“Jugnauth est pris en tenaille de l’extérieur comme de l’intérieur”

Interview: Rabin Bhujun, Journaliste

* ‘Si l’alliance électorale PTr-MMM-PMSD capote, Jugnauth contemplera un troisième mandat avec sérénité’

* ‘Une certaine méfiance, voire une tension, semble s’installer entre le pouvoir et l’Eglise catholique. De telles tensions sont de mauvais augure’

L’exposition de plus en plus de cas de corruption dans le contexte mauricien est un signe révélateur du déclin continuel des valeurs fondamentales, de l’étendue des dégradations incessantes dans la société et de la gravité remarquable de la situation au niveau national. Le silence complice des uns des autres, volontairement ou involontairement, a certainement facilité tous types de transactions douteuses et décadentes, et ce, dans plusieurs domaines insoupçonnés auparavant par le citoyen lambda. Cela étant dit, le festival des terres a été maintes fois dénoncé dans les medias. Ce n’est pas surprenant non plus d’entendre les mêmes voix commenter l’actualité et s’en prendre ouvertement au gouvernement. La majorité silencieuse, elle, blasée depuis très longtemps, sait bien que les hommes et les femmes intègres ont peu de place sur la scène publique, avec ou sans groupe de pression. Ravin Bhujun, journaliste, aborde cette problématique mauricienne avec de l’humour et parfois, un certain sarcasme.

Mauritius Times: Une impression se dégage à partir de la couverture médiatique de ces derniers jours concernant l’affaire de l’octroi d’un ‘Shooting and Fishing and Eco-TourismLease’ à Eco Deer Park Association, cela en échange, selon les allégations, de pots-de-vin autour de Rs 3,5 millions et visant un ministre, un PPS et un haut fonctionnaire :c’est que ça va chauffer sur le plan politique. Ou est-ce que, selon vous, ce serait un simple feu de paille comme tant d’autres qu’on a pu voir ces derniers mois?

Rabin Bhujun: Vu la gravité de ce qui est reproché à ces personnes, on ne peut absolument pas prétendre que ce n’est qu’un feu de paille. Jusqu’ici, on n’a pas entendu la version des deux personnes mises en cause. Plus ces deux élus se mureront dans le silence et tarderont à s’expliquer, plus ils alimenteront la perception qu’ils ont des choses à cacher.

Parallèlement, la couverture médiatique a légèrement évolué depuis la semaine dernière. L’attention a d’abord été exclusivement braquée sur un ministre, puis on a compris qu’un autre élu du gouvernement était de la fête, pour ensuite découvrir que l’un rejette l’entière responsabilité du délit allégué de corruption sur l’autre.

A ce jour, il est établi que le ministre ainsi qu’un autre élu se sont rendus à ce campement de chasse en septembre 2020. Même si le ministre arrive à démontrer qu’il n’a touché aucun pot-de-vin, on peut néanmoins lui reprocher d’avoir commis une faute éthique et politique grave en se rendant à cette soirée. Il n’avait pas à s’y rendre au moment même où son ministère étudiait le renouvellement du bail de ce domaine de chasse.

Je laisse aux experts juridiques le soin de déterminer si le simple fait d’accepter cette invitation correspond ou pas à la qualification de « gratification » contenue dans notre loi anticorruption.

* Il y a aussi dans cette affaire des éléments potentiellement dommageables pour le pouvoir en place: des politiciens issus de ses rangs et, parait-il, des prête-noms réunis lors d’une soirée privée où l’on a consommé du cerf grillé et du Black Label, et aussi des soirées rave ou ‘rave parties’ organisées en toute discrétion pas loin du lac sacré de Grand Bassin… Il ne manque qu’un certain Dulthumun pour nous parler de profanation d’un lieu sacré – comme l’affaire tristement célèbre de “Katori” en 2019, non?

Qui vit par l’épée, périra par l’épée, dit l’adage. Depuis fin 2012, une des stratégies clés du MSM, et surtout de son leader, consiste à diaboliser son principal adversaire en érigeant les défauts de ce dernier en épouvantail afin de faire fuir l’électorat traditionnel et conservateur que convoite également Navin Ramgoolam.

Cette stratégie serait entièrement justifiable et payante si les rangs du gouvernement pullulaient de pères-la-morale comme PravindJugnauth. Or, pour chaque pierre que le Premier ministre lance sur ses opposants, du haut de son prétendu attachement à certaines valeurs, on pourrait lui en lancer dix en retour, tant plusieurs de ses collaborateurs sont à des années-lumière des pratiques vertueuses qu’il prône indéfiniment en public. Le Premier ministre se comporterait-il en parfait hypocrite quand il voit la paille dans les yeux de ses opposants et non la poutre dans ceux de ses proches collaborateurs ?

