Le pouvoir par le vote. Une réalité?

By Nita Chicooree-Mercier

A quoi sert le vote dans un pays comme la France? Pic – CSMonitor.com

Il y a quelques années, une spécialiste de ‘civilisation américaine’ disait ceci dans un amphithéâtre rempli à craquer: ‘Je ne vous apprends rien en vous disant que voter ne sert à rien de nos jours.’

Le terme ‘civilisation’ peut paraître quelque peu prématuré pour un jeune pays d’à peine 300 ans d’existence, le terme anglais ‘American Studies’ est plus approprié. L’inutilité des élections concerne en plus des Etats-Unis, l’Europe aussi, selon la conférencière.

D’autres pays pourraient s’y retrouver dans cette affirmation catégorique qui traduit l’idée d’une illusion de choix démocratique. Sous-entendu qu’il y aurait d’autres forces qui dirigent le monde au-delà des courants idéologiques et des partis politiques et que toute agitation des campagnes électorales relève d’une mascarade. Est-ce vraiment le cas ?

Dans un premier temps, cette idée peut paraître convaincante. Et même d’autres pays hors de la sphère occidentale sont contraints de suivre une voie unique tant l’économie du marché est incontournable à l’échelle internationale.

C’est peu dire que le socialisme n’a jamais été en odeur de sainteté dans l’Establishment américain. La majorité des Américains tiennent en horreur cette idéologie venue d’ailleurs et se battra bec et ongles contre toute tentative d’implantation sur son sol et est prête à lui déclarer la guerre partout dans le monde.

Vu sous l’angle d’une économie de marché, le capitalisme ayant signé le glas du socialisme dans les années 80, le peu de choix sur le plan économique paraît évident et la rivalité partisane se résume à une guerre d’égos et les élections quinquennales à une gesticulation bruyante. Aujourd’hui tout devient caricatural tant le monde est en ébullition et les choses changent à grande vitesse. Rien n’est simple. 

L’économie n’est pas l’alpha et l’oméga d’un pays, les peuples de ce monde ne représentent pas que des millions d’estomac à nourrir. Les peuples ont une histoire, une mémoire collective, une culture, une langue, un patrimoine littéraire et artistique, un mode de vie, des us et coutumes et une religion qu’ils partagent et qui leur donnent une identité, tandis que d’autres tels que ceux de l’Inde et de la Chine sont les héritiers d’une civilisation millénaire.

Le romantisme idéologique du socialisme paré d’une utopie égalitaire et le consumérisme libéral ont rendu « ringard » tout discours portant sur culture et identité. Une panoplie d’épithètes s’acharne sur tout tenant d’un discours qui est devenu sujet tabou et honni dans les pays avancés.

Ceux qui se permettent de parler de leur ventre, siège de mémoire et de de l’émotion, se font vite taxer de racistes, fascistes, nationalistes, fanatiques et xénophobes. Le discours politiquement correct est surtout l’apanage des Etats-Unis, et s’est bien implanté contre le gré des peuples en Europe et ses alliés du Canada et de l’Australie.

A quoi sert le vote dans un pays comme la France lors des dernières élections?

Le discours ambiant voudrait que le pouvoir d’achat, donc l’économie, prime sur toute autre considération de civilisation ou de culture, que profondément les Français ne voient aucune menace à leur mode vie. Le score du Rassemblement national (RN), dénommé Front national (FN) jusqu’en 2018, parti de droite identitaire, est tout de même arrivé en deuxième position à l’élection présidentielle.

Quant à Reconquête!, un mouvement politique, dirigé par Eric Zemmour, et qui se donne pour objectifs de défendre l’intérêt national et de promouvoir la grandeur de la France, ce parti talonnait LaRem (La République en marche) du Président Macron le 23 avril dernier en dépassant le RN avant que les médias ne le fassent dégringoler en l’associant à un Poutine ultra-patriotique lors de l’invasion de l’Ukraine.

