« Les politiciens ne pourront plus faire la pluie et le beau temps. Ils ne pourront plus mener les électeurs en bateau »
|Interview : Joseph Tsang Mang Kin
* ‘Pourquoi nos vieux leaders n’auraient-ils pas le courage et la grandeur d’âme de reconnaitre, qu’aujourd’hui, la population ne veut plus d’eux ? Nous sommes un peuple doux, poli et élégant et c’est pour cela que l’on abuse de nous !’
* ‘Sans minimiser les capacités de Bhadain, je crois qu’il se bat contre un moulin à vent’
* ‘On a besoin d’un gouvernement qui rassemble et non qui casse la société mauricienne’
Nouveau PM : Nouvelle manière de faire ? Nouveau dynamisme ? Les citoyens ordinaires gardent leur réserve habituelle contrairement à certains de l’Opposition qui essaient par tous les moyens d’attirer l’attention sur leur personne. Les citoyens ordinaires ne sont pas dupes et attendent patiemment la suite des évènements. Joseph Tsang Mang Kin appartient à une arrière-garde politique. Il nous donne son opinion sur la passation des pouvoirs au Gouvernement, les jeux et enjeux de l’Opposition dans cette nouvelle configuration.
Mauritius Times : La passation des pouvoirs a eu lieu ; il y a présentement un nouveau Premier ministre et une nouvelle équipe pour l’épauler. Les méthodes et la manière de faire sous le ‘prime ministership’ de Anerood Jugnauth ont fait l’objet de contestation et de controverses. Pravind Jugnauth va sans doute essayer de tracer sa voie, mais le voyez-vous pouvoir rétablir la stabilité dans la gouvernance du pays dans les mois à venir ?
D’abord, saluons le courage de Sir Anerood qui, malgré son grand âge, a tenu la barre pendant de si longues années. Il a su freiner les excès du MMM démagogique des années 1980. Merci Si Anerood pour avoir maintenu la paix sociale dans le pays. C’est tout à son honneur.
Vous parlez des méthodes et de la manière de faire de Sir Anerood. Il a son style auquel les Mauriciens sont habitués depuis quatre décennies… Que peut-on lui reprocher ? Il a toujours été franc, direct, pas d’hypocrisie, pas de faire semblant, pas de double langage, comme on en a tellement vu chez ses adversaires ou ses alliés d’occasion. C’est plutôt une qualité qu’un défaut et je respecte cela.
En passant le témoin à son fils, je vois ici le souci d’effectuer une transition sans soubresaut, toujours dans l’esprit d’assurer le calme et l’harmonie dans le pays. On va donc avoir une continuité, d’autant plus que Sir Anerood sera toujours dans le Gouvernement, ce qui est une bonne chose. Et cela rassure également les investisseurs étrangers.
* Il ne faut sans doute pas prévoir quelque changement en ce qui concerne les structures, le système et la philosophie politiques sauf peut-être la manière de faire du nouveau Premier ministre qui s’efforcera d’imprimer son style à lui?
Oui. Tout à fait exact. Certes le nouveau PM imprimera son propre style, mais ce qui me préoccupe, ce n’est pas tellement la manière de faire mais ce qu’il va faire. Et c’est là que nous devons l’attendre. C’est le fonds et non la forme qui nous intéresse…
Vous parlez de changement de structures, de système et de philosophie. Donc première question : quelle est sa philosophie politique ? N’ayant rien lu de lui ou de son parti, on a la forte impression qu’il ne fait que de la navigation à vue, près de la plage et des récifs.
Avouons que l’on ne voit rien non plus du côté de l’opposition. On a la vive impression de se trouver en présence d’une coalition d’opportunistes qui veulent seulement le déloger pour prendre sa place. C’est normal, puisque nous sommes en politique.
Et ceux qui sont dehors n’attendent que le moment approprié pour prendre les commandes du pouvoir. Ceci serait peut-être justifié si on se rencontre que ceux qui sont aux commandes ne font rien pour la population. Alors je dirai que cela fait partie du jeu politique.
Mais hélas, telle n’est pas la situation aujourd’hui. Nous avons un parti bien légitime, quoiqu’en disent certains, on voit bien qu’il bouge pour faire de son mieux.
