« L’unification des oppositions n’est pas pour demain »

Interview : Sydney Selvon, historien et journaliste

‘Pravind Jugnauth pourra ré-émerger à la faveur d’un succès éventuel de son appel. Il garde toutes ses chances’

‘J’ai vu le PTr rebondir sous Satcam Boolell puis sous Navin Ramgoolam qui jouissait encore d’une bonne crédibilité… Je n’ai rien vu de pareil à Kewal Nagar’

Comment se porte la classe politique chez nous ? Qu’en est-il de la popularité de nos leaders ? La manière de gérer la République de Maurice influence-t-elle les perceptions des citoyens ? Et bien sûr, il y a l’éternelle question à propos de la relève en politique. Sydney Selvon, historien et journaliste, nous fait part de ses réflexions.

Mauritius Times : Il semblerait que le ‘mood’ dans le pays ne serait pas pour réconforter à la fois le monde des affaires que les investisseurs ou même un bon nombre de personnes proches de la majorité qui ne seraient pas confortables – et qui le disent en privé – avec le sentiment du « bouge fixe » qui prévaut dans le pays actuellement. Vous diriez que c’est tout à fait conjoncturel, non ?

Sydney Selvon : Il faudrait un sondage indépendant pour confirmer le vrai ‘mood’ du pays. Or il n’en existe pas et l’on se fie aux on-dit. Les sondages qui existent donnent de manière générale aux membres en vue du gouvernement une popularité supérieure à la plupart des membres de l’opposition.

Ramgoolam n’a récolté que 18% et n’a pas réussi son retour sur scène en réunissant quelques personnes sous une marquise, laquelle ne pouvait contenir, tout compte fait, pas plus de 600 personnes. Pour réussir un retour, il lui faudrait rassembler au moins 10,000, une impossibilité à mon avis. Le MMM prendra du temps pour se remettre de deux défaites très sévères.

Et ce qui donne l’impression d’une soi-disant impopularité gouvernementale, c’est l’histoire racontée aux électeurs depuis bon nombre d’années que leur vie changerait une centaine de jours après une élection, ce qui est une affirmation un peu forte. Quand même, le nouveau gouvernement a tout au moins mis le sourire sur les visages des plus démunis, les petits pensionnaires de l’assistance sociale et les sans-terre qui bénéficient de maisons et de terrains faisant d’eux des propriétaires pour la première fois.

Le chômage a reculé mais c’est encore très tôt pour que l’effet soit ressenti. Dans un éditorial sur Facebook cette semaine, j’ai estimé que le miracle économique espéré débutera en janvier avec les premiers Rs 50 milliards d’investissements attendus dans le port. Le sentiment de ‘bouge fixe’ est attribuable à la ‘crisis of expections’ causée par toute campagne électorale qui vient de se terminer, mais l’opposition a bien perdu deux élections en succession, et ce, massivement dans les deux cas. Et le Parti travailliste reste à terre alors que le MMM semble avoir pris la décision de ne pas faire de l’opposition coûte que coûte et de soutenir certaines actions gouvernementales. Et les tensions au Parlement ne sont pas aussi vives qu’on le croit.

Cela dit, les Mauriciens ont raison de chercher à forcer n’importe quel pouvoir de ‘deliver’ comme dit l’Anglais. Et c’est tout à fait normal pour que le jeu démocratique soit réel et efficace. Ils en ont surtout contre un coût de la vie trop élevé, une ‘affaire BAI’ qui n’a que trop duré, et veulent forcer la main au gouvernement par la grogne et certains mouvements d’humeur, mais cela se comprend. J’estime qu’on aura un ‘mood’ amélioré l’année prochaine.

Mais sur deux autres parties de votre question, je dirais que dès qu’on est deux personnes formant une équipe avec un même but ultime, il ne peut y avoir une coïncidence totale des vues et des manières de pensée, et cela explique que tous les gouvernements soient parcourus par des différences d’appréciation des uns et des autres de tel ou tel problème et des débats contradictoires. Mais la majorité gouvernementale actuelle reste soudée, il me semble, autour du désir de compléter son mandat actuel de cinq ans. Il n’y a pas d’amis en politique, il y a seulement des alliés conjoncturels me direz-vous, mais il existe un intérêt commun très persuasif que l’opposition, qui traîne le boulet d’un projet de 2ème République dangereuse pour la liberté des Mauriciens, ne réussit pas à ébranler.

