Les élections générales ne sont pas pour bientôt

Point sur la situation politique

Par A. Bartleby

Ces deux dernières semaines, on aura vu des évolutions politiques importantes sur le plan local.

Le congrès de l’alliance PTr-MMM-PMSD qui s’est tenu à Flacq a rameuté une foule importante, tout comme ceux de Mare d’Albert et de Vacoas. Mais il reste toutefois difficile de jauger de la véritable popularité de cette alliance dont on ne connait pas encore la composition, le « front bench » et le programme qui sera proposé.

Les partis de l’oppositionvont devoir réévaluer leur stratégie politique. Comment vont-ils occuper le temps et l’espace politique de manière efficace et constructive dans une situation où PravindJugnauth détient toutes les cartes clés en main?

L’alliance poursuit ainsi sa tournée du pays en se concentrant sur l’organisation de son prochain congrès, qui se tiendra dans les régions de Port Louis. Dans une telle situation, c’est le gouvernement qui semble donc toujours occuper l’espace politique ces derniers temps, notamment avec deux décisions fortes annoncées en l’espace de quelques jours.

C’est tout d’abord les prix de l’essence et du diesel qui ont été revus à la hausse samedi dernier. Nous apprenons que c’est la conjoncture mondiale qui a dicté cette augmentation, pour palier le risque d’un déficit de près de Rs 6 milliards dans les caisses de la STC. En effet, le prix du Brent qui avoisinait les $70 en juin par baril a connu une nette augmentation depuis quelques semaines pour atteindre les $90 en septembre dernier. Selon les autorités concernées, une répercussion de cette augmentation sur les prix à la pompe était ainsi devenue inévitable.

La question était celle du « timing ». Est-ce que le gouvernement allait choisir de ne pas augmenter les prix à la pompe en vue d’une éventuelle échéance électorale d’ici la fin de l’année ? Clairement, cela n’a pas été le cas.

D’ailleurs, dans la foulée, pour célébrer la journée mondiale des personnes âgées, PravindJugnauth a réuni plusieurs milliers de personnes au Swami Vivekananda Conference Centre à Pailles. De nombreux observateurs pensaient que le Premier ministre allait annoncer que son gouvernement porterait la pension de vieillesse à Rs 13,500 comme annoncé depuis un moment. Il n’en a été rien.

PravindJugnauth a saisi l’occasion pour tacler l’opposition en affirmant que son gouvernement accordait une place privilégiée aux personnes âgées contrairement à l’opposition qui, selon lui, était allé jusqu’au Privy Council pour contester la promesse de l’augmentation de la pension de vieillesse.

En tout cas, il semble ainsi clair que les élections générales ne sont pas pour bientôt. Le Premier ministre se donnera encore une année pour mener des projets à bon port avant d’appeler le pays aux urnes. Il y aura également d’ici là un budget – que nous devinons vraiment électoraliste – probablement plus électoraliste qu’on puisse l’imaginer.

En attendant, nous voyons bien que les choses sont particulièrement calmes depuis quelques jours. Même les médias et, en particulier, les radios qui sont normalement friandes d’émissions politiques quotidiennes, sont extrêmement discrets depuis quelques temps. Moins d’attaques contre le gouvernement, plus de “whistleblower” et autre homme politique qui annoncent des tsunamis politiques à tout bout de champ, juste des relais d’information qui sont le moins bruyants possibles.

Toutefois, nous demeurons dans une phase particulièrement sensible. D’un côté, les partis de l’opposition parlementaire se sont alliés pensant que les élections générales étaient proches et, de l’autre côté, le gouvernement prend son temps et ne témoigne d’aucune volonté de troubler son calendrier.

Il reste bien évidemment le cas du Privy Council, dont le verdict est imminent. Les évènements de ce week-end laissent deviner que le Premier ministre est extrêmement confiant quant à l’issue de l’affaire devant les Law Lords.

On peut facilement imaginer ce que ce sera en termes de “boost” politique et de marge de manœuvre en cas où il y aurait une victoire de PravindJugnauth dans cette affaire.

Les partis de l’opposition, réunis dans une alliance conclue trop hâtivement, vont devoir réévaluer leur stratégie politique. Comment vont-ils occuper le temps et l’espace politique de manière efficace et constructive dans une situation où PravindJugnauth détient toutes les cartes clés en main? L’avenir nous le dira bien assez tôt.

