Happy Mithra Day, hommage à la tradition

Par Nita Chicooree-Mercier

Nous vivons une ère de tension sur fond ethnoreligieux et aussi de civilisation qui polarise les peuples et déchaîne des passions à travers le monde. Les haines millénaires remontent à la surface ; et le drame, c’est que peu de voix osent pointer le doigt sur la véritable nature de ces poisons qui enveniment les rapports entre les peuples, préférant enrober ces passions hideuses et coupables d’un discours de ’cause’ légitime à défendre. Mais, heureusement, ces interdits sont en train de voler en éclats face à la nécessité impérative d’établir des vérités que nombreux refusent d’entendre ou de reconnaître.

Il est dommage que le déni de la réalité se soit installé dans les esprits depuis si longtemps que c’est devenu la norme. L’ambiance festive de cette fin d’année s’inscrit dans ce climat de parole libérée de toutes parts, ce qui ne fait qu’alimenter de vives tensions. Mais c’est indispensable d’y faire face car l’avenir de l’humanité est en jeu.

Une période de célébrations

Le monde chrétien, avec les cultures protestantes en tête, s’apprête à célébrer la naissance de Yeshua, le rabbin israélite que Saül magnifia dans une épopée et que les compagnons de Yeshua perpétuèrent en y relatant leur propre expérience auprès de celui qui les inspira à fonder une nouvelle religion.

Selon les historiens, le Sémite Yeshua n’avait jamais cherché à fonder une religion en son nom. Ce sont les apôtres qui lui prêtèrent des propos visant à donner à ses prêches, qui n’avaient duré que trois ans, un caractère missionnaire universel.

Au 4ème siècle, le pouvoir impérial romain vit dans cette nouvelle religion, qui s’était répandue graduellement hors des terres d’Israël, une opportunité de l’officialiser pour justifier un ordre politique autoritaire qui s’exercerait au nom d’un Dieu unique.

Les dieux et les déesses du paysage polythéiste grec et local continuèrent à occuper l’espace religieux. Et c’est l’un d’eux qui inspira l’impératrice lorsque survint le choix d’un jour pour célébrer la naissance de Yeshua devenu Jésus.

Les Romains présents au Moyen-Orient affectionnaient le dieu Mithra de par son idéal de l’amitié et de son symbole solaire. Le dieu Mithra, un des 33 dieux des Vedas en Inde, était aussi vénéré en Perse antique à partir du sud, partageant une frontière avec l’Inde au nord-ouest (actuellement le Pakistan).

Le 25 décembre, c’était l’anniversaire du dieu Mithra en Perse antique que les Romains baptisèrent en « Sol Invictus », c’est-à-dire « le Soleil Invincible » qu’ils adoptèrent à Rome. L’empereur en fit son symbole pour faire rayonner son aura personnel, d’autres empereurs et rois s’approprièrent le symbole du soleil au fil des siècles. La Renaissance italienne en pleine effervescence spirituelle et artistique entreprit de donner au dieu-homme parfait et sémite les traits européens qui lui sont restés collés à la peau jusqu’à nos jours.

L’importance du symbolisme des festivités

Ce qui est célébré à Noël, c’est l’homme parfait devenu Dieu et porte-parole du Père. Selon les écrits des apôtres, le message fondamental de ses enseignements est axé sur le concept de l’amour, de la compassion, du pardon et de la justice. Ainsi, les mêmes notions, présentes dans le judaïsme d’où était issu Yeshua, sont mises en exergue.

Les réalités sociales d’une époque où les pauvres n’avaient pas voix au chapitre étaient propices pour un style de prêche, et manifestement, les compagnons de Yeshua en firent un idéal. Et c’est aussi l’esprit de sacrifice de l’homme pour le bien d’autres hommes qui est vénéré et respecté. Héracles et Prométhée de la mythologie grecque en sont les figures précurseurs. Et c’est fort probable que le réveil intellectuel en Europe qui œuvrait à émanciper le peuple au nom de l’égalité était aussi empreint d’un enseignement biblique.

L’empereur Julien fut le dernier empereur acquis au paganisme ; il promulgua un édit de tolérance qui permettait à chacun de pratiquer le culte de leur choix en l’an 361. Il exigea que les Chrétiens qui avaient pillé les trésors des cultes païens les restituent. Les cultes polythéistes traditionnels et les cultes à mystère d’origine orientale continuèrent à être pratiqués (Mithra, Cybèle, Isis) malgré les restrictions progressives par les empereurs chrétiens.

Lorsque la nouvelle religion fut considérée comme un élément essentiel de la cohésion politique de l’empire, les autres pratiques devinrent des ‘superstitions populaires’ et furent dénigrées comme étant ‘païennes’, (le terme « païen » est dérivé de « paganus » signifiant paysan).

En l’an 392, l’empereur Théodose avait interdit les Jeux Olympiques liés à Zeus et Héra, entre autres, à cause de la nudité du corps des athlètes, car le culte du corps et de la nudité étaient proscrits par le christianisme. Peu à peu, les temples tombèrent en ruine.

L’étiquette péjorative du « paganisme » a perduré jusqu’à nos jours. Mais à la fin de deux millénaires, l’influence païenne sur les fêtes célébrées dans le calendrier des religions dans les régions désertiques du Moyen Orient, à commencer par le judaïsme, commencèrent à être reconnue. C’est le cas du moins chez les Juifs et les Chrétiens ; il n’y a aucune crise pour précipiter ceux qui en font un rappel vers le feu de l’Inquisition.

Ainsi, les légendes de l’Egypte, de Babylone, de l’Afrique et de bien d’autres contrées ont façonné l’imaginaire et les pratiques ultérieures, les rituels de prière, le jeûne, l’ablution, le sacrifice d’animal, etc. L’échange de cadeaux est l’héritage des rois étrusques à Rome, tradition émanant de la Grèce antique. La tradition celte célébrant le solstice d’hiver a aussi laissé des traces dans le calendrier des célébrations. Il est relativement aisé pour celui qui s’y intéresse de déceler la continuité et la fluidité dans les traditions à travers les siècles, et ce, en dépit d’un déni tenace de certaines voix… Le paganisme – tant décrié et voué aux gémonies – est resté pour ainsi dire omniprésent.

Revenons au 20e siècle. Le ‘Christmas’ en Grande Bretagne est pratiquement la seule fête d’envergure qui mobilise l’énergie et l’attention des pratiquants et des athées pendant le temps des grandes préparations bien avant le 25 décembre. Le ‘Jingle Bell’ anglais résonne pendant des jours. Plus que les prières, c’est dans la joie, la musique, les couleurs, les festins et l’échange des cadeaux que tous les chrétiens et ceux qui se joignent à eux célèbrent l’enfant devenu homme-dieu.

Hommage aux traditions, us et coutumes pour célébrer le bien-être, la paix et le bonheur ! Happy Mithra Day. Happy Sol Invictus. Bonne fête à tous. Merry X-mas. Joyeux Noël.


Mauritius Times ePaper Friday 22 December 2023

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