Welfare State en décrépitude?

Dans les conversations avec les gens ordinaires qu’on croise tous les jours, on relève un certain nombre de faits qui exaspèrent le public. Le ministère de la Santé et le ministère du Travail sont dans le collimateur de ces Indignés. Leurs griefs ne datent pas d’hier et on retrouve, entre autres, le système de santé très inégalitaire et l’absence des lois qui réglementent les conditions de travail et les salaires des plus vulnérables de la société.

Dans le premier cas, c’est une question de dignité, de vie, voire de survie. A cause d’un manque de moyens, les patients et leurs proches sont réduits au statut de mendiants. On les voit dans les bus stationnés à la gare, munis de documents nécessaires les autorisant à quémander la générosité des passagers pour une opération qu’eux-mêmes ou leurs proches doivent subir à l’étranger.

Et que dire de cet homme d’une quarantaine d’années qui a eu le malheur de perdre un œil au Moka Eye Hospital et lequel, par la suite, a aussi perdu son emploi ? Finalement, il fait du porte-à-porte dans le nord de l’île en présentant la lettre du curé du quartier et une attestation certifiant la nécessité de subir une opération chirurgicale en Inde…

Est-ce le rôle d’un patient qui vit une souffrance physique et psychologique de mendier pour des soins médicaux ? C’est une question qui est sur toutes les lèvres. Et on évoque les coffres-forts débordant de billets et de dollars…

D’autres personnes – souvent des retraités – atteintes d’un AVC ou d’un stroke entraînant une paralysie partielle, sont privées des soins d’un kinésithérapeute mais les services hospitaliers n’ont pas les moyens de les leur offrir. Ces patients sont condamnés à traîner leur handicap pendant une période plus ou moins longue.

Quant au cancer, c’est non seulement un véritable calvaire mais cela représente aussi une ruine financière pour certaines personnes quand on leur conseille de se tourner vers d’autres pays pour des opérations chirurgicales. Souvent, ils sont contraints de vendre maison, terrain, voiture et aussi de vider leur compte en banque pour les frais médicaux, ce qui représente les acquis matériels de toute une vie. N’oublions pas tout le stress, l’anxiété et l’incertitude qui rongent les malades et leurs proches.

S’agit-il d’un manque de moyens du ministère ou d’un déficit de compétences adéquates du corps médical ? Il faudrait que le ministre ait un discours clair à ce sujet. L’option de se rendre dans une clinique privée n’est pas accessible à tous. Et on connaît le coût des analyses et des radios à répétition qui sont proposées ou plutôt imposées !

Prenons maintenant le cas d’une personne dont le parent est mortellement blessé dans un accident de la route. Est-il normal qu’on lui refuse le service de l’ambulance d’une clinique parce qu’il ne dispose pas de la somme réclamée sur lui ?

Par ailleurs, le ministre devrait absolument imposer un code d’éthique aux médecins qui sont payés pour leur service dans le secteur public et dont certains font de la rétention d’information et ils contraignent les patients à se rendre à leur cabinet privé où ils doivent payer environ Rs 600 roupies pour une ordonnance.

Tout le monde n’a pas les moyens d’échapper à la fameuse liste d’attente, souvent fatale, des hôpitaux pour les maladies graves. Et combien sont-ils, ceux qui sont décédés trop tôt en attendant leur tour ? C’est le cas de ceux atteints de problèmes cardiaques, et certaines personnes dans la cinquantaine qui ont perdu leur vie à force d’être privés de soins. Il y a un cas récent où l’hôpital a appelé le patient à son domicile le jour de son enterrement.

C’est tout dire de ces inégalités qui ne pardonnent pas. Comment pallier ces manquements ? On veut bien croire que le ministère songe à établir un système de santé plus égalitaire et efficace. Quant aux moyens financiers dont le public mauricien pourrait disposer, qui peut s’empêcher de penser à tous ses millions volatilisés des caisses de MK et de MCB-NPF ? Et ces sommes qui atterrissent dans les poches des hommes d’affaires crapuleux ?

Vu le défilé des politiciens dotés d’un ego surdimensionné à l’écran de la MBC, le ministre du Travail, aussi député de Triolet, devrait s’attribuer quelques minutes d’antenne pour nous informer à propos des mesures qu’il compte prendre pour protéger les employés les plus vulnérables, scandaleusement exploités par des patrons sans scrupule. Ce sont surtout les femmes qui en pâtissent le plus.

Dans les commerces de Port-Louis, par exemple, les vendeuses sont payées Rs 6,500 pour quarante-huit heures de travail par semaine, y compris les jours fériés et le dimanche en période festive. Pas de contrat de travail ni de congés payés. Un magasinier d’un grand supermarché touche Rs 7,000 pour 48 heures de travail. Les patrons de ces grandes surfaces sont multimillionnaires. Il faut compter à peu près le même salaire pour une femme de chambre d’une petite structure hôtelière où le patron mène grand train de vie, sans contrat et sans aucun congé. Retenue sur salaire si jamais l’employée s’absente pour un rendez-vous médical. On a déjà évoqué les cas où les femmes aide-cuisinières font 60 heures dans les restaurants pour le modique salaire de Rs 7,000. Toutes ces pratiques relèvent de l’esclavage moderne, généré par un système capitaliste à outrance.

Est-ce que les têtes pensantes se sont penchées sur les conséquences de ces salaires de misère et de ces conditions de travail sur la santé des gens, et la qualité de vie personnelle et familiale ? Comment peut-on permettre aux employeurs de faire travailler les gens sans aucun contrat ?

Nous nous adressons ici non seulement au ministre du Travail mais aussi aux syndicalistes, à Bizlall, Tan Yan, Rezistans et Alternativ, et ceux qui ont à cœur l’intérêt du peuple.

 

  • Published in print edition on 7 August 2015

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