Et voyant la coalition des agités de l’opposition, je me pose la question de ce qu’ils veulent faire, en dehors du fait de prendre le pouvoir. Que vont-ils faire avec ce pouvoir qu’ils convoitent tant ? Est-ce qu’ils le savent eux-mêmes ? Ces opposants ont-ils un programme, un projet de société ? Ils veulent le pouvoir pour quoi faire ? Surtout satisfaire leur égo et, une fois arrivée au pouvoir, ils vont se mettre de nouveau à piller les biens et les terres de l’Etat au profit de copains ou de copines, tout aussi
indélicats ?
Effectivement pour améliorer la gouvernance du pays, il faudrait revoir le système de gouvernement et, pour ce faire, il faudrait des débats publics. Pour commencer – je crois que c’est urgent -, il faudrait revoir notre système électoral qui condamne le peuple mauricien depuis des lustres à subir les mêmes têtes – aujourd’hui soit vides soit usées.
Vous mettez le doigt sur la plaie quand vous mentionnez les structures. Il y a de bonnes pratiques dans la gouvernance ailleurs. Il serait bon si on suivait l’exemple américain qui consiste à faire subir un oral aux nominés aux postes de ministre ou de hauts fonctionnaires.
Il y a la bonne pratique de Djibouti où le Parlement ne vote pas le budget pour l’année nouvelle si elle n’est pas satisfaite de l’exécution du budget précédent. Cela est un exemple parmi les centaines d’autres bonnes pratiques que l’on peut constater tant en Afrique qu’en Europe.
A l’heure actuelle, ce déficit d’idées touche le pouvoir tout autant que l’opposition. Ce qui me pousse à me hasarder à dire qu’il serait peut-être indiqué de consulter la population sur les grandes questions qui interpellent la société d’aujourd’hui, sa vision pour Maurice d’aujourd’hui et de demain.
Pourquoi pas la mise en place d’un grand forum auquel seraient invités tous les patriotes qui réfléchissent sur l’avenir du pays, qui ont des propositions à faire et qui proposeraient ensuite une feuille de route pour le pays ?
Pour que ce projet soit valable, il faudrait réunir toutes les têtes pensantes du pays, les supporters de l’équipe au pouvoir tout comme des irréductibles de l’opposition. Le Gouvernement qui réussira à mettre toutes les bonnes volontés ensemble pour préparer un projet de société pour le pays aura fait preuve de vision, de patriotisme et de grandeur d’âme. On a besoin d’un gouvernement qui rassemble et non qui casse la société mauricienne.
* Le Gouvernement de Pravind Jugnauth devra cependant compter avec, entre autres, la contestation légale initiée par Resistans ek Alternativ de la passation des pouvoirs. Le poste de Premier ministre, pour être vacant, exigerait la démission de SAJ comme membre de l’Assemblée nationale, selon ce parti politique. A la place d’une partielle, le nouveau gouvernement s’est donné un ‘Minister Mentor’. Comment réagissez-vous à cela ?
Non, je ne pense pas que le Premier ministre doit se faire de soucis au sujet de la démarche de Resistans ek Alternativ. Il s’agit d’élucubrations qui ne se retrouvent pas dans notre Constitution.
La vraie question à se poser est la suivante : Est-ce que le PM Pravind Jugnauth commande la majorité au Parlement ? Si, oui, laissez-le gouverner tranquillement, sinon il sera balayé et remplacé. On fait du bruit pour rien. C’est comme une querelle de mauvais perdants que l’on fait au Premier ministre.
En dehors de ces agitations, il y a bien plus grave. Resistans ek Alternativ ainsi que les partis qui ont manifesté contre la passation des pouvoirs sont dépassés et ne peuvent que mener un combat d’arrière-garde qui est peine perdue. Ils n’ont aucune idée neuve pour le pays et aucune vision.
La Chicane coûte des sous et ne fait pas avancer le pays. Je regrette d’avoir à le dire. C’est de la démagogie. C’’est un gaspillage de temps et d’argent. Qu’est-ce qui empêche l’opposition de venir avec une motion de censure ? Ce serait la voie la plus régulière et la plus démocratique.
Et puis, ne l’oubliez pas : vous avez le modèle de Singapour où Lee Kwan Yew, après avoir été Premier ministre, a eu pour successeur son fils Lee Hsien Loong et il a siégé au Cabinet par la suite comme ‘Senior Minister’ puis ‘Minister Mentor’.
* En tout cas, il n’est pas évident que l’accalmie sera au rendez-vous avec la présence de Roshi Bhadain sur les bancs de l’opposition. Ça promet d’être tumultueux à croire Bhadain et ses allégations que les mêmes « pratiques condamnables » ont remplacé ce qu’on reprochait au régime de Navin Ramgoolam. Qu’en pensez-vous ?
Oui, certainement, l’opposition risque d’être tumultueuse avec Bhadain sur les bancs de l’opposition. Et le PM ne doit pas s’attendre à des cadeaux, bien sûr !
Mais soyons réaliste. Bhadain pourra dire tout ce qu’il veut, faire autant de bruit qu’il voudra, mais en dernière analyse au Parlement, il sera mis en minorité, battu.
N’oubliez pas qu’il a une seule voix, alors qu’au gouvernement, tout ce que proposera le PM sera accepté et voté. L’opposition de Bhadain ne servira à rien, ou presque.
Mais je dois avouer qu’il y a un autre problème de fond. Disons, comme nous l’avons entendu dire, que Bhadain va faire des révélations sur des pratiques condamnables. Question : Pourquoi vous êtes-vous tu alors que vous étiez au sein du gouvernement ?
Quels sont les projets du PM auxquels il va s’attaquer maintenant qu’il est dehors ? En effet, là où il serait intéressant d’entendre l’ancien ministre, c’est la manière dont il va brûler ce qu’il a adoré et adorer ce qu’il a brûlé.
* L’opposition ‘mainstream’ va sans doute se servir de Roshi Bhadain comme ce dernier l’a été par le pouvoir en place pour traquer Navin Ramgoolam ces deux dernières années. C’est à Bhadain de nous prouver qu’il représente une alternative à la politique menée jusqu’ici par les « mainstream parties ». Va-t-il faire long feu, selon vous ?
D’abord, au sujet de l’opposition « mainstream » et de l’autre, la marginale. Si elles sont différentes par le nombre, elles se valent, aucune des deux n’étant plus combative ou imaginative.
Or, il ne faut pas sous-estimer Roshi Badhain, qui est une forte tête, intelligent, travailleur, indépendant. Je ne vois personne pouvoir se servir de lui. D’ailleurs, à quoi cela servirait-il ? Il a sa forte personnalité, son propre jugement Sans doute il suscitera l’intérêt dans la mesure où qu’il fera des révélations. Que va-t-il ajouter à ce que les Mauriciens ne savent pas déjà ?
Bhadain va se servir de lui-même pour se pousser de l’avant, mais nous avons constaté qu’il est fougueux et pas toujours à l’aise au sein d’une équipe. Avec lui, nous aurons peut-être d’autres révélations plus épicées…
Il y a un peu plus de passe-droit par-ci, un peu plus de corruption par-là, et après ? Nous sommes tellement habitués aux scandales, à la pourriture… Est-ce que cela va pouvoir renverser le gouvernement du PM Pravind Jugnauth ?
La réponse est non. Il ira jusqu’au bout de son mandat. Sans minimiser les capacités de Bhadain à pouvoir convaincre et à susciter une suite, des disciples et des partisans, je crois qu’il se bat contre un moulin à vent.
Bhadain peut-il avoir « une alternative à la politique du mainstream » alors que la politique menée par ces mainstream parties est indéchiffrable ? Ceux-ci s’attardent sur la forme et ne touchent jamais le fond. Donc aussi longtemps que les mainstream parties n’ont pas de projet qu’ils défendent, ce sera prématuré de demander à Bhadain de se mettre de l’avant avec une alternative. Maintenant pour être une alternative aux mainstream parties, il faudrait qu’il ait un parti.
Je dirai en passant qu’il n’y a jamais eu de parti politique à Maurice. Il y a des chefs de bande qui imposent leurs idées alors que le parti politique est un lieu de réflexion, d’analyse et de proposition de solutions politiques.
Aucun parti, à ce jour, n’a vraiment joué le rôle de vivier du savoir, pour le recrutement et la formation de ses membres, comme on en voit dans les pays étrangers. Habituellement, les partis se rendent sur les campus des universités chaque année pour recruter de nouveaux membres. Ces derniers, après une dizaine d’années ou plus, peuvent être choisis pour recevoir un ticket à la députation.
Ici, nos hommes politiques sont sans formation, sans culture politique, voilà donc d’où nous viennent tant de problèmes. Même au temps de Chacha Ramgoolam, il n’avait pas besoin d’un parti politique pour réfléchir et proposer une action politique. Il avait hérité des grandes idées sociales de la Fabian Society et l’idée de l’indépendance du pays était dans l’air durant la guerre froide. En réalité, le parti avait des agents et des colleurs d’affiche, jamais des membres du Bureau politique pour établir un programme politique.
Donc, la question se pose de savoir si Bhadain ou n’importe quel autre candidat (comme on en a vu aux dernières élections – des professeurs, des activistes d’ONG), pourra entraîner derrière lui un groupe qui l’accepterait comme leader. Ce que l’on a vu aux dernières élections rend sceptique. Mais je pense que pour ceux qui voudraient s’imposer comme leaders à l’avenir, ils devraient se mettre à produire des textes de réflexion et se faire remarquer
* Aucun changement aussi noté au niveau des « mainstream parties », c’est-à-dire le PTr, le MMM, et le PMSD. Paul Bérenger a déclaré qu’il n’a pas l’intention de contester légalement la passation des pouvoirs de façon « brit brit », ce qui lui laisse une porte ouverte pour toute éventuelle collaboration avec le pouvoir en place… Au niveau de PTr, rien ne change non plus, sauf ce qui paraît être un début de contestation de la part du groupe parlementaire du PTr avec une sortie publique de Ezra Jhubboo. Ce dernier prône un rôle de « Chairman » pour Navin Ramgoolam, « déléguant les commandes à ses jeunes General Managers ». Bon conseil,
diriez-vous ?
Mainstream ou marginal, tous ces partis sont à bout de souffle. Sans idée, sans projet de société. Peut-on me dire de quelle manière les autres partis de l’opposition diffèrent du MSM au pouvoir ? Ces partis sont-ils en mesure d’expliquer leur différence et peuvent-ils avancer des raisons pour que j’accepte l’un et rejette l’autre ? Sommes-nous en présence de deux visions de société ? Y a-t-il un clash entre ces deux visions de la société qu’ils proposent ?
Le Pouvoir tout comme l’Opposition sont incapables de dire où ils veulent conduire Maurice. Aucun d’eux n’est crédible. Je constate une même maladie qui frappe nos leaders du continent africain : ils se font visser sur leur fauteuil de présentoir de ministre et ne veulent plus partir.
Les jeunes veulent bouger mais ils sont bloqués. Je vois la démarche de Jhubboo comme un cri de désespoir. Je lui dis ceci : Ce colmatage qu’il propose est inacceptable pour la grosse masse des Travaillistes qui attendent dans le silence.
Oui ! Des jeunes qui veulent le retour de leur parti ou même le rajeunissement de leur parti sont étouffés par des leaders qui n’ont plus aucune crédibilité. A quoi sert Bérenger aujourd’hui ? A quoi sert Navin Ramgoolam ? S’ils veulent le bien de leur parti, qu’ils aient le courage de lui demander de tirer sa révérence. Et surtout qu’il ait la décence de partir !
Quelle différence y a-t-il entre nos hommes politiques et les Gbagbo de Côte d’Ivoire ou de Jammeh de la Gambie ? Ce dernier allait être délogé par la force des armes et a dû partir en disgrâce. Pourquoi nos vieux leaders n’auraient-ils pas le courage et la grandeur d’âme de reconnaitre, qu’aujourd’hui, la population ne veut plus d’eux ? Nous sommes un peuple doux, poli et élégant et c’est pour cela que l’on abuse de nous !
* C’est trop tôt pour savoir si les Ezra Jhubboo, Xavier Duval, Shakeel Mohamed, Arvind Boolell et Roshi Bhadain vont éventuellement occuper le terrain politique dans les mois et les années à venir, mais il se pourrait bien qu’un changement de régime politique, la passation d’une « epoch » dominée par des leaders charismatiques vers une autre serait en train d’opérer. Qu’en pensez-vous ?
Que veut dire occuper le terrain ? Faire de l’agitation pour rester dans le limelight sans avoir la possibilité ou la force de conduire les événements ? A part les deux vétérans, Xavier Duval et Arvind Boolell, les trois autres n’ont rien prouvé. Je n’ai vu aucune réflexion ou proposition de leur part qui donnerait à penser qu’ils ont des choses intéressantes à proposer pour l’avancement du pays. Rien du tout !
Si vous le voulez bien, reprenons le projet de république bananière de Ramgoolam-Bérenger. Ce projet n’a jamais été discuté ou analysé ni par le MMM ni par le PTr. C’est ce qui me fait dire qu’il n’y a pas de parti politique à Maurice. On nous dit que le parti a endossé ce projet qui a été balayé par le peuple mauricien. Et, à l’époque, qu’ont dit les hommes que vous citez sur le projet bidon ? Ont-ils eu le courage de rejeter ce projet ou bien se sont-ils tus ?
Voyez-vous, il nous manque des hommes qui ont des convictions et du courage, qui n’ont peur de rien et qui placent les intérêts supérieurs du pays avant les leurs. Là, nous pouvons les compter sur les doigts, et encore…
Pour revenir sur ce que vous avez dit sur les leaders charismatiques, je crois qu’il y a des leçons à tirer. Les leaders charismatiques appartiennent à une autre époque, quand il y avait une grosse masse d’illettrés ou d’analphabètes, mais qui avaient confiance dans l’homme providentiel.
Un courant électrique passait entre leur peuple et eux… Par exemple, Che Guevara, Yasser Arafat, Gaëtan Duval… C’était comme des pères de familles qui géraient les affaires de l’Etat de façon intuitive.
Or, aujourd’hui, les affaires familiales sont gérées par un Conseil d’administration, avec un CEO, lequel aujourd’hui n’a rien de charismatique. Donc, c’est dire que les leaders charismatiques appartiennent déjà à un autre âge, ou ils fonctionnent à l’intérieur de sociétés sous-développées. Et n’oublions pas la force du Net et de Facebook.
* La contestation de l’Establishment à travers le monde est en marche. Décembre 2014 ne fait probablement pas partie de cette mouvance sur le plan mondial, mais les partis qui représentent l’ordre établi à Maurice ont intérêt de prendre garde… Comment vont évoluer les choses sur ce plan-là, selon vous ?
Je crois que nous sommes entrés dans une nouvelle ère où les politiciens ne pourront plus faire la pluie et le beau temps. Ils ne pourront plus mener les électeurs en bateau. La colère est grande et est devenue irrépressible.
Tout cela est le produit de la communication, des réseaux sociaux, de Skype, de Facebook. Ceux-ci entraînent une rencontre virtuelle des hommes et des femmes de toute la planète. Ils se rendent compte que leurs problèmes sont ceux de la grosse masse des hommes de la terre, les mêmes, la misère, l’insécurité alimentaire, la trahison des politiciens et tout cela fait qu’une nouvelle conscience humaine et planétaire est en train de se mettre en place devant nos yeux.
Beaucoup de gens n’ont pas conscience des interactions de tous ces phénomènes. Or, après analyse de tous ce qui s’est passé depuis cette dernière décennie, je suis arrivé à penser que la contestation de l’ordre établi ou de l’Establishment a commencé en 2010.
C’était au moment où le vendeur de poisson tunisien s’est immolé, ce qui a fini par déclencher le printemps arabe, qui s’est répandu dans les autres pays du Maghreb.
Puis on a vu des milliers de femmes de l’Argentine et d’autres pays de l’Amérique Latine sortir en battant des casseroles pour dire leur désespoir.
Vous vous souvenez du Premier ministre socialiste grec qui a subi tant d’humiliations alors qu’il voulait tirer son peuple de la misère et de l’exploitation, suivi du Brexit. Ce dernier a définitivement montré que l’on en avait marre des diktats de la Commission de l’Union européenne à Bruxelles. Ensuite, il y a eu l’arrivée des deux candidats anti-Establishment des Républicains et des Démocrates, Donald Trump et Bernie Sanders. Et la colère des Hongkongais et la révolte des Sud-Coréens suivie de celle des Roumains, en ce moment même.
Et n’oublions pas les prochaines élections sur le continent européen qui vont accentuer la colère contre l’Establishment.
Nous sommes donc entrés dans une nouvelle ère. C’est une prise de conscience au niveau planétaire que, désormais, on peut changer les choses. Yes We Can !
J’allais oublier. Permettez-moi de signaler que nous avons aussi participé dans une sorte de prise de conscience en décembre 2014. Les deux partis les plus puissants de Maurice, le PTr et le MMM, qui constituent l’Establishment, voulaient nous imposer une république bananière.
Les Mauriciens les ont balayés, ce qui montre que la République de Maurice est bien dans mouvance de la pensée politique moderne. En réalité, la synchronicité est à l’œuvre.
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