« Bérenger aura à être remplacé pour que l’histoire du MMM reprenne son cours…

Interview : Jack Bizlall

 ‘La défaite de Ramgoolam provoquera son départ du PTr et ce parti politique reprendra son cours lui aussi’
« L’avenir de notre société repose sur deux choses : Un retour du PTr, du MMM et du MSM vers des objectifs politiques non obscurantistes et non néo-libérales »

Comme d’habitude, l’alliance entre le PTr et le MMM revient à la Une. Cette semaine, Jack Bizlall fait le point sur les enjeux et les obstacles pour le Premier ministre et le leader de l’Opposition, et les facteurs qui ralentissent ou empêchent sa concrétisation. Il s’exprime ouvertement sur les conséquences néfastes pour la République quand les médias sont toujours à l’affût des informations pour faire vendre les journaux alors que les discussions et les débats engagés pour améliorer la République et ses institutions de manière globale sont relégués aux calendes grecques…

Mauritius Times : Au vu de ses déclarations en début de semaine, Paul Bérenger semble persister à croire qu’une alliance avec le Parti Travailliste est toujours réa-lisable. La question qui se pose toutefois : Navin Ramgoolam le pense-t-il également ? Et, a-t-il vraiment besoin d’une telle alliance ?

Jack Bizlall : Navin Ramgoolam a absolument besoin d’une alliance politique. Avec le MMM ou le PMSD dans un premier cadre OU avec le MSM et le PMSD dans un deuxième cadre. Pour des raisons ethnico-électoralistes. En 2010, il avait conclu une alliance avec Bérenger pour choisir le MSM un jour avant l’annonce officielle de cette alliance. Contactez de l’Estrac, il vous en dira plus pour le besoin de l’histoire. Il pense donc à plusieurs possibilités d’alliances.

Dans le cadre de l’alliance éventuelle avec le MMM, Bérenger est sorti victorieux, grand manipulateur qu’il est, des deux premières manches. Dans un premier temps, il a fait partir le MSM du gouvernement de Ramgoolam avec l’affaire MedPoint. Ensuite, récemment, il a fait partir le PMSD en provoquant un conflit entre Duval et Ramgoolam.

Mais, dans son excès de confiance et d’empressement, il a irrité gravement le MSM et ébréché l’alliance « remake » pour se jeter dans les bras de Ramgoolam. Il ne sortira pas comblé pour la simple raison qu’il est en phase de « biberonnement » et que Ramgoolam est « un one shot man ». Un comportement de soumis, de quémandeur et de « biberonneur », surtout avec un biberonneur comme Ramgoolam. Nuances et variantes. Laissez parler les gens et vous verrez quelle piètre opinion ils ont de Bérenger. Je ne veux pas répéter les termes utilisés par eux pour le qualifier.

J’ai déjà parlé de la défaite de Ramgoolam aux élections de 2015. C’était avant le projet de l’alliance « biberon » proposée par Bérenger. Ramgoolam était largement battable.

Il y a trois raisons à cela :

Primo, la fracture sociale : il est très soutenu dans le milieu des affaires, dans le milieu des affairistes et dans le milieu des accapareurs. Il n’y a aucun doute à ce sujet. Mais il y a beaucoup de critiques dans les faubourgs des villes et à la campagne. A Triolet, il est très vivement critiqué.

Secundo, les institutions : dans le service civil, mais encore plus dans les corporations d’Etat et les compagnies propriétés de l’Etat, il y a au moins 4000 personnes, Ramgoolamistes, qui ne travaillent pas, qui imposent leur arrogance et qui font la pluie et le beau temps. Cela exaspère considérablement les autres. Et ils sont des milliers qui souffrent de cela.

Tertio, sa vie à lui avec ses frasques. Le vrai, mais encore plus les fabulations sur lui, se combinent dans le milieu po-pulaire. D’autant plus que certains de ses protégés se comportent en véritables propriétaires du pays.

* Passons sur la question de la crédibilité du leader du MMM lui-même qui, selon beaucoup de commentateurs, en a déjà pris un coup depuis le début des sessions « coze cozé » avec Navin Ramgoolam. Quelles peuvent être ses motivations au point qu’il semble disposé à accepter n’importe quoi – même à se rapprocher de Ramgoolam pour le défendre des méchants dans la presse… ou pour se mettre KO?