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Vivek Johri aux renseignements

Nous connaissons désormais le remplaçant de Kumaresan Ilango au poste de ‘National Security Advisor’ au Prime Minister’s Office (PMO). Il s’agit de Vivek Johri, un vétéran des services de renseignement indiens.

Connu pour être un homme discret, Vivek Johri a une vaste expérience dans son domaine ayant notamment été posté au Népal. Il est particulièrement rodé aux problèmes que posent les ambitions chinoises et nous devinons que c’est la raison pour laquelle il a été nommé au PMO à Maurice.

Certains Mauriciens trouvent choquant que ce soit un citoyen indien qui occupe ce poste extrêmement sensible pour la sécurité de notre pays. Il y a plusieurs raisons à cela.

Tout d’abord, c’est depuis 1983 que le poste de ‘National Security Advisor’ est occupé par un Indien. Il s’agit d’un accord entre l’Inde et Maurice, qui a été mis en place à la suite de l’opération Lal Dora qui avait été avalisé par Indira Gandhi pour soutenir le Premier ministre de l’époque AneroodJugnauth. L’opération Lal Dora avait pour objectif de positionner des navires militaires indiens au large des côtes mauriciennes afin de prévenir une”showdown” entre AneroodJugnauth, d’un côté, et Paul Bérenger, de l’autre.

L’armée indienne n’avait pas eu besoin d’intervenir à l’époque, mais un accord avait tout de même été finalisé entre l’Inde et Maurice afin que le poste de ‘National Security Advisor’ soit occupé par un Indien. Ceci témoigne de la relation privilégiée qui existe entre l’Inde et Maurice depuis des décennies, et la présence de Maurice dans la sphère d’influence indienne ne fera que s’approfondir avec les années (sans que Maurice renie pour autant ses autres pays amis).

Pourquoi donc avons-nous besoin qu’un étranger occupe ce poste ? Est-ce que c’est uniquement une question d’amitié avec l’Inde ? Nous reconnaissons ici un pragmatisme qui est propre à la gouvernance mauricienne. Il ne s’agit nullement en réalité d’un choix idéologique ou identitaire, mais d’un pragmatisme bien réel.

Le poste de ‘National Security Advisor’ est extrêmement sensible, et requiert des compétences qui dépassent de loin la simple compréhension de la sécurité de l’île Maurice. Lorsque nous parlons de la sécurité du territoire mauricien, nous parlons de la sécurité d’un espace de près de 1,9 millions de km2 dans une région extrêmement sensible pour la sécurité du monde.

Nous avons besoin d’expertise internationale dans ce domaine, et les officiers des services de renseignement indiens sont parmi les plus compétents du monde. Ces servicestravaillent d’ailleurs de concert avec la plupart des services de renseignement à travers le monde, ce qui permet à Maurice de bénéficier de “networks” bien plus complexes et étoffés que si nous devions développer nos propres capacités de renseignement.

Mais par-delà cela, il y a une autre raison au fait que ce soit un étranger qui occupe ce poste, une raison qui révèle le degré même du doute que chaque Mauricien peut avoir envers son prochain. Dans un pays où l’on peut être musulman avant d’être Mauricien, où l’on peut être hindou avant d’être Mauricien, où l’on peut être catholique avant d’être Mauricien, peut-être devons-nous laisser un poste aussi sensible que celui de ‘National Security Advisor’ à un étranger qui est en dehors des jeux d’intérêt et des lobbies communautaires ou communalistes ou ethniques…

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Le problème du Khalistanau Canada
Les limites du multiculturalisme à la canadienne

Cela fait maintenant plusieurs semaines que les relations entre l’Inde et le Canada sont plongées dans un froid diplomatique sans précédent. En effet, Justin Trudeau, le Premier ministre canadien, a directement accusé le gouvernement indien d’être impliqué dans l’assassinat d’un citoyen canadien nommé Hardeep Singh Nijjar en juin de cette année.

Trudeau a lancé cette accusation dans un discours au Parlement canadien le 18 septembre dernier, en affirmant que les services de renseignement du Five Eyesétaient en possession de “credibleallegationsof a potentiallink” du gouvernement indien avec cet assassinat. Le gouvernement canadien n’a publié aucune preuve de ce qu’a avancé Trudeau à ce jour, ce qui n’a fait que monter les tensions entre les deux pays.