Le vote impulsif en temps de guerre et aussi, par défaut, pour Macron au deuxième tour fit de cette élection, encore une fois, une farce électorale unique à la France.

Maintenant qu’ils sont coincés avec un vote utile pour Macron, la logique requiert qu’ils lui donnent une majorité pour gouverner. Ce qui lui permettrait de continuer d’appliquer les diktats de Bruxelles sous commande des Etats-Unis. Et c’est là que tout coince.

  • Les résultats s’annoncent serrés pour Renaissance, nouveau nom de LaRem pour faire court comme Reconquête, mimétisme absurde, renaître de quoi ?
  • La France Insoumise a réussi à rassembler les partis de gauche sous Mélenchon, le poste de premier ministre ne séduit pas la patronne du RN. L’extrême gauche ne porte pas l’Union européenne dans son cœur alors que la gauche socialiste y adhère, et de l’autre côté, les Communistes rêvent d’un Frexit sans concession.

Tout ce beau monde a joué la carte européenne jusqu’ici. Et quelle liberté de politique économique aurait la Nupes (Nouvelle Union populaire écologique et sociale, qui est une alliance politique conclue entre plusieurs partis de gauche) pour les cinq ans à venir ? Car si tant est qu’ils tentent un Frexit, cela durera quelques années. C’est une patate chaude qui pourrait faire fuir en masse les électeurs vers Macron.

L’électorat socialiste qui a boudé le RN n’a pas bien saisi le programme économique très socialiste de Madame Le Pen. C’est une confusion totale dans les esprits. Que cherchent les gens dans une élection ?

Pour les raisons purement électoralistes, Mélenchon a retourné sa veste dans une posture anti-Russie pour la présidentielle. En cas de victoire, il retrouverait vite sa sympathie pro-russe et mettrait fin au soutien de la France à l’alliance occidentale menée par les Etats-Unis. Seul point positif à l’horizon. A l’approche technocrate de Macron qui consiste à considérer l’immigration comme une chance, Mélenchon rajoute le romantisme idéologique de multiculturalisme, voire l’euphémisme de créolisation, comme un progrès.

Donc rien ne changera, ce sera encore pire pour une France qui voit déjà des sociétés parallèles avec un différent mode de vie, code vestimentaire et religion, essentiellement issues de l’immigration de l’Afrique du Nord, s’établir partout dans une posture de défi à l’égard du pays d’adoption qu’une idéologie expansionniste et radicale vise à dominer sur le plan démographique à long terme.

Tout un programme qui est rejeté en France, mais aussi dans les pays nordiques prospères et jadis paisibles que sont la Suède et la Norvège. Ces pays ont pris des mesures fortes pour éradiquer une idéologie porteuse de délinquance, de criminalité et de séparatisme. Mesures suivies par bien d’autres pays européens.

Le déni de la réalité est la chose la plus partagée par la population en Europe. Mais une partie de la population reste vigilante à ce danger et se bat pour porter sa voix au plus haut niveau. Dans un pays miné par une absence grave d’autorité, où on attaque les policiers, on tabasse à mort les chauffeurs d’autobus, où un simple regard peut finir en une pluie de coups par les voyous, migrants légaux et illégaux, où on harcèle les femmes pour leur tenue, le discours identitaire et culturel devrait être une priorité.

Pas qu’en France, mais aussi dans de nombreux pays, de l’Afrique à l’Inde, menacés par une politique de domination par la démographie où l’harmonie sociale est constamment mise à mal.

Si les élections ne servent qu’à satisfaire l’estomac dans une approche matérialiste de la vie en commun, l’âme du peuple et de sa civilisation en pâtira à la longue. Vu de la Chine ou la Russie, cette liberté de choix dans les démocraties peut paraître comme une illusion. Mais ceux qui sont attachés à la notion de liberté aspirent à ce que les élections ne soient pas une farce. Qu’en est-il en réalité ?


Mauritius Times ePaper Friday 10 June 2022

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