Ce sont les Travaillistes qui souhaitent le plus l’alliance MMM-PTr. Ils croient que Bérenger en tant que Premier ministre saurait agir en tant qu’antithèse de Ramgoolam sur le plan de l’éthique de gouvernance. Bérenger est un technocrate qui a une pratique bureaucratique émulant un certain Staline et Ramgoolam est un libéral dévoyé comme son gourou Gaëtan Duval.

Bérenger est conscient de cela et Ramgoolam en est très conscient lui-même. C’est un tandem qui veut partager le pays sur la base de leurs insuffisances et de leurs défauts. Ce n’est pas pour rien que les deux veulent à tout prix de cette alliance.

Il y a un « mais ». Ce que les citoyens reprochent à Bérenger aujourd’hui, c’est justement son silence justifiant les actes intolérables de Ramgoolam. S’il continue à cautionner Ramgoolam par son silence, il va perdre ses propres électeurs au bénéfice de Jugnauth. Avez-vous compté le nombre de jeunes intellectuels qui se sont ralliés au MSM ? Déjà, ce mouvement s’amplifie.

La seule décision que Bérenger peut prendre, c’est de « biberonner » encore plus et de faire des concessions pour conclure une alliance avec le PTr. Il a déjà perdu son honneur, il perdra la face. En dehors de l’alliance MMM-PTr, Bérenger aura à être remplacé pour que l’histoire du MMM reprenne son cours. La défaite de Ramgoolam provoquera son départ à lui aussi du PTr et ce parti politique reprendra son cours lui aussi.

* Revenons a cette alliance PTr-MMM : vous savez qu’à chaque fois que l’occasion s’est présentée, Paul Bérenger n’a pas manqué de souligner que la question d’alliance avec les Travaillistes n’était pas d’actualité, si ce n’était que pour apporter un grand « nettoyage » dans le pays « de la corruption, des abus et des scandales » – et sans doute au sein du PTr. Voilà une nouvelle façon de négocier une alliance : on procède à un grand coup de balai devant la porte de l’éventuel allié. Comment réagissez-vous à cela ?

Il y a trois questions fondamentales que Bérenger évite d’aborder.

Il y a de nombreux scandales, et celui qui sait le plus sur ces scandales c’est Jugnauth. Mais Bérenger en sait autant. Fait-il du chantage politique avec Ramgoolam ? Si c’est le cas, un tel chantage n’a plus d’effet au fur et à mesure que le temps passe. Remarquez que l’empressement de Bérenger pour les élections anticipées a été contré par le maintien des élections générales pour 2015. Plus les élections tardent, plus cela joue en faveur de Ramgoolam.

Croit-il pouvoir exercer un contrôle sur Ramgoolam ? Il essaye de le faire par fanfaronnade en fustigeant certains de ses ministres, en imposant les dates pour la conclusion de l’accord électoral, etc. Mais il sait très bien qu’une fois les élections générales remportées par Ramgoolam, c’est ce dernier qui sera Premier ministre et qu’il aura à se taire ou partir. Bérenger ne dit pas qu’il joue à un jeu qu’il ne gagnera jamais à moins qu’il soit en train de tout avaler pour le besoin de la transmission dynastique.

Bérenger est de plus en plus seul. Comme jamais auparavant ! Que s’il a dit vrai sur l’état de sa santé et je ne crois pas qu’il ait menti, il peut y avoir rechute ou subir des effets des médicaments sur sa santé mentale, sur ses capacités physiques de se maintenir en politique…Si jamais il lui arrive un malheur, ce que je ne lui souhaite pas, ce sera fini du MMM et ce sera grave pour le pays en terme de démocratie. Il faut bien penser l’après Bérenger, Ramgoolam et Jugnauth dans une République présidentielle.

Bérenger est un excellent tacticien mais un mauvais stratège. C’est le serpent qui mange sa queue. Se souvient-il de la caricature des années 70 visant Gaétan Duval. S’il y a un ancien militant qui a conservé ce dessin, je lui demanderai d’envoyer une copie à Bérenger.