Hardeep Singh Nijjar était un citoyen canadien d’origine indienne. Il avait émigré au Canada en 1997, entrant même sur le sol canadien grâce à un faux passeport et demandant l’asile politique, à la suite de son arrestation en Inde en 1995 pour avoir été actif dans des groupes que le gouvernement indien classifie comme des terroristes. La demande d’asile de Nijjar avait été rejetée par les autorités canadiennes qui n’avaient pas été satisfaites des informations reçues (que Nijjar avait été torturé et que sa vie était en danger en Inde).

Après plusieurs tentatives, dont un mariage blanc qui avait été rejeté, Nijjar avait été autorisé à rester sur le sol canadien et il obtint la citoyenneté canadienne en 2007. Il était extrêmement actif dans des organisations khalistanaises, militant pour le séparatisme sikh. Ce mouvement compte plusieurs organisations dont l’éventail va de simples groupes contestataires à des organisations paramilitaires, classifiées comme des troupes terroristes par le gouvernement indien.

L’un des plus grands actes de terrorisme aérien avant ceux du 11 septembre 2001 est d’ailleurs attribué à un groupe khalistanais. C’était le fameux vol 182 d’Air Indiacommandité par un groupe nommé Babbar Khalsa International.

Cela fait un moment déjà que le gouvernement indien a fait des demandes d’extradition au gouvernement canadien pour ce qui concerne des individus identifiés comme des terroristes. La réponse du gouvernement canadien a toujours été négative, ce qui a produit une certaine tension entre les deux pays. Mais ces tensions se sont vraiment exacerbées sous le régime actuel du Premier ministre Justin Trudeau. La raison à cela est dû au fait que le gouvernement de Justin Trudeau n’a pas de majorité claire au parlement et a donc dû composer avec un parti dont le leader est un Canadien d’origine sikhe. Cela fait que le vote de la communauté sikh, notamment dans l’Ontario et dans le British Columbia, est un vote clé pour le gouvernement de Trudeau.

Le couvert wokiste de la liberté d’expression

Ces faits expliquent les postures parfois incompréhensibles de Trudeau, ce qui lui vaut également les attaques violentes de l’opposition canadienne. Mais est-ce que cette situation électorale justifie vraiment que le Premier ministre canadien ferme les yeux sur des agissements douteux qui ont lieu dans son pays, les justifiant parfois sous le couvert wokiste de la liberté d’expression ? Pas forcément. Le problème est en réalité plus profond et nous renvoie à l’essence même de la migration et de la politique du multiculturalisme à la canadienne.

Par exemple, le problème politique que posait les séparatistes khalistanais en Inde n’est plus d’actualité dans la grande péninsule. L’immense majorité des Sikhs ne sont absolument pas en faveur de la partition d’un État sikh indépendant de la République de l’Inde, et l’actuel ministre en chef du Pendjab a affirmé haut et fort que le Pendjab était et restera toujours un état de la fédération indienne.

Pourquoi donc tant de bruit autour du Khalistan ? En fait, le problème du Khalistan n’est plus un problème indien mais est devenu un problème canadien. L’immigration des extrémistes khalistanais vers le Canada, au fil de ces dernières décennies, a fait que cette revendication a littéralement déménagé de l’Inde vers le Canada.

Cette réalité a produit la situation absurde que nous voyons aujourd’hui : un groupe vivant au Canada demandant la partition de l’Inde, et menaçant même d’organiser un référendum au Canada pour décider de cette partition en Inde. Non, ce n’est pas une blague, c’est exactement ce qui est en train de se passer.

C’est la raison d’ailleurs pour laquelle le ministre indien des affaires étrangères, S.Jaishankar, a exhorté le Premier ministre canadien à ouvrir les yeux sur la questionkhalistanaise, car il s’agit maintenant d’un problème canadien et les violences précédentes de ces groupes laissent à penser que des actes de terrorisme pourraient désormais avoir lieu sur le sol canadien.

L’esprit de l’immigration au Canada, un “melting pot” profondément hétérogène

Nous voyons là en fait le résultat direct de l’esprit de l’immigration au Canada. Ce pays, second plus vaste du monde en termes de territoire, a besoin d’immigration pour se développer. Ce fait est indéniable. Mais l’immigration au Canada ne répond pas forcément aux impératifs d’adaptation à une culture commune, séculaire et proprement canadienne. Elle est en fait uniquement une immigration de main-d’œuvre.

