Après l’affaire BAI, le coup de grâce Belvedere

Sale coup pour l’économie mauricienne et appel à la raison :

« Arrivant dans le sillage de l’affaire BAI/Rawat, la nouvelle concernant le Mega Ponzi international ayant ses origines dans l’offshore mauricien est une menace qui a le potentiel de porter le coup de grâce à toute velléité de nous positionner comme une plateforme financière régionale.

Sans vouloir jouer à l’oiseau de malheur, il est possible d’estimer que nous faisons face à une Arme de Destruction Massive, et le taux de croissance économique projeté pour cette année pourrait en être la première victime… »

Après un démarrage plutôt réussi, le gouvernement – issu des urnes en décembre dernier – marque définitivement le pas en ce qui concerne sa campagne de communication. On peut avancer sans risque de se tromper que, contrairement à ce que pourraient penser certains, les retombées de l’affaire BAI/Rawat risquent d’être lourdes de conséquences politiques, et ce, indépendamment du fait que ces deux sociétés soient coupables de ce qui leur est reproché.

Déjà, la première victime de ces événements, et du maelström médiatique qui les a suivis, a sans nul doute été la dynamique de relance que le ministre des Finances aurait souhaité instituer dans le pays dans le sillage de l’annonce des mesures budgétaires et les effets d’entraînement que celles-ci auraient pu provoquer au sein de la population. Contrairement à ce qui était attendu, les débats budgétaires au Parlement passent plutôt inaperçus dans les médias, laissant ainsi les nouveaux membres de l’Assemblée nationale s’échiner à en débattre quasiment « in camera ».

Par conséquent, la présentation de ce premier budget est une occasion ratée pour le nouveau gouvernement de communiquer à propos de sa détermination à tenir les promesses faites pendant la récente campagne électorale et tenter de mobiliser les forces vives.

Pour en revenir aux événements et dénonciations sur le cas Bramer/BAI, les inepties consistant à définir les opérations des institutions financières impliquées dans cette affaire de « Ponzi », sans en avoir cerné tous les paramètres, ainsi que l’annonce intempestive de la reprise des opérations par la SBM, société cotée en Bourse et dans laquelle ont investi des fonds institutionnels étrangers. C’est ce genre de déclarations qui alimentent les soupçons de traitement partisan de ce dossier dans la mesure où l’on s’attendrait à plus de pondération dans les propos des représentants du gouvernement, et ce, dans un souci de minimiser les effets néfastes de tels agissements sur la réputation de notre centre financier.

D’ailleurs, la cerise sur le gâteau est venue du Conseil d’administration de la SBM qui, finalement, a rejeté catégoriquement cette « offre ». Ce n’est que par la suite que le ministre des Finances semble avoir pris la sage décision de se retirer et d’envoyer sur le front le Gouverneur de la Banque centrale afin de défendre une décision qui relève, en fin de compte, des prérogatives de ce dernier. Un premier exercice médiatique de ce dernier a été, semble-t-il, loin de convaincre le public auquel il s’adressait. Tout ceci fait extrêmement désordre. Par conséquent, l’impression nette qui se dégage, même dans le meilleur des cas, c’est que le gouvernement a agi dans la précipitation.

Il est à noter que la grosse majorité de ceux qui se prononcent sur les événements ne nient pas le fait que la situation au sein de ces institutions financières méritait une intervention plus ou moins musclée de la part des autorités. Ce qui gêne, c’est surtout la manière dont on s’y est pris. Le cas le plus flagrant à ce propos est le manque total de considération envers les éventuelles victimes que sont les détenteurs des polices d’assurance dites « Super Cash Back Gold ». C’est là une autre affaire qui risque de faire grand bruit dans les jours et semaines à venir car ces derniers sont, selon toute évidence, extrêmement remontés et déterminés à se battre contre toute « discrimination » à leur égard.

Dans ce cas précis, l’origine du problème est directement lié au fait d’avoir une fois encore précipitamment assimilé les détenteurs de ces polices d’assurance à des spéculateurs financièrement aisés et avisés qui auraient sciemment pris des risques inconsidérés — d’où la décision plus ou moins définitive de se désengager de toute responsabilité vis-à-vis de cette catégorie de « victimes ». Or, il s’avère – dans les faits – qu’un grand nombre de ces derniers sont en réalité soit des retraités (y compris de nombreux bénéficiaires du VRS) soit des épargnants qui ont investi toutes leurs économies durement acquises.

Mis devant ces faits, les porte-parole du gouvernement sur la question persistent dans une voie qui ne peut que mener vers une confrontation sociale en refusant de reconnaître qu’ils ont peut-être était trop vite en besogne concernant ce dossier particulier. Qui plus est, ces détenteurs de polices d’assurance, y compris les gros porteurs, peuvent tout à fait légitimement poser la question de savoir pourquoi et selon quels critères ils seraient privés du droit de participer à une éventuelle compensation, ne serait-ce qu’au prorata, dans un cas de figure où les actifs de la société seraient liquidés.

Même si les différentes enquêtes et autres études des ‘Conservators’ et Administrateurs vont finalement révéler que le groupe BAI n’était finalement, du moins pendant ces quelques dernières années, qu’un vaste « château de cartes », il n’en demeure pas moins que quelques impératifs devraient à tout moment dicter la teneur des communications à ce sujet.

D’abord, il faut que la raison et le bon sens prévalent de part et d’autre. Les guerres de communiqués, et les déclarations triomphalistes et auto-gratifiantes doivent céder le pas à un sens de responsabilité vis-à-vis de ce qui s’annonce comme un inévitable coup de massue à la réputation du pays, connu jusqu’à récemment comme un modèle en ce qui concerne le respect des institutions.

En deuxième lieu, une remise en ordre urgente et une répartition des rôles selon les principes fondamentaux de la régulation financière doivent succéder à la cacophonie qui a marqué le cours des événements durant cette semaine. Entre-temps, de toute évidence, la boîte de Pandore n’a pas encore livré tous ses secrets et l’on peut s’attendre à ce que des révélations, fondées ou non, les unes plus explosives que les autres continuent à faire les grands titres pendant des semaines encore. Seul un ressaisissement de la part de toutes les parties concernées pourrait aider à minimiser les dégâts, et ce, dans l’intérêt national.

Arrivant dans le sillage de l’affaire BAI/Rawat, la nouvelle concernant le Mega Ponzi international, impliquant paraît-il Belvedere Management Ltd, et ayant ses origines dans l’offshore mauricien, est une menace qui a le potentiel de porter le coup de grâce à toute velléité de nous positionner comme une plate-forme financière régionale. Sans vouloir jouer à l’oiseau de malheur, il est possible d’estimer que nous faisons face à une Arme de Destruction Massive, et le taux de croissance économique projeté pour cette année pourrait en être la première victime… »

 

* Published in print edition on 17 April  2015

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