Quant aux investisseurs, ils viendront car la conjoncture favorise le développement africain et Maurice fait partie du bloc africain, la dernière frontière du monde, participe aux activités des organisations régionales du continent, ainsi qu’à celles du Parlement Panafricain et de l’Union africaine. Le continent enregistre les plus fortes croissances économiques sur la planète.

L’Inde et la Chine nous soutiennent beaucoup alors que l’Occident n’a qu’à bien se tenir face au bloc africain renforcé par ces deux géants asiatiques qui sont très présents sur le continent. Enfin, si l’investissement étranger est nécessaire pour l’apport technologique et les aspects qualitatifs de cet investissement, il faut souligner que la période de prospérité économique mauricienne des années 80 fut marquée par un taux d’investissement de loin plus massif de la part du secteur privé local que par les investisseurs étrangers. Permettez-moi de citer ici mon livre sur l’histoire de l’entreprise privée à Maurice, In Search of Excellence, où je fais référence à ce qui suit venant d’éminents chercheurs:

«In fact, the proportion of FDI to gross domestic investment (GDI) remained quite low throughout the 1980s, representing 6 per cent of GDI in its peak year (…). However, UNCTAD (2001) argued that FDI in Mauritius was successful in allowing local investors to acquire and assimilate technologies and know-how and develop domestic firms in the EPZ and the tourism sector (…) Some Mauritian specialists suggest that the large proportion of private domestic investments in the leading economic sectors (…) also contributed in the economic success of the island (Hein, 1989; Assidon, 1990; Dommen and Dommen, 1999; Blin, 2004). Indeed, the large proportion of private domestic investment is thought to have prevented large dependency on foreign capital (Hein, 1989) and to have facilitated joint ventures and therefore technological spillovers (…). The Mauritian government has generally been conductive in promoting private domestic investment seeing itself as complementing rather than replacing the private sector (Blin, 2004).”

L’erreur de Navin Ramgoolam a été d’attaquer systématiquement le secteur privé avec lequel SSR et SAJ ont travaillé pour développer le pays et SAJ n’a pas mâché ses mots au sujet de cette collaboration fructueuse lorsqu’il a présenté son agenda économique dans la Cybercité d’Ebène récemment. Le secteur privé s’est engagé à fond dans les Smart Cities et soutient l’actuelle politique de développement économique ainsi que la politique environnementale du gouvernement.

* N’empêche que le ‘manque de visibilité’, comme diraient les économistes, couplé avec un certain nombre d’impondérables, selon l’avis des politologues, devraient être un sujet d’inquiétude pour tous — opérateurs du secteur privé comme ceux sur l’échiquier politique, n’est-ce pas ?

Aucun politologue mauricien n’a prévu la victoire de l’Alliance Lepep, et peu d’économistes ont anticipé un possible miracle économique sous la nouvelle administration de SAJ. Comme je viens de le dire, je constate au contraire un réel engagement du secteur privé dans la recherche d’un nouveau souffle économique pour le pays, et le secteur privé s’est déjà lancé dans la construction de Smart Cities, démontrant un fort degré de confiance. Le chômage a commencé à reculer cette année et les premiers milliards vont entrer dans le développement spectaculaire des infrastructures et activités portuaires.

Je ne vois pas de morosité. Maurice représente un atout pour offrir un pont, sinon un poste avancé sûr pour les investisseurs pour partir à la conquête du continent africain. Les parlementaires mauriciens, du gouvernement et de l’opposition, qui siègent au Parlement Panafricain, sont très sollicités pour leur avis et l’Union africaine recherche leurs services. Ce qui constitue autant de signes que Maurice est appelée à jouer un rôle important comme un poste avancé pour pénétrer sur le continent et pour partager son savoir-faire avec les pays du continent.

