Vivons Notre Hymne National « In Truth, Justice And Liberty » !

Notre Hymne national qui parle de Paix, de Justice et de Liberté, énonce tout un programme, un Projet de société

Nous voici de nouveau entre la Noël et le Nouvel An, dans une semaine qui, de tout temps, reste le moment privilégié pour la « bienveillance » et la « bienfaisance ».

Ces mots semblent venir d’un autre âge. On ne les rencontre pas souvent, mais ils sont les plus vrais et les plus appropriés pour traduire les sentiments et les émotions que les Mauriciens éprouvent en ce moment les uns envers les autres, et, toutes communautés confondues, leur volonté de faire de bonnes actions.

Nous avons terminé de souhaiter une bonne et heureuse année à ceux qui nous sont chers ; nos pensées se fixent maintenant sur notre cadre de vie et notre pays. Et lui vouloir du bien, c’est en réalité, vouloir du bien pour nous-mêmes.

Donc, posons-nous la question : Que souhaitons-nous de bon pour notre pays ? Ici, comme ailleurs, rien de nouveau, ni d’original, nous ne voulons que du bien, bien sûr. Ils se résument en trois mots que nous retrouvons dans notre hymne national, trois mots qui forment un triptyque et réaffirment, chaque fois que nous l’entamons, notre volonté de vivre « in peace, justice and liberty. »

La Paix – le bien le plus précieux

Effectivement, le premier maître mot, la paix, pour nous dans notre pays, est le bien le plus précieux qui soit, donc elle restera toujours au cœur même de nos préoccupations. Et nous pouvons dire, sans exagérer que cette paix, nous l’avons, déjà ; nous la vivons, malgré nos empoignades occasionnelles lors des consultations électorales.

Nous ne sommes pas parfaits. Qui l’est ? Et c’est ce qui a amené la communauté internationale à nous exprimer leur admiration et leurs félicitations. Nous vivons dans la paix, fondée sur le respect des uns des autres.

Mais rappelons-nous que dans un monde en proie aux violences et aux extrémismes, au fanatisme et à l’aveuglement, ce bien précieux, ce joyau unique est menacé et doit être protégé, entouré, pour que l’on ne nous le vole pas. Hélas, on l’a volé ce bien aux hommes et aux femmes de la Syrie, de la Palestine, de l’Afghanistan. Et on voit bien le désespoir que cause cette perte. Mettons nous à la place de ce père de famille qui le matin quitte sa famille pour trouver quelque chose pour nourrir sa famille et qui n’est même pas sûr de rentrer chez lui, vivant ou entier ! Non ! Dieu nous préserve de cela.

Notre chance d’être préservés, ne la devons-nous pas au fait que nous vivons à l’écart des grandes autoroutes où passent tanks et guerriers ? Nous sommes un Etat insulaire, et multiethnique, qui a appris à vivre dans le respect les uns des autres. Nous avons, à Maurice, un savoir-vivre qui fait que l’enfant mauricien, sans décrocher des PhD dans les grandes universités, comprend d’instinct le respect qu’il doit aux autres ethnies, et il ne fera rien pour offenser la religion ou les pratiques culturelles des autres groupes ethniques ou linguistiques du pays.

Oui ! Nous avons une multiplicité de langues vivantes chez nous. Qui dit mieux ? Quel est l’Etat au monde qui peut se vanter de cette richesse culturelle qui nous vient des tous les continents et des plus vieilles civilisations du monde, qui a amassé une somme de sagesse indispensable à la survie de l’espèce humaine ?

Cette sagesse, se retrouvant tant en Afrique qu’en Asie, est fondée sur le respect des aînés et des ancêtres, et sa transmission assure la stabilité, la continuité et la croissance tant émotionnelle que spirituelle des générations montantes et futures.

C’est en pensant à tout cela que j’ai souhaité et continue de souhaiter la mise en place d’une faculté de culture comparée à l’ université de Maurice, ce qui saurait promouvoir la lecture et l’étude des textes fondamentaux des cultures et des civilisations du continent indien, de la Chine, de l’Afrique et du Moyen orient, c’est-à-dire pas seulement les milieux dans lesquels nous sommes nées et qui nous ont abreuvés depuis notre enfance.

