La Croix de La France

By Nita Chicooree-Mercier

Bientôt un défilé martial sur le Champ de Mars célèbrera le premier anniversaire en 1790 de la prise de la Bastille à Paris. C’est en grande pompe que le très martial hymne national résonnera sur la grande avenue. Aux armes, citoyens ! Rappel d’une révolution bourgeoise montée au nom du peuple tant les tiers états, hauts fonctionnaires, magistrats, négociants en commerce voulaient se débarrasser des lois jugées contraignantes pour la bonne marche de leur fonction, et dictées par la noblesse de cour et d’épée sous l’égide royal.

Le peuple, affamé par les récoltes insuffisantes et les impôts insupportables pour la paysannerie, fut mis à contribution, et le bon roi n’avait rien vu venir de cette vague de colère qui le conduira à la potence, la reine et lui, loin de son Autriche natale qu’elle avait quittée à l’âge de seize ans pour épouser le roi de France. Et encore, la guillotine fut un progrès comparée à l’exécution à la hache dont fut victime, outre-Manche, quelques siècles plus tôt, Ann Boleyn, la mère d’Elizabeth 1ère.

Un défilé militaire en grande pompe mais une armée bénéficiant peu de la générosité du budget de l’Etat et les soldats payés à coup de lance-pierre, et le chef de l’armée, Pierre de Villiers, limogé par l’actuel président dès le début de son quinquennat.

Aux armes, citoyens ! Quel écho chez une génération qui n’a pas connu le service militaire obligatoire où se côtoyaient le fils de l’ouvrier, celui de l’instituteur, du négociant, du magistrat et autres hauts fonctionnaires de l’Etat, et où se tissait la fibre patriotique qui relie toutes les classes sociales à la nation ? Au cas où il faudrait se débarrasser d’une tyrannie quelconque à l’avenir.

« La France, tend-elle la joue gauche à ces fardeaux qui se sont accumulés sur son dos depuis quelques décennies ? La haine de soi véhiculée par les médias et une partie de l’intelligentsia gauchiste – ce qui a remplacé le prolétariat par une profonde indulgence pour les minorités ethniques et religieuses issues de l’immigration, avec les dérives et le succès que l’on sait. Une repentance à outrance sur fond de colonisation du passé, de dénigrement de son histoire, de sa langue et de sa culture… »


Régicide. Déicide pour les fidèles de la monarchie et opposants à la Révolution qui virent dans l’exécution de Louis XV un chamboulement de l’ordre divin dont le roi est représentant sur terre, et commémorent, encore aujourd’hui, le 23 janvier, date de sa mise à mort. Nombreux sont ceux, dont le clergé, les écrivains catholiques et les laïcs, qui se révoltent contre l’anticléricalisme de la Révolution de juillet, et qui ne parviennent guère à accorder leur foi aux valeurs et usages de la société issue de la Révolution.

Contre l’optimisme, cette confiance aveugle dans la raison et le progrès héritée des Lumières, le plus célèbre des écrivains catholiques, fin du 18ème et début du 19ème, les invite à voir dans la société post-révolutionnaire un approfondissement du péché originel, qui se transmet aux hommes comme une maladie héréditaire dont les déplorables effets sont aggravés par la sécularisation. Loin de permettre La Fin de Satan comme le prétend Victor Hugo, pour l’écrivain catholique, le comte Joseph de Maistre, la Révolution française est essentiellement une œuvre satanique, et souligne l’attrait que le mal, source inépuisable des crimes effroyables, exerce sur les consciences depuis que le sang royal s’est répandu sur la terre de France.

Quand s’achève l’alliance du trône et de l’autel en 1789, la chute du roi entraîne la fin des couvents, l’interdiction du port de la soutane et l’adoption du divorce.

Au cours du 19ème siècle, d’autres fustigeront les principales erreurs d’un temps séduit par le rationalisme, le socialisme, l’individualisme et la libre pensée dans la société post-révolutionnaire.

* * *

‘How the French Think’

  L’écrivain britannique d’origine mauricienne, Sudhir Hazareesing dépeint dans son livre ‘How the French Think’ un portrait affectueux d’un peuple intellectuel. On ne sait si on peut attribuer le qualificatif ‘d’intellectuel’ à tout un peuple, mais l’intellect, les intellectuels et leurs œuvres occupent une place prépondérante dans la vie des Français. Parallèlement, une méfiance anti-élite intellectuelle a toujours existé en même temps qu’une confiance est accordée à ceux qui sont formés dans les prestigieuses Grandes Ecoles pour occuper la sphère politique du pays. Une marque bien française qui distingue la France d’autres pays en Occident.

D’où les interrogations que suscitent la réforme annoncée des établissements d’IEP (Instituts des Etudes Politiques) et l’ENA (Ecole Nationale d’Administration). Sous prétexte d’ouverture aux classes sociales issues des banlieues et d’une volonté à inclure la diversité ethnique dans la haute sphère de l’éducation supérieure, une sélection sur dossier est aussi envisagée pour le concours d’entrée en Sciences Po.

Si le critère de ‘dossier’ est inclus, ce sera un examen d’entrée et non plus un concours. Ce sera encore une mesure à faciliter l’accès à un niveau supérieur qui, jusque-là, s’est fait par les efforts consentis des étudiants pour acquérir des connaissances et un niveau de culture générale élevée. Ce type de réforme s’apparente à ce qu’est devenu le baccalauréat, un nivellement par le bas qui permet à tout un chacun de ‘réussir’ son bac, une massification de l’éducation censée contenter tout le monde.