Puisque vous mentionnez l’épisode du « katori » de Ramgoolam, tout comme celui-ci a été gonflé de manière disproportionné, « blown out of proportion » en 2019, on surexploite aussi certains éléments de la polémique actuelle. Cette chasse par laquelle le scandale arrive était déjà louée par l’Etat avant que les Jugnauth ne reviennent au pouvoir en 2014. D’ailleurs, il y a d’autres chasses à un jet de pierre de Ganga Talao.

Bien évidemment, on n’y fait pas que planter des fleurs et organiser des séances de méditation ! On y chasse le cerf et le sanglier ; des chasseurs y font la fête; on y reçoit des invités lors de réceptions de mariage… on y organise aussi des rave parties!

Si on décrète une sorte de zone tampon ou « buffer zone » – de, allons dire 3 kilomètres autour du Ganga Talao – dans laquelle aucune activité « adharmic» [contraire aux règles sociales et religieuses de l’hindouisme] n’est permise… il faudra déplacer plusieurs chasses et probablement aussi un « golf estate » !

* La cherté de la vie ces temps-ci, le grand déballage concernant le trafic de drogue dans le pays, les révélations sur la richesse non déclarée tirée de ces activités illicites, les allégations de pots-de-vin par l’octroi des ‘State Lands’ pour l’organisation, entre autres, de « rave parties »… Et, la toute dernière, ce sont les commentaires de Mgr Maurice Piat sur l’affaire Franklin et qui s’en est pris au Premier ministre pour ses attaques contre une magistrate. A ce rythme, on n’est pas loin de toucher un point d’inflexion dans le rapport de force sur le plan politique, non?

Il me semble que nous avons une population schizophrène.

Dans la même journée, on peut côtoyer des personnes qui ont l’estomac retourné et qui enragent face à la succession presque quotidienne des affaires et des dysfonctionnements institutionnels. Tout comme on croise également d’autres personnes qui, satisfaits de leur situation, vaquent à leurs occupations quotidiennes tout en restant disposés à composer avec le démon qu’ils connaissent — « the devilthey know».

Dans ces conditions, il est bien difficile d’établir avec précision si on est sur le point d’attendre ou si on a déjà dépassé le point d’inflexion dans le rapport de force politique.

Toutefois, le dernier épisode entre le chef de l’église catholique à Maurice et le chef du gouvernement mérite qu’on s’y attarde. Le cardinal Piat et le Premier ministre se sont rencontrés ce mercredi. Dans un premier temps, le père Labour, qui a également assisté à la réunion, s’est contenté de dire que deux dossiers importants ont été discutés, sans les nommer. Puis il a admis que l’échange a été « franc, musclé et dans le respect mutuel ».

La veille, le diocèse de Port-Louis a pris soin d’émettre un communiqué pour affirmer que le cardinal « n’a pas été convoqué par le Premier ministre » suite à ses propos tenus à l’occasion du dimanche des rameaux. Une certaine méfiance, voire une tension, semble s’installer entre le pouvoir et l’Eglise catholique. Dans un pays comme le nôtre, de telles tensions sont de mauvais augure.

Durant les années 1990, on évoquait l’existence d’un « malaise », espérons que la tension entre le gouvernement et l’église catholique ne dégénère pas en une crise cette fois-ci.

* On peut s’attendre toutefois à ce que des questions soient posées sur la justesse de la prise de position du chef de l’Eglise, son timing, et selon certains courants de pensée sur la séparation distincte entre politique et religion. Votre opinion?

Un grand nombre de chefs religieux maintiennent une relation de soumission et de connivence avec le pouvoir politique. Leur influence – réelle ou fantasmée – leur sert de monnaie d’échange afin d’obtenir divers avantages pour eux et leurs clans.

Au milieu de cette foire permanente, l’église catholique a été la seule à maintenir une saine distance avec les hommes politiques, notamment en ne les invitant pas à prendre la parole lors de ses célébrations.

Je m’empresse toutefois de préciser que le cardinal Piat nous a habitués à des prises de position politiques. Je parle bien de prises de position politiques, et non politiciennes, sur des enjeux nationaux comme la sécurité, le modèle éducatif, le coût de la vie, la prise en charge des personnes en situation de précarité, la responsabilité de ceux qui nous dirigent, etc. Chaque année, il aborde d’ailleurs des thèmes politiques dans ses lettres pastorales. Le chef de l’église catholique à Maurice a donc bien une parole politique.

