Exercice militaire dans l’océan Indien

Éclairages

By A. Bartleby

La nouvelle est passée presque inaperçue à cause d’une actualité locale surchargée, mais les Etats-Unis ont annoncé le début du « Exercise Cutlass Express » le 6 mars dernier. Cet exercice militaire naval regroupe 14 pays, dont la République de Maurice qui est représentée par 65 membres du personnel policier et militaire. C’est l’exercice le plus important à avoir lieu dans l’océan indien.

ExerciseCutlassExpress: l’exercice militaire naval regroupe 14 pays et est le plus important à avoir lieu dans l’océan indien. P – Naval Today

L’objectif de cet exercice est de renforcer la coopération régionale en matière de lutte contre le terrorisme, la piraterie et les trafics en tous genres, à travers des scénarios d’interventions alliant différentes puissances militaires présentes dans notre région, regroupant les contingents des Seychelles, du Canada, des Comores, de Djibouti, de la Géorgie, de la France, du Kenya, de Madagascar, du Mozambique, de la Somalie, de la Tanzanie, du Royaume-Uni et, bien évidemment, des Etats-Unis.

Henry Jardine, le nouvel ambassadeur des Etats-Unis à Maurice et aux Seychelles, a qualifié cet exercice de « growing security partnership between our two countries, an important step in a strong relationship rooted in our common values and heritage as democratic and pluralist societies. As Ambassador, I hope to focus my efforts to further strengthen our relationship in the important arena of maritime security ».

Cette déclaration, claire et concise, ne laisse aucun doute quant aux objectifs états-uniens de renforcement de la coopération militaire pour mieux faire face au bloc émergent mené par la Chine, dans l’océan Indien. Suggère-t-il également que la coopération avec Maurice passera par une résolution sur les Chagos, et en particulier, par un deal entre Maurice et les Etats-Unis sur la base militaire de Diego Garcia ? L’avenir nous le dira.

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Bruneau Laurette rejoint la plateforme de Sherry Singh

À peine quelques jours après sa libération conditionnelle, Bruneau Laurette en a surpris plus d’un en rejoignant la plateforme de Sherry Singh. Alors qu’il surfait sur une vague de sympathie et de soutien populaire certain, qui le faisait presque émerger comme un messie, Bruneau Laurette a fait exactement ce qu’il ne fallait pas faire : s’afficher avec un ancien de La Kwizinn dont les casseroles pourraient être aussi problématiques que louches.

Bruneau Laurette n’est pas politiquement assez fort pour se faire élire… il est assez fort pour faire perdre le MMM et le PMSD… P – YouTube

Ce genre de revirement de situation relève de l’art, voire même, du génie dans l’aveuglement et la capacité à ne rien comprendre d’une situation en prenant la décision la plus inadéquate qui soit. Mais Bruneau Laurette n’a eu de cesse de démontrer son immense talent de girouette qui suit les vents les plus variés.

Cette inconsistance se doit d’être questionnée, surtout que l’homme prétend porter un projet pour renverser « le système ». Non seulement n’a-t-il jamais expliqué ce qu’était « le système » qu’il voulait renverser, mais il n’a également jamais exposé son projet politique pour Maurice. Sur ce point, il y une grande ressemblance avec Sherry Singh : du moins selon la perception générale, c’est que les deux brassent du vent et utilisent des termes abstraits qui ne veulent rien dire, et dont la seule fonction est de cacher leur manque de maitrise de la chose politique.

Mais dans le cas de Bruneau Laurette, il faut avouer que sa capacité à retourner sa veste, à démissionner des différents partis dans lesquels il s’était engagé, démontre quelque chose de troublant : le fait que ce soit un homme qui n’a aucune direction idéologique, et son action est en réalité guidée par le vide et la confusion la plus absolue. C’est du moins ce que nous pourrions conclure en voyant ses positionnements et ses choix politiques.

À moins, bien sûr, que ses intérêts soient ailleurs, et qu’il serait piloté par des gens qui savent exactement ce qu’ils font… et à cette hypothèse, il faudrait ajouter une seule question : qui est le grand gagnant du phénomène Laurette sur l’échiquier politique ?

Chacun ira de sa petite idée quant à la réponse à cette question, mais nous devinons en tout cas que Paul Bérenger et Xavier Duval doivent être très nerveux actuellement, parce qu’ils savent pertinemment bien que le positionnement de Laurette auprès de Sherry Singh renforce encore plus un scénario qui devrait les fait trembler : celui du fractionnement de leurs bassins électoraux respectifs, qui se réduit en peau de chagrin à chaque élection générale.

Non, Bruneau Laurette n’est pas politiquement assez fort pour se faire élire. Oui, Bruneau Laurette est assez fort pour faire perdre le MMM et le PMSD dans les quelques circonscriptions où il leur reste des bases électorales. Et cela, Navin Ramgoolam le sait parfaitement bien. Comment va-t-il donc gérer la négociation d’alliance qu’il essaye de construire actuellement, surtout que nous connaissons le jeu des gourmands du MMM et du PMSD en matière de tickets ? Les 5 sous risquent de se vendre très cher.

