“L’électorat a moins besoin de programme électoral, de promesses de changement… Il réclame désespérément une alternative crédible

Donnez-lui ce qu’il réclame et faites-lui confiance…”

Interview: Yvan Martial, Journaliste et Historien

* ‘Nous pouvons accuser nos dinosaures de tous les péchés de la terre mais au moins nous les connaissons de longue date’

 * ‘Aucun politicien actuellement n’est capable de faire mieux que Jugnauth en termes de popularité et de présence sous les feux de l’actualité
Ses adversaires lui ont laissé le champ libre pendant quatre ans ‘


Yvan Martial se concentre sur les prochaines élections et évalue les stratégies des uns et des autres, avec sa capacité à manier l’ironie tantôt avec âpreté tantôt avec humour. Dans ce sillage, il ne fait aucun cadeau à la classe politique. Par ailleurs, il commente aussi l’ordination épiscopale. Il remarque avec justesse que les Mauriciens, dans leur ensemble, n’attendent plus de belles paroles mais bien des actions concrètes de la part de tous ceux qui détiennent un certain pouvoir. Les Mauriciens attendent une amélioration de leur vie quotidienne dans le pays et, aussi, une meilleure façon de vivre les relations interculturelles en espérant que l’exemple viendra d’en haut.


Mauritius Times : Il existe un flou en ce qui concerne le rapport de force qui prévaut sur le plan politique présentement, surtout depuis la démonstration de force de la nouvelle alliance regroupant le PTr, le MMM et le PMSD à Mare d’Albert et à Vacoas, et celles de l’alliance gouvernementale avec les jeunes et les personnes âgées. Pensez-vous que l’alliance gouvernementale demeure à ce stade en tant que la première force politique du pays ?

Yvan Martial : Nous ne pouvons comparer une démonstration de force, qui demeure à être évaluée, mesurée, pesée, et un gouvernement solidement en place depuis 2014, capable à tout moment de rameuter des foules appréciables de différentes catégories, selon les cibles visées (jeunes, femmes, croulants, malades, sportifs, coopérateurs, planteurs plantés, pauvres pêcheurs à qui on serine que leur progéniture ne doit pas être pêcheur comme papa ou maman) pour ne rien dire des rodères boutte foisonnant en pareille circonstance.

L’opposition, surtout parlementaire, ne peut se plaindre d’un tel pouvoir ministériel car ses membres ont tenu, à divers moments, ce Pouvoir entre leurs mains sans savoir l’utiliser de manière aussi optimale. Valeur du jour, il convient de savoir si l’ensemble de la population gobe ces sempiternels discours sur le thème que Pravind ne fait pas ce que Navin a fait alors qu’ils étaient inséparables entre une élection partielle au No. 8 et leur départ du gouvernement Ramgoolam (après la révélation de certains détails peu flatteurs de l’achat gouvernemental de la clinique MedPoint).

Les opposants de tous bords, sachant qu’il y a autant de bords que d’opposants, se doivent de se mettre à l’écoute de ce que les Mauriciens peuvent reprocher au présent gouvernement et exploiter au mieux ces doléances en espérant que cela mènera un peu d’eau à leur moulin avant l’inéluctable dissolution de l’Assemblée nationale plébiscitée le 7 novembre 2019.

* Voyez-vous l’alliance PTr-MMM-PMSD prendre éventuellement le dessus sur l’alliance gouvernementale en s’appuyant sur la force de sa composition et de ses divers adhérents, sur son capital de crédibilité et sur l’espoir qu’elle suscite tant auprès de ses différents ‘vote banks’ que des abstentionnistes qui se chiffrent autour de 25% de l’électorat?

C’est une tâche herculéenne. Mais n’est pas Hercules qui veut, même si les écuries d’Augias ontautant besoin d’être drainées que ce qui se passe désormais sur l’hippodrome du Champ-de-Mars. La partie est d’autant plus difficile que le MSM n’a pas encore utilisé ses dernières et peut-être ses meilleures cartouches.

Mais à qui la faute, sinon à ceux qui attendent 2023 pour faire enfin ce qui devait être entrepris dès 2020, Covid-19 ou pas ? Le confinement, de rigueur alors, n’empêchait guère d’utiles coze-cozé par-delà une haie de bambous. Le temps perdu se paie « cash » aussi dans le monde politique et électoral. Le rôle des opposants est surtout d’être à l’écoute des petites misères du grand public comme de sa grande plainte et aussi de celles des ti-dimounn, et nous le faire savoir. Mais comment réparer aujourd’hui ce qu’on a négligé de faire entre 2020 et 2023 ?