Les représentants politiques de Maurice et ceux de notre secteur privé sont très respectés dans les pays africains. La croissance spectaculaire de l’Afrique nous entraînera dans sa spirale pendant les décennies à venir. Il y a aussi les investisseurs des émirats du Golfe qui s’intéressent à Maurice comme une plaque tournante pour mieux assurer leurs liens avec le continent africain.

* Passons sur les impondérables des politologues. Les résultats, que ce soit par rapport à l’emploi, le niveau de vie, la sécurité, la méritocratie, etc., c’est ce qui comptera pour le Mauricien en fin de compte, qui fait toujours preuve de patience à ce stade. Mais pas pour longtemps, non ?

Oui, les résultats compteront mais le succès d’un gouvernement ne lui garantit pas nécessairement une victoire électorale. Un gouvernement qui réussit doit également savoir soigner sa communication. J’ai écrit ceci, qui vous surprendra, dans un éditorial que j’ai mis sur Facebook: «…devenu héros national en gagnant la guerre en 1945, Winston Churchill, Premier ministre britannique, perdit les élections la même année et à Maurice, en dépit du miracle économique, il s’en est fallu de peu que le MMM et son allié la dissidence travailliste MTD menée par Anil Baichoo, aidé de Londres par Navin Ramgoolam, remportent les élections de 1987.»

Cela signifie tout simplement qu’il y a d’autres facteurs qui vont compter pour les Mauriciens. Tout gouvernement doit savoir soigner son image à d’autres niveaux qu’une réussite sur le plan économique. Une victoire de Lutchmeenaraidoo sur Bérenger lors d’un débat économique et une déclaration de ce dernier ont suffi pour empêcher à la première alliance (secrète pour le grand public) Bérenger/Ramgoolam de remporter les élections de 1987, mais elle a quand même obtenu 48 pour cent des suffrages au niveau national.

Les ‘affaires’ réelles ou gonflées outre mesure font beaucoup de tort aux gouvernements, et, souvent, une grosse majorité parlementaire semble destinée à se rompre prématurément sous les assauts soit de l’extérieur, soit de l’intérieur, ou bien les deux à la fois.

Les majorités gouvernementales fortes se sont si souvent effritées à Maurice de 1982 à 2011 qu’un certain engouement s’est développé chez quelques Mauriciens pour des spéculations sur une fragilité perçue de la ‘fragilité’ gouvernementale. Ces spéculations peuvent à la longue provoquer bien des déboires au détriment des gouvernements mauriciens.

Toutefois, le gouvernement actuel n’en est pas là et est loin d’être à la traîne derrière une opposition éclatée, qui ne peut pas s’unir sans risquer de couler encore plus face à un pouvoir déterminé à apporter des résultats. L’unification des oppositions n’est pas pour demain, je pense. SAJ est un Premier ministre qui reste très populaire et il jouit d’une excellente confiance chez les acteurs économiques.

* Créer l’emploi, contenir le coût de la vie, la résolution de problèmes concrets… autant de grands défis à relever, et il n’est pas évident que des solutions immédiates pourront être proposées pour différentes raisons dont les conséquences de l’affaire BAI sur l’économie. D’ailleurs le ‘FDI’ a chuté considérablement, et Statistics Mauritius a revu à la hausse les prévisions du taux de chômage de 7,8 en 2014 à 8% en 2015. Relever ces défis dans un contexte relativement plus difficile aujourd’hui, difficile, non ?

Si on parle de ‘solutions immédiates’ dans certains milieux, c’est qu’on y croit aux contes de fée. L’héritage laissé par le gouvernement précédent est extrêmement lourd à porter. Le gouvernement actuel a été forcé de faire attendre les PPS car les caisses étaient vides et Vishnu Lutchmeenaraidoo abat un excellent travail de reconstitution de nos ressources financières après le ‘majacaro’ et autres excès et scandales d’avant les élections générales. La NDU démarre sur les chapeaux de roue et l’investissement se fait et se fera massivement.

Je vous ai déjà dit tout à l’heure que le FDI vient après les investissements faits par le secteur privé local et les deux se complémentent comme lors du premier miracle économique, avec un FDI favorisant l’apport de technologies et de ‘capacity building’ plus que l’apport de capital. Le chiffre du FDI est pour l’instant encore faible, mais les milliards arrivent tant localement que, bientôt de l’étranger, comme dans le cas du développement portuaire et des futures ‘Smart Cities’, et autres projets, soit investissements tant locaux qu’étrangers.