* Cette disposition de Paul Bérenger de vouloir à tout prix une alliance avec les Travaillistes déconcerte même les membres de son parti, cela d’autant plus que l’option MSM est toujours présente malgré les récriminations mutuelles de Jugnauth et de Bérenger. Qu’en pensez-vous ?

Je ne crois pas que Bérenger mérite que l’on parle de lui à ce point. Je sais que la porte est encore ouverte pour une alliance MSM-MMM-PMSD. Parlons d’autre chose. Parlons de changements possibles.

Une alliance entre le MMM et le PTr, sans Ramgoolam et Bérenger, serait de loin moins grave pour le pays. Tout comme une alliance entre le MMM et le MSM sans la dynastie des Jugnauth. Je ne fais que relativiser les choses pour le besoin d’un débat politique. Il n’y a pas d’autre alternative possible. La gauche est brisée en miettes et il y a des personnes bien plus dangereuses, opportunistes et manœuvrières à gauche aussi. Je dénoncerai au moins une de ces personnes un jour, rassurez-vous, si elle ne se ressaisit pas.

L’avenir de notre société repose sur deux choses : Un retour du PTr, du MMM et du MSM vers des objectifs politiques non obscurantistes et non néo-libérales qui ne pourrait se faire que par les départs de Ramgoolam (géniteur de la fracture sociale), Jugnauth (obscurantiste qui croit pouvoir pousser le pays à retourner à la période dynastique des guerres entre les tribus indo-européens) et Bérenger (qui vise le pouvoir que pour le pouvoir).

Il faut pour arriver là, démanteler la soumission aux lea-ders, développer le courage nécessaire pour éveiller la conscience politique des membres du PTr, du MMM et du MSM sur une base non autocratique. Bref de l’impossible en poudre. Je ne vois pas les personnes comme Boolell, Bodha, Uteem, Lee Kwong Wing, etc., agir dans ce sens. Trop de peur en eux et trop de distorsions dans la tête des électeurs pour accepter ce qu’en vraie République est autrement intériorisé politiquement.

Reste l’autre possibilité qui est de créer un Mouvement politique large. C’est ce qui a été mise en place depuis le 1er mai 2009. Je travaille sur cette possibilité avec d’autres personnes. Je quitte le secteur syndical presque totalement le 31 de ce mois pour tout faire afin que ce mouvement soit créé avant la fin de l’année. Je n’ai jamais voulu faire du syndicalisme et la politique électorale en même temps. Je me suis libéré du premier pour m’occuper pleinement du second. On verra si on pourra construire autre chose autrement pour une action politique crédible, possible et praticable.

* On a appris au début de cette semaine-ci que le froid serait revenu dans les rapports entre les dirigeants du PTr et du MMM, et que Paul Bérenger allait prendre les décisions qui s’imposent à la lumière d’une communication qu’il attendrait de Navin Ramgoolam concernant « deux ultimes points d’un éventuel accord électoral ». Que se passera-t-il au cas où cette communication ne vienne pas et que Bérenger se voit effectivement ‘largué’ par Ramgoolam ?

La question est d’actualité et d’une extrême importance. Selon les journaux, il existerait deux ultimes points qui ne peuvent qu’être importants sinon l’accord aurait été conclu depuis longtemps. Ces deux points seraient :

D’abord, la question d’une République présidentielle et la répartition des pouvoirs parlementaires entre un Président à pouvoir exécutif et une Assemblée nationale avec des pouvoirs réduits.

Que personne ne vienne dire qu’il ne pouvait prévenir les conséquences d’un tel changement constitutionnel. Dans les faits, nous sommes en démocratie parlementaire. C’est le pouvoir de l’Assemblée nationale qui sera réduit parce que le Premier ministre est nommé et rend compte à l’Assemblée nationale. Le Président de la République n’a aucun pouvoir exécutif et il est le garant du pouvoir au peuple, alors qu’avec le changement proposé par Bérenger, il formera partie de l’Exécutif.

L’autre point concerne sans doute la répartition des candidatures tant en nombre que par rapport aux circonscriptions et en rapport au partage des ministères, des corporations et des biens publics. C’est dramatique que quelqu’un qui est leader de l’opposition et qui est payé comme tel a inversé son rôle pour former partie de la majorité parlementaire et soutenir le gouvernement et son Premier ministre.

