“Le moment venu, nous militants, nous nous choisirons un nouveau leader »

Interview : KC Li Kwong Wing

« Le mouvement syndical et le MMM, c’est une histoire à réécrire, voire à refaire…

… mais pour cela, il faut aussi demander aux responsables syndicaux de faire leur examen de conscience »


Medpoint, Infinity, escalade des prix, inflation, trafic d’influence et conflits d’intérêt : toutes ces affaires découleraient-elles directement de la manière dont fonctionne la classe politique et économique dans notre pays ? Malgré les efforts des uns et des autres pour combattre et dénoncer ces fléaux, pourquoi la société mauricienne et, surtout les jeunes, démontrent-ils autant d’indifférence ? Kee Chong Li Kwong Wing, parlementaire et membre du MMM, répond à nos questions…


Mauritius Times: Affaire Medpoint, Infinity, escalade des prix, démission des élus de l’OPR à Rodrigues… chacun y trouve son compte et même plus. C’est comme dans les jeux de tir : syndicalistes, commentateurs de presse, politiciens – vos amis du parti et même certains au sein du gouvernement — ont tous l’arme toujours braquée, prêts à tirer sur tout ce qui bouge. Qu’est-ce que tout cela vous inspire ?

Kee Chong Li Kwong Wing: Il y a comme une cascade d’affaires qui s’abattent sur le pays depuis le début de l’année, découlant de l’affairisme, le népotisme, le trafic d’influence et les conflits d’intérêt au plus haut échelon de l’Etat. C’est ce que les politologues qualifient de crony capitalism. It’s this system which permeates and corrupts all the organs of the nation. Tous ces exemples que vous citez ne sont que des symptômes d’un mal profond qui ronge notre société – ce qui explique l’état de grande nervosité de tous les stakeholders que vous énumérez. Nous assistons à un spectacle dangereux d’arrogance du pouvoir, imprégnée d’incompétence et de gourmandise. Cela commence à révolter tout le monde mais chaque interlocuteur réagit à sa façon, de manière désordonnée.

Tout risque de basculer d’un coup. Il ne suffit plus que d’un feu de paille pour que la situation explose. Et là, il faut reconnaître le profond patriotisme du MMM et le sens de responsabilité de son leader. Le pays fait face à une crise multiforme sans précédent, mais nous avons à faire avec un gouvernement qui joue avec le feu pour cacher son incompétence chronique. Vous voulez qu’on tire sur tout ce qui bouge ? Le MMM aime trop notre pays pour donner quelque mot d’ordre de braquage.

* Il n’y a pas que le gouvernement qui se fait tirer dessus, l’opposition MMM se fait également traiter de tous les noms et à coups de qualificatifs imagés par Pravind Jugnauth mais aussi par des syndicats de gauche. Se faire rabrouer par des syndicalistes alors que le MMM a été au départ bâti sur la contestation syndicale, c’est que le divorce est totalement consommé, n’est-ce pas?

Permettez-moi d’abord de vous rappeler l’insinuation malveillante et indigne que Pravind Jugnauth avait faite à l’égard de l’ancien Président de la République, M Cassam Uteem, à l’égard de son fils. Ne voilà-t-il pas qu’il récidive à l’égard de l’ancien Premier ministre Paul Bérenger par des propos orduriers en public? On both counts, he did not deem fit to tender his apologies. Tel un petit arrogant, il persiste et signe. Quel bel exemple pour la jeune génération !