Nous, Mauriciens, nous apprendrons à mieux nous connaître, pas superficiellement comme à l’heure actuelle, mais en profondeur et dans nos dimensions humaines et spirituelles. Si cette Faculté est développée comme il se doit, elle attirera des étudiants du monde entier, qui viendront sur place apprendre la théorie et la pratique des cultures et des religions comparées du monde entier.

C’est dans ce multiculturalisme, notre atout incontournable, que résident notre force et notre capacité de grandir. Je ne vois aucun autre pays capable de dispenser ce savoir et cette sagesse autre que Maurice, qui en connaît et la théorie et la pratique.

La Justice – un des piliers de la démocratie

Après la Paix, notre hymne nous dit Justice. Effectivement, la Justice est un des piliers de la démocratie et, sans la justice, qui fait respecter les droits de chacun, il n’y a pas de paix.

Notre Judiciaire fonctionne et est jugé selon que l’on gagne ou perd un procès. Et rappelons que nous ne vivons pas dans un monde idéal. Et, parler de la justice ici, on peut dire, selon la perception que le verre est à moitié plein, ou à moitié vide. On ne peut pas dire qu’il n’y ait pas de justice. Mais on a le droit de dire que l’on n’est pas satisfait de tel ou tel jugement. Nous ne vivons pas dans un monde idéal, et ni notre société ni notre justice ne sont parfaites.

Quittons maintenant la haute sphère des grands concepts ou des spéculations pour aborder deux sujets bien concrets, puisqu’ils reviennent sans arrêt dans nos débats ou les médias, quand on parle de justice dans ce pays.

D’abord, il y a le mot : méritocratie. Nombre de Mauriciens se plaignent du manque d’égalité des chances pour l’obtention des emplois, surtout dans la fonction publique. Certains se sentent délibérément écartés. Et pour beaucoup la méritocratie est un fantôme dont on parle beaucoup et que personne n’a vu.

Ici, il n’y aura justice que s’il y a égalité des chances devant les concours et de vraies possibilités d’accès aux emplois de l’Etat ou des Municipalités, indispensables donc pour que Justice soit faite. Pour assurer la bonne gouvernance à tous les niveaux dans le pays, il est indispensable que les plus méritants et qualifiés soient choisis.

Parions que le fantôme se fera voir plus souvent dans la nouvelle année…

Ensuite, il y a l’institution, la Commission Justice et Vérité (CJV), mise en place en 2012 pour enquêter sur la spoliation ou simplement le vol des terres, par les grands propriétaires terriens au détriment des petits propriétaires qui ont souvent perdu leur titre de propriété et autres documents lors des cyclones.

La CJV a fait son Rapport et ses recommandations. Il est grand temps que l’Etat, ayant si bien commencé, poursuive l’exercice : l’implémentation des recommandations de la CJV.

Certes, toute cette mise en ordre prend du temps mais il ne faut pas ouvrir la porte aux manœuvres malhonnêtes et dilatoires, éléments qui apportent une certaine frustration en entravant le cours de la justice. La frustration, toujours méprisée et ignorée, mène aux violences.

C’est ce que nous avons vu au Zimbabwe et on entend la colère, jusqu’ici silencieuse, qui se fait entendre au grand jour en Afrique du sud.

L’Etat a le devoir et l’obligation d’aider les victimes spoliées de leurs terres et de les récupérer. Et n’oublions pas que parmi les victimes, il y a vous et moi, cher lecteur, victimes du « patrimonialisme », car nous avons eu l’occasion plusieurs fois de dénoncer collectivement à travers des actions citoyennes ceux qui font main basse sur les terres de l’Etat pour les donner aux copains. Il ne faut surtout pas que l’Etat abandonne ses responsabilités et se fasse complice des injustices.