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Collège Royal de Curepipe : la chance aux chansons

Une vidéo d’un chant de guerre fait le buzz depuis un moment sur les réseaux sociaux. Nous y voyons des élèves du Royal College of Curepipe chanter un hymne vulgaire et raciste à la gloire des lauréats. L’indignation justifiée n’a pas tardé à se mobiliser sur les réseaux sociaux. Plusieurs personnalités ont pris position en appelant à des excuses publiques, ce que le recteur du RCC a fait dans un communiqué. La formulation des excuses peut bien évidemment être questionnée mais l’acte semble sincère.

Il est clair que cette vidéo montre un comportement hautement condamnable et un racisme à combattre. Et il est parfaitement légitime de demander des excuses et de réprimander ces comportements. Cet incident vient également démystifier, encore un peu plus, cette culture dite des élites et des ‘star schools’ dont le niveau – face aux écoles privées où les véritables élites du pays envoient leurs enfants – semble plus bas que jamais.

Avouons-le, le système des lauréats est devenu un moyen pour beaucoup de fuir le pays aux frais du contribuable, et doit sérieusement être remis en question, surtout que ce système produit clairement une culture toxique autour des performances scolaires et inculque un esprit de compétition malveillant à la jeunesse.

Mais il faudrait aller plus loin. Le racisme à Maurice se trouve au fondement même des rapports de pouvoir qui animent l’espace social et politique. Ce racisme trouve sa source dans le colonialisme, et notamment dans la barrière de couleur, qui était l’instrument juridique par lequel une division raciale servant à justifier l’esclavage pouvait opérer. Et ce racisme colonial ne s’est jamais complètement atténué, refaisant surface de temps en temps. Ainsi, l’on pourrait faire l’énumération des dérapages plus ou moins récents, allant du « met razwar dan lamé zako » au « bato langouti », en passant par les « démons » de différents dirigeants politiques dans le passé. Et personne n’a oublié le récent dérapage de Joanna Bérenger…

La vidéo du RCC vient ainsi s’ajouter à une liste malheureusement trop longue. Et cette liste continuera à s’allonger tant que le racisme colonial restera un débris omniprésent dans le cœur même de la société mauricienne. Nous avons, en face de cette abomination, le devoir de connaître notre histoire et d’en comprendre les ressorts qui opèrent toujours aujourd’hui. C’est par l’éducation que l’on peut combattre le racisme, ce qui rend encore plus odieuse cette vidéo des élèves d’un établissement qui fut jadis prestigieux.

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Mauritius Telecom se lance dans l’intelligence artificielle

L’annonce d’un partenariat entre Mauritius Telecom et la firme Aprecomm, basée à Bangalore en Inde, est passée presque inaperçue en ce début de semaine. Et pourtant, il s’agit d’une annonce très importante.

La coopération entre les deux compagnies de télécommunication aura pour objectif d’utiliser l’intelligence des réseaux et l’intelligence artificielle afin de réduire le temps nécessaire pour résoudre les problèmes du réseau haut débit, tout en diminuant les frais de maintenance. Il s’agit donc d’une coopération permettant à Mauritius Telecom d’améliorer son service et son temps de réaction aux crises potentielles des réseaux. Mais par-delà l’aspect du service, il s’agit surtout d’une coopération intéressante puisqu’elle voit Mauritius Telecom se tourner vers d’autres fournisseurs de service que le géant chinois des télécommunications Huawei.

Il semblerait ainsi que la page écrite par l’ancien CEO de MT(reconverti depuis dans l’animation de plateformes socio-politiques) commence à se tourner avec des ramifications qui seront importantes pour l’avenir de MT.

Huawei fait l’objet de sérieux soupçons depuis quelques années. Donald Trump n’avait pas hésité à initier une guerre commerciale ouverte avec la Chine lorsqu’il était président des Etats-Unis. Plus récemment, le géant Tik-Tok – très présent aussi à Maurice – est sous le feu des accusations, notamment pour espionnage.

Il est indéniable que les motivations géopolitiques se trouvent au cœur de ces affaires, et bien loin de nous de porter des jugements sur ce que nous ne maîtrisons pas. Mais il est également clair que nous devons faire extrêmement attention, car nous sommes là dans un domaine qui pourrait se révéler d’une sensibilité hautement stratégique pour notre sécurité nationale – comme l’avait souligné le PM pendant l’affaire du ‘sniffing’, dont nous ne connaissons toujours pas la nature.

Voyons-nous ainsi le début d’une nouvelle stratégie de MT de se défaire de ses liens avec Huawei ? Seul l’avenir nous le dira, mais le deal signé avec Aprecomm nous donne déjà des indications concrètes à propos de l’avenir de cette entreprise nationale.


Mauritius Times ePaper Friday 10 March 2023

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