Dans les faits, cela signifie que les immigrés ne sont pas obligés de s’intégrer à la culture du pays, comme en France, et ils peuvent continuer à vivre selon leurs modes de vie d’origine du moment qu’ils adhérent aux lois du pays. Cela produit la situation suivante : un “melting pot” profondément hétérogène, où chaque communauté conserve ses modes de vie, ses croyances, ses pratiques sociales, etc., sans qu’il y ait forcément un effort d’intégration pour participer à l’essor d’une culture canadienne à part entière.

Tout cela se passe généralement très bien, surtout que personne ne se mélange à personne au Canada, mais nous voyons les limites d’une telle approche lorsque le gouvernement canadien est confronté à des groupes extrémistes. Le cas du mouvement khalistanais est particulièrement révélateur de ce manque de compréhension des enjeux.

Le fait est que le Canada est entré dans un piège qui pourrait un jour se retourner contre le pays : celui que le couvert de la liberté d’expression et de croyance permet les expressions et les croyances les plus contradictoires et parfois les plus violentes.

Nous parlons ici du Khalistan. Mais qu’en est-il des radicaux islamistes, des membres de guérillas colombiens, de groupes liés aux mercenaires serbes et croates, les anciennes milices de Pinochet, des franquistes espagnols, ou encore de fascistes néonazis par exemple ? Est-ce qu’ils trouvent au Canada le terreau qu’ils recherchent pour continuer à faire vivre leurs idéologies et leurs mouvements ? La liberté d’expression et de croyance est une chose, mais est-ce que cela implique de tolérer les extrémismes les plus violents ? La question est du moins posée avec cette affaire des mouvements khalistanais.

Comme il n’y a pas de hasard, Justin Trudeau a été confronté à un autre problème de ce type la semaine d’avant, pendant la visite de Volodymyr Zelensky. Ce dernier était invité à s’adresser au parlement canadien, session pendant laquelle il y a eu une “standing ovation” pour un Canadien d’origine ukrainienne qui s’était battu contre les forces russes pendant la Seconde Guerre mondiale… Sauf qu’un individu qui s’est battu contre l’armée rouge sur le front ukrainien est forcément ce que l’on appelle un vétéran nazi…

Et le cas de ce vétéran est particulièrement criant car il avait rejoint une division des SS qui était impliquée dans des atrocités les plus graves contre une armée faisant partie des alliés, alors que le Canada était engagé auprès de ces mêmes alliés. Pour résumer, le parlement canadien a donné une “standing ovation” à un individu qui était dans le camp des Nazipendant une guerre où des Canadiens ont perdu la vie en s’engageant contre le nazisme.

Un havre de paix pour les terroristes et les criminels de guerre

En faisant cela, le gouvernement de Justin Trudeau a magistralement réussi quatre choses :

  • il s’est encore plus couvert de ridicule aux yeux du monde, justifiant toute la posture indienne qui accuse le Canada d’être devenu un havre de paix pour les terroristes et les criminels de guerre ;
  • il a entièrement justifié la posture de Vladimir Poutine sur le fait que “l’opération spéciale” en Ukraine avait pour objectif d’éliminer les néo-Nazis qui s’en prennent à la population russophone de l’Ukraine ;
  • il a réussi à faire taire les alliés historiques du Canada, et notamment les États-Unis dont la timidité à prendre position en faveur du gouvernement canadien dans l’affaire Nijjar démontre à quel point l’Inde est devenue un partenaire stratégique des Occidentaux, et
  • il a également magistralement démontré son manque de compréhension des enjeux globaux et son innocence face à des problèmes qui pourraient devenir extrêmement sérieux pour les Canadiens dans le futur.

Nous voyons ainsi un problème de fond qui se joue dans des postures et des prises de position des pouvoirs publics au Canada. Justin Trudeau – qui s’est construit une image d’ardent défenseur du wokisme pour faire oublier le fait qu’il était un fils à papa – semble avoir dépassé la ligne rouge avec des bourdes à répétition.

Il serait extrêmement étonnant qu’il puisse gagner les prochaines élections, même s’il a le temps de renverser la vapeur. Mais Trudeau ou pas, le problème restera entier et il devient clair que le Canada doit impérativement se poser des questions sur sa politique migratoire. À vouloir accueillir toute la misère du monde, on s’expose parfois au risque d’accueillir également tous les marginaux et les rejetés du monde.

* * *

Double meurtre à Clairfonds: faut-il réintroduire la peine de mort ?

Le couple Sookur a été retrouvé mort à leur domicile le 21 septembre dernier. Après quelques jours d’enquête, la police a appréhendé les suspects. Il s’agit des locataires du couple et de deux de leurs complices.

