politiques liés à la corruption. Le fonctionnement de l’ICAC nous montre comment on pourra encore mieux cadenasser cette nouvelle institution.
Linion veut un pays propre, libre de la drogue, de la narco économie, du blanchiment d’argent sale, et de la fraude et de la corruption. Il faut une nouvelle politique pour le procurement et le recruitment au plus niveau des institutions. Nous savons ce que le FCC va donner et les nominations qui vont suivre.
“L’ICAC pa guette figir”… C’était le slogan de son lancement. Et si je demande la liste de toutes les complaintes reçues à l’ICAC ? A réfléchir…
* Par ailleurs, la société civile s’émeut de la proposition, par « regulations » de l’ICTA, du projet de réenregistrement des cartes SIM avec données biométriques et photos en couleur reliées à une base de données. Pensez-vous que c’est pour combattre le fléau de la drogue ouest-ce une tentative déguisée de mettre sous surveillance les opposants du régime ?
Nous avons tout lieu de nous inquiéter. Est-il nécessaire de ficher quasiment toute la population pour combattre une infime minorité de trafiquants de drogue ? C’est un mauvais prétexte. Je suis convaincu que, comme l’explique fort bien Ivor Tan Yan, le MSM tente de mettre en place un réseau de surveillance qui fait clairement penser à Big Brother.
Des ordinateurs analysent le comportement des passants et des voitures dans la rue en permanence. Cela permet de détecter les accidents mais aussi de traquer des fugitifs, de reconnaitre des visages, de suivre les gens à la trace, et sans doute aussi d’intercepter et d’écouter des conversations privées.
Vous croyez que Jugnauth a dépensé Rs 19 milliards pour le projet Safe City pour intercepter des pickpockets ?
Le collectif de journalistes d’investigation “Forbidden Stories” a révélé au début de l’année qu’une entreprise clandestine israélienne, spécialisée dans la manipulation électorale, notamment par les réseaux sociaux, a été utilisée pour influencer des dizaines d’élections dans le monde, particulièrement en Afrique.
La société, surnommée Team Jorge par les journalistes, est intervenue dans 33 campagnes électorales. Sur ces 33 campagnes, les deux tiers d’entre elles [ont eu lieu] en Afrique anglophone et francophone. Vingt-sept ont été un succès.
La société a notamment développé depuis six ans une plateforme numérique qui lui permet de créer à volonté de faux comptes sur les réseaux sociaux, mais aussi et surtout de les activer, de les animer pour leur donner un vernis d’existence.
Le système exploitait début janvier 2023, 39 213 faux profils différents, consultables dans une sorte de catalogue. On y trouve des avatars de toutes ethnies et nationalités, de tous genres, célibataires ou en couple… Leurs visages sont des portraits de vraies personnes piochées sur Internet, et leurs patronymes, la combinaison de milliers de noms et de prénoms stockés dans une base de données.
Ces ont ces types de données que recueilleront les opérateurs téléphoniques mauriciens pour le compte du gouvernement.
Je vous laisse imaginer l’usage qu’on peut en faire dans le contexte d’une élection législative qui semble perdue d’avance…
Mauritius Times ePaper Friday 1 December 2023
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