Le chômage a en fait baissé à 7,8% au deuxième trimestre, avec la création de 13,500 emplois. Le secteur privé a son nombril profondément enraciné dans ce pays, quelles que soient les origines de ses membres et fera tout ce qui est nécessaire pour que la croissance s’accélère. Et cette croissance reste ou redevient forte dans divers secteurs alors que c’est surtout la construction qui, jusqu’ici, affaiblit le chiffre global de croissance. Mais la construction revient avec les Smart Cities, le développement portuaire, un tourisme qui reprend son souffle, et j’en passe.

Certes, vous avez raison de dire que les défis sont difficiles à relever, mais je crois que cela ne m’étonne guère avec l’héritage de gaspillages et de corruption, le barrage de Bagatelle et deux autoroutes qui commençaient à disparaître sous le sol, un aéroport tout neuf qui coule et se fissure, un projet Jin Fei qui a englouti un milliard presque sans se réaliser, et la liste continue.

Je vous rappelle aussi que Ramgoolam avait mis fin au projet MMM-MSM du début du siècle de National Drainage Plan, comme l’a souligné Alan Ganoo en 2013, avec les conséquences désastreuses que nous connaissons, ce qui impose un lourd fardeau au gouvernement actuel qui doit repartir à zéro.

* Faut-il quand même admettre qu’après les conflits portés sur la place publique pour une affaire de banderoles et avec certains membres du barreau et le DPP, certains faux-pas de certains membres du gouvernement concernant les patients sous traitement de méthadone, les manipulations alléguées de la MBC, etc., donnent l’impression que le gouvernement Lepep navigue à vue. Ce gouvernement est pourtant dirigé par un « no-nonsense Prime Minister », dit-on, n’est-ce pas, et dispose d’une majorité confortable, non ?

Naviguer à vue, tout en ayant les yeux rivés sur les prochaines échéances politiques ou relevant de l’intérêt économique et environnemental du pays sur les décennies à venir, ce n’est pas incompatible avec la bonne gouvernance. Il y a plusieurs horizons à observer tout en naviguant à vue. Mais vous avez aussi énuméré dans votre question ce que d’aucuns appellent des ‘faux pas’. Et vous avez également parlé, avec raison, d’un Premier ministre ‘no nonsense’ et d’une majorité gouvernementale confortable.

Mais il faut aussi ajouter que le MSM a un no-nonsense leader, Pravind Jugnauth, qui est également le successeur désigné au poste de Premier ministre qui, également, se fera un devoir de rappeler ses troupes à l’ordre dans des cas d’indiscipline avérés. Il ne faut pas s’attendre que le gouvernement s’auto-dénonce quand il peut y avoir quelque déclaration intempestive de ses membres.

Dans ces cas-là, en dépit de la pression de la presse ou de certains au sein de la société civile, tout règlement se fait d’une manière discrète que les règles élémentaires de la politique imposent aux politburos. Il y a des guerres larvées dans les partis d’opposition et, sauf dans le cas du MMM, n’ont pas abouti à un éclatement – encore qu’au MMM, Bérenger est resté l’homme fort, un peu plus prudent et collégial à mon avis.

En tant qu’observateur de la chose politique, je pense que le gouvernement Lepep ne va pas provoquer l’automutilation et que le régime reste très concentré sur les échéances dans les années et même les décennies à venir. Sa confortable majorité lui permet d’être confiant en dépit des critiques qu’autorise une démocratie avec laquelle SAJ n’a aucunement l’intention de rompre et qu’il favorise au lieu de suivre le mauvais exemple de Ramgoolam qui avait aboli le Parlement pendant presque une année entière.

Le gouvernement actuel vient avec la Freedom of Information Act, des réunions parlementaires régulières, une télévision ouverte à l’opposition, un comité Chagos parlementaire gouvernement/opposition qu’il préside avec le leader de l’Opposition en faisant partie à ses côtés… Il n’y a pas de déficit démocratique sous le gouvernement actuel et c’est ce qu’a voulu l’électorat en portant ce gouvernement au pouvoir en décembre dernier.