Venons-en maintenant aux syndicats. Permettez-moi ici aussi de vous rappeler que le MMM fut à l’origine une émanation de la contestation estudiantine par une intelligentsia de la petite bourgeoisie face à un establishment néo-colonial, foncièrement collaborationniste avec le grand capital, anti-travailleur et « fascisant ». C’est dans cette mouvance d’une révolution culturelle pour changer les mentalités et briser le carcan communaliste que Paul Bérenger y apporta une dimension nouvelle à travers une synergie de masse entre la petite bourgeoisie et la classe ouvrière, qui comme on le sait déboucha sur une longue lutte ouvrière menant à l’amélioration des conditions de travail et de vie de la masse laborieuse. Qui peut prétendre avoir été le fer de lance de cette émancipation des travailleurs avec autant d’engagement, sinon Maurice Curé lui-même, le père fondateur du Parti travailliste ? Aujourd’hui, quand j’entends certains syndicalistes, plutôt connus pour leur proximité collaborationniste avec ce gouvernement au pouvoir, s’ériger en donneurs de leçon à Paul Bérenger, je pense qu’íl y a de quoi pousser au cynisme. Qu’entendons-nous par divorce consommé ? Voulez-vous dire que les relations syndicats-MMM étaient comme celles d’un couple uni par la confiance mutuelle et la sincérité, mais qui sont devenues tellement conflictuelles et empreintes de méfiance que la rupture est written on the walls. Permettez-moi de vous faire une analogie de ce couple MMM-Syndicats avec l’histoire suivante.

Une épouse, passant le plus clair de son temps à soupçonner son mari d’infidélité et à se méfier de lui, renvoya pour le week-end sa jeune bonne chez elle. La nuit tombée, le mari, plus intéressé à suivre le derby Manchester United-Liverpool chez ses copains, trouva encore une fois l’occasion de jouer à l’abonné absent chez lui. L’épouse malicieuse saisit l’occasion du départ de son mari, le fainéant, pour se mettre dans le lit de la bonne. Et voilà que, la nuit tombée, un homme s’introduisit dans l’obscurité dans la chambre de la bonne. Sur ces entrefaits, l’épouse crut prendre son mari en flagrant délit. Ce n’est qu’après l’acte intime d’infidélité qu’elle alluma la lumière et constata que ce n’était pas son mari, mais son jardinier !

Morale de l’histoire : à force de se méfier de son partenaire, on se trompe (littéralement) d’adversaire ! Et si c’est le mari qui vient maintenant accuser sa femme d’infidélité ? Enfin… le mouvement syndical et le MMM, c’est une histoire à réécrire, voire à refaire.

Mais pour cela, il faut aussi demander aux responsables syndicaux de faire leur examen de conscience pour savoir pourquoi ce mouvement est peu suivi, pourquoi beaucoup des dirigeants se sont « fonctionnarisés » avec comme conséquence, le fait que les travailleurs ont déserté les rangs.

* Comme pour forcer un peu sur la note, voilà l’express-dimanche qui s’y met aussi pour réclamer un “remède radical”: Bérenger doit partir, lit-on, cela afin de faciliter la “refondation du parti… ses idées… son fonctionnement”. Le MMM sans Bérenger… pouvez-vous envisager cela?

Votre question suppose que Paul Bérenger est éternel. Chez nous, au MMM, il n’y a personne qui se prend pour Dieu ou « ene ti pé pli tipti ki Bon Dieu ». Le MMM, c’est d’abord des valeurs, des principes, et surtout un idéal qui s’inscrit dans la durée, que tous les militants aspirent à vivre et à voir se réaliser. Le camarade Paul est l’illustration vivante de ces valeurs et de cet idéal, dans ses faiblesses comme dans ses forces. Cela, nul ne peut le nier. Le MMM est avant tout une école de la vie. Nous, les militants, qu’il soit toujours à nos côtés ou de l’autre, avons ceci en commun : nous avons été à la bonne école. Nous resterons toujours militants, malgré toutes nos divergences. Un militant restera un militant pour la vie, c’est un soldat lalit qui croit dans une cause, qui milite pour le mauricianisme, une seule nation, un seul peuple. Le MMM dépasse donc la notion de personne ou de propriété. C’est comme cela que nous vivons notre militantisme. C’est pourquoi, le moment venu, nous militants, nous nous choisirons un nouveau leader, capable de porter nos attentes et nos idéaux.

Mais ce n’est pas pour cela que le MMM brûlera la copie de l’express-dimanche avec l’article d’opinion de M. Bhujun. Nous respectons son analyse et surtout sa liberté de penser autrement.

* Mais comment expliquer que votre leader utilise l’artillerie lourde contre Pravind Jugnauth alors qu’il ne fait qu’égratigner le PM ? Ce qui d’ailleurs amène Jack Bizlall à déclarer que « quand le MMM tire sur la famille Jugnauth, il se place objectivement en allié du PTr. Comment réagissez-vous à cette pique de Bizlall ?