Tout comme les élus ont des mandants, le Cardinal Piat a aussi ses fidèles dont la très grade majorité est issue d’un groupe social et ethnique homogène. Il est également entouré de prêtres qui ont de solides assises parmi les fidèles et particulièrement parmi ceux qui sont confrontés à la précarité et à l’absence d’opportunités ou de traitement égal de la part d’un certain nombre d’institutions publiques. Il n’est donc pas étonnant que le cardinal se fasse l’écho des préoccupations de ses fidèles mais aussi de leur colère.

Ce faisant, le cardinal s’est départi de son ton habituellement plus mesuré cette fois-ci ; ses propos ont été très tranchés et frontalement critiques. Cela a bien évidemment offusqué certains – ceux-là mêmes qui ne trouvent jamais à redire à l’action du Premier ministre – et cela a ravi d’autres qui se félicitent de voir leur chef religieux se retrousser les manches et entrer en confrontation quasi directe avec nos responsables politiques.

Je fais partie de ceux qui pensent que le cardinal a tout à fait le droit de tenir ces propos et de partager son analyse. Les responsables d’organisations socioculturelles n’ont pas le monopole de dire ce qu’ils pensent – de bien ou de mal – du fonctionnement des diverses institutions de l’Etat.

Je trouve dommage, toutefois, que la récente prise de position du Cardinal Piat soit ainsi instrumentalisée par l’opposition. Les plus habiles parmi les opposants de Jugnauth rappellent que l’homme religieux est « au-dessus de la mêlée » pour mieux politiser ses propos dans leurs réquisitoires politiciens envers leur adversaire. Je ne suis pas sûr, par contre, que le cardinal soit à l’aise ou enchanté à l’idée d’être soudain devenu le maître à penser et le héros de tous nos partis de l’opposition. Il n’est pas souhaitable qu’il le devienne, d’ailleurs.

* Ce qui reste à voir, c’est comment le Premier ministre et leader du MSM va gérer cette énième affaire qui entache le gouvernement en impliquant un de ses ministres et un PPS. L’opposition réclame leur démission, le temps que l’enquête ait lieu. Ivan Collendavelloo est sans doute en train de suivre l’évolution de cette affaire de près…

La liste commence à être longue : Ravi Yerrigadoo, Roubina Jadoo, Sanjeev Teeluckdharry, Ivan Collendavelloo et YogidaSawmynaden ont soit été poussés à la démission ou révoqués. Encore un petit effort et, qui sait, PravindJugnauth pourrait atteindre le cap symbolique de dix démissions ou révocations durant son mandat et demi comme Premier ministre !

Évidemment, Jugnauth est pris en tenaille de l’extérieur comme de l’intérieur. La commission anticorruption est en train de multiplier les coups de filet dans le réseau de Franklintandis que la Financial Crime Commission (FCC) est en gestation. Il y a des personnes au Réduit Triangle qui cherchent à se racheter une virginité aux yeux du public et s’assurer, dans la foulée, que la FCC démarre sous de meilleurs auspices.

Dans ce contexte, il est donc peu probable que l’enquête sur l’Eco Deer Park Association soit menée avec une indulgence suspecte. Pendant ce temps, l’opposition et l’opinion publique exigent – avec raison – que toute la lumière soit faite sur cette sombre affaire et que les personnes mises en cause se placent en retrait le temps que l’enquête soit conclue et qu’un éventuel procès démarre.

Le Premier ministre doit aussi composer avec des pressions internes. Tout comme Ivan Collendavelloo, le ministre mis en cause n’a pas que des amis au sein de l’alliance gouvernementale. Quand on devient un cador du MSM et qu’on reprend le fauteuil de Sir AneroodJugnauth dans une circonscription aussi symbolique que Piton/Rivière du Rempart, on contrarie forcément les plans de personnes qui ambitionnaient d’occuper les mêmes fonctions.

Le malheur du ministre fait donc invariablement le bonheur de quelques-uns au gouvernement. Puis, ne minimisons pas non plus la soif de certains élus d’occuper un maroquin ministériel ou même le poste de PPS. Quelques élus de la majorité qui se découvrent un aussi soudain que fulgurant attachement au principe de l’intégrité n’obéissent, en fait, qu’à la motivation primaire du « pousse-toi de là que je m’y mette ».

Quant à Collendavelloo, le leader du ML aura sans doute l’occasion de discuter avec PravindJugnauth et lui demander pourquoi son évaluation de la gravité des faits semble être à géométrie variable selon que l’individu mis en cause est une personne importante au sein de son parti ou pas…

* Par ailleurs, quoiqu’il y ait un sentiment anti-gouvernement très fort sur les réseaux sociaux et dans certains titres de presse, il est difficile de saisir le pouls réel de la majorité de l’électorat à ce stade vis-à-vis des principaux partis politiques. A quoi faut-il s’attendre, selon vous?

