Fin d’année. Interrogations et Réflexions

Carnet hebdo

By Nita Chicooree-Mercier

Le grand chamboulement climatique n’est pas passé inaperçu dans nos contrées. C’est en couleur rouge vif que la floraison du flamboyant s’est annoncée avec deux mois de décalage dès octobre dernier, ajoutant une note de gaieté à la période festive en cette fin d’année.

“C’est en couleur rouge vif que la floraison du flamboyant s’est annoncée avec deux mois de décalage dès octobre dernier, ajoutant une note de gaieté à la période festive en cette fin d’année… Les humains ont besoin de sensualité, de beauté, de couleur, de joie et de plaisir des sens. C’est l’essence même des fêtes, une coupure avec la routine, le travail et le train-train quotidien. Qu’ils en profitent en cette fin d’année ! Nous souhaitons une joyeuse fête à nos compatriotes. Happy New Year. Naya Saal Abhinandan. Bonne année !”

Mais les intempéries de ces dernières semaines et celles en cours annoncent un changement dans le prix des fruits et légumes dans les mois à venir. Les deux fruits d’été qu’affectionne le bon peuple sont hors de portée à cause de leur prix excessif : le letchi rougeoyant et pulpeux et la pastèque, aussi connue comme le melon d’eau, beau fruit rouge d’une texture farineuse dégoulinant d’eau et ornée de graines noires, incrustées presque délibérément, pour un effet esthétique.

Le ministère de l’agriculture aurait tout intérêt à encourager les cultivateurs à mettre sur le marché d’autres fruits locaux tels que la pêche, le corossol, le cœur de bœuf, le jamblon, le fruit de cythère, la mandarine et le tamarin. Certains se démarquent par une présence minimale tandis que d’autres sont délaissés depuis des lustres. Le jus de tamarin, boisson d’été par excellence, et le jus de canne naturel méritent d’être remis sur la table de cuisine.

Le prix fluctuant des légumes freine le budget modeste et oblige les revenus minimaux à dépenser avec parcimonie les roupies consacrées à l’alimentation. Mauvaise nouvelle pour les végétariens et les périodes de jeûne à venir. La nourriture carnée tant convoitée en fin d’année devrait susciter une véritable remise en cause pour le reste de l’année en raison de sa piètre qualité, résultat d’un élevage industriel, dopé par les pesticides nocifs pour la santé à long terme.

Quiconque prend au sérieux le défi auquel fait face la planète entière pour nourrir les milliards d’habitants, un bon nombre étant de trop dit-on, et se soucie aussi du sort des générations futures ne peut que se résoudre à diminuer d’un tiers sa consommation mensuelle de viande.

Question pertinente : hormis ceux qui exercent un métier exigeant des efforts physiques pénibles, est-il nécessaire de consommer trois repas par jour ?

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Une société de consommation en peine

Au début des années 90 à Maurice, la prospérité est devenue une réalité, ce qui a rehaussé le niveau de vie de la majorité de la population. Ceux restés à l’écart du progrès économique se sont rattrapés depuis l’an 2000. La surconsommation s’est installée dans le sillage d’une dépendance sur l’importation de ce que le pays ne produit pas, ce qui crée l’impression de vivre au-dessus de ses moyens. Quand bien même les secteurs économiques qui ont été développés permettent la création d’emploi et, dans ce sillage, les salaires facilitent la consommation, les habitudes de consommer sont devenues une seconde nature, voire une dépendance, comme une substance illicite, qui emporte les esprits et les décolle de la réalité.

Une pénurie à l’échelle mondiale nous fait vite retomber sur nos pieds. Depuis bientôt deux ans, la guerre russo-ukrainienne nous oblige tous de rester enracinés dans la réalité, de revoir nos besoins réels et de soigner notre qualité de vie. Dans la série des malheurs qui arrivent toujours accompagnés d’autres en attente, ce sont les routes maritimes – du Canal de Suez en passant par la Mer Rouge jusqu’à la Méditerranée sans épargner l’océan indien – qui sont prises en otage et menacent sérieusement le commerce international avec les retombées certaines que l’on connait sur les denrées de base et autres produits de consommation.

Ces attaques en haute mer menées par les Houthis du Yémen – un pion que l’Iran fait avancer sur l’échiquier de la géopolitique au Moyen-Orient à cause de la rivalité féroce qui l’oppose aux Etats-Unis et son allié Israël -, risquent de présenter une facture salée aux compagnies maritimes, et par ricochet, au commun des ménages.

La règle du jour est, dans le parler local, de faire attention car on ne sait de quoi demain sera fait. Dans un monde ultra connecté, l’insularité conserve un certain avantage géographique en donnant l’impression que le bruit du croisement de fer entre ennemis est lointain et inaudible et que la densité démographique sur un territoire exigu oblige à maintenir une harmonie sociale. C’est vrai en grande partie, mais chacun se garde bien d’entretenir une illusion quelconque car les intérêts mondialisés ne sont pas que matérialistes et commerciaux, mais participent aussi aux valeurs de civilisation, de l’éthique et de la morale.

* * *

Équilibre à trouver entre sécurité alimentaire et éthique

Le sens tragique de l’histoire refait son apparition par les faits d’une barbarie que l’on croyait révolue. Nourri d’une haine millénaire maladive, d’une jalousie et envie des progrès et de la prospérité des voisins, chapeauté par une course aux ressources et une guerre d’égo des grands de ce monde, le souffle de l’histoire universelle menace de balayer bien des pays dans son sillage.

Ce dernier trimestre de l’année a été marqué sur la scène internationale par les humains barbares qui ont tourné le dos à l’humanité. Est-ce que ce serait par tradition ou amertume ou y aurait-il une animosité ancienne impossible à contenir à cause de l’égo ?

C’est ce qui nous interpelle avec insistance et nous exhorte à une vigilance, et à maintenir un niveau élevé de nos idéaux en promouvant la Raison et en évitant de tomber dans la dictature du ressenti et de l’émotion qui a tendance à semer la confusion dans les esprits. Nous devrons nous tenir surtout aux grandes valeurs d’un pays démocratique et d’une société libre, une prise de position qui n’est pas à négocier ni à compromettre quelles que soient les circonstances internationales et la caisse de résonance, inévitablement discordante, qu’elles produisent ici.

Il est certain que nous ne sommes pas collectivement qu’un estomac à nourrir ! Nous participons à la marche de l’humanité et de l’Histoire. Nous savons ce qui nous unit et ce qui nous divise. Nos pensées vont à tous ceux qui sont dans la tourmente dans les pays en guerre.

Pour conclure

Les humains ont besoin de sensualité, de beauté, de couleur, de joie et de plaisir des sens. C’est l’essence même des fêtes, une coupure avec la routine, le travail et le train-train quotidien. Qu’ils en profitent en cette fin d’année !

Nous souhaitons une joyeuse fête à nos compatriotes. Happy New Year. Naya Saal Abhinandan. Bonne année!


Mauritius Times ePaper Friday 29 December 2023

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