Si c’était vrai que le MMM épargne Navin Ramgoolam et cloue au pilori Pravind Jugnauth, alors je vous aurais dit : « Oui, je donne entièrement raison à Jack Bizlall, mais c’est très très loin de la vérité. C’est de la contre-vérité et je parle en connaissance de cause. D’ailleurs toutes les dénonciations que ne cessent de faire Paul Bérenger au cours de ces cinq dernières années avec force dossiers et preuves ne sont-elles pas suffisantes pour balayer ces critiques ? C’est une manœuvre travailliste de discréditer Bérenger et je dois admettre que beaucoup de nos sympathisants sont quelques fois pris dans ce piège à force d’être matraqués par la télévision et le soi-disant body chemistry entre ces deux compères.

Permettez-moi ici de souligner que je suis peiné de constater ce gâchis d’énergie de certains anciens camarades qui continuent à œuvrer dans cette voie purement anti-Bérenger. Je fais appel à ces camarades que j’estime être d’authentiques militants de par leur principe de vie et leur pratique publique, et surtout Jack Bizlall pour qui j’ai une énorme estime et qui peut contribuer considérablement de par son expérience et sa maîtrise des enjeux sociétaux à la mise en œuvre d’un vaste projet de transformation sociale, culturelle et systémique.

J’aurais tant souhaité que nous puissions encore partager le même flambeau de la lutte militante au lieu de nous perdre dans des querelles improductives. Comme nous disait un sage : “we cannot do today’s job with yesterday’s methods to be in business for tomorrow.”

* Cela vous surprend-il, M. Li Kwong Wing, que la mobilisation des syndicalistes pour mener combat contre l’érosion du pouvoir d’achat n’ait réuni que quelques centaines de personnes ? Que se passe-t-il ?

Je vois pour ma part cinq raisons principales pour expliquer cet état de choses :
1. Beaucoup de parents et leurs enfants ont intériorisé le fait que le système est fait pour les nantis, et ne peut être changé et que la seule chance de survivre ou de réussir, c’est de tracer, d’huiler le système ou de le contourner. Dès leur plus tendre enfance, parents et enfants sont complices des démarches administratives peu honorables pour avoir accès à une star school, une driving licence, un certificat quelconque. Ils voient bien que la fameuse éducation gratuite et son transport gratuit pour étudiants ne servent à rien, car ce sont les leçons particulières hors des heures de classe et le transport privé qui sont le passage obligé à la réussite scolaire. Et encore, après ce calvaire coûtant une fortune aux parents pour un diplôme, on se voit encore soumis au « pistonnage » et aux pots de vin pour trouver un job. Que peut-on faire ? Ils se rendent compte que l’on ne peut pas changer grand-chose. Vaut mieux jouer le jeu. Danser avec les loups. Voilà ce qui explique, selon moi, ce reluctance à une présence même symbolique dans une marche pacifique contre quoi que ce soit. C’est une mentalité créée à partir de ce fameux mot d’ordre : Opposition gaspillage ; moralité pa rempli ventre ! Il est de mon devoir de dénoncer cette dérive intellectuelle et morale afin que la population se ressaisisse et assume ses responsabilités.
2. Il y a ceux qui ont préféré développer une carapace autour d’eux et créer un mécanisme à l’intérieur du système pour survivre. Ils ont tissé un réseau sur une base soit économique ou socioculturelle, c’est-à-dire ils ont créé une économie parallèle de survie et de réussite, ou ils ont monté un système de refuge et de protection afin de servir de lobby d’écoute ou de levier pour des privilèges auprès du pouvoir. Il s’est créé une vaste économie noire au sein de l’économie formelle, ce qui explique pourquoi la population a pu survivre malgré le poids écrasant de la récession Euro zone sur nous. Comment demander à ceux qui vivent dans un Etat dans l’Etat de se démasquer en plein jour ? Il nous faut entamer une réflexion sérieuse sur le rôle des politiciens pouvoiristes dans ce dangereux courant qui traverse notre pays.
3. Il y a aussi les fonctionnaires qui constituent la moitié des employés à Maurice avec tous ces organismes parapublics et entreprises de l’Etat infestés de protégés politiques. Vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a une police politique qui sème la terreur auprès des fonctionnaires qui n’osent donc pas s’exprimer de peur d’être pistés et blacklisted. Alors qui osera mettre son « job » en péril ?
4. Que dire de cette masse grandissante de « rodeurs-boutes » à la recherche de leurs avantages personnels à travers le système de proximité et de trafic d’influence ? Ils s’attendent à tirer avantage du système en place. So why change a winning game? Cela est dû à cet individualisme débridé et à cette insensibilité à l’injustice et au passe-droit. Quand on érige en « winners » pour ne pas dire en héros ou en intouchables, tous ces corrompus, ces trafiquants, ces transfuges, ces « ripoux », ces dilapidateurs de fonds publics, ces médiocres, quel role model donne-t-on aux gens ?
5. Il y a enfin notre jeune génération, qu’il conviendrait d’appeler notre lost generation, issue de la faillite de notre système d’éducation. La compétition et le bourrage de crâne ont tué l’âme de cette jeunesse qui s’est renfermée sur elle-même, s’est embourgeoisée, devenue individualiste, indifférente aux grands combats pour la démocratie, la liberté et la justice. Aujourd’hui, notre jeunesse ne s’engage plus, et je n’ai malheureusement pas de solutions à cette démobilisation.