Les réseaux sociaux ne constituent pas un indicateur suffisamment fiable pour jauger le ‘mood’ réel de l’électorat, ni, d’ailleurs, les Unes des journaux dont les rédactions en chef sont libres d’adopter la ligne éditoriale qu’elles estiment appropriées. En l’absence d’études d’opinion fiables et incontestées, on ne peut donc pas vraiment donner de réponse précise et factuelle à cettequestion.

Mais les réseaux sociaux ainsi que la couverture médiatique donnent une indication claire des points chauds politiques du moment. Depuis le début de l’année, le cocktail malsain qui incorpore les réseaux de blanchiment d’argent issu du trafic de drogue, les conflits entre institutions et les cas de corruption allégués au gouvernement donne une gueule de bois durable à une partie de l’électorat. Quelle est sa taille ? Il est difficile de l’évaluer pour l’heure.

* On ne sait pas aussi si l’opposition est prête à affronter les prochaines législatives en tant que forces réunies au cas où ils se mettent d’accord sur les termes et les modalités d’une alliance ou en tant que forces dispersées. On ne sait pas non plus si les élections auront lieu avant le jugement du Privy Council, mais on peut toutefois imaginer que le MSM va mettre tout le paquet en termes de ‘freebies’ en vue de séduire l’électorat, etc. Par conséquent, tout reste à jouer sur le plan politique?

Absolument rien n’indique que PravindJugnauth dissoudra l’Assemblée nationale afin de précipiter le pays vers des législatives anticipées. Pourquoi le ferait-il ? Afin de préempter un jugement défavorable du Privy Council ? Je ne le pense pas, vu qu’il n’existe aucune réelle fébrilité autour de PravindJugnauth par rapport à ce sujet.

Le ferait-il afin de couper l’herbe sous les pieds des partis de l’opposition et organiser des élections anticipées surprises ou des « snap elections » qui ne leur donnerait que peu de temps pour s’organiser sur le plan politique et logistique ? C’est un pari très risqué. C’est ce même coup de poker irréfléchi que Ramgoolam a lamentablement perdu en 2000. Il était alors convaincu qu’une alliance MSM-MMM n’était plus réalisable.

Je ne pense pas me tromper en estimant que PravindJugnauth attendra le plus longtemps possible avant d’appeler le pays aux urnes, presque certainement en 2024. Pourquoi ? Parce qu’un certain nombre de projets majeurs vont se concrétiser l’année prochaine ou en toute fin de 2023. Le Premier ministre table beaucoup sur les grandes réalisations infrastructurelles dans sa communication de campagne ; d’ailleurs, il l’a fait en 2019.

N’oublions pas, non plus, le timing de la finalisation de l’accord entre Maurice et le tandem Royaume-Uni/Etats-Unis portant sur l’exercice de la souveraineté de Maurice sur l’archipel des Chagos et la location de Diego Garcia aux Américains. La conclusion de cet accord permettra au gouvernement d’avoir une visibilité cruciale sur les rentrées massives en devises suite à la location de Diego Garcia, ce qui lui permettra de modifier substantiellement le train de vie de l’Etat – en y incorporant sans doute de nouvelles aides et mesures sociales – en fonction du montant de la location à percevoir. On parle là en termes de milliards de dollars pour les années à venir.

Les freebies, comme vous le dites, ne manqueront alors pas. Toutefois la question est la suivante : Les freebies seront-elles suffisantes si la volonté de changer de gouvernement se généralise dans le pays ?

* Une alliance PTr-MMM-PMSD vous parait-elle crédible pour qu’elle puisse défier efficacement l’alliance gouvernementale?

Le duo Ramgoolam/Bérenger est assez facilement attaquable. Les propagandistes de service de PravindJugnauth ont sans doute déjà compilé toutes les insultes que ces deux leaders politiques se sont lancées après les législatives de 2014. Ils les ressortiront sans doute… et se feront un devoir de rappeler la volatilité de leur relation. Ils dépenseront sans doute une fortune en contenu sponsorisé sur Google, Facebook et TikTok afin de toucher un maximum de Mauriciens à travers leurs rebootsdu clip ‘Vire Mam’.

Malheureusement, je vois aussi poindre le spectre d’une campagne très communale qui visera à diaboliser l’emprise de Bérenger et de Duval – voire même de Bruneau Laurette – sur l’alliance de l’opposition en tablant sans doute sur l’âge de Ramgoolam et le fait qu’il n’a plus sa verve et son répondant d’il y a encore 10 ans.