* Jocelyn Chan Low, historien, est allé très loin dans son analyse du rapport de force sur l’échiquier politiquedans le cadre d’une interview accordée au Mauritius Times, vendredi dernier. Il affirme que « pour l’opposition, il n’y a pas d’autre solution que le retrait de (ses) dirigeants en faveur d’une nouvelle direction – la victoire de l’opposition en serait garantie ». Il le dit sans doute de bonne foi en vue de voir éventuellement la victoire d’une alternance plus acceptable, mais ce n’est pas nécessairementréalisable, non?

Jocelyn Chan Low utilise une expression abstraite qui, à mon humble avis, ne signifie rien. Plutôt que de parler de la « nouvelle direction », j’aurais préféré qu’il utilise le terme « nouveau directeur ». C’est quand même plus concret.

Et pour le rendre plus réel, il suffit de désigner nommément l’identité de ce « directeur de rechange » qu’il prétend salvifique. Alors nous aurions pu juger sur pièce et savoir si cette roue de secours l’emporte sur les vieux pneus usés, sinon crevés, dont il veut se débarrasser. 

Nous pouvons accuser nos dinosaures de tous les péchés de la terre mais au moins nous les connaissons de longue date (peut-être même trop longue). Mais malgré leurs défauts, tares, « bézer caractére », et parricides politiques, ils ont le mérite d’exister et de fonctionner vaille que vaille, sinon vaish que vaish.

Je les préfère à une « direction » inconnue, peut-être inexistante. Qu’on me nomme ce nouveau directeur consensuel de toute l’opposition parlementaire et extraparlementaire et je pourrais vous dire si, à mes yeux, il est capable de détrôner Pravind Jugnauth et sa clique.

* Au-delà de ses faiblesses intrinsèques et des obstacles qui vont être érigés sur son passage par l’establishment du MSM, l’alliance de l’opposition aura aussi à surmonter le problème que représentent les partis extra parlementaires des Bodha,  Bhadain, Valayden, Laurette… et une éventuelle lutte à trois (si Valayden parvient à regrouper ces différentes forces politiques) ou quatre au cas contraire. Quelle analyse faites-vous de cette possibilité?

Dans toute lutte à trois, il y a trois partis ou alliances que nous nommerons A, B et C.

  • A lutte contre C mais doit aussi se défendre contre B qui lui lance des vannes.
  • B prétend lutter prioritairement contre C mais préfère et de beaucoup concentrer ses attaques contre A dans l’espoir de convaincre l’électorat qu’il se positionne mieux que A.
  • C se contente d’étaler ses réalisations sonnantes et trébuchantes en ironisant sur A et B qui s’entredéchirent, avant même d’avoir conquis le pouvoir.

Pour échapper à cette impasse, il est impérieux que toutes nos oppositions acceptent immédiatement d’unir leurs forces sous le leadership du Parti Travailliste qui, valeur du jour, paraît l’alternative la plus crédible au MSM. Je ne vois pas d’autre planche de salut en dehors de Navin Ramgoolam, cela accepté par tous et de manière irréductible.

Il convient de répartir les tickets électoraux. Je propose comme base de discussion 27 au PTr, 17 au MMM, 12 au PMSD et 6 aux leaders de partis non parlementaires.Si ces dernierssont plus nombreux et crédibles, on leur accordera davantage de tickets mais à prendre dans le quota des partis parlementaires en commençant par le PTr et en finissant par le MMM.

Il faut savoir faire quelques sacrifices si on veut convaincre une population, et prouver sa crédibilité et son sérieux. Cela accepté, il convient de répartir les 62 tickets, région par région. Cela donne pour

  • Port-Louis :4 au PTr, 6 au MMM, 2 au PMSD, soit 12 ;
  • le Nord (5,6 et 7) : 5 pour le PTr, 1 pour le MMM et 1 pour le PMSD et 2 pour les petits partis, soit neuf au total ;
  • l’Est (8,9 et 10) : 6 pour le PTr, 3 pour les petits partis, soit neuf en tout ;
  • le Sud (11, 12 et 13) : 5 pour le PTr, 2 pour le MMM, 1 pour le PMSD et 1 pour les petits partis) ;
  • le No 14 : un candidat pour PTr, MMM et PMSD ;
  • les Hautes Plaines-Wilhems (15, 16 et 17) : 3 pour le PTr, 3 pour le MMM, 3 pour le PMSD ;
  • les Basses Plaines-Wilhems (18, 19 et 20) : 3 pour le PTr, 4 pour le MMM, 2 pour le PMSD ;
  • Rodrigues : 2 pour le PMSD.
  • Total : 27 pour le PTr, 17 pour le MMM, 12 pour le PMSD et 6 pour les petits partis.