Tout ce phénomène de passivité et de non-engagement des Mauriciens à ces manifestations publiques trouvent leurs racines dans les facteurs que je viens de vous décrire. Cela explique aussi pourquoi les Mauriciens expriment souvent leur dégoût à longueur de journée sur les radios privées sous le couvert de l’anonymat. Ils se contentent de si peu face à la machine à broyer du système politique en place.

* Prenons l’affaire Infinity et cette « grève » menée par une soixantaine d’employés (principalement des jeunes) de cette boîte. Ceux qui ont côtoyé de près les ‘grévistes’ durant ces quelques jours vous diront qu’il n’y avait que 5-7 personnes qui se sont livrées à une véritable grève de la faim, une très grande majorité suspendait discrètement leur ‘grève’ tôt chaque matin et soir, l’obscurité aidant, pour se ressourcer… Que faites-vous de cette nouvelle génération de ‘lutteurs’ ?

Je ne crois pas que tel a été le cas. Moi-même, j’ai été présent sur le site en compagnie des membres du Bureau Politique du MMM et nous avons constaté sur place que ces jeunes faisaient preuve de solidarité et d’une grande bravoure face aux puissants du jour, représentés par un patron inhumain, un ministre du Travail laxiste, un ministre des Finances complaisant, des institutions financières irresponsables et des autorités timorées.

Il faut savoir que la nature du travail dans le secteur BPO n’est pas similaire à celui de notre « shop floor » classique à l’usine où les travailleurs sont appelés à fonctionner dans le cadre d’une chaîne de production, chacun effectuant une partie du travail.

Dans le secteur BPO, chaque télé-agent travaille sur son poste indépendamment des autres, et devient donc plus individualiste. Malgré cela, ils sont tous demeurés unis et ne se sont pas laissé intimider par la politique de « divide and rule » et de délation de certains de la direction. D’ailleurs, la grève et la lutte pour le paiement des salaires dûs aux ex-employés continuent.

* On a célébré l’anniversaire de l’indépendance du pays durant le week-end dernier, et on a beaucoup disserté dans la presse et sur les ondes des radios sur la notion de Etat-nation… J. Chan Low dans une déclaration de presse évoque les mariages mixtes, beaucoup plus fréquents et acceptés de nos jours. « Les jeunes transcendent mieux ces différences que leurs aînés, dit-il… même si à l’Université de Maurice les élections de la Student Union sont caractérisées par des tractations communales ». Comment expliquer une telle contradiction ?

La société mauricienne a cette étrange capacité de recéler beaucoup de contradictions, les unes plus invraisemblables que les autres.