Ils s’en sont pris au couple Sookur en réponse à la demande de ces derniers qu’ils évacuent leur appartement. Ils ont ainsi voulu donner au couple “une leçon”. Nous connaissons la suite…

Mais les choses ne se sont pas arrêtées là. Au fil de l’interrogatoire, deux des individus interpellés ont avoué un autre meurtre, celui d’une quinquagénaire, et ce, l’année dernière. En découvrirons-nous d’autres, faisant de ce couple – au passage – des tueurs en série ? Il faut attendre pour en savoir plus.

Mais la gravité des faits a réactivé une question qui se pose de temps en temps à Maurice, notamment quand il s’agit de crimes aussi calculateurs et odieux. Faudrait-il réintroduire la peine de mort ?

Cette question déchaîne les passions de par le monde, notamment dans des situations de croissance exponentielle de la criminalité. Sommes-nous à Maurice dans une telle situation ? Il faudrait appuyer ces dires par des statistiques sérieuses, mais la perception d’une croissance de la criminalité est bel et bien réelle.

Entre le trafic de drogue, les gangs qui y sont associés, les crimes liés aux conditions socioéconomiques actuelles, plusieurs Mauriciens ressentent une addition des potentiels de violence et ils pensent également que les passages à l’acte semblent se normaliser. Mais est-ce que cela cautionne le fait de réintroduire la peine de mort à Maurice ?

La dernière exécution capitale qui a eu lieu dans notre pays remonte à l’année 1987 alors que la peine de mort a été elle abolie en 1995. Malgré cette abolition, la République de Maurice n’a pas ratifié le traité international abolissant la peine de mort, se donnant une certaine marge de manœuvre sur cette question.

D’ailleurs, il y aeu un moment en 2010 où la peine de mort était revenue sur la table du débat politique.Le Premier ministre de l’époque, Navin Ramgoolam, s’était exprimé en faveur d’un retour de la peine capitale pour les meurtriers et les trafiquants de drogue. Sir AneroodJugnauth, alors Président de la République, avait secondé l’opinion du Premier ministre.

À l’époque, l’Union européenne (UE) s’était opposée au projet du gouvernement mauricien visant à modifier la loi infligeant la peine de mort. À ce moment-là, le Chef de la délégation de l’Union européenne à Maurice, Alessandro Mariani, avait même déclaré que la peine de mort est “cruelle et inhumaine” et que “l’UE a depuis longtemps été à la tête d’une campagne contre une telle sanction”.

Il avait même ajouté que l’abolition universelle de la peine de mort “représente l’un des objectifs prioritaires de l’UE”, que l’UE et l’Ile Maurice ont partagé les mêmes valeurs qui ont été démontrées par le soutien que l’île avait apporté à l’UE au moment du vote des résolutions appelant à l’abolition de la peine de mort.

Alessandro Mariani avait également souligné à l’époque que la condamnation d’un criminel à la peine de mort à la suite d’une erreur judiciaire est “irréparable” et représente une perte de vie, insistant sur le fait que la peine de mort ne permettrait pas de réduire la criminalité.

Il s’agit d’une des valeurs que les Occidentaux, à l’exception des États-Unis, souhaitent entièrement globalisée. Et il était clair en 2010 que les rapports de force faisaient que Maurice n’avait pas d’autre choix que de suivre la recommandation de l’UE. Cette situation a évolué depuis ce temps-là.

L’UE reste notre premier partenaire commercial et les relations économiques, institutionnelles et culturelles avec l’UE restent extrêmement importantes pour Maurice. Mais les choses changent pour nous et la reconfiguration régionale feront que l’influence européenne continuera à décliner au fil du temps.

Qu’est-ce qui nous empêchera alors de rétablir la peine capitale ? Admettons que les objections formulées par l’UE sont réelles et nous devons absolument continuer à les considérer. En d’autres termes, la peine de mortdoit obligatoirement n’être qu’un dernier recours pour le judiciaire ; et il est absolument impératif de garantir une justice parfaitement transparente, une police parfaitement objective dans ses enquêtes, un système des prisons qui soit sérieusement capable de faire fonctionner la réinsertion de la petite délinquance afin de combattre la criminalité.

Sans ces impératifs, le rétablissement de la peine de mort serait une grave erreur et pourrait même se transformer en un instrument de répression politique grave.


Mauritius Times ePaper Friday 6 October 2023

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