Ces chiffres ne sont pas absolus et peuvent être modifiés mais pas indéfiniment car « élections derrière la porte ». Au 15 novembre 2023, tout doit être réglé une fois pour toutes. Il va de soi qu’entre eux, les partis peuvent échanger un ticket dans telle circonscription contre unautre, procéder à quelques accommodementsmais avec l’accord du leader Navin.

Cela fait, il conviendra de nommer un leader, candidat ou non, par région et pour les seuls besoins des prochaines législatives. A mon humble avis, les partis d’opposition devraient laisser le choix de ce leader régional aux militants de base, en organisant des sortes d’élections primaires, à plusieurs tours, jusqu’à ce que se dégage une majorité de plus de deux tiers des voix pour désigner un leader régional assez consensuel à qui sera confié la lourde responsabilité d’assurer la victoire de l’opposition dans sa région.

Les leaders inamovibles m’en voudront de les écarter de la sorte mais cela leur fera le plus grand bien. L’organisation rapide, sinon immédiate, de ces primaires régionales peut être le déclic d’un véritable renversement de vapeur, par rapport à un MSM où tous les pouvoirs se concentrent entre les mains du leader et de ce que Roshi Bhadain a nommé la cuisine de ce parti.

Un leader dans chaque région, cela donnera 7 leaders régionaux qui s’efforceront de faire mieux que les autres pour prouver qu’ils sont de meilleurs organisateurs, de meilleurs stratèges, que les autres. Aucun leader, surtout dinosaure, ne saurait faire preuve d’une telle capacité de changement. Le déclic sera encore plus irrésistible si le leader régional de chaque composante de cette alliance de toutes les oppositions a le droit, après consultations avec sa base, de désigner quelques candidats (jeune et femme de préférence).

Demeure l’épineuse question de la répartition castéiste, puisqu’il convient d’appeler les choses par leur nom. Cela peut se régler plus aisément si on accorde préférence d’abord aux petits partis, puis au PMSD, et enfin au MMM de désigner leurs candidats en laissant le soin au PTr, disposant du plus vaste réservoir de candidats d’assurer la représentation des composantes insuffisamment représentées, du moins sur la liste des candidats.

Cela devrait être fait de préférence avant le 30 septembre prochainpour permettre à l’opposition de se mettre sans tarder en campagne électorale et donner l’impression qu’elle peut mettre en déroute l’armada MSM, se croyant invincible.

L’électorat a moins besoin de programme électoral, de promesses de changement de quel qu’ordre que ce soit. Il réclame désespérément une alternative crédible – prioritairement en ressources humaines – au pouvoir en place. Donnez-lui ce qu’il réclame et faites-lui confiance.

* Diriez-vous dans les conditions actuelles que le MSM pourrait difficilement perdre les prochaines élections? Posée différemment, la question est de savoir si l’opposition pourrait potentiellement remporter ces élections?

Le MSM a l’avantage sur l’opposition de jouer cartes sur table. On connaît ses réalisations au pouvoir. On connaît ses atouts. On connaît sa force de matraquage télévisuelle et propagandiste. On sait qu’il joue at-home dans maintes instances socioculturelles sinon religieuses. On inventera au besoin des fêtes ou encore de nouvelles grottes pas forcément mariales pour montrer que ce parti est omniprésent et omnipuissant. Le G20 et l’alunissage réussi jouent déjà en sa faveur.

Et ce n’est qu’un début. Le pire est à prévoir mais seulement pour l’adversaire, l’opposition même enfin réunie pour être plus force et moins farce. A moins d’un déclic salvateur, je ne vois pas le MSM perdre les prochaines législatives.

* PravindJugnauth ne cesse d’affirmer qu’il ira au bout de son mandat. Il se dit “très serein” par rapport à l’appel de la pétition électorale devant le Privy Council, et il saura utiliser les fonds publics à des fins politiques au bon moment afin d’éviter toute censure légale. Voyez-vous d’autres raisons pour lui d’écourter son mandat?