Vous soulignez le caractère contradictoire et le communalisme présent lors des élections à l’Université de Maurice ? On ne peut que le regretter. Ce type de réflexe rétrograde ne fait pas honneur au pays qui aspire à la méritocratie, au respect mutuel, à la tolérance et à l’unité nationale. J’ai toujours cru, pour ma part, que le métissage est une des solutions pour l’avenir de notre pays.

Mais le root cause de cette dérive communaliste vient de notre système électoral et notre système d’éducation dépassés. Maintes fois, le MMM a called the bluff de Navin Ramgoolam à introduire les réformes nécessaires dans notre système électoral qui prône l’appartenance ethnique et nourrit le communalisme. C’est ce système qui divise la nation et entretient ces clivages qui sont exacerbés par des chefs de tribus auto-proclamés et des soi-disant « vote banks » qui tiennent en otage les dirigeants politiques par la suite.

C’est aussi à cause de notre système d’éducation qui est devenu une institution de bourrage de crâne, d’ingurgitation des matières toxiques, des compétitions à outrance, de promotion de l’égoïsme et de destruction du potentiel de vivre-ensemble. Ce système est incapable d’inculquer des valeurs de civisme et de mauricianisme au sein de la jeune génération.

* Revenir à l’idéologie, aux méthodes de 1970 dans de telles conditions, comme le réclament les nostalgiques, serait-il donc utopique ? L’opposition se fera donc demain par le biais des conférences de presse, des blogs, sur les ondes des radios privées, dans les salons… ?

Il serait utopique de croire que les mêmes méthodes des années 60 – 70 feront recette en 2011. Qui ne se rappelle pas de notre engouement devant le poste de radio pour écouter les ondes de Lorenzo Marques ou de la BBC pour avoir les dernières nouvelles de la révolte estudiantine à travers le monde, de Ian Palach à Daniel Cohn Bendit ? Il nous faut évoluer avec le temps et la modernité qui supposent que nous disposions d’outils pointus de la communication moderne pour informer les gens et discuter des choses.

La TV empêche le bon fonctionnement de la démocratie à Maurice. Elle est devenue un instrument de propagande à la Pravda. Il est grand temps de libéraliser la TV ; tous les moyens logistiques et juridiques sont déjà prêts pour le faire. Il faut une TV privée hors de la tutelle de l’Etat pour que les apprentis-dictateurs ne confisquent pas notre liberté d’informer et de penser. Nous attendons du PM qu’il libéralise la TV, sinon sa devise de modernité et égalité ne sera encore une fois qu’un slogan creux pour épater son audience habituelle.

* Dans l’immédiat, il y a toutefois des choses sérieuses qui affectent la présente génération : l’érosion de son pouvoir d’achat… le « second round effects » de l’inflation comme nous le disait le Gouverneur de la Banque de Maurice depuis février déjà . Dites-nous ce que le MMM propose concrètement en termes de mesures en vue de contenir l’escalade des prix ?

Il n’y a ni politique ni stratégie gouvernementale contre l’inflation à ce jour. C’est la paralysie ou l’inaction ou l’attentisme que nous offre le gouvernement. There is no coherent strategy on inflation control with regard to the determination of the exchange rate, the level of the interest rate, scope of open market operations & the appropriate level of banks’ cash reserves ratio in tune with sustaining growth. Budget & foreign debt management is out of line with Central Bank measures. There is a serious need for a coherent strategy to attack inflation in a multi-pronged coordinated approach.

The only long-term sustainable way to control inflation is through increased production and enhanced productivity and deep structural reforms in public services and the productive structures with proper management of the aggregate demand.

In the immediate term, there is a food and energy price hike that is wreaking havoc on the lower income groups and this is the urgent priority to which Government as usual has got NO policy, NO competence, NO will to act.

The MMM has been announcing so many measures in the recent months with regard to STC, petroleum products, food security, strategic storage capacity, freight, energy, water management, etc but we were facing a deaf ear and an arrogant denial.