L’objectif assumé sera d’amener une frange traditionnelle de l’électorat à croire que Ramgoolam ne commandera pas vraiment sa majorité en faisant planer la traditionnelle menace du « pouvwarpesap dan ou lame ».

* Le deal 50:50 entre le PTr et le MMM en 2014 fut boudé par l’électorat des deux partis. Voyez-vous cet électorat consentir à accorder son soutien à une nouvelle alliance avec le PTr acceptant 32 tickets sur les 60, et le MMM et le PMSD se partageant 28 tickets? Certes, Navin Ramgoolam a démenti cette fuite ou “leak” dont l’objectif, selon lui, était de brouiller les négociations, mais il ne devrait pas y avoir une grande marge entre ce qui aurait été “leaked” et l’accord final, n’est-ce pas?

Symboliquement, le PTr exigera bien évidemment de disposer de la majorité des investitures au sein de cette alliance. C’est une assurance visant à minimiser le risque que le gouvernement ne se désintègre si un des partenaires décide de quitter le navire. C’est arrivé suffisamment de fois dans notre histoire politique pour que les leaders d’alliances fassent de cette clause de sauvegarde une nécessité absolue.

Le MMM et le PMSD ne peuvent pas non plus être réduits à n’être que des faire-valoir car cette alliance doit également rester crédible au socle électoral – à prédominance urbaine – de ces deux partis.

Mais au-delà du nombre, Ramgoolam a l’habitude d’insister sur l’obtention d’investitures winnable.Pour lui, il ne s’agira donc pas seulement d’obtenir un certain nombre d’investitures pour son parti, mais surtout de faire en sorte que les travaillistes se retrouvent en plus grand nombre dans des circonscriptions où ils ont le plus de chance de se faire élire.

* Qu’en est-il du poids des nouveaux ‘players’ sur l’échiquier politique: les Bodha et Laurette, les Bhadain et les partis extraparlementaires? A qui profitera un tel multipartisme?

Mais vous oubliez une personne, la nouvelle étoile de notre firmament politique : Sherry Singh ! C’est une ironie, bien sûr. Vu l’inconstance des associations politiques de Bruneau Laurette, je ne m’étonnerai pas qu’il déserte également l’ancien homme fort de la cuisine en prétextant une énième divergence de vue sur la manière de faire de son partenaire du jour.

Paul Bérenger, en tout cas, a semblé clairement indiquer qu’il ne veut rien avoir à faire avec Singh. Si Laurette veut donc se rapprocher du trio PTr/MMM/PMSD… il devra le faire sans Singh.

Pour revenir plus sérieusement à votre question, l’ultime police d’assurance pour fédérer la part la plus large de l’électorat face à PravindJugnauth serait que l’ensemble des forces de l’opposition se regroupent en une plateforme pour qu’il n’y ait pas de « spillage » ou d’éparpillement des votes. Chacun mesure toutefois l’impossibilité d’un tel regroupement.

Les négociations seraient interminables vu les demandes invraisemblables que les uns et les autres ne manqueraient pas d’avoir. Voyez-vous une personne avec l’ego de Bhadain n’accepter qu’une investiture tout en jurant allégeance aux trois éléphants de l’alliance ? Voyez-vous Laurette accepter de passer au second plan en investiture face à ses anciens camarades de Linion Pep Morisien ? Voyez-vous RezistansekAlternativ s’aligner complètement sur le programme du trio PTr/MMM/PMSD ?

A eux trois, le PTr, le MMM et le MSM mobilisent déjà une large part de l’électorat dans un certain nombre de circonscriptions. Parmi les fortes têtes de l’opposition extra parlementaires, seuls Laurette, Bhadain et peut-être Bodha, peuvent individuellement prétendre obtenir un score honorable dans les circonscriptions qu’ils choisiront. Il n’y a que là-bas qu’ils grappilleront des votes à l’opposition.

Partout ailleurs, par le simple fait que l’opposition part en rang plutôt serré aux prochaines législatives, le risque que Jugnauth puisse profiter de l’éclatement des votes de l’opposition semble s’amoindrir.

Si toutefois, pour une raison ou une autre – et il y en a – l’alliance électorale PTr-MMM-PMSD capote, PravindJugnauth contemplera un troisième mandat avec sérénité. Dans ce cas de figure, il profitera directement et de manière déterminante du morcellement du soutien électoral à ses opposants.


Mauritius Times ePaper Friday 7 April 2023

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