Même si pour des raisons hautement improbables, Pravind Jugnauth doit dissoudre prématurément l’Assemblée nationale et organiser des législatives, à la date la plus tardive ou la plus proche qui soit, j’estime que son gouvernement a constitué suffisamment de goodwill pour remporter haut la main les prochaines législatives, face à une opposition jamais plus désorganisée ni impotente.

On peut aimer ou détester le style de gouvernement de Pravind Jugnauth mais aucun politicien actuellement n’est capable de faire mieux que lui en termes de popularité et de présence sous les feux de l’actualité. Ses adversaires lui ont laissé le champ libre pendant quatre ans pour ne rien dire de son précédent mandat de 2014-2019.

On peut reprocher à son entourage quelques scandales mais il n’y a rien ou presque qui le touche personnellement. On peut certes l’accuser de ne pas faire preuve d’une plus grande célérité en matière de lumière à établir, de manière irréfutable, sur des scandales inacceptables. Mais il a le droit de s’abriter derrière le commode paravent qu’il ne peut ingérer dans les procédures d’institutions investigatrices. Ses prédécesseurs sont loin d’être vierges de tout soupçon en la matière.

Si reproche peut lui être fait, cela vient quand même de politiciens ayant été son allié à l’époque des faits ou après, et ils sont mal placés pour lui reprocher ce qu’ils acceptaient sans problème quand ils étaient ensemble.

Notre classe politique est devenue dégoûtante en ce sens qu’elle ne cesse de polluer chaque jour davantage nos dernières institutions à jouir encore d’un peu de crédibilité aux yeux de la population. Mais de là, rendre le seul MSM responsable de cela et faire accroire que les autres partis sont vierges de tout soupçon est un pas que je ne franchirai pas.

Le triste constat que nous sommes condamnés à faire, c’est qu’en matière d’élections et de pouvoir à conquérir la population mauricienneest tristement condamnée au jeu de « pile tu gagnes et face je perds». Pourquoi voulez-vous qu’en pareil cas, les Mauriciens s’intéressent encore de l’identité du prochain vainqueur des prochaines Législatives ?

* Au-delà de la chose politique, une dispute industrielle qui a soulevé une vive controverse, c’est le limogeage de Yogita Baboo-Rama, présidente de l’Air Mauritius Cabin Crew Association, par la compagnie nationale d’aviation. Selon MK, “des informations confidentielles auraient été rendues publiques, ce qui aurait affecté l’image de la compagnie”. Fait surprenant à noter, c’est que ce limogeage est effectué malgré l’intervention du ministère du Travail auprès d’une institution contrôlée par le gouvernement au niveau de son actionnariat. Comment expliquer cela?

Que peut le vase de terre, ministère du Travail, contre le vase de fer d’une cuisine de haute précision, contrôlant toutes les manettes de la cuisson ? Je ne connais pas assez le présent secteur des relations industrielles surtout dans les compagnies publiques et les corps paraétatiques pour porter le moindre jugement en pareille affaire.

En matière de syndicalisme, bien plus qu’en celle de la chose politique, fantasmer est de mauvais conseil. Quand on se casse le nez en politique, on hérite seulement d’élus incapables et incompétents qui vous rendent la vie déplaisante.

En matière syndicale, quand on se casse le nez, c’est souvent le licenciement et la perte d’un gagne-pain qui vous pendent au nez. S’il y a quelque chose sur terre à respecter à tout prix, c’est bien le gagne-pain de ceux qui nous font confiance et qui sollicitent nos conseils et notre aide. Certes, cela met le salarié à la merci de son employeur comme l’esclave l’était aux mains des négriers, le chèque de fin de mois remplaçant la plus solide des entraves esclavagistes. C’est ça ou l’insécurité d’emploi la plus stressante.

Encore qu’en ce moment, il manque apparemment davantage de travailleurs que d’emplois, puisque maints secteurs réclament à cor et à cris la possibilité d’importer de la main d’œuvre étrangère…

Diaboliser le patronat, surtout au sein de la libre entreprise, ce n’est pas non plus de bon conseil ni de bonne stratégie. Tout patron digne de ce nom veut la prospérité de son entreprise et il sait mieux que quiconque que cela repose fondamentalement sur l’épanouissement de l’ensemble de son personnel, exception faite pour quelques fortes têtes rétives à tout travail d’équipe.

Le meilleur atout de l’économie mauricienne et, plus particulièrement, du secteur privé demeure la qualité de nos relations humaines. Au mois dans la libre entreprise, le salarié peut s’épanouir quand son entreprise prospère et que les bénéfices sont équitablement répartis. Et si une entreprise prend davantage soin du bien-être de ses employés, elle ne peut qu’attirer les meilleurs éléments d’ailleurs en quête d’une meilleure place au soleil. Mais l’essentiel, c’est que chaque entreprise fonctionne de manière optimale grâce à la bonne entente prévalant entre employeurs et employés.