Cette alliance est dangereuse pour le pays. Nous entrons tout droit dans une phase d’autocratisme et d’instabilité. Avec la fracture sociale, la division du pays en zones d’habitations pour les riches et les dortoirs insalubres pour les autres, avec les abus de toutes sortes et les accaparements aussi, on aura plusieurs soulèvements, surtout des femmes et des jeunes.

* Pensez-vous que Bérenger et Ramgoolam sont tous deux arrivés à un stage dans leur parcours politique où chacun a besoin de l’autre pour assurer sa survie politique ?

La situation est simple. Ramgoolam a beaucoup mangé sans être rassasié alors que Bérenger a grand faim. C’est l’histoire d’une mangouste et d’un serpent dans un poulailler. La première est gloutonne et elle mange toutes les heures et tous les jours, tandis que l’autre va se reposer après un bon repas pour plusieurs jours. Il y a cohabitation pour le partage quand le poulailler est rempli.

Si le poulailler se vide, ils finiront par s’opposer et s’entretuer. La seule différence est que la mangouste broie sa proie avec grand bruit tandis que l’autre avale sa proie dans le silence le plus total.

Si nous faisons une comparaison avec ce qui se passe ailleurs, nous constaterons que dans presque tous les pays du monde, la situation économique et sociale se détériore.

J’ai rencontré un patron du secteur privé pour discuter de plusieurs problèmes syndicaux et sociaux. Nous avons discuté de Ramgoolam. Son point de vue est que Ramgoolam est nécessaire pour le business et ses dérapages sont se-condaires. J’ai rencontré un ancien Président de la République qui m’a révélé que Ramgoolam est un inculte en matière de politique étrangère.

Bérenger est resté le même, c’est-à-dire quelqu’un qui sait tout (il le prétend), qui peut tout (il le dit) mais qui ne séduit pas et qui n’est pas performant sur la durée. Il n’a jamais pu atteindre un objectif politique important de sa vie. Pourtant, il en a eu l’opportunité.

Sont-ils complémentaires ? Faut-il être aveugle, sourd et muet pour le croire. Or, c’est ce que sont les électeurs dans leur grande majorité. La révolte viendra des femmes et des jeunes. J’ai tellement confiance en ce que j’avance et ce que j’affirme que je serai certainement témoin des changements majeurs qui vont arriver.

* Est-ce aussi le cas pour leur parti respectif ?

Certainement pas, puisque les membres et sympathisants du PTr et du MMM ne sont pas les mêmes et sont en plus différents.

J’ai l’occasion de me rendre compte de leurs positions respectives dans le milieu des chauffeurs de taxis et des militants politiques des deux partis. Ils n’appartiennent pas aux mêmes ethnies, aux mêmes groupes de la classe moyenne, aux mêmes régions du pays, etc.

Les membres et sympathisants du MMM sont plus intéressés par la situation sociale dans son ensemble. Beaucoup de ceux qui soutiennent le PTr sont plus intéressés par leurs propres enrichissements, à vivre comme des parvenus et reculent considérablement sur le plan moral.

Ce que je dis va soulever une polémique. Mais je fais des constats ahurissants. Jusqu’à ces dernières années, ce sont les classes et groupes sociaux soutenant le PTr qui ont soutenu notre société sur tous les plans. Si ces groupes so-ciaux économiques reculent, c’est toute la société mauri-cienne qui sera négativement affectée.

Quand je dis que l’exemple vient d’en haut et quand je dis que Ramgoolam doit partir, je sais de quoi je parle.

L’amour des plaisirs à l’excès, l’accaparement, la fraude, la corruption, le gaspillage, les crimes de toutes sortes… détrui-sent un groupe social très facilement. Tout s’achète. Tout se vend. Tout se permet. Les gens avisés savent de quoi je parle. La même chose se passe, par exemple, en Afrique du Sud dans le milieu de l’ANC.

* Faut-il quand même reconnaître que beaucoup de ceux qui prennent position dans les médias en tant qu’éditorialistes/commentateurs ou lecteurs/auditeurs et qui s’opposent farouchement à une alliance du MMM avec les Travaillistes, gardent le silence lorsqu’il s’agit d’une alliance entre Bérenger et Jugnauth. Qu’est-ce qui expliquerait cela ?