En voulant supprimer l’ENA, le Gouvernement semble s’aligner sur le modèle anglo-américain pour revoir sa marque intellectuelle à la baisse sous prétexte d’un manque d’imagination et d’efficacité dont souffriraient les têtes bien formées. Une concession à l’idéologie utilitaire de tout bien matériel et immatériel.

Ce prestige est un atout et non un fardeau sur le dos de la France. Toute société a besoin d’une élite qui répond à ses ambitions intellectuelles aussi. Et chaque génération devrait avoir les opportunités de viser l’excellence et d’intégrer les établissements qui permettent de se dépasser dans toutes les sphères de la connaissance. Supprimer l’ENA pour le remplacer par rien, est-ce bien raisonnable ?

La France, tend-elle la joue gauche à ces fardeaux qui se sont accumulés sur son dos depuis quelques décennies ? La haine de soi véhiculée par les médias et une partie de l’intelligentsia gauchiste – ce qui a remplacé le prolétariat par une profonde indulgence pour les minorités ethniques et religieuses issues de l’immigration, avec les dérives et le succès que l’on sait. Une repentance à outrance sur fond de colonisation du passé, de dénigrement de son histoire, de sa langue et de sa culture. Abstraction sur le pan peu glorieux, impérialiste, conquérant, esclavagiste et cruel du passé de ce monde dit ‘arabe’ dont se réclament et auquel s’identifient les plus enragés parmi ceux dont les parents viennent d’Afrique du Nord.

Par lâcheté et par naïveté ou mauvaise foi, les voix qui ont accès au grand public s’abstiennent d’en parler pour ne pas froisser les uns et les autres. Or le primat de la vérité sur l’imposture est indiscutable. Un rappel de vaccin historique ferait un grand bien à tout le monde et remettrait chacun à sa place.

L’idéologie victimaire a fait de grands pas en imitant un mouvement venu des campus universitaires américains où toutes les ‘minorités’ y compris sexuelles se sont autorisées à prendre d’assaut l’espace intellectuel pour crier haut et fort leurs maintes revendications.

  • Le CRAN, association des Noirs, s’est autorisé à faire interdire à la Sorbonne une pièce de théâtre ‘Eschyle’ où les acteurs doivent porter un masque noir, perçu comme une moquerie de leur couleur de peau.
  • Récemment, quelques groupuscules excités ont tenté d’empêcher l’intellectuel et philosophe Alain Finkielkraut de tenir une conférence à la Sorbonne. Enhardis, sans doute, par le venin craché à l’encontre du philosophe par un imbécile en pleine rue de Paris lors d’une manifestation des Gilets Jaunes. La France est à nous !, lança ce crétin en montrant son écharpe verte autour du cou, porte-voix d’un désir de mainmise sur la France, et maintes fois, ressorti dans les discours. De mettre la France sur une croix, son lit de mort, et transformer le pays à leur image.

Donc, escorte policière pour protéger l’entrée d’un intellectuel dans une université où chaque écrivain et intellectuel devrait se sentir chez lui. Aucune sanction ne fut prise par la direction à l’encontre des fauteurs de trouble, dont plusieurs jeunes femmes au discours haineux. L’image ternie de ce pays intellectuel décrit par Sudhir Hazareesing.

L’Etat français laisse proliférer sur les réseaux sociaux un déferlement de haine anti-France, anti-Blanc, anti-Chrétien et anti-Juif sans limite. Et d’où vient ce refus des Français de voir ce qu’ils voient ? Cette volonté mal dissimulée de ne pas voir ce qu’ils voient, de sourire, de tourner la tête et de regarder ailleurs au lieu de faire face à ce qui les menace.

A l’instar de l’économiste François Lenglet, les voix s’élèvent pour réclamer un rétablissement des frontières, une plus grande intervention des pouvoirs publics dans la politique économique, des négociations bilatérales avec les pays émergents et africains, la voie adoptée par Trump, au lieu d’une politique commune européenne dont le président Macron s’échine à poursuivre et à prendre le flambeau à la place d’une chancelière allemande affaiblie.

L’ambition nourrie et portée par Louis XIV d’une France qui rayonne au-delà de ses frontières a porté ses fruits pendant des siècles et a survécu à l’exécution de son fils. Le temps a coulé sous le pont depuis la mise en garde et la méfiance des écrivains catholiques du 19ème et du 20ème siècles à l’égard de l’industrialisation, du tout progrès et l’asservissement des hommes par les besoins de la machinerie planétaire. Le peuple présente plusieurs visages, la foule des revendications diverses, et la canaille des colères virant du rouge au vert.

Pour redonner à la France son honneur, empêcher que le tricolore ne soit piétiné avec haine, affirmer son identité première et prédominante sans se préoccuper de la pleutrerie bien-pensante des médias, opérer un changement dans l’accumulation de la dette et le poids de la technocratie européenne, quel parti serait le plus apte à promouvoir les gains positifs et donner tort au discours ‘décliniste’, porteur de morosité ?

A moins d’un coup d’état radical pour redresser la France et remettre de l’ordre, et dans lequel on verrait bien Pierre de Villiers, le chef des armées limogé par Macron, et qui ne demande qu’à servir la patrie, dans son livre Servir, il y a le parti centriste au pouvoir qui aura du mal à changer de cap, et d’autres plus à droite.


* Published in print edition on 12 July 2019

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