* L’Eglise catholique a un nouvel évêque depuis dimanche dernier en la personne de Mgr Jean Michael Durhône. Quelle analyse faites-vous de cette ordination épiscopale, une première à Maurice?

Je n’ai pas l’honneur de connaître Mgr Jean Michael Durhône. Je découvrirai l’homme au fur et à mesure qu’il exercera sa mission épiscopale parmi nous. Son ordination comme 12e évêque de Port-Louis ne constitue aucunement une première à Maurice.

Il s’agit en fait de la quatrième. Nous ne pouvons pas oublier les précédentes ordinations épiscopales de Maurice Piat et de Mgr Jean Margéot, respectivement le 19 mai 1991 et le 4 mai 1969. Celle de Mgr Jean Margéot fut la plus attendue car une convention agréée entre le Saint-Siège et la congrégation des Pères spiritains, datant de 1916, stipulait que le siège épiscopal de Port-Louis serait attribué à un prêtre de cette congrégation religieuse, ce qui n’était pas le cas pour Jean Margéot, simple prêtre diocésain.

Sa nomination apporta une grande joie à la population mauricienne à qui, un an auparavant, les anciens occupants colonialistes british-born avaient imposé l’Indépendance politique après nous avoir volé nos Zîles Là-haut, comprenez notre archipel des Chagos.

Du coup, la catholicité mauricienne acquérait son autonomie religieuse et hiérarchique. Certains d’entre nous ont sourcillé dans le cas de Maurice Piat car il est à la fois mauricien et prêtre spiritain. Nous avons préféré y voir un clin d’œil additionnel de gratitude à la congrégation du Père Laval de qui nous devons tant de bienfaits depuis 1841 et dont les membres les plus dévoués sont toujours à l’œuvre à Maurice, au service des Mauriciens.

N’oublions surtout pas l’ordination du dernier évêque spiritain et irlandais, Mgr Daniel Liston, le 12 octobre 1947 mais en la cathédrale Saint-Louis.
L’année 2001 est aussi une année exceptionnelle pour notre catholicité car le 15 août de cette année, Denis Wiehe, également prêtre spiritain mais mauricien, est ordonné évêque coadjuteur de Mgr Xavier Baronnet, évêque des Seychelles, avec droit de succession.
Le 8 décembre de l’année suivante (2002) c’est au tour d’Alain Harel de recevoir l’ordination épiscopale en tant que vicaire apostolique de Rodrigues (un vicariat apostolique est un mini-diocèse jouissant d’une certaine autonomie pastorale mais relevant toujours financièrement d’un autre diocèse, celui de Port-Louis dans le cas de Rodrigues.
Le 10 décembre 2020, Mgr Alain Harel est nommé évêque de Port Victoria aux Seychelles. Il succède à Mgr Denis Wiehe. Son installation sur la cathèdre seychelloise a lieu le 8 décembre 2020.
Les moins jeunes parmi nous ne peuvent oublier que François Cléret de Langavant, prêtre spiritain mais français, administrateur de la cathédrale Saint-Louis à Maurice, reçoit, le 5 janvier 1935, sa nomination comme évêque de Saint-Denis de la Réunion où il succède à Mgr de Beaumont.

Pour en revenir à l’ordination épiscopale de Mgr Durhône, elle a été très conviviale, frappée d’une empreinte de jeunesse et de dynamisme des plus prometteurs. La qualité des chants collectifs, des prières et des moments de recueillement ont été très intenses. On peut regretter les longues minutes consacrées aux accolades du nouvel évêque avec la centaine de prêtres et de diacres présents. Cela ressemblait davantage à des congratulations footballistiques qu’au traditionnel « Deo Gratiais » liturgique ayant l’avantage de rendre à Dieu ce qui vient de Dieu.

On peut aussi déplorer l’absence de toute allusion, au memento des défunts après la consécration à Mme Krishnawtee Seerauj, la disparue du Pouce dont le cadavre fut retrouvé au pied d’une falaise du Dauguet. La population mauricienne attendait un geste qui n’est pas venu. Nous devons donner gratuitement et prioritairement aux non chrétiens qui vénèrent tellement notre catholicité.


Mauritius Times ePaper Friday 25 August 2023

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