Cela s’explique par le désir de tous de se défaire de la gestion de Ramgoolam qui aggrave la fracture sociale. Ils veulent un peu d’éthique et de respect des biens de l’Etat, qu’ils pensent possible à tort ou à raison, avec une alliance MMM-MSM.

Ils ne veulent pas d’un investissement massif de plusieurs milliards dans un métro léger qui va augmenter le coût du transport public alors que des milliers de familles sont sans maison et un certain nombre, sans abri.

Il y a dans le milieu populaire un certain besoin d’autorité pour rétablir la sécurité sur tous les plans sans réduire la liberté individuelle avec les réseaux de surveillance vidéo qui pénètrent partout jusqu’à l’intérieur de l’autobus. C’est inacceptable.

On a l’impression que les gens honnêtes sont importunés et harcelés alors que les criminels sont libres. Rendez-vous compte qu’un directeur d’une institution bien connue s’est permis d’appeler dans son bureau une employée pour se masturber en fantasmant sur sa personne en sa présence et que ce directeur n’a pas été suspendu jusqu’ici. Qu’une autre a perdu son emploi pour n’avoir pas autorisé le déboursement d’un emprunt alors que l’emprunteur ne versait pas son salaire sur son compte bancaire et n’était pas solvable.

Allez voir la liste de crimes contre les femmes depuis janvier 2013. En nombre et en bestialité. Quelques exemples : viol et sodomie puis étranglement, asphyxie, plusieurs coups de couteau ou de massue ; restes abandonnés dans un freezer, brûlée vive, découpée… La plus jeune avait 18 ans et la plus âgée, 91 ans.

Ramgoolam peut-il changer de comportement et de politique ? Je vais vous dire une chose : je suis un optimiste agissant. Je fais pression sur lui. Lui, personnellement, je ne pense pas. Mais il a un ou deux conseillers qui peuvent pallier à ses manquements. Il a deux ministres qui sont conscients de ce qui se passe dans le pays et qui peuvent se mettre à l’écoute du pays à sa place. La situation n’est pas désespérée. C’est pour cela qu’il doit partir de son plein gré pour que les autres soient en mesure de combler ses manquements. Si je devais un jour le rencontrer, ce serait pour lui dire : « Pars mon ami, pars pendant qu’il y a encore un espoir pour nous ! »

* En attendant que les leaders du PTr et du MMM parviennent à se mettre d’accord sur le partage du pouvoir ou ils iront chercher ailleurs, le pays reste bloqué à tous les niveaux. Il n’y a que les élections pour nous sortir de là ?

Le pays n’est pas bloqué pour cette raison. Nous sommes en fracture sociale depuis quelques années déjà. Nous avons vécu sur la vente de nos terres et la force de travail de notre main d’œuvre vendue à bon marché. Les ménages et les entreprises sont lourdement endettés. La politique keynésienne des grands travaux publics ne repose pas sur les prio-rités de l’heure. Il y a d’autres raisons, entre autres, l’hégémonie et la vampirisation des banques, la stratégie hors production, la politique de MT et d’Emtel, le coût de la vie par rapport à l’inflation et aux salaires, etc.

Je ne suis pas d’accord que les élections générales anticipées vont changer les choses. Pour que des élections générales ouvrent la voie à des jours meilleurs, il faut la clarté et la résilience (sur le plan moral surtout) des forces politiques qui s’opposent. Tel n’est pas le cas. Cela va sans doute se faire en 2015. Dans cinq à six mois. Il faut savoir attendre.

J’avais espéré depuis ma candidature aux élections de 2010, que les uns et les autres comprendraient qu’il est nécessaire de passer à une Nouvelle Constitution et à la Deuxième République pour donner un nouveau souffle à notre société. J’ai eu affaire à un scorpion, à une mangouste et à un serpent.

Permettez-moi de dire aux femmes et aux jeunes de s’engager. La génération d’hommes au pouvoir a failli, depuis dix ans au moins, à ses responsabilités. Que les décideurs réfléchissent à leurs actes pendant qu’il est encore temps.


* Published in print edition on 29 August 2014

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