Les ministres sont très accessibles aux médias et ces derniers ne peuvent se plaindre d’être privés d’informations gouvernementales – et je suis bien placé pour le dire – et les travaux parlementaires seront retransmis en direct comme dans les grandes démocraties.

* En tant que journaliste ayant une vaste et longue expérience de la chose politique, vous le savez, n’est-ce pas, que lorsque les langues se délient peu à peu sur les ondes des radios privées pour exprimer les sentiments de mécontentement ou de désaccord, ou que la presse prend ses distances ou se montre de plus en plus critique, c’est le signe d’un nouveau climat politique qui se développe dans le pays ? On l’a vu sous le gouvernement de SSR ou celui de SAJ ou même de Navin Ramgoolam ?

Oui et non. Les désaccords exprimés avec les gouvernements existeront de tout temps. Ils ont été un peu exacerbés par les opposants – et c’est de bonne guerre quand cela relève d’une opposition responsable et respectueuse des institutions et non pas de la mauvaise foi. Je fais peu de cas des bruyants échanges parlementaires. Je peux vous assurer que mes contacts avec la presse n’indiquent aucunement que cette dernière prendrait des distances du gouvernement. Elle est critique du gouvernement lorsqu’elle en ressent le besoin, à tort ou à raison, et c’est son droit le plus strict, mais elle a un bon ‘response’ aux informations gouvernementales sans lesquelles il n’y a pas de démocratie, pas de ‘fair coverage’ ni de ‘fair play’. Que les langues se délient, c’est une bonne chose en démocratie. Personne n’opprime le droit à la parole dans ce pays rompu aux traditions démocratiques. En fait, celles-ci ont reculé pendant 9 longues années. Il est normal que les langues paraissent se délier plus qu’auparavant.

* ‘The writings are not yet on the wall’, dites-vous ? Paul Bérenger disait quand même lors d’une de ses conférences de presse hebdomadaire que son parti se tient prêt à « toute éventualité » y compris la possibilité « bien réelle » de législatives anticipées, cela au regard de la « crise » que traverse le pays, l’absence d’un gouvernement « digne de ce nom », un PTr en « plein désarroi », et un MSM « complètement fragilisé » dans le sillage de la condamnation de Pravind Jugnauth…

Le MSM est devenu le plus grand parti du pays et il n’y a rien qui puisse prouver le contraire, surtout pas le petit meeting dans une marquise à Kewal Nagar et qui a été un rendez-vous peu concluant pour Navin Ramgoolam. Avec un nouveau leader, les choses auraient été plus claires.

Par ailleurs, on semble dire à la fois qu’il y a trop de présence gouvernementale et qu’il y a ‘absence de gouvernement’. Il faut savoir ce que l’on veut dire pour plus de clarté dans la critique du MMM.

Il n’y aura pas d’élection anticipée à mon avis et c’est peu crédible de dire qu’il y a absence de gouvernement quand le MMM serait très tenté, si je ne me trompe pas, d’entrer au gouvernement – je dis cela au vu de l’empressement du MMM d’entrer pendant pratiquement toute l’année 2014 à s’afficher avec le gouvernement Ramgoolam. La majorité confortable de l’actuel régime me semble capable de durer jusqu’aux prochaines élections dans quatre ans. Si elle s’effrite, ce serait un coup très dur pour la population.

* La première sortie de Navin Ramgoolam après la lourde défaite du PTr en décembre dernier lors de la célébration de l’anniversaire de la naissance de SSR et le succès obtenu, selon les Travaillistes, semble avoir changé la donne par rapport au PTr. La base du parti est toujours et suffisamment forte pour permettre au PTr et a son leader de rebondir. Qu’en pensez-vous ?

J’ai vu le PTr rebondir sous Satcam Boolell puis sous Navin Ramgoolam qui jouissait encore d’une bonne crédibilité et qui a hérité d’un renouveau du travaillisme provoqué par SSB. Je n’ai rien vu de pareil à Kewal Nagar.