Liberté – le maître mot de notre Hymne

Et nous abordons maintenant le maître mot de notre Hymne: Liberté. N’hésitons pas à le dire. Les Mauriciens jouissent dans la vie quotidienne de beaucoup de libertés : liberté de la presse, liberté d’expression, liberté d’association, liberté religieuse, liberté syndicale, liberté politique, liberté de vote, etc. etc. … Toutes ces libertés sont importantes et constituent un tout, mais je voudrais surtout souligner le rôle de la presse, qui peut être la garante indispensable de nos libertés.

J’écarte, bien sûr, la presse inféodée au pouvoir politique, la presse au service de certains secteurs privés, ou celle qui agit en porte-parole de partis politiques.

Il va sans dire que la presse peut mieux faire que les parlementaires qui défendent les couleurs et les intérêts de leur parti et souvent contre les intérêts d’une population ignorante et exploitée. La presse mauricienne jouit d’une immense liberté quand on observe ce qui se pratique dans d’autres pays.

Reconnaissons-le : les journalistes sont les premiers gardiens de notre liberté, de notre démocratie et mérite notre respect et soutien. Et nous savons que la limite à cette liberté n’est pas toujours notre peur, notre propre autocensure. Elle a un nom : chantage et chasse aux sorcières.

Alors, je dirais que nous ne méritons pas cette liberté si nous n’osons pas l’exercer. Bien sûr, il y a des limites, qu’il n’est même pas nécessaire de préciser et que cette liberté dont jouit la presse n’a de limite qu’elle-même.

L’autre liberté, extrêmement précieuse que nous avons dans ce pays, c’est la liberté religieuse. Quelle chance que nous avons effectivement de pratiquer ou de ne pas pratiquer la religion que nous voulons ! Cette même liberté nous permet de quitter notre religion, de nous convertir ou d’en adopter une nouvelle, ou encore de renoncer à toute religion. Ceci est un bien fort précieux. Cette liberté de conscience, nous devons la préserver, coûte que coûte, contre toute tentative d’accaparement.

Par conséquent, le Conseil des Religions a un rôle extrêmement important à jouer pour prévenir les dérapages. On pourrait penser à un protocole qui fixe les règles du prosélytisme dans le respect des religions et que tous les responsables des communautés religieuses s’engagent à respecter.

Et pourquoi devons-nous maintenir la paix religieuse ? La réponse est évidente. Elle nous vient toujours de ces pays déchirés par la violence avec ses ingrédients religieux. Sans la paix religieuse, pour nous, ce serait le chaos et la mort. A commencer par la mort du tourisme, comme on en voit dans certains pays à l’heure actuelle…

Encore une fois, nous pouvons le dire, sans exagérer et sans nous tromper : Nous, Mauriciens, nous croyons dans la liberté religieuse. Et nous avons vécu dans l’harmonie et le respect de la religion des uns et des autres. Et nous continuons de vivre dans cette paix des religions à Maurice.

Or, à voir ce qui se passe ailleurs, il nous faut nous préserver de la folie qui souffle sur certaines parties du monde. Accrochons-nous à nos traditions de tolérance et de respect mutuel qui nous ont permis jusqu’ici de vivre dans la paix, ou de vivre, tout court. Mais, aujourd’hui, il faut que nous soyons vigilants.

De ce fait, je pense à tous ceux qui prennent la parole en public : hommes et femmes politiques, syndicalistes, religieux, dirigeants des ONGs, juristes, c’est-à-dire les leaders des principaux secteurs de la vie mauricienne qui ont de l’influence sur le public mauricien.

Ils ont tous un rôle extrêmement important à jouer dans la protection de notre tissu social fait de fibres religieuses et culturelles extrêmement tenues et fragiles. C’est dire qu’ils ont tous une très grande responsabilité envers le pays, envers nous et nos enfants.

Rappelons le dicton : la liberté n’est pas licence. C’est dans la manière d’exercer notre liberté que nous montrons que nous sommes libres ! A eux donc, en premier, de promouvoir la Paix, la Justice et la Liberté.

Comme on le constate, notre Hymne national qui parle de Paix, de Justice et de Liberté, énonce tout un programme, un Projet de société.

Et, pour le réaliser, laissons-nous toujours nous inspirer par ces anciennes notions de Bienveillance et de Bienfaisance.

 

* Published in print edition on 31 Decemer 2015

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