Time now is to act before it is too late. The MMM is proposing as immediate measures with regard to food inflation:

  1. Reduce the excise duty & VAT on petroleum products imported by STC in order to reduce the cost-push inflation fueling production costs.
  2. Remove all remaining excise & customs duties and VAT on basic foodstuffs.
  3. Change the status of all domestic producers of food products from exempt to zero-rated so that they can also claim VAT refund on their inputs costs.
  4. Offer food vouchers of Rs 800 pm to each of the 7,000 families identified so far as living below poverty line (but to be updated by a new survey), as already proposed by the NESC.
  5. Review and award a salary compensation, as proposed by the MMM amendment to the Additional Renumeration Bill in Parliament in December last, in view of the recent BoM forecast of higher inflation.
  6. Negotiate with local producers, importers & distribution chains for a price freeze or reduction on all daily necessities until a new salary compensation is granted.

* Cette flambée des prix n’est-elle pas due pour l’essentiel à la hausse des prix internationaux, donc à la conjoncture internationale, plutôt qu’en raison des mesures contenues dans le premier budget de Pravind Jugnauth ?

La courbe du taux d’inflation à Maurice suit normalement celle de l’inflation mondiale avec un timelag. Mais comment expliquer qu’avant même les grands bonds des prix des commodités sur le marché international, les prix commencent déjà à flamber à Maurice? Le dernier exemple est celui du prix de l’essence qui a augmenté de 5.8% au moment même de l’accident nucléaire au Japon, qui est rendu responsable de cette hausse. Mais quand Pravind Jugnauth s’enfonce dans les souliers de son précédent grand argentier, qu’il avait accusé d’écorcher les consommateurs à travers la dépréciation, on aurait cru qu’il allait prendre avantage de la connaissance technique de Bheenick comme Gouverneur pour juguler l’inflation.

D’ailleurs, Bheenick lui a prêté main forte en maintenant la roupie forte et l’a même fait apprécier. Donc si l’inflation est, pour l’essentiel, importée à Maurice, on aurait dû s’attendre à un frein émanant de cette appréciation de la roupie. Or, il y a eu une accélération vertigineuse de l’inflation depuis ce MORE TAX Budget de novembre dernier. Le CSO a clairement établi que les causes de cette accélération des derniers mois sont les prix de l’alcool et des cigarettes, les prix de produits alimentaires et les coûts du transport et de l’électricité. Qui a fait monter ces prix sinon le Budget pickpocket de Pravind Jugnauth qui a multiplié les taxes sur taxes par des augmentations de excise duty, d’environment levy, vice taxes, licence fees, et autres charges publiques sur lesquelles s’accumulent la TVA ? C’est sadique, ce que fait PJ. Plus les prix à l’importation grimpent, plus il collecte des taxes et ses recettes fiscales prennent l’ascenseur. Ce qui explique ses largesses avec l’achat des équipements de seconde main, les nominations des petits copains et les bails out des patrons véreux.

* Manou Bheenick disait aussi que si les prix continuent à progresser à leur rythme actuel, la Banque centrale se verrait obliger d’augmenter son taux directeur principal, le repo rate. A-t-il un autre choix ?

Manou Bheenick a raison de veiller au grain que l’inflation ne devienne pas l’instrument cynique d’un ministre des Finances impénitent ou indifférent quand il s’agit de détruire la valeur de la roupie, appauvrir la population, enrichir les nantis et surchauffer la machine économique.

L’inflation est surtout connue comme une taxe invisible sur les pauvres. Et Bheenick a raison de la traiter comme l’ennemie publique No 1. Mais, maintenant, c’est à lui d’étayer dans la transparence toutes les dernières données sur l’état des secteurs vitaux de l’économie, sur les sectoral growth perspectives, sur la situation de l’emploi, l’investissement privé, l’endettement des ménages, la situation budgétaire, les ravages de l’inflation et encore.

J’ai tendance à croire que le souhait du Gouverneur sera d’augmenter le repo rate de 50 basis points pour donner au moins le signal que l’accélération de l’inflation has triggered un dangerous trend and we need to kill expectations at the earliest, tandis que le Comité n’osera pas le maintenir au même niveau de 4.75%, mais sera prêt to meet the Governor half-way and settle for a 25 basis points increase. Comme quoi, tout le monde est bien servi et vogue la galère économique en pilotage automatique! Who needs a captain sleeping on the wheel?


* Published in print edition on 18 March 2011

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