Un récent sondage, en plus La donne reste inchangée en ce qui concerne le PTr par rapport aux élections de 2014 et aux nombreuses affaires que son leader aura à répondre devant les cours de justice. Je crois que dans le cas de ce parti, tout d’espoir de rebondir est sérieusement compromis tant que Ramgoolam n’aura pas l’élégance de laisser la place à un successeur qui pourrait faire revenir les déçus du travaillisme, une tâche qui sera très ardue pour le PTr dans les circonstances actuelles.

Par ailleurs, essayer de mettre des bâtons dans les roues du développement ne servirait à rien, car, au contraire, cela peut faire boomerang dans la mesure où la création d’emplois dépend de ce que fait le gouvernement actuel. Et le PTr, pour survivre, doit tout faire pour effacer les mauvais souvenirs de l’ancien régime.

* Il se pourrait que Paul Bérenger et Navin Ramgoolam soient quand même d’avis que le temps jouera éventuellement en leur faveur. D’autant plus que la mise en retrait du leader du MSM du Conseil des ministres pourrait durer et avoir de nombreuses implications et des répercussions que l’on n’avait pas imaginées au départ ?

Pravind Jugnauth pourra ré-émerger à la faveur d’un succès éventuel de son appel. Il garde toutes ses chances et il n’est pas prouvé qu’il ait fauté tant que l’appel n’est pas jugé, car il existe une possibilité qu’il soit lavé de tout blâme et ce serait une bonne chose pour le MSM. Il s’est sagement mis en retrait et c’est une position qui lui fait honneur. Mais il n’est pas fini en politique jusqu’à preuve du contraire.

Oui, il y aurait un vide énorme au cas où il ne peut être innocenté par la justice en Cour Suprême ou, à défaut, au Conseil Privé. Mais le MSM est une organisation capable de se réinventer son futur après ses récents exploits électoraux et une opinion publique majoritairement favorable au gouvernement dirigé par SAJ. Il faut laisser le temps au temps.

Pour répondre à la suite de votre question, je n’associerais pas leurs noms du fait que ce que j’entends au MMM et parmi ses députés et autres militants, me donne à penser, c’est qu’une alliance avec le PTr – dirigé par Ramgoolam – serait encore plus dangereuse pour le parti que ce n’était le cas aux dernières élections.

Bérenger a lâché du lest et parle souvent de ‘direction collégiale’ du MMM, ce qui, dans la politique moderne et telle que j’en ai vue la pratique dans les pays des grandes démocraties comme l’Australie et le Canada où j’ai exercés, est la voie à suivre pour ce parti suivant sa défaite à deux élections successives. Le MMM a payé trop cher son alliance avec Ramgoolam et il a continué à le payer aux élections municipales et parmi son ‘hard core’.

* Les politologues ont sans doute raison pour une fois : il y a beaucoup d’impondérables, et c’est difficile de dire ce que nous aurons en termes d’alliances prochainement ou lors de la prochaine partie de chaises musicales ?

De manière générale, la configuration de l’échiquier politique en termes d’alliances a été toujours à géométrie variable. Mais aujourd’hui, il y a un gros macadam qui s’appelle Navin Ramgoolam. Je maintiens qu’il ne trouvera pas d’alliés pour aller aux prochaines élections générales. Il est devenu un ‘liability’ avec les ‘affaires’ qui le concernent. Il court le risque, à mon avis, de faire couler davantage le PTr où, en vérité, les vrais Travaillistes se comptent sur les doigts de la main au niveau de la direction où Arvin Boolell s’est heurté non pas à une opposition des ‘vrais’ Travaillistes, mais d’un groupe qui avait soutenu Ramgoolam lors de sa première dissidence avec les rouges en 1987, lorsqu’il aidait Anil Baichoo à constituer un parti dissident, le MTD. Ramgoolam avait obtenu que le MMM le nomme Premier ministre en cas de victoire contre l’alliance bleu-blanc-rouge d’alors, mais il n’est pas rentré à Maurice pour des raisons qu’il connaît. La chaise musicale concernera les autres partis, sans doute, mais le PTr pourrait se retrouver très isolé.

  • Published in print edition on 9 October 2015

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