Inde, Diaspora et Médias

Par Nita Chicooree-Mercier

L’Inde se trouve à une époque charnière de son histoire. Le pays gravit les échelons du classement mondial dans le domaine économique, technologique et industriel. Elle représente un marché énorme pour les pays développés : ces derniers la courtisent pour son vaste réservoir de talents et son statut de poids lourd géopolitique. Toutefois l’image que les médias étrangers projettent de l’Inde dans le monde est souvent perçue comme étant négative, voire même erronée.

Sont systématiquement pris pour cibles le parti au pouvoir, le « Bharatiya Janata Party », le BJP, et le premier ministre Sri Narendra Modi. Le BJP, le « Parti des Peuples de l’Inde », est décrit comme le « parti nationaliste hindou » et le premier ministre comme le leader de ce parti nationaliste.

Depuis 2014, et bien avant, le New York Times et ses confrères de Washington Post, CNN, etc., aux États-Unis donnent le ton de cette musique anti-BJP, un refrain repris en chœur par la BBC, Le Monde, Libération, des magazines hebdomadaires, France 24, LCI et d’autres médias européens.

Vu à travers le prisme de l’histoire européenne du 20ème siècle qui a marqué les esprits dans le monde occidental, le « nationalisme » évoque des dérives autocratiques et fascistes. L’Italie, la Grèce, le Portugal et l’Espagne en somme, les pays catholiques d’Europe, en firent l’amère expérience au siècle dernier, talonnés de près par la France, qui avait failli y sombrer.

Chargé d’une connotation négative, le terme « nationaliste » est devenu tabou, entraînant dans sa chute toute idée inoffensive de « patriotisme » à l’ère du wokisme, de l’abolition des frontières en Europe et de la déconstruction généralisée.

Ce « nationalisme » indien serait entaché d’une religion, sacrilège ultime en Occident ! En l’occurrence, celle qui est fondatrice de la civilisation millénaire en Inde et que les Indiens nomment « Sanatan Dharma » – une exploration de l’être, du Soi, une quête de la transcendance, une adoration du divin dans ses diverses manifestations et une conscience de l’énergie cosmique -, qui est à l’opposé des religions connues dans le monde en général et, plus particulièrement leur rapport au pouvoir politique au cours de l’histoire.

La sphère médiatique s’obstine à véhiculer un message négatif à un public non initié aux spécificités de l’Inde, à chaque référence au parti dit « nationaliste hindou », information répétée et traduite en chaîne à l’échelle internationale. Une litanie qu’affectionnent les partis dits de gauche en Inde, le parti du Congrès, le parti communiste et le Aam Aadmi Party, mais qui n’a pas réussi à détourner l’électorat du BJP lors des deux dernières élections générales.

C’est méconnaître l’Histoire de l’Inde, une histoire tragique parsemée de multiples invasions lancées par le pouvoir politico-militaire du monde turco-moghol et arabique qui y exécuta le plus grand génocide de l’Histoire de l’humanité, le massacre de 80 millions d’hommes, de femmes et d’enfants, selon les historiens. Une tragédie dont témoigne le « Hindu Kush », la Vallée de la Mort des Hindous, en l’actuel Afghanistan.

À cela, il faut ajouter une occupation d’une grande partie de l’Inde reprise et prolongée par les puissances rivales européennes et, finalement, dominée par la Compagnie des Indes britannique pendant 250 ans sur un territoire qui comprenait aussi le Pakistan et le Bangladesh avant l’indépendance en 1947. 

Du point de vue du BJP, l’Histoire des royaumes hindous du nord au sud de l’Inde, du Cachemire au Tamil Nadu, fut négligée et tomba dans l’oubli par la politique de Gandhi et la dynastie Nehru après l’indépendance dans un souci d’apaisement des conflits ethnico-religieux.

Le BJP entend effectuer un éveil de l’Inde à sa propre grandeur qui fit de 800 ans d’occupation étrangère un épisode de sa civilisation multimillénaire. C’est sur ce socle civilisationnel que le parti dit de droite s’appuie pour galvaniser la population dans sa diversité ethnique, linguistique et régionale, avec comme objectif premier son ambition de propulser l’Inde au rang des grandes puissances.

C’est aussi l’ambition du Congrès national indien, parti bien vu par les médias de gauche en Occident, mais sans l’apport civilisationnel du « Sanatan Dharma », avec « l’hindouisme » comme moteur fédérateur de cette immense population. La corruption qui gangrenait le Congrès national indien au pouvoir pendant plus de 60 ans facilita l’élection du BJP en 2014 et ouvrit un grand boulevard aux vastes projets que les architectes de la victoire de ce parti mirent à l’œuvre sous la direction du premier ministre Narendra Modi.

Quant aux « peuples » auxquels fait référence le « Parti des Peuples de l’Inde », élément ignoré dans l’appellation « parti nationaliste hindou » prisé par les grands médias, ce terme désigne les populations issues de la civilisation caractérisée par une culture, une philosophie et un mode de vie communs avec une diversité de langues inégalée, et comprend aussi des tribus et des ethnies diverses ayant une lointaine origine africaine et asiatique.

Les peuples que les royaumes hindous avaient accueillis chaleureusement et volontairement sont les Juifs fuyant la persécution sur leurs terres, il y a 2000 ans, et plus tard, les Parsis venus de Perse, adeptes de Zoroastre et fuyant l’invasion arabe.

Les autres religions qui prirent naissance au sein de la population sont le bouddhisme, le sikhisme et le jainisme. La cohabitation de deux religions importées de l’étranger au sein de celle qui est prédominante s’est faite dans une intégration plutôt bien réussie au fil des siècles.

Mais les religions à caractère missionnaire ont entrainé la résurgence du prosélytisme acharné et compétitif, un concept étranger à l’esprit hindou. Dès lors, l’espace religieux hindou s’est transformé en un territoire de conquête, ce qui ne peut pas se passer sans heurt au sein de la population et dans la classe politique depuis 1980.

C’est au nom de la liberté des religions, idéal galvaudé et manipulable à merci, que les institutions étrangères, notamment aux États-Unis, et les médias défendent l’exercice comptable de la récolte d’âmes en Inde. C’est au nom du respect du « Sanatan Dharma » sur son seul territoire au monde que les dirigeants actuels et la population rejettent l’ingérence étrangère en matière de religion.

C’est le devoir de la diaspora indienne et les gens d’origine indienne dans divers pays de se manifester pour rétablir des vérités que les médias ne diffusent pas, soit par omission ou par ignorance.

Conscients des énormes défis auxquels l’Inde fait face sur le chemin du progrès, nous serons de cœur avec l’ensemble de la population indienne et le gouvernement pour la 76ème célébration de son indépendance.


Mauritius Times ePaper Friday 11 August 2023

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