“Pourquoi Navin Ramgoolam sauverait-il le MSM, tuant ainsi les chances du PTr de reprendre le pouvoir?”

Interview: Lindsay Rivière

* ‘La nouvelle alliance PTr-MMM-PMSD a plus de chances de demeurer soudée…
… hors de celle-ci, que ferait, en effet, Paul Bérenger ? Vous le voyez aller seul avec le MMM en 2024 ?’

* ‘Le MSM lui aurait à se battre sans grands alliés (ni PTr ni MMM). Cela va donc être un ‘uphill battle’ pour PravindJugnauth’


Alliance électorale : Y a-t-il un accord durable PTr-MMM-PMSD ou est-ce que c’est uniquement un artifice qui cache une union fragile? Lindsay Rivière, finobservateur des stratégies politiques mauriciennes, nous livre les secrets des arrangements pour arriver à une entente, ce qui dépend de l’état des relations entre groupements politiques et des rapports de convenance régissant les liens entre les leaders politiques.


Mauritius Times : Un accord de principe pour une alliance pour les élections municipales réunissant les partis parlementaires de l’opposition – le PTr, le MMM et le PMSD – est intervenu durant la semaine écoulée. Est-ce que c’est cela qui explique la nervosité et l’agressivité du leader du MSM à l’égard de toute opposition ?

Lindsay Rivière :Largement ! Rien ne semble plus aller pour PravindJugnauth. Si la fin de son premier mandat, en 2019, lui permettait d’aborder avec optimisme les élections de cette année-là, son second mandat est proche d’un véritable cauchemar: deux années de Covid; scandales à répétition; affaires diverses choquant la nation; une équipe ministérielle et parlementaire bien moins efficace que celle de 2014-19; une économie qui s’essouffle; une crise sociale en raison de la cherté de la vie; l’inflation à deux chiffres à gérer, etc.

Le PM est nerveux et agressif parce que tout cela le stresse en permanence et on le serait à moins. PravindJugnauth sent que le terrain lui glisse sous les pieds et on peut l’imaginer frustré et agacé à chaque mauvaise nouvelle. Remarquez qu’il s’attire lui-même certains de ces ennuis par sa méthode de tout attirer sur lui et de promouvoir une hyper-personnalisation du pouvoir.

* Il apparait en tout cas plausible que le ‘mood’ et le ‘body language’ du leader de l’alliance gouvernementale trahissent une posture défensive et défiante d’un leader politique en face d’une bataille éventuelle qu’il compte affronter dans les prochains mois. D’ailleurs, la tournée actuelle du Premier ministre dans toutes les circonscriptions semble renforcer ce sentiment croissant que nous nous approchons d’une échéance électorale sur le plan national. Ou serait-ce une tactique de diversion?

Probablement davantage une tactique de diversion! PravindJugnauth n’a toutefois pas à organiser des élections générales avant deux ans ou même deux ans et demi. De plus, le renvoi des municipales ne requiert qu’une majorité simple au Parlement, et il peut très bien renvoyer les Municipales une fois de plus l’année prochaine.

On parle d’ailleurs déjà de la nomination de Commissaires Administratifs comme au temps de Sir Seewoosagur Ramgoolam (mais alors c’était sous l’état d’urgence). La pression électorale est donc moindre que la gestion des crises actuelles. La stratégie du MSM est claire: repousser toutes les crises; gagner du temps; faire oublier les scandales qui s’accumulent; laisser les gens oublier. Créer des diversions.

* Voyez-vous PravindJugnauth aller jusqu’au bout du mandat, ou a-t-il intérêt de surprendre tout le monde et aller vite aux élections générales avant que la situation sur le plan économique ne s’empire malgré ce qu’affirme le ministre des Finances ?

Les deux scénarios sont envisageables. En général, un Premier ministre ne dissout prématurément le Parlement et ne va vers des élections anticipées que s’il a des chances raisonnables de gagner et est plein d’optimisme, comme Navin Ramgoolam en 2000.

Objectivement, cela n’est pas le cas aujourd’hui.

Réagir à l’aggravation de la crise économique en avançant la date des élections ne parait pas un argument assez solide. Au contraire, PravindJugnauth pourrait attendre deux ans et demi, le temps que les choses s’améliorent.

Déjà on voit le tourisme se revigorer (470,000 visiteurs pour le premier semestre 2022, peut-être un million sur une année pleine, ce qui nous rapporterait 50 à 60 milliards de devises) ou encore la progression actuelle des exportations (+18%).

Lentement mais sûrement, le ciel pourrait s’éclaircir, ce qui inviterait PravindJugnauth à attendre. Avant de se décider, il lui faut faire baisser la pression sur son gouvernement. Read More… Become a Subscriber


Mauritius Times ePaper Friday 19 August 2022

An Appeal

Dear Reader

65 years ago Mauritius Times was founded with a resolve to fight for justice and fairness and the advancement of the public good. It has never deviated from this principle no matter how daunting the challenges and how costly the price it has had to pay at different times of our history.

With print journalism struggling to keep afloat due to falling advertising revenues and the wide availability of free sources of information, it is crucially important for the Mauritius Times to survive and prosper. We can only continue doing it with the support of our readers.

The best way you can support our efforts is to take a subscription or by making a recurring donation through a Standing Order to our non-profit Foundation.
Thank you.

Add a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *