Interview J.Bizlall
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Interview : Jack Bizlall
“Le MMM a tout raté à cause de Bérenger”
* “Le MSM joue à qui perd gagne. Le PTr à qui sait attendre gagne. Le MMM à qui sait manœuvrer gagne. Ce ne sont que des tractations manœuvrières au sein de l’oligarchie politique…”
Jack Bizlall, ancien syndicaliste a toujours à coeur les grands débats nationaux. Sa vision de la société est tant ironique que tragique. Personne ne se bat pour que les choses changent. Plus on s’enfonce dans le système en dégradation continuelle, plus on se laisse piétiner. Qui a envie de provoquer un tsunami? Qui souhaite faire peau neuve? Les générations des battants sont bel et bien enterrées… Pourrait-on déterrer les morts? Faire revivre les idées humanistes?
Mauritius Times : Nous revoilà avec un autre Fact Finding Committee pour enquêter, cette fois-ci, sur les allégations portées contre le Gouverneur de la Banque de Maurice et d’examiner les conséquences du Bank of Mauritius Act sur le fonctionnement de l’institution. Nous voilà partis donc pour la gouvernance à coups de ‘fact-finding commitees’, n’est-ce pas ?
Jack Bizlall : ‘Fact Finding Committee’ ou pas, ceux qui constatent des abus dans la gestion des affaires publiques ou privées doivent contester et continuer à contester. Ce n’est pas uniquement une question de dénonciation des individus, c’est bien plus et surtout une question de démantèlement d’un système, d’un réseau, d’une clique, d’une oligarchie, ou encore d’une institution.
D’autre part, s’il n’y a pas de contestation des abus, des passe-droits, des gaspillages et des accaparements, le pays basculera dans un système sociopolitique à deux pôles d’exploitation et de domination. Il ne faut point être défaitiste, résigné, et dire que le pays est pourri ou irrécupérable. Je fais un constat positif dans la décision d’instituer un ‘Fact Finding Committee’. C’est à Victor Glover d’assumer ses responsabilités.
* Au-delà du contentieux opposant Manou Bheenick et certains membres du conseil d’administration de la Banque, faites-vous une autre lecture de ce qui se joue entre les différents leviers de pouvoir au sein même du gouvernement ?
Il faut surtout en parler puisque toutes les informations qui doivent être référées à Glover doivent sortir du groupe majoritaire du conseil d’administration. Sans leur contribution je peux vous dire que le cas est clos. Il y a quatre dossiers distincts et accablants : la répression anti-syndicale et contre les non-collaborateurs de la gestion autocratique de Bheenick qui ont été écartés et humiliés; les dépenses personnelles de Bheenick puisées de la caisse de la banque ; les contrats abusivement ou illégalement alloués, et son interprétation monarchique du rôle du gouverneur et son mépris total du conseil d’administration.
Quant à la question de ce qui se passe à la tête du pays je crois qu’il faut bien faire attention. Je ne m’intéresse pas au jeu de pouvoir entre les uns et les autres. Il faut revoir le rôle de la Banque centrale. Cette banque aura un rôle déterminant dans notre économie dans les mois et les années à venir. Je dirai même crucial. Il faut trouver un remplaçant qui ne soit pas un suiveur de Sithanen, un filou qui a peur des banques commerciales, un valet de l’oligarchie sucrière et un adepte du capitalisme d’avant la crise entre 2007 et 2009. Pour les tractations derrière les coulisses je laisse cela aux observateurs politiques. Je suis un homme engagé en politique.
* Faut-il voir le problème Ali Mansoor/syndicats du service civil et l’intervention du Premier ministre dans cette affaire sous le même angle ?
Ali Mansoor a préparé le budget de novembre et veut maintenant mettre dans les tiroirs les quelques mesures positives. J’ai trouvé outrageant le soutien accordé à ce tandem par certains syndicalistes, sur le budget de novembre. On ne peut être que satisfait que la réalité fait changer la position de certains dans leur positionnement collaborationniste. Je pense qu’il y a un enjeu commun entre le conflit Mansoor/Syndicat et l’intervention de Ramgoolam. C’est la fonction publique. Je trouve que nos intellectuels et nos décideurs n’ont pas une définition correcte du mot travail. D’autre part, ils utilisent abusivement les termes productivité et efficacité.
Le Parti travailliste a dans le passé associé le terme travailliste au terme travailleur. Sithanen lui associe le terme travailliste au terme travail. Ce qui fait que le PT n’est plus le parti des travailleurs mais bien le parti du travail. Le travail est un pilier du capitalisme. Sithanen et Mansoor sont tombés d’accord pour démanteler la fonction publique. Détenir une responsabilité dans la fonction publique, c’est assumer une utilité publique et sociale. La fonction publique a différentes responsabilités. Il faut donner des perspectives politiques à chaque secteur. Le secteur éducatif n’a pas les mêmes fonctions et la même utilité que la police ou le service social ou encore le secteur de la santé. Dans le secteur privé la productivité du travailleur est liée au coût du travail. Dans la fonction publique c’est la qualité du service par rapport aux besoins de la population — toutes classes confondues et dans le cadre de l’universalité de ces services — qui prime sur toutes les autres questions. Et cette qualité des services est liée au nombre de fonctionnaires et aux moyens disponibles. Si dans le secteur privé il existe un besoin structurel de management de la productivité (un MPS), dans la fonction publique c’est un management de la qualité des services dont nous avons besoin (un MQS).
* Les avis sont toutefois partagés au niveau même des syndicats en ce qui concerne la démarche du Financial Secretary par rapport au « HR Guidelines ». Ali Mansoor réclame des comptes et plus d’efficience dans l’implémentation des projets. Avait-il tort ?
Il ne faut pas nous prendre pour des imbéciles. A Maurice on nomme beaucoup plus de dirigeants jouisseurs et incapables que d’hommes intègres et capables. Mansoor et Sithanen laissent dépérir plusieurs secteurs de la fonction publique, les corporations d’Etat et les compagnies appartenant au gouvernement. Faites un constat et vous saurez combien j’ai raison.
Rendre des comptes ? Est-ce qu’on le demande à Air Mauritius, à la CNT, à la STC, aux casinos, etc., ou encore à la police et au département de contrôle des prix ? Plus d’efficacités, vous dites dans l’implémentation des projets. Quid de l’octroi des contrats aux protégés contre paiement de commissions; avec l’extension abusive des délais dans l’exécution des travaux, avec un manque organisé de contrôle sur la qualité de matériaux, des normes techniques et d’une absence totale d’éthique professionnelle. Totale ! Mansoor a fait quoi de concret pour changer les rapports et les choses ? Rien, absolument rien ! Mansoor ressemble à un lapin déguisé en lièvre. Vous pensez qu’il peut courir vite alors qu’il peut à peine faire des sauts… de lapin. Appelons un lapin un lapin. Enlevons-lui son déguisement de lapin et nous verrons un homme qui n’a rien dans le ventre. Il n’en est pas le seul d’ailleurs.
* A voir la façon que ces différentes affaires – celle concernant le Gouverneur de la Banque de Maurice et l’autre impliquant le Secrétaire financier sont gérées par le Premier ministre, on pourrait se dire que c’est dans le style d’un chef de l’Etat dans une monarchie…
En monarchie constitutionnelle un monarque règne mais ne gouverne pas. En monarchie absolue un monarque n’a pas besoin de gouvernement ou de gouverner puisqu’il est l’Etat et il n’a de compte à rendre à personne. A Maurice nous avons négocié notre indépendance en tant que sujets de sa majesté britannique, dont le gouvernement nous a accordé, à notre demande, une Constitution plus proche d’une monarchie constitutionnelle qu’une république, et en 1992 nous sommes passés à la République en conservant la tradition monarchique. C’est pour cela qu’il faut passer à la deuxième République avec une toute autre Constitution.
Ramgoolam n’est que le produit de notre histoire. Je crois qu’il a bien fait dans les deux cas. Mais ne dit-on pas que le Roi ne fait pas d’erreurs ? Il y a dans la pratique de servitude volontaire des citoyens mauriciens la tradition de faire appel à Ramgoolam pour tout ce qui n’est pas bien ou acceptable. Comme s’il n’est pas responsable ! A Grand Bassin on se jette à ses pieds poussés par un instinct culturel qu’on prétend être ancestral. Excusez-moi pour cet oxymore. S’il fallait maltraiter les gens serviles il faudrait passer toute une vie à le faire…
* Il ne me semble pas que le détenteur du pouvoir premier ministériel, quel qu’il soit, trouve cela profondément ennuyeux ou fatigant. Ce qui expliquerait aussi la démarche des autres de soit en profiter soit de partager ou même de lui en piquer. C’est un stimulant fort, n’est-ce pas ?
Un Roi est en permanence fatigué. Le Roi ne fait jamais rien. Il est en permanence servi par les autres. C’est la règle générale. Il y a une contradiction chez Bérenger. Il trouve effectivement que le Roi ne fait rien. C’est un fait. Mais en même temps il cherche une alliance avec Ramgoolam. Veut-il ainsi faire ce que le Roi doit faire et contradictoirement pousser Ramgoolam à encore moins faire ? S’il pense pouvoir, au gouvernement, pousser Ramgoolam à faire tout ce qu’il veut, il finira par provoquer la cassure. Mais avec la différence que dans une alliance entre le PTr et le MMM, s’il est expulsé, il ira seul. Ce qui me pousse à dire que Bérenger n’est au fond qu’un King Maker. Quant aux Jugnauth, une alliance entre le PTr et le MSM maintiendrait l’autre Roi déchu au Réduit. Comme le fut le vieux Ramgoolam avant de mourir, et préparer le jeune Jugnauth au trône en 2015… Remarquez que Ramgoolam n’a pas dit son dernier mot sur le sujet d’héritage. Mais Jugnauth, comme le Prince Charles, risque de mourir Prince, si Ramgoolam a hérité de son père des gènes de longévité tout comme Elizabeth II.
* Comment trouvez-vous la démarche de Paul Bérenger et de Pravind Jugnauth respectivement devant l’actuel détenteur du pouvoir premier ministériel ces dernières semaines ?
Au Malawi, le Roi se permet chaque année de choisir une épouse parmi les filles des notables du pays. La tradition veut qu’il se place dans une position stratégique et que les filles se placent et se déplacent devant lui toutes nues mais lui montrant leurs derrières. Je ne fais pas de blague. Donc ce Roi choisit son épouse parmi celles qui ont les plus gros arrière-trains. Zuma le fait aussi, mais entre les murs. Chaque peuple a ses traditions de mariage et d’alliance. Je peux affirmer qu’il y a une différence notable entre la pratique du mariage du Roi de Malawi et les mariages politiques à Maurice. Ici les mariages se font chaque cinq ans.
Les discussions se tiennent entre le PTr et le MMM et entre le PTr et le MSM. Il existe un triple comportement. Ramgoolam negocie avec les deux et provoque la bagarre entre le MMM et le MSM. Ce qui lui permet de les forcer à réduire leurs exigences et éviter des attaques de leur part jusqu’aux élections. Seul Ramgoolam sait quand les élections se tiendront et avec qui le PTr fera une alliance préélectorale et/ou post-électorale. Aussi loin seront les élections autant loin l’un de l’autre se trouveront le MMM et le MSM. Les Jugnauth visent une alliance avec le PTr sans condition contraignante. C’est l’alliance Bleu-Blanc-Rouge de la belle époque anti-MMM. Sans doute presque conclue. Quant à Bérenger, il est fidèle à ses qualités de tacticien émérite. Il veut une alliance post-électorale avec Ramgoolam et vise donc une élection à trois. Après les élections il vise une alliance avec le PTr sans le PMSD et veut faire une passation de pouvoir à son héritier biologique ou politique. Jusqu’à l’heure il n’a pas trouvé d’héritier politique. Ses agents disent que normalement étant l’héritier de Gaetan Duval, selon les dires de ce dernier, l’héritier politique ne peut être que Xavier Duval. Un test d’ADN de filiation n’est point nécessaire. Le MMM d’aujourd’hui est devenu le PMSD d’hier.
* On dit que les conditions ne sont pas réunies aujourd’hui pour une ré-édition de l’accord Medpoint — surtout après que Paul Bérenger eut rendu public « le fond de sa pensée » par rapport à Pravind Jugnauth. Vous y croyez vraiment ?
Nous ne sommes certainement pas arrivés au dernier épisode du film Dynastie. Nous avons seulement zappé sur Desperate Housewives. L’un prend la femme du voisin qui prend la femme de l’autre voisin qui pour sa part vient vivre chez celle dont le mari est parti. Il peut arriver que les époux se retrouvent.
Est-ce que quelqu’un peut expliquer pourquoi les relations sont si explosives entre les Jugnauth et Bérenger ? Faites une enquête parmi vos lecteurs. La seule raison plausible est que le vieux Jugnauth ne veut pas d’une telle alliance et que le jeune Jugnauth n’acceptera une alliance avec le MMM que sous la seule condition qu’il en soit le seul dirigeant. Pour l’instant le MSM joue à qui perd gagne. Le PTr à qui sait attendre gagne. Le MMM à qui sait manœuvrer gagne. Ce ne sont que des tractations manœuvrières au sein de l’oligarchie politique.
* Il semblerait toutefois que le leader de l’Alliance sociale pencherait davantage du côté du MSM malgré les appels du pied de Uteem et De L’Estrac. Qu’en pensez-vous ?
C’est ce qui circule comme information dans le public. Je me demande si ce n’est pas plus le vœu de ceux qui font circuler cette information. Dans le public je me demande qui sont ceux qui pensent vraiment que le MMM sera de nouveau seul au pouvoir ou qu’il se maintiendra au pouvoir dans une alliance quelconque? Il y a très peu de vrais militants au MMM. Le MMM a tout raté à cause de Bérenger. Dressez une liste d’anciens dirigeants du MMM et vous découvrirez un nombre très conséquent de personnes qui ont avec le MSM et le PTr participé au gouvernement. J’ai l’impression que Uteem et de L’Estrac ont quitté la politique, et je pense que leurs vœux sont éminemment contradictoires. Si le gouvernement actuel doit être changé, pourquoi maintenir sa composante principale et soutenir une alliance avec le MMM ? Qu’est-ce qui va changer ? A moins que l’objectif soit tout autre. Qu’ils ne critiquent pas en vérité le PTr mais trouvent nécessaire qu’il y ait une représentation ethnique ou une politique sociale différente au sein du prochain gouvernement !.
* Pour l’intérêt supérieur du pays ou pour un gouvernement d’unité nationale, ou pour son seul maintien au pouvoir, ou pour la continuité de la politique actuelle, quel serait d’après vous le leitmotiv qui déterminera le choix de Navin Ramgoolam ?
Je ne suis pas capable de lire dans la pensée des autres. Même si je le pouvais je ne crois pas que je trouverai de réponse présentement. Dans la pensée de Ramgoolam, il n’y a rien. Tout simplement parce qu’il n’a pas de choix à faire. Il n’entrera pas dans une alliance qui ne lui garantisse pas au moins 35 députés élus. Le reste serait pour ses alliés et l’opposition parlementaire. Ce n’est pas une alliance en soi qui doit occuper sa pensée quand il pense, c’est sans doute le placement des candidats dans les circonscriptions. Il va créer une opposition pendant les élections, d’une façon ou d’une autre, entre le MSM et le MMM. Il va attendre le premier résultat des sondages. Il va lui-même payer pour un tel sondage et il va certainement recruter d’autres conseillers. C’est actuellement le seul dirigeant politique qui utilise les moyens et les techniques modernes de sondage, d’organisation et de communication. Seule la rue peut le faire tomber. Seule l’opinion publique, autrement informée et conscientisée, peut le secouer.
* Comment voyez-vous la participation des forces de gauche et de la société civile aux prochaines élections ? Pensez-vous qu’il soit possible de faire élire un ou deux députés pour représenter une opposition crédible au Parlement ?
Je peux vous dire que la bipolarisation politique ne permet aucunement l’élection de députés indépendants ou des candidats des partis de gauche. Ceci dit, peut-on unifier l’ensemble de ceux qui veulent le changement pour une participation éclairée ? J’ai déjà dit que la position de Résistance et Alternative de participer aux prochaines élections sans déclarer son identité communautaire pour contester le Best loser system est incontournable. Je serai candidat dans le cadre de cette stratégie. Mais peut-on aller plus loin ? Forcément oui. Tous les citoyens qui soutiennent cette participation particulière peuvent nous rejoindre et ainsi créer une force de changement par l’institution d’une deuxième République et une autre Constitution. Nous aurons là un objectif commun et sérieux et un moyen crédible.
Peut-on aller encore plus loin et adopter politiquement une action plus dynamique, plus cohérente et unitaire. Certainement. Des discussions se tiennent dans ce sens au sein de Résistance et Alternative, du Mouvement Premier Mai et des groupes d’intellectuels et de militants du social et du culturel. Ce regroupement est forcement hétéroclite. Il faut donc rassembler, unifier et construire une politique alternative crédible dans le choix des hommes, des femmes, des jeunes et des moins jeunes qui assureront leur application ; dans les structures démocratiques de base qui détermineront le programme d’idées et d’action et surtout un projet politique applicable.
Le 12 mars le Mouvement Premier Mai commémore le dix-huitième anniversaire de la République par un Forum qui sera organisé à l’ancienne salle du MCL, Arcades Sunassee, Rose-Hill. Nous pourrions après le débat, tomber sur une première conclusion sur la question que faire ? Une telle décision sera prise dans ce sens en consultations multiples.
* Comment la situation se présente-t-elle à Rodrigues et à Agalega ?
A Rodrigues une bipolarisation politique existe avec un MR agissant puisque au pouvoir et un OPR dans l’attentisme. L’OPR a une stratégie de gagner les élections par défaut. Je n’ai aucun lien et ne veux avoir aucun lien avec le MR ou l’OPR. Dans le fond des choses ces deux partis ont des directions bicéphales. Rodrigues a pris le chemin de l’autocratisme imposé par Roussety. Je pense que le MR peut gagner les élections générales mais pas les élections pour le renouvellement de l’Assemblée régionale. Rodrigues doit dans l’unité de la population affirmer l’autonomie de Rodrigues et défendre les intérêts et objectifs de Rodrigues. Le MR et l’OPR ne sont pas en mesure d’assumer ce rôle. Donc c’est la société civile qui doit s’organiser et agir lors des prochaines élections. Une telle action aura définitivement une répercussion sur les programmes des deux partis et sur le choix de leurs candidats aux élections régionales. Lors de ces élections en 2010/12 ou avant, la confrontation entre les forces politiques sera différente . Roussety et ses acolytes doivent cependant quitter le pouvoir. On saura si le MR a compris l’enjeu et s’il l’a compris c’est le choix de ses candidats aux élections générales qui nous l’indiquera. Le PTr aura ses propres candidats rodriguais à Maurice.
A Agalega il n’y a pas de structure politique de base. Je discute avec les camarades pour la création de deux comités des îles. Les Agaléens ne se retrouveront pas dans les élections générales. Ils vont cependant soutenir un cahier de revendications.
“Dans la pensée de Ramgoolam, il n’y a rien. Tout simplement parce qu’il n’a pas de choix à faire. Il n’entrera pas dans une alliance qui ne lui garantisse pas au moins 35 députés élus. Le reste serait pour ses alliés et l’opposition parlementaire. Ce n’est pas une alliance en soi qui doit occuper sa pensée quand il pense, c’est sans doute le placement des candidats dans les circonscriptions. Il va créer une opposition pendant les élections, d’une façon ou d’une autre, entre le MSM et le MMM…” “Le MMM a tout raté à cause de Bérenger. Dressez une liste d’anciens dirigeants du MMM et vous découvrirez un nombre très conséquent de personnes qui ont avec le MSM et le PTr participé au gouvernement. J’ai l’impression que Uteem et de L’Estrac ont quitté la politique, et je pense que leurs vœux sont éminemment contradictoires. Si le gouvernement actuel doit être changé, pourquoi maintenir sa composante principale et soutenir une alliance avec le MMM ? Qu’est-ce qui va changer ? A moins que l’objectif soit tout autre…”
“Est-ce que quelqu’un peut expliquer pourquoi les relations sont si explosives entre les Jugnauth et Bérenger ? Faites une enquête parmi vos lecteurs. La seule raison plausible est que le vieux Jugnauth ne veut pas d’une telle alliance et que le jeune Jugnauth n’acceptera une alliance avec le MMM que sous la seule condition qu’il en soit le seul dirigeant. Pour l’instant le MSM joue à qui perd gagne. Le PTr à qui sait attendre gagne. Le MMM à qui sait manœuvrer gagne. Ce ne sont que des tractations manœuvrières au sein de l’oligarchie politique…”
“Bérenger est fidèle à ses qualités de tacticien émérite. Il veut une alliance post-électorale avec Ramgoolam et vise donc une élection à trois. Après les élections il vise une alliance avec le PTr sans le PMSD et veut faire une passation de pouvoir à son héritier biologique ou politique. Jusqu’à l’heure il n’a pas trouvé d’héritier politique. Ses agents disent que normalement étant l’héritier de Gaetan Duval, selon les dires de ce dernier, l’héritier politique ne peut être que Xavier Duval…”
“Au Malawi, le Roi se permet chaque année de choisir une épouse parmi les filles des notables du pays. La tradition veut qu’il se place dans une position stratégique et que les filles se placent et se déplacent devant lui toutes nues… Chaque peuple a ses traditions de mariage et d’alliance. Je peux affirmer qu’il y a une différence notable entre la pratique du mariage du Roi de Malawi et les mariages politiques à Maurice. Ici les mariages se font chaque cinq ans…”
“Les discussions se tiennent entre le PTr et le MMM et entre le PTr et le MSM. Il existe un triple comportement. Ramgoolam negocie avec les deux et provoque la bagarre entre le MMM et le MSM. Ce qui lui permet de les forcer à réduire leurs exigences et éviter des attaques de leur part jusqu’aux élections. Seul Ramgoolam sait quand les élections se tiendront et avec qui le PTr fera une alliance préélectorale et/ou post-électorale. Aussi loin seront les élections autant loin l’un de l’autre se trouveront le MMM et le MSM…”
“Il y a une contradiction chez Bérenger. Il trouve effectivement que le Roi ne fait rien. C’est un fait. Mais en même temps il cherche une alliance avec Ramgoolam. Veut-il ainsi faire ce que le Roi doit faire et contradictoirement pousser Ramgoolam à encore moins faire ? S’il pense pouvoir, au gouvernement, pousser Ramgoolam à faire tout ce qu’il veut, il finira par provoquer la cassure. Mais avec la différence que dans une alliance entre le PTr et le MMM, s’il est expulsé, il ira seul. Ce qui me pousse à dire que Bérenger n’est au fond qu’un King Maker…”
“Mansoor a fait quoi de concret pour changer les rapports et les choses ? Rien, absolument rien ! Mansoor ressemble à un lapin déguisé en lièvre. Vous pensez qu’il peut courir vite alors qu’il peut à peine faire des sauts… de lapin. Appelons un lapin un lapin. Enlevons-lui son déguisement de lapin et nous verrons un homme qui n’a rien dans le ventre. Il n’en est pas le seul d’ailleurs…”
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